Nous avons 7867 invités et 52 inscrits en ligne

Les difficultés de la dégustation

  • Guest
  • Portrait de Guest Auteur du sujet
  • Visiteur
  • Invité

Les difficultés de la dégustation a été créé par Guest

Je ne résiste pas à  vous proposer un nouveau sujet, propre à  la dégustation elle-même, qui illustre toute la sujectivité de notre "sport" favori!

Le CR ci-dessous est tiré du dernier numéro de la revue "Le Rouge et le Blanc", à  propos d'un Bandol, dont je ne cite pas le nom, l'essentiel est ailleurs.

"Vin noté 12,5/20 (noté de 9, note isolée, à  15) :

Un vin qui a pas mal divisé notre jury. Pour résumer, une partie d'entre nous s'est laissé séduire par les sirènes modernistes de ce vin, les autres repoussant leur séduction avec une moue dégôutée... Pour les premiers, le nez est prometteur, finement boisé, mûr. La bouche affiche une belle puissance avec une superbe mâche, de la minérlité et de beaux tannins pas asséchants en finale. Ceux qui aiment moins trouvent ce vin "plus séducteur que profond", "un peu crémeux", "facile et commercial", "la bouche est douce, fluide, souple, boisée mode, passe-partout" avec une finale "un peu écoeurante". Tous se rejoignent en tout cas pour dire qu'il peut se boire rapidement."

Un même vin, dégusté par plusieurs personnes le même jour, inspire donc des choses aussi éloignées "qu'une superbe mâche, de la minéralité et de beaux tannins" et "une bouche douce, fluide, souple, boisée mode, passe-partout" !...

S'agit-il de "compétence" des uns et des autres?... De traduction d'impressions mal définies?... D'excès de langage?...

Vous arrive-t-il d'avoir le sentiment fugace que vous vous faites berner par un vin "trop bien fait"?... Cela a-t-il déclenché autour de vous des discussions passionnées?...

Pour ma part, j'ai tendance à  penser que "tous les goûts sont dans la nature"!... Et que j'esaie de rester fidèle à  mes impressions. Surtout les bonnes!

Pour résumer, avez-vous la volonté d'avoir la "dégustation juste"?

Bien cordialement,

PhR
13 Fév 2003 22:21 #1

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 8462
  • Remerciements reçus 398

Réponse de Anthony sur le sujet Re: Les difficultés de la dégustation

La degustation ne peut etre juste car elle est emminement subjective.

A la lecture de certains CR (sur ce forum, dans des revues ou ailleurs) je me rends compte d'un aspect important que ma maman m'a enseigne depuis mon bas age (devant mes assiettes de cotes de bettes refroidissantes ...): savoir differencier le "ce n'est pas bon" du " je n'aime pas".

Les vins qui ne sont pas bons ne plairont a personne, car ils seront dissocies, agressifs, sans futur et sans plaisir.

Ceux de la 2e categorie sont le resultat de degustateurs qui savent rester humbles et apprecier les qualites d'un vin tout en affichant leur distance par rapport au style ou au gout.

La plupart des vins "modernes" ne sont pas mauvais. Ils ne sont simplement pas du gout de beaucoup.

C'est peut etre trop schematique comme approche, mais je dois dire qu'elle me sert beaucoup.

Salutations,
Anthony

Anthony
13 Fév 2003 22:48 #2

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 3117
  • Remerciements reçus 6

Réponse de DidierT sur le sujet Re: Les difficultés de la dégustation

La réponse d'Anthony en dit long sur le coté subjectif des choses :

Quel est la définition de "modernes"? Parle t-on des vins style Californien vanillé voir pomadé sur le fruit ou les super star du Roussillon par exemple? qui sont tous des vins que l'on pourrait qualifier de moderne mais qui sont très différents?

"pas du goût de beaucoup" beaucoup est -elle la population des amateurs LPV ou la population des consommateurs? auquel cas cela pourrait s'inverser non?

Anthony, j'espère que tu ne m'en voudras pas mais ta dernière phrase me semblait bien illustrer le débat.

La dégustation est subjective car liée à  la personne humaine et de son état présent, sans parler du vocabulaire de référence qui n'a pas la même définition / précision pour tout le monde ce qui rajoute à  la disparité.

Je serai d'accord avec la maman d'Anthony :-) le plus dur étant d'appliquer ce concept.

Ne nous prenons pas la tête, c'est comme la quête du Graal isn't it? Serait-il une histoire sans fin?

Didier
14 Fév 2003 04:43 #3

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Guest
  • Portrait de Guest Auteur du sujet
  • Visiteur
  • Invité

Réponse de Guest sur le sujet Re: Les difficultés de la dégustation

Effectivement, ne nous prenons pas la tête!...

