Domaine Muré - Alsace Pinot Noir Côte de Rouffach 2016

Nez très boisé, fumé, odeurs de sous bois.
La bouche confirme le nez, le côté boisé, fumé, lardé est presque trop présent à mon goût. Ceci dit, c'est quand même joli, sur un fruit rouge bien mûr, belle texture soyeuse, d'une fraîcheur et d'une légèreté impressionnantes. Bref, c'est bon.

Accord parfait avec des brochettes de poulet et agneau, marinades jus d'oignon / huile d'olive et adjapsandal (salade chaude de poivrons aubergines tomates oignons cuits au barbecue ce qui donne un goût très fumé), sans doute le meilleur plat que j'ai mangé de l'année.

Ca a l'air sympa ton ajapsandali, entre lacratatouille et la moussaka.

Enfin une recette à ma portée!

C'était la première fois que je mangeais ça, c'est ma fiancée (russe) qui a fait ça et j'ai pris une claque. Il faut vraiment bien griller les légumes de tous les côtés au barbecue (entiers) pour donner ce côté grillé / fumé Ensuite on épluche on coupe on mélange avec un peu d'huile d'olive et herbes (persil ou coriandre par exemple) et voilà.

Ce n'est pas la recette georgienne originale (y a autant de patates que d'aubergines).

Normale, ta copine est russe

Huhu. On a eu des débats sur les différentes versions de la recette. Pour info on a mangé celle-là :

De toute façon, s'il y a des tomates, des aubergines, des oignons et de l'huile d'olive comme s'il en pleuvait, j'aime.

Toujours étonnant de constater que l'homme moderne, même s'il a aujourd'hui à sa disposition le gaz et l'électricité, renoue dès qu'il en a l'occasion avec la cuisson au bois/charbon qui l'a accompagné durant des centaines de milliers d'années. Le goût du fumé est fortement ancré dans ses gênes, et rend les aliments irrésistibles. C'est d'ailleurs certainement pour les mêmes raisons que beaucoup de personnes aiment les vins boisés où l'on retrouve des notes de torréfaction( et d'autres notes régressives comme le caramel et la vanille).

Je me sers rarement d'un BBQ mais j'ai souvent recours au fumoir ou à des ingrédients fumés car ça transcende les aliments (du moment que c'est subtil).

Eric B écrit: Toujours étonnant de constater que l'homme moderne, même s'il a aujourd'hui à sa disposition le gaz et l'électricité, renoue dès qu'il en a l'occasion avec la cuisson au bois/charbon qui l'a accompagné durant des centaines de milliers d'années.

Mon BBQ est au gaz...

Toujours étonnant de constater que l'homme moderne, même s'il a aujourd'hui à sa disposition le gaz et l'électricité, renoue dès qu'il en a l'occasion avec la cuisson au bois/charbon qui l'a accompagné durant des centaines de milliers d'années.

Je ne comprends vraiment pas le sens de cette remarque!

Sinon pour ceux qui apprécient le poivron, une recette des Balkans que j'adore, l'avjar

Raboso del Piave DOC écrit: Toujours étonnant de constater que l'homme moderne, même s'il a aujourd'hui à sa disposition le gaz et l'électricité, renoue dès qu'il en a l'occasion avec la cuisson au bois/charbon qui l'a accompagné durant des centaines de milliers d'années.

Je ne comprends vraiment pas le sens de cette remarque!

Elle concernait cette phrase de Clément :

Accord parfait avec des brochettes de poulet et agneau, marinades jus d'oignon / huile d'olive et adjapsandal (salade chaude de poivrons aubergines tomates oignons cuits au barbecue ce qui donne un goût très fumé), sans doute le meilleur plat que j'ai mangé de l'année.

J'imagine qu'en bon gastronome, il a dû manger depuis 5 mois des plats plus élaborés que ces légumes fumés sur le BBQ. Mais c'est ce plat aux accents "primitifs" qui l'a marqué le plus.

