Weingut Hans Tschida - Retour de Wine Paris 2024
Tschida se trouve dans le hall 5.1 et dans le carré des "producteurs qui cherchent un exportateur", une petite impression de chenil de la SPA avec des chiens bons à adopter en quelque sorte. Devant mon étonnement de ne pas les trouver à l'étage en 5.2 avec le reste du pavillon autrichien de l'ÖKW, Daniela m'a expliqué que cette année était un coup de sonde et qu'ils avaient opté pour la prestation minimale ; gardant l'essentiel du budget "représentation" pour Prowein (Düsseldorf) & WeinVinum (Vienne).
L'essentiel du portefeuille des vins à SR était là avec le dernier millésime, c'est la spécialité de la maison et j'ai relevé le défi avec joie (une quinzaine de vins différents à plus de 15° potentiels). On peut trouver toutes les fiches techniques du domaine
ici.
La version courte est : il est impressionnant de constater que le sucre n'occulte pas du tout les différences, et que la buvabilité n'est jamais mise en défaut. Bien sûr que les vins sont extrêmes et qu'il est impossible de vider 75 cl en moins de deux, par contre le plaisir au verre est à des hauteurs vertigineuses.
Les Spätlese
Environ 15° de potentiel, il n'y a guère de botrytis dans ces vins. Ils sont fermentés et élevés en cuve. Ce sont des liquoreux de "fruit" afin de montrer la palette aromatique des cépages.
Le
BF et le
Merlot Spätlese sont des vins liquoreux à base de cépages rouges et ils constituent une spécialité autrichienne. Les deux cépages se distinguent particulièrement par leur texture, le merlot présentant la même onctuosité que sa version sèche. La BF a un fruit plus délicat. C'est déjà délicieusement complexe.
Le
Spätlese "simple" est un assemblage de chardonnay, welschriesling et Muskat Ottonel qui a un fruit nettement plus jaune et blanc, plus classique d'un liquoreux que les deux rouges précédent. Le Muskat apporte sa touche singulière qui fonctionne très bien avec du sucre.
Enfin, le
Spätlese Illimitzer qui fait office de "Ortswein" est une sélection de Samling 88. Ce cépage est le nom autrichien du Scheurebe et le cépage favori de Daniela parce qu'il garde une excellente acidité avec du fruit exotique énergique (plus acerola ou carambole que papaye mûre). Le fruit exotique de ce style est déjà explosif !
Les Auslese
Les Auslese prennent environ 1° d'alcool potentiel supplémentaire dans le moût, le degré fermenté demeurant à 8°. On reste sur un élevage en cuve inox.
Le
Auslese "simple" est un assemblage de Sauvignon, bouvier & welschriesling. L'aromatique est plus fraîche avec de la poire verte, de la pomme acide et un peu de mandarine. La texture gagne en onctuosité, ainsi que la longueur en bouche.
Le
Muskat Ottonel quant à lui laisse la vedette au muscat avec sa palette si singulière illustrée dans le cas présent par une finale sur la lavande postérieure à une bonne impression saline.
Les Beerenauslese
Les degrés potentiels sont aux environ de 19-21° en fonction de ratio de sucre et l'essentiel des raisins sont pleinement pourris par le botrytis. L'élevage plus long continue en cuve inox.
Les
BA "red" & "white" font office de "Gutsweine" à ce niveau de Prädikat pour les deux couleurs. Le "Red" associe BF et Zweigelt avec une densité de robe et d'arômes nettement plus rouges que le Spätlese, le tout sur fond de rôti. C'est superbe et original. Le "White" associe cette fois-ci Samling 88, Chardonnay et Bouvier et la présence de miel vient apporter de l'onctuosité à l'aromatique plus fraîche du Samling et du Bouvier. Cela se boit toujours parfaitement.
Les
4 BA variétaux (Welschriesling, Chardonnay, Muskat Ottonel & Samling 88) présentent chacun des nuances avec une mention spéciale cette année pour le Chardonnay dont l'arrivée de l'acidité en milieu de bouche est électrisante. Daniela considère cette cuvée comme exceptionnellement réussie cette année.
Les Eiswein
La maison en produit communément même si d'après les fiches techniques (ou à moins que les fermentations consomment plus de sucres que la norme), il semblerait que le seuil Oechles (ou KMV) soit un peu plus bas en Autriche qu'en Allemagne. Elevage toujours en cuve pendant environ 2 ans.
J'ai pu goûter le
BF Eiswein qui se distinguait par une transparence de saveur supérieur, moins complexe mais plus d'allant et de tension en deuxième partie de bouche avec un petit kick de chocolat blanc en finale.
Les Trockenbeerenauslese (TBA)
Les degrés potentiels ont franchi le seuil des 20° et la proportion de raisins pourri et desséchés est significative pour ces cuvées.
La plupart des cuvées de cette gamme sont issues du Ried "Domkapitel" à la situation particulièrement humide en automne. Le
Gelber Muskateller est splendide par sa concentration et la fraîcheur de sa palette aromatique, pas le moindre trace de caramel, de toffee mais au contraire du zeste de citron, de l'huile essentielle d'orange le tout avec une texture soyeuse dans lequel se niche une acidité qui monte crescendo le long d'une finale qui dure.
Le
Samling 88 présente du miel, et plus porté par l'orange, la clémentine et la mangue à parfaite maturité. L'équilibre est souverain et la buvabilité aisée sans attaquer les dents. La finale dure également longtemps sur ce point d'équilibre. C'est également une belle réussite.
Les Schilfwein
Savoir-faire historique de la région, c'est l'interprétation locale du vin de paille en utilisant les roseaux des eaux saumâtres du lac. Le desséchement des raisins étant extrême, la concentration des vins dépasse les 25° potentiels (7,5° + 300 g/L). Elevage en cuve durant 2 ans.
Le
Muskat Ottonel est une purée de fruits exotiques en texture, complexe en saveurs et pourtant, c'est digeste et sapide.
Le joyau de la collection dixit Daniela est à ses yeux le
Zweigelt dont la peau épaisse permet d'extraire des tannins et d'améliorer l'équilibre du vin via le duo astringence/soyeux. Le fruit est quant à lui explosif avec effectivement de la grenade (déjà relevée par LPB Breizh) et il s'accorde également très bien avec tout un ensemble de saveurs plus chocolatées et empyreumatiques.
Si je n'ai pas essayé les PMG de Tissot et Ganevat en Jura, je pense que leurs vins de paille sont en tout cas éclipsé puisque je n'ai pas trouvé d'aspects oxydatifs désagréables (qui sont différents de la patte Velich dans son SW commenté plus tôt dans la journée) ou arômes de moisissures qui est l'écueil principal du genre.
Enfin la conclusion s'attardera sur les prix, vraiment faibles par rapport au travail nécessaire et surtout la qualité dans le verre. Les Spätlese commencent à 10€ et les TBA sont à 35 €.
Merci de m'avoir lu,