Villa d'Este Wine Symposium 2015
Une verticale du Clos Ste Hune - Maison Trimbach
Clos Ste Hune, 2010
Année froide, millésime de petits rendements (coulure) avec de l'acidité et de la concentration
Robe sur un doré léger marqué de très fins reflets verts.
Nez puissant, complexe, dense et serré, compromis de notes d’hydrocarbure et minérales puis de crème de menthe, l’aération libérant une étonnante touche de liqueur de framboise.
La bouche est tendue et très concentrée, sur une acidité tranchante qui lance un toucher dense et impactant, provoquant une sensation comprimée d’extraits secs énormes qui doivent se fondre pour libérer leur matière. L’aromatique fine et serrée, sur le citron vert et des touches minérales participe de cette impression de légère austérité.
Finale énorme de puissance, sur des amers structurants et toujours cette acidité laser qui étirent le vin.
A attendre impérativement afin de décomprimer ce superbe ensemble.
Très beau ! Vivement plus tard !
Clos Ste Hune, 2005
Été sec, avec une bonne réponse des sols calcaires au stress hydrique
Robe jaune paille enrobée de vert de gris.
Nez fin, un peu austère, sur le minéral (pierre frottée, craie humide) et au fruit citronné agréable.
Très jolie bouche pleine et posée, d’une ampleur agréable et d’un équilibre franc apporté par une belle acidité sans aridité.
L’aromatique est délicate, entre les agrumes et le minéral.
Finale d’une bonne persistance sans être interminable, comme si le vin se situait entre deux âges et refusait de choisir totalement son camp entre sa fraicheur de jeunesse et la complexité d’évolution qu’apporte la garde.
A attendre, je pense.
Clos Ste Hune, 1995
Année classique, avec quelques traces de pourriture noble sur les parcelles aux sols les plus légers
Robe sur un doré grisé léger.
Superbe nez offrant un bouquet complexe, sur les fruits secs (abricot, papaye), le tabac blond, senteurs enrobées de notes fraiches et noble de menthe avec un côté crémeux. Superbe !
La bouche est magnifique, dense en attaque, sur une acidité vertébrale qui lance de manière très bien intégrée une matière très structurée. L’ensemble est d’un charme aromatique certain mais reste assez pointu et dense, tout en tension et en tranchant.
La finale est puissante, marquée d’une acidité presque ferme.
Un vin à qui il ne manque qu’un peu de chair pour offrir plus de confort en bouche et déclencher alors un énorme plaisir.
Très bon !
Et à revoir à table où quelque chose me dit qu'il pourrait bien marquer des points.
Clos Ste Hune, 1990
Année de maturité des raisins parfaite, avec une pourriture noble de grande qualité
Robe d'un doré très fin.
Nez délicat, complexe et précis, sur la peau d'agrumes (le citron et à l'aération de superbes notes de pamplemousse) puis des notes minérales difficiles à décrire mais qui créent un bouquet fin d'une grande noblesse d'expression.
La bouche suit un parcours similaire, délicate en attaque, sur une matière posée qui semblerait presque fragile si n'était un équilibre absolument monumental qui étire en profondeur une manière absolument remarquable de précision !
La construction de ce vin mérite les plus grands superlatifs, emplissant la bouche d'une puissance certaine sans rien sacrifier à la finesse ni à la précision, sur une aromatique délicieuse au point d'évolution parfait.
La finale est magnifique d'élégance, réussissant à unir une puissance contenue et une extrême délicatesse dans un ensemble classieux comme seuls les plus grands vins parviennent à le faire.
Somptueux !
Clos Ste Hune, 1983
Hiver clément mais pluvieux, comme le printemps. Été chaud et sec.
Vendanges du 6 au 27 octobre puis du 21 au 24 novembre
Robe étonnante car la plus claire de la dégustation, presque cristalline.
Nez chafouin, presque rébarbatif, sur des notes médicinales (sparadrap) et d'alcool de pharmacie.
Bouche un peu lente en attaque, sur une matière large et glycérinée mais qui manque de tenue et de capacité de rebond malgré la présence d'une belle acidité.
L'aromatique pierreuse et terne n'arrange pas l'affaire en rendant le tout très austère.
Quelques amers relancent un peu la finale en faisant saliver mais force est de constater que ce vin manque de charme.
Une bouteille en dedans ?
Je n'ai pas aimé.
Clos Ste Hune, 1976
Eté caniculaire, sans une goutte d'eau de juin à septembre.
Des orages de mi-septembre ont permis le développement de la pourriture noble.
Robe vieil or ambré, nettement plus teintée que tous les autres vins de la verticale.
Nez complexe, un peu instable, sur des notes d'évolution certaine, sur le cuir, les fruits secs, la datte, de petites senteurs empyreumatiques.
La bouche se joue en deux temps, semblant large et quasi massive en attaque, sur une matière très riche, l'acidité arrive en milieu de bouche pour trancher dans cette masse et la mobiliser, offrant alors un ensemble très puissant, trop peut-être pour la dégustation mais qui doit pouvoir faire un malheur à table, sur un grand prisme de plats de la cuisine classique.
L'ensemble est d'une impeccable tenue, sur une complexité aromatique d'évolution très intéressante, sur des notes de tabac blond, de peau d'orange séchée et de pierre humide.
La finale est d'une énorme persistance, presque d'une décadence baroque dans sa richesse pourtant sans sucrosité.
Très beau. Et sûrement grandiose à table.
Clos Ste Hune, 1971
Eté chaud mais temps froid pendant les vendanges.
Millésime de petits rendements dus à la coulure
Robe sur un doré net.
Nez évolué, très beau compromis de notes torréfiées et empyreumatiques (chocolat, café, poudre noire) et fruitées, sur l'ananas confit.
La bouche contraste fortement avec le 1976, immédiatement nerveuse et tranchante, sur une construction tonique et rythmée au moyen d'une superbe acidité qui propulse le vin dans un ensemble profond et d'une jolie chair à la droiture certaine .
L'aromatique est complexe, bel ensemble franc et précis de goûts de menthe poivrée, de grain de café avec encore un fruit bien vivant et qui s'exprime sur un léger exotisme (ananas, papaye).
Très jolie finale salivante à souhait et dont la tension froide ne verse jamais dans le strident.
Très beau mais à réserver quand même aux amateurs de vins tranchants.
Clos Ste Hune, 1966
Robe vieil or.
Nez sur un immédiat grillé, entre le maïs soufflé, la peau de poulet grillé, des notes de pierre humide puis de marmelade d'orange.
Grande attaque dense et charnue à la fois, avec une puissance fondue au déroulé impressionnant sans aucun point de faiblesse.
L'aromatique complexe et franche, sur des goûts d'évolution finement grillés rafraichis par des notes mentholées et encore du fruit (mandarine) participe à étirer et donner du rythme à ce superbe ensemble.
L'équilibre est remarquablement réussi, sur une matière suave et nerveuse à la fois particulièrement agréable en bouche.
Finale très puissante, presque brutale par des amers qui appellent la table pour se rééquilibrer et d'une persistance mentholée impressionnante.
Superbe !
Tour de table avec Pierre Trimbach, Eric Rousseau et Helmut Dönnhoff
Une magnifique dégustation qui illustre le très haut niveau et l'impressionnante tenue à la garde du Clos Ste Hune.
Un vin puissant, dense, au tranchant toujours parfaitement assumé et auquel la patine des ans apporte un fondu indispensable pour dépasser son austérité de jeunesse qui peut parfois sembler brutale.
Oliv