Bonjour à tous,
un petit retour d'expérience de mon passage aux
Flocons de Sel à Megève en début de semaine et de notre repas du lundi soir....passage qui s'est révélé en tout point plus qu'enthousiasmant !!
Un repas juste incroyable à la fois d'une grande modernité et d'une grande jeunesse,des plats plein de "mouvements", d'audaces, (qui mettent un coup de vieux à tous les 3* "classiques"...) MAIS d'une lisibilité et d'une forme de simplicité qui rendent la cuisine du chef Renaud d'une grande accessibilité !! Les plats sont donc un quasi paradoxe de simplicité, d'évidence et de technique de très haut niveau (pour rappel le chef est MOF).
Un repas donc à l'image du Chef, d'une très grande technicité mais une technicité discrète, pas démonstrative, toujours au service du produit qui n'est jamais oublié, jamais perdu dans les assiettes. Rien ne déborde, aucune saveur ne prend le pas sur l'autre, tout parait à sa place, tellement simple alors que "sans en avoir l'air" 'il y a une grande profondeur dans les assiettes
L'inspiration, le chef la trouve autour de lui...les champignons et les herbes des alpages sont à l'honneur.... le potager du lieu omniprésent dans les assiettes pour notre plus grand plaisir et le produits régionaux utilisés le plus souvent possible. On trouve d'ailleurs sur la table la liste de tous les ingrédients utilisés pour le repas ainsi sur leur origine...
La fameuse liste
Dans le repas (Randonnée aux saveurs d'été) un très niveau général donc et quelques fulgurances qui m'ont amené aux larmes ( les sortes de gnocchi de betteraves, cuites grâce à un consommée "jardinier" servi à table resteront dans mon firmament gastronomique ainsi que la lotte et le brochet en biscuit avec son jus d'oignon sublimissime....entre autres fulgurances... ).
Apéritif :
Lait d'alpage fumé et orties en beignet (qui explose dans la bouche)
[size=small]Au milieu[/size]
Tartelette des bois (une tartelette à la farine de Sarazin ou de blé noir ou (?) à l’Oxalis avec en fond de tarte une marmelade citronné que je soupçonne d'être au kiwi)
[size=small]Au fond[/size]
Biscuit de savoie, herbes et fleurs (biscuit moelleux au fromage de Savoie et la garniture qui met dans l'ambiance de l'inspiration du chef)
[size=small]En premier plan[/size]
Toast fin crème acidulée cumin des près ( une garniture très lactée et très fraiche)
En mise en bouche :
Cristalline de Cèpes (sorte de "tuile" très fine sucrée salé à la poudre de cèpe)
Salade aux herbes du jardin (un festival d'herbes, de jeunes pousses, de fleurs...toute l'inspiration du chef en une mise en bouche)
Et on attaque le festival des plats :
Deux millimètres de polenta aux saveurs de nos montagnes (un sorte de raviole de polenta farcie avec une sorte de duxelle de champignons des bois, cèpe en tête, un jus truffe / genièvre et de la truffe d'été...la polenta a une mâche étonnante, on dirait vraiment de la pâte à ravioli et le jus explose le tout par son coté sauvage....sublime et pas loin de la larme à l’œil pour moi sur ce plat)
Jaune de poule battu parfumé Amaretto et champignons sauvages (une "simple" poêlée cèpes, girolles avec un sabayon monté au siphon parfumé à l'Amaretto , le tout "saupoudré" de lard "poudre" et de jaune d’œuf séché au sel...j'ai pas deviné tout seul la composition, j'ai appris la recette, hormis les poudre dessus où j'ai questionné le chef, dans le cours de cuisine de l'après midi
En tout cas le sabayon est sublime, l'Amaretto arrive en retro avec ses notes d'amande amère et de noyau d'abricot et "fouette" le coté très "tellurique" de la poêlée de champignons...je donne la recette en MP pour ceux qui veulent
)
Moelleux de betterave, consommé de cole rave jardinier au raifort (Alors sur ce plat j'ai versé ma larme....vraiment !! Des sortes de gnocchis de betteraves, j'imagine réalisé avec une farine de betterave mais je ne connais pas la technique..., cuit minute grâce au gigantesque bouillon "du jardin" aux 100 000 saveurs versé dessus à table...Voilà ce que j'attends d'une cuisine dans de telle maison, une claque avec des produits qui paraissent simples. En tout cas j'ai encore des frissons dans le dos rien qu'en y repensant...)