Nous ne sommes pas, non plus, des Indiana Jones en quête du sacré Graal, avec toutes les embuches possibles, quoiqu'il nous arrive de boire le calice jusqu'à  la lie!... ;-)

La question, la nuance que je souhaitais apporter au débat, c'est :

Parvenez-vous à  faire parfois abstraction d'une part de vos goûts personnels pour évaluer la valeur intrinsèque d'un vin? A évacuer, juste un temps, vos habitudes alimentaires et, en même temps, ce qu se dit à  propos de tel ou tel vin?...

Pour ma part, j'ai du mal à  percer le "mystère" d'un vin "pommadé"!
Et visiblement, je ne suis pas le seul, quand on voit des CR comme celui que j'ai proposé au départ!...

Et l'on pourrait prolonger en posant la question de savoir si un vin "moderne" est nécessairement fait pour tromper son monde?!...
14 Fév 2003 08:19 #4

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 8462
  • Remerciements reçus 398

Réponse de Anthony sur le sujet Re: Les difficultés de la dégustation

Didier, je crois que tu as percu mon message directeur et sous-jacent qui consiste a pouvoir faire une difference entre ce qu l'on n'aime pas (subjectivement) et ce qui n'est objectivement pas bon. Ca parait simple, mais de loin pas aussi facile qu'on le croit.

Par moderne, j'entends un vin qui est "fait" pour plaire a un grand nombre de buveurs. Le terme "fait" n'est pas innocent, car un tel vin sera rarement un vin de terroir, mais un vin que le vigneron a "fabrique" avec une main pas aussi invisible que cela: gout de vanille, fruit rond, peu de tannins ou d'acidite, etc. Objectivement pas mauvais, mais qui ne plaira surement pas a une certaine categories de degustateurs (et LPV est, je crois, un echantillon representatif de ce groupe) qui recherche des vins de race et d'expression.

Dans le post de depart de Phr, il me semble qu'une certain partie des degusteurs ont fustige un vin - intrinsequement bon - mais qu'ils n'appreciaient pas. Ce vin-la merite-t-il une note et un commentaire aussi bas ? Pas si sur ...

Salutations,
Anthony

Anthony
14 Fév 2003 12:28 #5

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 19592
  • Remerciements reçus 4670

Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: Les difficultés de la dégustation

PhilR,
Je sens bien à  travers deux ou trois posts de ta part ta préoccupation du moment. Comme je te comprends...

On peut ne pas aimer un vin par affinité de goût: je sais par exemple que je n'aimae pas beaucoup les vins qui évoluent vers la fourrure, le cuir, l'animal ou la truffe. Je sais aussi que certains se baigneraient dedans.
Il existe quand même des critères objectifs:
complexité, puissance aromatique, corps, longueur et surtout équilibre qui ne peuvent pas échapper à  un amateur un peu averti.

Pour répondre à  PhilR, je crois qu'il y a un certain tabou à  dire que l'on a aimé un vin que l'on qualifie gentiement d'international. Quand c'est bon, ça saute aux papilles: point. Qu'il soit de style international ou politiquement correct, quand c'est bon, c'est bon et quand c'est le contraire, idem.
Je ne vais pas me torturer l'esprit pour savoir ce que l'on va penser si j'ose dire que tel vin est bon. J'ai déjà  assez de mal à  comprendre le vin, je ne vais pas essayer de comprendre les gens, surtout quand ils sont compliqués.
Dans la tête de certains, ce fameux style international, c'est quoi au fait? Grosse matière, boisé appuyé, surmaturité, confiture. En voulant taxer ces vins de caricatures, ne tombe-t-on pas aussi dans la caricature?
Je crois que la dégustation que j'ai faite hier soir présentait justement des vins new age: seul Te MAta tombait dans ce travers caricatural.

Jérôme Pérez
14 Fév 2003 13:10 #6

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 1118
  • Remerciements reçus 0

Réponse de michelD sur le sujet Re: Les difficultés de la dégustation

Il me semble important de préciser qu'un certain nombre des pays émergeants en production de vins n'ont pas ou peu de culture du vin. Ce qui n'est absolument le cas des pays européens où nous habitons, soit en pays producteurs ou en pays consommateurs.

Tous nous vivons depuis notre enfance dans une culture vinicole, une société qui privilégie le vin et dont l'évolution fait que l'on cherche à  produire le meilleur vin possible.

Cela n'a pas toujours été le cas; pour certaines parties de la production vinicole, ce n'est pas encore le cas, mais c'est le fait de société qui est primordial.

Le plus important c'est que nous, les amateurs, baignont dans cette atmosphère de glorification de la vigne et des bons vins depuis longtemps : cet état de choses affecte notre volonté de dégustateurs d'être le plus possible à  même de décortiquer un vin, de pouvoir expliquer pourquoi l'on apprécie tel vin et pas tel autre.

Bien sûr, la "science" de la dégustation reste profondément suggestive, car nous faisons appel à  nos propres références, nos propres souvenirs, et les associations entre impresssions olfactives et dégustatives et mots/termes peuvent différer sensiblement d'un individu à  l'autre.