Domaine Muré - Riesling Côte de Rouffach sans sulfites ajoutés 2019

Ouverture : robe dorée. Premier nez qui évoque curieusement le soufre, avec des notes crayeuses, minérales mouillées. Bouche grasse avec une perle bien présente, une bonne vivacité mais sur des saveurs qui oscillent entre note oxydatives et fruits jaunes, sans doute avec un manque de netteté. Finale sur les notes minérales ressenties peu étirée.
Soir : nez plus éteint mais avec une netteté encore plus aléatoire. Bouche qui paraît plus vive avec une perle qui n’a pas faibli et qui conforte cette fraîcheur. Longueur plus étirée, sur les fruits jaunes de type mirabelle. Mieux en bouche, aromatique qui ne convainc pas. Je note une évolution aromatique positive à mesure que le vin se réchauffe : c’est plus fin, sur la fleur de sureau. C’est un peu comme si le vin avait produit son propre soufre pour se protéger et qu’il faille une très longue agitation pour l’en libérer. J’ai le sentiment que je dois attendre et laisser une chance à ce vin.
36 heures d’ouverture, la robe a pris une tonalité plus grise, tilleul. Le nez est à l’identique et m’évoque encore le soufre. La bouche a gagné en définition structurelle sur une belle structure fraîche mais les saveurs autres que les sensations minérales sont trop discrètes à mon goût. Un vin que j’ai tenté de comprendre, en vain.

Domaine Muré - Syrah - Vin de France 2018

7 ares plantés sur le Clos Saint Landelin dans le secteur des Pinots noirs.
50 % grappes entières.
Elevage barrique de deux vins.

Bues sur trois jours. Robe sombre sans opacité : pourpre violine. Nez cacao qui s’ouvre sur de la tapenade, des épices, un peu lacté, caramel au lait. Bouche douce, immédiatement gourmande, soyeuse sans aspérité avec un fruit très en avant, très jeune syrah. L’évolution sur plusieurs jours fait apparaître des saveurs fruitées (fraise) et florale en fin de bouche (violette). Souple, tanins soyeux, voire polis et finale gourmande où l’on cherche un peu le tanin et l’acidité à l'ouverture mais tout se dessinent à l’aération sur un petit trait végétal qui confère du croquant. Très grande buvabilité, sapide, beaucoup de plaisir, une réelle complexité ; cette syrah alsacienne n’est absolument pas une gageure et je dois dire que je suis heureux du plaisir que procure de boire des vins de syrah à moins de 13 degrés, ce qui favorise d’autant plus ce sentiment de fraîcheur. Je suis persuadé d’un potentiel d’évolution positive important.
à aérer longuement aujourd'hui.

Domaine Muré, Gewurztraminer "Macération" Côte de Rouffach 2019

à l’ouverture : robe chatoyante, dans les tons oranger avec une pointe de rose. Admirable nez de fleur de sureau d’une précision que je n’avais jamais rencontrée dans un vin. En fond, la rose est là, mais vraiment au second plan. Bouche sereine, ample, soyeuse, d’un vin qui se goûte sec sur des saveurs discrètes et élégante conformes à l’aromatique et qui laisse apparaître une petite note de graphite.. Aucune faiblesse et longue finale qui si elle n’est pas portée par une acidité évidente, n’en est pas moins longue, sur des amers fins et élégants. Vin à porter à table de toute évidence.
à noter qu’avec de l’air et une température plus élevée se développe une note fumée qui apporte beaucoup de complexité.
Le lendemain, la longue aération n’apporte rien de plus, et plutôt moins mais le vin se tient bien avec un nez plus uniforme mais très agréable et une bouche gourmande : le seul petit bémol vient du degré d’alcool élevé qui limite le fait de se resservir comme on le voudrait.
C'est bon et assez inclassable : une alternative très « so chic » pour remplacer le rosé de Provence tellement à la mode mais c’est un peu dans cet esprit que j’ai dégusté ce vin qui se marie avec tout à table.

