Gizella Pince
Laszlo Szilagy part à la conquête du Mont Tokaj !
Drôle de nom pour cette Pince hongroise : Gizella est le prénom de la grand-mère de Laszlo : Une maison acquise par ses aïeux en 1985 avec quelques arpents (un hectare) à Tokaj et comme il est le fils unique, la question s’est posée de savoir s’il voulait continuer.
Il s’est installé en 2005 et possède aujourd’hui 7,5 hectares sur 5 terroirs différents et très épars.
Laszlo Szilagy est très attaché à cette notion de terroir et il suffit de goûter ses vins pour comprendre à quel point il a raison, mais surtout comment il est de donner un aboutissement à ses idées.
Aujourd’hui, cet aventurier regagne du terrain sur les friches du mont Tokaj et progresse en hauteur au prix d’un travail où la mécanisation est impossible : il faut déplacer des montagnes ! Mais ce passionné est aussi un idéaliste ; il se dit lui-même un peu fou mais il sait aussi qu’il faut une certaine dose de folie pour réussir sa vie et aller au bout de ses projets, voire de ses rêves.
Ce qu’il faut bien comprendre à Tokaj, c’est que de plus en plus, l’Aszu est pour certains domaines une exception : certes une quête pour tout vigneron, mais en termes de faisabilité et en termes de rentabilité, une exploitation jeune, inconnue, en plein développement ne peut vivre que de cette seule production.
Un exemple : sur les 12000 bouteilles produites à Gizella, il n’y a qu’une barrique dévolue à l’aszu, et c’est exclusivement un 6 puttonyos. Il faut aussi bien comprendre que cela demande une certaine maîtrise technique et les jeunes producteurs y vont un peu à tâtons et de plus, le développement du botrytis n’est pas une valeur partagée sur l’ensemble de l’appellation en totale égalité. Il y a des endroits propices et d’autres qui le sont beaucoup moins.
Enfin, il en va aussi du risque pris, des reins plus ou moins solide, de la notoriété et tout cela explique que les petits producteurs se lancent dans l’aventure du vin sec plus facilement que dans celle du liquoreux, marquant en partie toute la différence qu’il peut y avoir entre des domaines comme Disznoko, Oremus, d’une part et Kikelet, Dobogo et Gizella d’autre part. Cette petite n’est évidemment pas exclusive mais est juste là à titre d’exemple pour bien comprendre les différences.
Les vins secs sont élevés et fermentés en fûts.
Je dois dire avoir été totalement conquis par les vins secs, surtout ceux du terroir de Szil Volgy, un peu moins par les aszus, même s’ils sont très bons : ils n’ont pas encore atteint la pureté et la brillance des plus grands avec une style qui si il se rapproche aromatiquement de ce qui peut se faire à Disznoko, sont d’un équilibre plus lourd avec plus de sucres résiduels. Cela n’en reste pas moins une adresse fort recommandable pour l’amateur de 6pt riches : mais la production est extrêmement limitée.
Szil Volgy 2012 : furmint
Très beau nez « poudré » façon chenin, fleur blanche, élégance et pureté. Bouche tendue et gourmande à la fois, très vif. Un très joli vin.
Szil Volgy 2013 : Furmint harslevelu, vinifiés et élevés séparément.
Le vin est dans le même style que le précédent avec encore plus de fond et de fraîcheur. Finale minérale. Excellent et pur.
Szent Tamas 2013 : Harslevelu
Nez retenu, floral, élégant. C’est plus boisé en bouche, plus corsé, très sec avec une finale claquante, une longueur impressionnante. Vivacité exacerbée. Très bon niveau.
Latomas 2014 : late harvest furmint harslevelu
Nez discret, floral. Belle bouche ample, gourmande à souhait. C’est peut-être un peu court, mais le vin laisse cette même sensation de netteté en finale. Bien
Pour un 2014, millésime très difficile, le résultat est plus qu’honorable.
Szinszi 2012 : Late harvest
très joli nez épicé qui n’est pas sans rappeler le style Disznoko. Un vin gras et net, très savoureux au bel équilibre : très bien
Tokaj aszu 6 pt 2010 :
Nez assez pur d’abricot, très miellé, avec une note de caramel et de vanille que j’aime moins. C’est plus précis en bouche avec une belle colonne vertébrale qui donne de la verticalité à ce vin. C’est long. Très bien.
Tokaj aszu 6 pt 2013
L’année de la richesse et de la puissance : cela se retrouve dans le vin.
Quelques notes de graphite au nez avec la complexité toute Tokaj, très typé. C’est riche, très riche, peut-être un peu trop pour mon goût, mais l’acidité est là, enrobée.
Excellent et à attendre.
Tokaj aszu 2007
petite réduction à l’ouverture puis le vin s’ouvre sur la poire fine de ce millésime caniculaire. Bouche très riche mais qui possède un bel équilibre assez vibrant avec une finale vive et nette.
Cette découverte est toute relative puisque les vins de ce jeune producteur sont déjà très prisés. Il est peu ou pas connu encore en France, je remercie Laszlo Meszaros (Disznoko) de m’avoir conduit chez lui. J’avoue être totalement admiratif des vins secs et de leur style d’une grande élégance et d’une impressionnante pureté et ma préférence va à la cuvée Szil Volgy, sans doute ce que j’ai bu de plus beau en sec dans la région qui ne manque pas de très bons vins.
A découvrir absolument !