Bonjour à tous,
Ce week end avec ma femme, nous avons laissé les enfants et sommes partis pour un petit road trip dans le Languedoc, région que nous ne connaissons que très peu. Le voyage n’est pas uniquement centré sur le vin, mais je vais vous épargner le détail des baignades et visites.
Etant donné que j’ai puisé beaucoup d’informations sur ce forum (et notamment sur ce topic), je me suis dit qu’un petit CR serait le bienvenu. Je n’ai pris aucune note et je rédige les CR quelques jours après, donc veuillez m’excuser par avance des imprécisions et du caractère succinct des commentaires.
Ce qui nous intéresse ici, donc, a démarré au restaurant La Terrasse du Mimosa à Montpeyroux. Une très belle adresse.
Le cadre est sympa (repas en terrasse, même si l’on cherche toujours le mimosa
), la carte est courte, les produits sont frais, c’est travaillé, peut-être même un peu trop justement, le mieux étant parfois l’ennemi du bien.
Mais 28€ entrée plat fromage et dessert, ça reste très correct. Et surtout, sacrée carte des vins, principalement locaux, avec un droit de bouchon de 10€.
Du coup, nous choisissons un
Montcalmes 2014 rouge, 43€ dans un restaurant, le prix est imbattable.
Le vin est superbe, le premier nez est très beau, le second magnifique.
J’avais peur que ce soit jeune, mais pas du tout. Enfin ça l’est, mais c’est très agréable en l’état. Beaucoup de matière, à la fois puissant et rond … Un régal. Peut-être un peu trop puissant pour le filet mignon de porc.
Vu que nous avons encore pas mal de route, nous gardons la moitié de la bouteille pour le soir, et nous rajoutons des terrasses d’Elise 2016 à prix domaine ou quasi.
A la fin du repas, sur les conseils du patron de ce bar / restaurant / caviste, nous allons à quelques dizaines de mètres, notamment pour la cuvée d’entrée de gamme (les coopains) et la prestige.
Sur place, deux étiquettes attirent notre regard (comme quoi le marketing ça marche), avec des indications telles que « vin engagé » en appellation Terrasses du Larzac.
Durant la dégustation, nous demandons en quoi ce vin est engagé. Nous imaginons des paramètres écologiques, économiques (la rémunération des producteurs dans les coopératives étant parfois sujet à discussion) où je ne sais quoi d’autre. La réponse est simple « oh rien de particulier, c’est juste que ça faisait plaisir aux producteurs locaux. Vous savez dans le Larzac hein … » OK.
Pour revenir aux vins, ce n’est pas ma came. Le vin de « coopains » ne m’intéresse pas, la cuvée prestige à une douceur qui me gêne, comme si certains raisins avaient été récoltés en légère surmaturité, ce qui ne va pas avec la puissance globale qu’il s’en dégage (surtout pour une quinzaine d’euros la quille), quant aux deux vins "engagés", j’ai le sentiment de me faire avoir par du marketing, et ma femme n’aime pas du tout (j’avais trouvé ça pour ma part assez quelconque et au rapport Q/P peu intéressant).
Nous partons alors vers ce qui allait être le point d’orgue de notre périple : Puech Lazert.
Tout a déjà été dit ou presque sur le sens de l’hospitalité et la gentillesse de Laurent Taisse et de sa maman, je m’ajoute à cette vague de compliments.
Nous avons passé plus de 2 heures en leur compagnie, qui m’ont donné l’impression de n’avoir été que quelques minutes tant ce moment fut agréable.
Déjà, pour résumer, j’avais initialement pris rendez-vous le vendredi, mais suite à une contrainte je l’ai rappelé pour savoir s’il était possible de décaler. Ne trouvant pas une autre date concordant avec nos agendas, il m’a répondu « mais venez le vendredi, c’est la Saint Laurent, on ouvrira de belles bouteilles ». Quand un vigneron vous dit ça, vous annulez tout ce que vous aviez de prévu et vous venez.
Nous arrivons et nous commençons par le
Puech Lazert 2015. Il tient sans problème la comparaison avec le Montcalmes, c’est dire la référence. Il est à la fois frais et fruité, tout en ayant de la matière, une belle longueur, il s’impose en bouche.
Nous descendons ensuite sur
Puech Lazert 2009. Autant le dire de suite afin d’éviter de me répéter, j’ai trouvé une grande continuité dans ces vins.
Ma femme a trouvé comme particularité une fin de bouche sur la tomate, tandis que le
Puech Lazert 2008 à une finale sur la réglisse plutôt prononcé. C’est habituellement un marqueur qui me gêne, mais ici il passe agréablement tant il est fondu avec le reste. Je me régale.
Le
Puech Lazert 2007 est encore un cran au-dessus, à tous les niveaux. Longueur, matière, il tapisse la bouche pour ne plus en partir. A ce moment-là, je n’ai plus envie de chercher à comprendre, c’est juste très très bon, je profite de l’instant.
La dernière bouteille sera un
Puech Lazert 2005. Ah, tiens, la robe à l’air un peu évoluée, c’est une première ! En bouche aussi, on retrouve ces traces de l’âge qui étaient absentes des 4 autres bouteilles. Bon, le vin à 13 ans, c’est normal ! Ça change un peu, c’est toujours très bon, plus patiné, suave. Il faut dire que j’aime plutôt les « vieux » vins (dans le sens où j’ai tendance à toujours laisser vieillir un peu plus, je n’ai que très peu eu l’occasion de goûter de grands vins de plus de 20 ans).