Langoustines sous une pellicule d’agrumes et herbes du jardin (Langoustines entourées d'une sorte de "mousse" d'agrumes, entouré encore une fois d'herbes aux gouts multiples et un peu difficile à identifier et de condiment de navet infusé à la liqueur de gentiane...plat qui m'a surpris, pris à contre pied, à défaut de me transporter, la "pellicule" d'agrumes est extrêmement légère et s'évapore en bouche surlignant par ses saveurs d'agrumes et d'herbes la très belle langoustine mais je trouve que ce plat manque de "mâche", de croustillant, de matière, même si çà reste du très haut niveau....Ma femme a adoré par contre)
Vient ensuite le
"poisson du lace Lémant par Eric Jacquier"....assez original car si l'intitulé est unique à la carte, ma femme et moi n'avons pas le même plat !!! Ça nous a beaucoup amusé et comme nous sommes partageurs nous avons gouté aux deux.
(Version 1 : celle de mon épouse) (Un Omble chevalier , qui semble cuit en basse température, à la fois merveilleusement ferme et fondant, une purée de céleris branche je pense, des condiments herbes par dessus et une merveilleuse sauce au beurre blanc, absente de la photo car servi à part pour être versé par dessus...terrible !)
(Version 2 : la mienne) (Une fera du lac légèrement fumé en "carpaccio" avec une émulsion légèrement acidulée aux herbes....un plat d'une très grande légèreté, une caresse....revigorant à ce moment du repas)
Lotte du lac et brochet en biscuit, jus d'oignon paille (Ma deuxième vraie larme du repas...une biscuit moelleux, presque une quenelle mais en plus ferme, au délicat gout de poisson blanc, légèrement caramélisé en surface et un jus sublimissime qui évoque la soupe à l'oignon mais version crémeuse et légèrement empyreumatique...par dessus des sortes de "crispies" de différentes céréales pour le coté craquant....un plat magnifique pour moi, à la fois subtil et "confortable" grâce au biscuit moelleux, puissant et virevoltant par la crème d'oignon...technique mais évident...watcha
)
Arrive à ce moment là un petit bonus non prévu dans le menu....
Le service à la "russe" du cèpe en croute
Le cèpe au foie gras en croute, jus de volaille au genièvre (Un simple cèpe, entier, dont le chapeau a été farcie au foie gras, cuit dans un feuilletage, le tout arrosé d'un magnifique jus de volaille rehaussé de genièvre qui donne du fouet et un coté sauvage au plat ... coupé en 2, un peu de flocons de sel
par dessus...pas besoin de trop vous le raconter, je suis sur que la description vous parle
En tout cas encore une fois un plat magnifique de simplicité et d'évidence...la recette est en plus facile, je l'ai aussi apprise au cours de cuisine de l’après midi
)
Passons aux viandes qui elles sont au choix :
(Celle de ma moitié :
Noix de ris de veau dorée, Mousseline d’échalote rhubarbe, carotte miel citron,jus à l’Angustura et marjolaine) (attention il manque le jus sur la photo, servi encore une fois à part pour pouvoir être servi à discrétion par le convive....)
(La mienne :
Filet de boeuf épais, pommes soufflées cumin cannelle, tarte fine à aux oignons, petit paris truffe) (là encore il manque le jus, jus à la mondeuse me semble t'il)
Là encore le descriptif des plats parlent d'eux même...mais des vrais PLATS de viande, généreux, gourmand avec de très belles garnitures, de beaux jus originaux et bien entendu des cuissons parfaites (ha le ris de veau légèrement caramélisé...)