Domaine Muré, Sylvaner Steinstuck 2018

Robe or pâle teintée de reflets plus verts, brillante. Premier nez entièrement minéral crayeux, comme certains Champagne, puis apparaît une petite note fruitée, agrume, tonalité florale. La bouche offre un beau volume, immédiatement relayé par la structure vive de ce vin. C’est tonique, vivifiant, presque acéré. Une saveur miellée légère à l’ouverture disparaît pour laisser place à des saveurs citronnées qui s’étirent longtemps en finale. Certains trouveront peut-être ce vin un peu strict, saillant, crissant : personnellement, j’aime et j’adhère à cette belle droiture. Ne pas servir trop froid.

je reviens sur ce sylvaner Steinstuck 2018 : la tenue à l'aération est très bonne : le vin ne lâche rien de sa fraîcheur aiguisée : c'est vrai que l'aromatique est discrète, mais cette vigueur est vraiment tonifiante.
J'aurais aimé ces mots qu'un illustre dégustateur de LPV a écrit pour un autre vin mais qui collent parfaitement à ce celui-ci :

c’est du sérieux, d’une sobriété résolument protestante, avec une austérité grinçante presque moralisatrice. Ce n’est assurément pas un vin de donjon mais il s’en approche et il se boit comme on porte un cilice.

Ce que j 'aime dans ce vin et dans le sylvaner en général, c'est que même si la complexité n'est pas toujours au rendez-vous, on a quand même des vins qui livrent tout avec sincérité, avec un punch et une tension du niveau d'un riesling. Pas bêtes les suisses d'en faire du liquoreux !

Pas bêtes les suisses d'en faire du liquoreux !

Seppi Landmann en avait fait des vins de glace. Et la famille Simonis produit très régulièrement des liquoreux issu du sylvaner. Ils n'ont par contre pas droit à la mention VT ou SGN car le cépage n'est pas "noble".

Eric B écrit: Pas bêtes les suisses d'en faire du liquoreux !

Seppi Landmann en avait fait des vins de glace. Et la famille Simonis produit très régulièrement des liquoreux issu du sylvaner. Ils n'ont par contre pas droit à la mention VT ou SGN car le cépage n'est pas "noble".

Même sur le zotzenberg?

jlj

Il a le droit à la mention Grand cru, mais pas sûr qu'il puisse avoir VT ou SGN sur l'étiquette.

Je n'en vois pas sur cet article plutôt complet :

www.lepoint.fr/vin/f...

C'était pour signaler qu'il peut parfois être "noble".
Logiquement si on a accepté qu'il puisse être GC sur le zotzenberg, pourquoi n'y a t il pas droit à VT ou SGN?

jlj

Logiquement si on a accepté qu'il puisse être GC sur le zotzenberg, pourquoi n'y a t il pas droit à VT ou SGN?

Tous les baronnets récemment ordonnés par la reine ne peuvent siéger à la chambre des lords

Jean-Marie Haag à Soultzmatt fait aussi sur certains millesimes une cuvée de Sylvaner VT appelée Exception 1827.
Mais on sort du sujet...

jlj

jean-luc javaux écrit: C'était pour signaler qu'il peut parfois être "noble".
Logiquement si on a accepté qu'il puisse être GC sur le zotzenberg, pourquoi n'y a t il pas droit à VT ou SGN?

jlj

Issu du cahier des charges de l'appellation Alsace Grand Cru, dont le Zotzenberg :

Les vins susceptibles de bénéficier des mentions «vendanges tardives» ou «sélection de grains nobles» sont issus des cépages suivants : gewurztraminer Rs, muscat à petits grains B, muscat à petits grains Rs, muscat ottonel B, pinot gris G, riesling B.

david84 écrit:

jean-luc javaux écrit: C'était pour signaler qu'il peut parfois être "noble".
Logiquement si on a accepté qu'il puisse être GC sur le zotzenberg, pourquoi n'y a t il pas droit à VT ou SGN?

jlj

Issu du cahier des charges de l'appellation Alsace Grand Cru, dont le Zotzenberg :

Les vins susceptibles de bénéficier des mentions «vendanges tardives» ou «sélection de grains nobles» sont issus des cépages suivants : gewurztraminer Rs, muscat à petits grains B, muscat à petits grains Rs, muscat ottonel B, pinot gris G, riesling B.