Mais rien ne presse, il pourra tenir 4/5 ans sans problème je pense. Plus, ça serait un risque certain. Je suis néanmoins surpris par la différence de vieillissement entre 2005 et 2007. Effet millésime peut être ? Dans l'euphorie, je ne pense pas à poser la question.
Bref, je suis littéralement conquis. Il rentre de par ma courte expérience dans mon top 3 des domaines en termes de rapport qualité prix aux côtés du Château des Tours et … Ben je cherche encore mon troisième
Un très grand moment, encore merci Laurent si tu me lis.
Nous avons enchaîné avec le Mas des Chimères, mais tout paraissait fade après. Je n’ai pas été subjugué, j’en attendais plus. Ce sont de jolis vins, mais trop ordinaires à mon goût. Intrigué par le muscat petit grain, nous en avons pris deux bouteilles pour tester à table, tout comme l’hérétique que je vais attendre quelques années pour voir.
Le lendemain, j’avais prévu de m’arrêter au domaine Alquier mais les échanges par mails ne m’ont pas donné envie de passer à l’acte. En effet, je ne pouvais goûter qu’un seul vin (au choix). Quitte à passer au domaine, et à défaut de tout goûter, je voulais en goûter au moins 3 (avants premières, premières et maison jaune, soit ceux qui étaient accessible pour ma bourse, tant pis pour les Bastides, je n’allais pas leur faire ouvrir une bouteille que j’étais quasiment sur de ne pas acheter) mais ça n’a pas semblé possible.
Bon, j’avais initialement demandé de passer à 9h du matin (car journée chargée) peut-être est-ce un point qui a coincé, mais si c’était seulement dû à une question d’horaire, il aurait été préférable de me le dire et j’aurai pu trouver une solution …
Bref, souhaitant quand même m’arrêter à Faugères, nous sommes allés au nouveau domaine les Serrals.
Un couple nouvellement installé qui présentait son premier millésime en rouge et son deuxième en blanc et rosé (respectivement 2016 et 2017).
Peu de stock en blanc, nous goûtons directement
le rosé Pimprenelle 2017. 50% grenache, 50% mourvèdre, un côté très berlingot, du sucre et du fruit qui me ferait presque penser à un anjou, mais une bouteille très vineuse, je suis déstabilisé.
Je ne suis pas un amateur de rosé mais j’ai trouvé cette bouteille intéressante.
Ensuite 4 rouges.
Le premier,
Sur Le Zinc ! 2016 est un vin frais, léger, fruité, qui fait presque penser à un beaujolais. Rien à voir, c’est de la Syrah et du Carrignan. Rien de transcendant mais c’est prévu pour être un vin d’apéro ou de repas entre amis et il fera je pense très bien son office.
Le second est le
Figuiera 2016 A mi chemin entre un vin construit comme Puech Lazert ou Montcalmes et un vin léger comme le précédent. Si je devais faire un parallèle, ça serait avec certains côtes du Rhône que l’on boit dans la jeunesse, sur le fruit, mais qui ont quand même une certaine tenue très sudiste. Ben ça donne ça, mais à la sauce Languedoc (je vous avais prévenu dès le début qu’il ne fallait pas compter sur moi pour de grands descriptifs
).
Le troisième est
Côte à Côte 2016. L’objectif affiché par la vigneronne était de réaliser un vin avec une acidité prononcée. Manque de bol, ce n’est pas du tout ma came. Et ça se confirme dans le verre. C’est bien fait, conforme à ce qui a été annoncé … Et logiquement je n’aime pas trop. En l’écrivant, je pense à Thierry, partenaire de dégustation, qui aurait probablement aimé cette bouteille. Zut ! Sur le moment, je n'ai pas pensé à lui en prendre une ...
Et enfin,
Aquilae 2016. Un vin à forte dominante mourvèdre. Le nez me fait partir sur un Bandol, mais la bouche se rapproche de L’enclos des Terrasses d’Elise. Et justement, si le vin est bon, il souffre de la comparaison, alors que le prix est sensiblement le même.
Nous repartons avec quelques bouteilles, notamment une de blanc pour goûter.
Dernière étape gastronomique, le restaurant étoilé de Matthieu De Lauzun, qui a déménagé à côté de Pézenas. Si la route à venir m’a empêché de me lâcher sur les vins, nous nous sommes régalés. J’ai pris de l’agneau, j’ai eu de l’agneau ! Sous toutes ses formes, avec plusieurs accompagnements, un délice.
Ma femme a pris une queue de lotte dont elle n’a rien laissé.
En dessert baba au rhum, qui est à mes yeux LE dessert que l’on peut très facilement rater, et ça peut être un carnage. Ici, pas de baba spongieux tel qu’on peut le retrouver dans la plupart des établissements mais un vrai baba avec une tenue. Servi avec une crème de citron et d’un fruit exotique inconnu et une gelée d’un autre fruit exotique au nom imprononçable, nous nous sommes régalés.
Tout ceci dans le cadre d’une formule à 32€ plat + dessert le midi, avec toute la prestation d’un étoilé (deux mises en bouche, avec dans un premier temps une tomate à la pistache et un samossa d’agneau succulents, puis un gaspacho à la crème de saumon aussi déroutant que délicieux, les mignardises, le cadre, le conseil du sommelier pour les vins au verre …) bref ça valait vraiment le coup de s’y arrêter.
L’après-midi a été consacré au tourisme puis retour à la maison, le coffre plein et le portefeuille vide, comme à chaque fois que l’on part quelque part !