Passons au plateau de fromagessssss
Le plateau magnifique (qui montre que la réputation de la Savoie comme autre pays du Fromage, après l'Auvergne bien sur
, n'est pas usurpée !!!
Les "Flocons de sucre" maintenant....petite remarque au début du repas le maitre d’hôtel nous laisse le choix, soit d'aller piocher nous même dans la carte soit de nous laisser faire...comme dans ce genre d'endroit nous sommes "dociles"
nous laissons faire, voilà le résultat :
Géranium odorant, abricots et amandes, pour ma moitié
Faisselle de Megève en blanc manger, fraises de bois, sorbet herbes et sapin. pour votre serviteur...
De beaux desserts mais pour moi un peu en dessous du niveau général...d'abord atterrissage au sucré est pour moi trop rapide (pas de pré dessert, un "seul" dessert), les mignardises (
sublimes bugnes par contre) arrivent en même temps comme si la fin du repas devait être précipité....et même si il y a des choses intéressantes, il manque un je ne sais quoi pour nous transporter. Petite remarque toutefois : ma femme et moi sommes beaucoup plus salé que sucré et les grands souvenirs en dessert quelque soit les maisons nous les avons sur les doigts d'une seul main et encore pas tous les doigts...les dessert aux Flocons de sel n'en feront pas parti non plus comme tant d'autres.
Mignardises
Mignardises bis
Un dernier mot sur le
pain....une seule et simple petite miche de campagne à table, ayant presque l'air d'être en surcuisson à l'extérieur....on se dit qu'ailleurs il y en a douze, qu'on choisit et patati et patata....et là on prend le pain, la croute semble chanter du Mozart boulanger...une odeur de "vrai" pain monte à vos narines et vous mangez en fait le plus beau pain de votre vie...un orgasme fariné
...tout simplement encore une fois...sans démonstration... !! (pour info ce pain a été créé par un Boulanger MOF qui a travaillé longtemps avec le chef...)
En conclusion une cuisine à la fois jeune, moderne, légère mais gourmande, technique et qui ne cède pas une seule seconde aux sirènes du démonstratif, pas prétentieuse un seul dixième de seonde. Une forme de perfection dans une forme de simplicité. Vous l'aurez compris on est au sommet de ce que peut proposer la gastronomie française mais une gastronomie en plein dans son époque, la gastronomie du 3ème millénaire...
Le service quant à lui est jeune, et physiquement et dans l'esprit (et dans le bon sens du terme), à savoir suffisamment décontracté et communiquant sans tomber pour autant dans des approximations....le parfait équilibre (comme la cuisine d'ailleurs et le reste) donc entre simplicité et technique. L'ensemble du personnel, commis compris, est d'ailleurs incollable sur le repas, son contenu, sa technique, l'origine des produits et dieu sait que j'ai joué à question pour un champion toute la soirée
...et ce n'est pas toujours le cas.
Le chef est quant à lui d'une accessibilité rare pour ce genre de lieu...on est loin des chefs "stars" à peine présents, la gentillesse, l'humilité transpire de chaque pore de sa peau. Il est d'ailleurs physiquement omniprésent dans les lieux, y compris le jours où le restaurant est fermé, on le voit aller cherchez les champignons le matin (et revenir avec plusieurs kilos de cepes, version bouchon de champagne...), aller cueillir les herbes au potager, parler et échanger avec chaque client croisé et AUCUN service ne se fait sans lui....quand le chef n'est pas là le restaurant ferme tout simplement même pour un seul service de midi par exemple !!! .
Concernant les vins, très belle carte, qui parle aux LPViens avec nombre de "nos" chouchous et de certaines "stars (GdP, Dauvissat, Rougeard, Combier, Jamet, Dagueneau, Mas Julien, Reynaud...) pléthorique sur toutes les régions, aussi haute (de très très belles étiquettes) que large (des vrais vins de "connaisseurs" dans toutes les régions ) avec bien entendu une mention particulière sur les vins de la région...
