Nouveau dîner à La Mère Germaine où du changement est intervenu cet été avec l'arrivée d'un nouveau chef. Le Belge Christophe Hardiquest a en effet fermé son restaurant Bon-Bon à Bruxelles où il officiait depuis 20 ans et où il avait décroché 2 macarons Michelin et 19,5 au Guide G&M pour atterrir à Châteauneuf en août 2022. Isabelle Strasser, propriétaire du lieu, affiche ses ambitions pour cet établissement : en faire un haut lieu de la gastronomie locale. Après l'acquisition de 3 domaines viticoles en six ans, dont le Domaine de Coyeux l'année dernière, de La Mère Germaine en 2019 (ouverture à l'été 2020), et s'être adjointe les services du bien connu sommelier Antoine Pétrus en tant que directeur général de sa structure Maisons et Vignobles de Provence, cette entrepreneure semble savoir s'entourer pour développer rapidement sa petite entreprise.
C'est bien beau tout ça, mais la nouvelle assiette, elle donne quoi? Elle est absolument superbe! Par rapport à notre déjeuner du début de cette année que nous avions bien apprécié, on a clairement franchi un cap. On a gagné en créativité et en goût. Certaines associations sont originales, surprennent et ravissent les papilles, il y a de l'assaisonnement, du peps, du caractère, le savoir-faire culinaire est brillant, c'est pensé et réalisé avec une grande maîtrise et, des amuse-bouche aux mignardises, nous n'avons trouvé aucune faiblesse. Un genre de claquounette gastronomique. A noter : pas de pain maison proposé mais une focaccia à tomber, croustillante en surface, moelleuse à l’intérieur, découpée en gros cubes posés sur un support de présentation en bois. Et comme pour le pain, quand y en a plus, y en a encore, et la focaccia est servie à chaque fois que nécessaire. Avec la coupelle posée sur le côté de l'assiette où une belle huile d'olive de Nyons a été versée, le service de la focaccia est un petit boulot en soi!
Question tarifs des menus, ils ont légèrement baissé depuis notre précédent passage. On est à 65 € le midi - 5 € de moins mais ça reste encore bien costaud pour le déjeuner - et pour le soir, on est à 98 € et 118 € pour le grand menu au lieu de 130 € précédemment. Un prix d'appel quoi
La liste des vins est toujours aussi étoffée et les prix toujours aussi soutenus. Pour le vin au verre, c'est comme d'habitude dirais-je, du grand n'importe quoi. Le Châteauneuf blanc de Mont-Olivet pour l'apéro nous a été facturé 19 €... Le verre, hein! Un genre de prouesse. Pour le repas, nous avons décidé de sortir de notre zone de confort en louchant sur les 2 Riesling trocken de Dönnhoff proposés dans la courte section vin du monde : un Kahlenberg 2018 et un Höllenpfad 2019. A part quelques connaissances basiques sur les vins allemands, je suis d'une ignorance crasse concernant la production d'Outre-Rhin, raison pour laquelle j'ai demandé conseil auprès du serveur/sommelier. Erreur! Je l'ai mis dans un grand embarras. Il a tenté de bredouiller un truc autour des millésimes 2018 et 2019 mais comme je lui précisais que ce qui m'intéressait d'abord c'était le type de Riesling qu'on avait là et leurs particularités, il s'est retrouvé dans un nouvel embarras, plus grand encore. J'ai abrégé son calvaire en me décidant pour le Kahlenberg 2018 (75 €) et ne l'ai pas regretté. Nous avons beaucoup aimé ce vin au fruité citronné, plus herbacé que pétrolé, au léger frizzante perceptible sur la langue, évoluant vers un peu de rondeur et une amertume discrète. L'accord avec l'ensemble des plats du menu a été parfait.
Un dernier mot à propos du personnel en salle lui aussi totalement renouvelé. Si la représentation féminine n'attire aucun reproche - les deux jeunes filles sont ravissantes, prévenantes et très souriantes - le côté masculin de l'équipe pourrait mieux faire. Plus de sourires, d'entrain et d'échanges seraient les bienvenus. Et pour un restaurant de ce niveau, connaître les vins de la carte et savoir en parler un minimum ne nuirait pas non plus.
Jean