C'est pour cela que les dégustations à  plusieurs sont intéressantes et le compte-rendu condensé des notes de chacun, un bon outil de travail.

Pour en revenir à  mon thème principal, certains pays devenus d'importants producteurs de vins n'ont pas ou très peu de culture vinicole ancrée dans les habitudes de la population : je pense aux Etats-Unis, à  l'Afrique du Sud, à  l'Australie et à  la Nouvelle-Zélande; je ne sais pas pour le Chili.

Aux States, c'est une petite frange de la population qui peut s'offrir les grands crus du Bordelais, vu les prix exorbitants pratiqués Outre-Atlantique, avec le surenchérissement que nous connaissons depuis 95 : apprécient-ils vraiment ce qu'ils achètent, ont-ils la patience d'attendre leurs vins ou le boivent-ils trop jeunes par snobisme, parce que cela se fait dans le "monde" dont ils font partie ? Une partie sûrement sait ce qu'ils achètent et dégustent au bon moment. Les autres probablement pas.

Mais pour une grande majorité de la population américaine la culture vin ne fait pas partie des habitudes de société, c'est relativement récent et il leur faut déjà  un certain niveau pour apprécier les différentes formes d'élevage du vin; ceux qui s'y intéressent ont souvent déjà  fréquentés l'Europe et appris ou commencé à  apprendre à  goûter les vins et à  pouvoir les différencier. Ils se sont frottés à  notre culture "vin".

Tout cela pour dire, que les vins "new age" qui pour nous sont la planche de chêne tellement vannillé que le fruit ne transparaît ou le style pommadé jusqu'à  l'écoeurement d'autres, ou certains blancs aux arômes abérrants pour nos gosiers occidentaux, ne provoquent pas le genre de rejet que nous connaissons, car le buveur moyen n'a que peu et probablement pas du tout de point de comparaison et que cela ne l'intéresse pas d'en chercher.

Michel.
14 Fév 2003 14:08 #7

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 19592
  • Remerciements reçus 4670

Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: Les difficultés de la dégustation

Je crois qu'il ne faut pas tomber dans le travers de la généralisation.
Je maintiens que certains de ces vins new age sont excellents, et qu'ils émanent davantage de pays qui ont une culture vin comme tu dis: Italie, avec la révolution en Toscane ou a Barolo, Espagne avec celle du Ribera del Duero et du Priorat.
Après, Te Mata est quand même la plus ancienne propriété viticole de Nouvelle Zélande et c'est assez vieux pour se forger une culture, et il faut souligner aussi que si on fait du vin dans ces pays, c'est d'abord parce que des européens pétris de cette culture y ont émigré.
N'oublions pas non plus que le vin en Californie, c'est très ancien, et que certaines vignes du Chili sont plus que centenaires

Jérôme Pérez
14 Fév 2003 17:32 #8

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 8462
  • Remerciements reçus 398

Réponse de Anthony sur le sujet Re: Les difficultés de la dégustation

Peut-on - veut-on - vraiment lier culture vinicole et capacite a produire d'excellents vins ? Je ne le pense pas ....

Le Chili - en comparaison internationale - n'a encore que peu de culture vinicole, la biere et le pisco etant plus ancres dans les traditions. Cela change par contre a grande vitesse ....

Ceci n'empeche toutefois pas le Chili a produire de grands vins, excellent qualitativement parlant, et du gout de certains (et moins d'autres).

La diversite des gouts et des couleurs, voici un point positif pour cette planete .... tant que la qualite intrinseque est au rendez-vous.

Saludos,
Anthony

Anthony
14 Fév 2003 17:56 #9

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 6779
  • Remerciements reçus 1453

Réponse de Yves Zermatten sur le sujet Re: Les difficultés de la dégustation

Quelques rappels historiques

Mexique : premiers ceps dès 1519

Chili : premières vignes en 1546

Argentine : la vigne a ét introduite par les Espagnols en 1541, le premier vignoble connu fut planté à  Santiago del Ester en 1557

Afrique du Sud : 1692, le premier domaine viticole est officiellement enregistré

Californie, 1771 : le père franciscain Junipero Serra plante la première vigne de la côte ouest.

Nouvelle Zélande : la première vigne fut plantée en 1819 par le Rvd Samuel Marsden à  Kerikiri. Le premier vin connu, celui de James Busby remonte à  1835.

Australie : introduction de la viticulture entre 1820 et 1840 (Tasmanie)

Yves Z

Yves Zermatten
16 Fév 2003 16:22 #10

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 19592
  • Remerciements reçus 4670

Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: Les difficultés de la dégustation

Peut-être faudra -t-il simplement aceppeter que la qualité peut se manifester aussi autrement.
La différence c'est toujours ce qui dérange le plus, fait peur, destabilise.
Ayons conscience de sa richesse.

Jérôme Pérez
18 Fév 2003 16:38 #11

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Modérateurs: GildasPBAESMartinezCédric42120Vougeotjean-luc javauxstarbuck