Au niveau Tarif par rapport au premier post de Raymond, les prix ont pris du galon, s'approchant maintenant de prix plus classique pour un 3*, avec des coef qui varient de 3 à 5....on trouve par exemple les GdP récentes vers les 170 €, les GC de Raveneau récent entre 130 et 140, les 1ers de Dauviss vers les 95 €...à vous de voir si vous trouvez çà intéressant mais en tout cas rien de scandaleux par rapport aux prix pratiqués ailleurs....après c'est un vaste débat mais quand on voit la structure de l'établissement (restaurant et hôtel magnifiques) dans un lieu comme Megève, qu'on voit le prix du foncier....on se dit que çà pourrait être pire.
J'y ai personnellement bu, une cuvée
736 de Jaquesson , Un
Brézé de rougeard 2008, une
"Grain mariage" 2009 de Chappaz, tous 3 commentés dans leurs rubriques et en dessert j'ai tenté un
Sydre "argelette" de Bordelet qui s'est montré à la fois sauvage (fermier), minéral (c'est fou d'avoir cette sensation de structure "minéral" sur un cidre et une telle structure tout court d'ailleurs), fruité (fruits blancs croquant) et rafraichissant à ce moment du repas....irrésistible de facilité. NB : on a pas tout fini à 2 rassurez vous...on en a profité le lendemain avec un plateau de fromages d'anthologie (merci au jeune homme pour sa générosité pour un "simple" assiette à 15 €...la bagatelle de 18 morceaux de formage :
) au Room Service (et oui c'était la fête
)
Concernant la sommellerie, c'est très jeune (le sommelier a 27 ans) et le second à peine 24 (que j'avais déjà rencontré et beaucoup aimé dans une belle maison du Jura il y a 2 ans...le monde est petit dans ce milieu)...mais c'est qu'est ce que çà fait plaisir de pouvoir échanger (enfin !!) avec des sommeliers qui se montre enthousiastes, passionnés, humbles mais connaisseurs, connaissant leur cave sur le bout des doigts et surtout naturellement communiquant....
A noter que le chef Renaud est
un grand passionné et collectionneur de chartreuses...une collection incroyable (très belle vu quand on fait pipi aux WC hommes....ceux qui y sont allé ou iront comprendront que faire pipi dans ces conditions est également rare quand on est LPVien
) et dont quelques pépites sont présentes à la carte, notamment des chartreuses d'avant guerre (mais une infime partie...mais mon petit doigt me dit qu'il doit y avoir moyen d'accéder au reste quand le chef vous a à la bonne
).
J'y ai bu en tout 2 Taragones de 1973 et de 1977 (rahhh...sublimes toutes les 2 bien que bien différentes) pendant mon séjour à prix finalement assez doux (enfin tout est relatif
mais souvent çà passe la barre des 100 euros ailleurs ) pour le lieu (53 € le verre généreusement servi et ma moitié a même eu droit à un "petit" verre juste pour gouter pour le même prix
)
Tarragone 1977
Quelques mots sur le lieu (et sur l’hôtellerie ou nous avons séjourné) : perché au dessus de Megève, un chalet au luxe discret où on se sent tout simplement bien...simplement....le personnel est là encore à l'image du chef (et de madame également très sympathique), détendu, accessible, souriant tout en gardant un professionnalisme sans faille. Bref tout est d'une "fluidité" exceptionnelle, pas une seule seconde on sent un personnel "obligé" alors que tout le monde est au petit soin...c'est assez rare pour être signalé.
Les chambres quant à elle sentent bon le bois, là encore le luxe discret, la chaleur et le feu de cheminée dont dispose certaines....
Ca donne juste envie d'être Suisse et millionnaire et d'y passer 2 mois par an en hiver et 2 par an en été
That's all folk, merci de m'avoir lu et à de prochaines aventures
-D