Je sais cela.
Au risque de me répéter, je disais juste que si on le juge assez "noble" que pour mériter d'être Grand Cru sur le Zotzenberg, il pourrait aussi mériter, SUR CE ZOTZENBERG, la mention VT ou SGN.
Rien d'autre...

jlj

D'accord avec toi ! Ce qui serait intéressant c'est de savoir pourquoi le cahier des charges a pris la peine de préciser cela...

david84 écrit: D'accord avec toi ! Ce qui serait intéressant c'est de savoir pourquoi le cahier des charges a pris la peine de préciser cela...

Parce que le décret pour le Sylvaner date de 1992 alors que les dénominations VT ou SGN datent elles de 1984.

jlj

david84 écrit: D'accord avec toi ! Ce qui serait intéressant c'est de savoir pourquoi le cahier des charges a pris la peine de préciser cela...

Parce que les termes "Vendanges Tardives" et "Sélection de Grains nobles" ne sont pas des appellations, mais des mentions.
De fait, elles s'appliquent en plus d'une des deux appellations Alsace ou Alsace Grand Cru, sur un certain nombre de critères (cépages, degré minimum ... ) mais pas l'ensemble.
De fait, elles ne peuvent pas créer une aire de production plus restrictive par exemple ou ne donner le droit de produire un vin de Vendanges Tardives sur un cépage non prévu sur une aire délimitée.

Domaine Muré, Pinot noir Clos Saint Landelin 2017

à l'ouverture : robe sombre, dense, concentrée pour un pinot noir. Tonalité sanguine aux reflets violines. Un peu de réduction à l'ouverture et une bonne ouverture sur un mélange fruité boisé noble du plus bel effet. Comme pour son aîné de un an, on retrouve ces notes de tapenade qui pourraient évoquer d'autres cépages sur d'autres secteurs. En bouche le vin est ample, construit, structuré sur une saveur globalement florale et très parfumée après que la dominante tapenade se soit dissipée. C'est un vin sérieux, dense qui laisse apparaître une note plus végétale sur la finale, des tanins encore un peu mordant. Ce vin donne l'impression qu'il faut l'attendre, d'un grand potentiel mais qu'il doit dompter et fondre tous ces éléments ; c'est extrêmement prometteur.

Après une bonne aération, le nez est toujours très beau mais plus complexe, sur le tabac et une note fruité (fraise) et florale qui est bien la constante de ce vin. En bouche, le volume est important, le vin puissant sur cette note florale très parfumée qui domine et sur la finale plus développée, une gourmandise dispute un peu la partie à la structure plus austère, avec une belle fraîcheur et des tanins serrés : c'est bien long.

Au même âge, le 2016 donnait plus de plaisir immédiat. Mais c'est un vin qui semble avoir plus de poids et qui devrait vieillir de la plus belle manière. Il doit se fondre encore un peu et gommer cette hésitation entre gourmandise du milieu et austérité de la finale, avec une évolution prévisible sur un polissage des deux composantes pour un arrimage réussi.

un modèle de CR. On a l'impression de déguster le vin. Magnifique

Ah ça oui, je pense que je vais réfléchir à deux fois avant de poster mon prochain CR.

Et ça fait quelques années que je cherche à me procurer des vins du domaine, certes sans beaucoup d'insistance, mais là, et même si ça ne paraît pas simple à trouver pour le Genevois que suis, je crois que ma motivation s'est trouvée décuplée à la lecture de ce voyage dans un verre (Jérôme, tu ne travaillerais pas pour le domaine par hasard ?).

On luttera contre le TAVCO un autre jour.

Eric

Petit interlude dans la grande dégustation de Jérôme avec une belle bouteille à maturité.

Domaine René Muré – Riesling grand cru Vorbourg Clos Saint-Landelin 2007

Bouchon liège noirci sur le dessus mais peu imbibé et souple.
La robe est brillante de couleur jaune or.
Le nez est sur des fruits jaunes, le zeste de citron puis des notes de cire d’abeille. Le lendemain apparaissent quelques fruits secs.
La bouche est ample, très intense, riche en restant sèche.
Il y a une belle acidité bien présente qui structure cette bouche.
Le zeste de citron revient en finale.
Très belle longueur.
Très bien ++

Grand terroir, grand vigneron, grand millésime : au final il me manque un « je ne sais quoi » pour que le vin décolle vraiment vers les hautes sphères. Bon je chipote car le plaisir est clairement au rendez-vous.
Eric