Direction le Sud de l’Alsace pour une dégustation de 9 vins du
domaine Dirler-Cadé, dégustation qui comporte à la fois une horizontale des Grands Crus en Riesling sur le millésime 2012, ainsi qu’une (mini) verticale du Grand Cru Kessler en Gewurztraminer. Les vins ont été ouverts et goûtés dans la foulée, étiquette découverte.
Riesling Grand Cru Kitterlé 2012
Sucres résiduels : 2 g/L - Index 1 - alcool : 12,5° - prix (domaine) : 18€
La robe est jaune pâle avec des reflets verts. Le nez est bien ouvert avec des arômes pierreux, fumés et d’agrumes. Alors que l’attaque en bouche est plutôt vive et tranchante, avec une aromatique que je trouve assez monolithique sur le citron jaune, des notes sucrées viennent perturber l’équilibre du vin, de plus en plus prononcées au fur et à mesure qu’il se réchauffe dans le verre, et qui marquent la finale en laissant une sensation sucrée en bouche.
Riesling Grand Cru Saering 2012
Sucres résiduels : 6 g/L - Index 1 - alcool : 13° - prix (domaine) : 18,6€
La robe est identique à celle du vin précédent. Le nez est très élégant, sur des arômes citronnés très purs et une touche minérale. Belle vivacité en bouche, sur le citron, la pamplemousse jaune et quelques légères notes exotiques (ananas). Le vin présente un très bel équilibre entre concentration et élégance. L’acidité est bien maîtrisée et apporte beaucoup de fraîcheur à la finale.
Riesling Grand Cru Spiegel 2012
Sucres résiduels : 8 g/L - Index 2 - alcool : 13° - prix (domaine) : 19€
La robe est d’un beau jaune brillant, d’intensité modérée. Le nez, sur la réserve à l’ouverture de la bouteille, va s’ouvrir sur des arômes de fruits mûrs et des notes fumées. En bouche, c’est très dense, mais le vin est encore sur la retenue. J’y perçois tout de même quelques notes épicées et une légère sensation de sucre. En devenir.
Riesling Grand Cru Kessler 2012
Sucres résiduels : 6 g/L - Index 1 - alcool : 13° - prix (domaine) : 20€
La robe est proche de celle du vin précédent. Le nez, assez discret, révèle à l’aération délégants arômes floraux et de zestes d’agrumes. Le vin impressionne en bouche par sa matière, avec une belle richesse, équilibrée par l’acidité du millésime. La finale est d’une grande persistance sur une acidité citronnée qui apporte une belle tension au vin. Sans doute une grande bouteille d’ici quelques années.
Riesling Grand Cru Kessler « Heisse Wanne » 2012
Sucres résiduels : 17 g/L - Index 3 - alcool : 13,5° - prix (domaine) : 21,7€
Le vin présente une robe jaune dorée et un nez de fruit mûr et de miel d’acacia. En bouche, l’augmentation en sucres résiduels est perceptible et le vin se goûte sur un équilibre de demi-sec. Il est ample avec beaucoup de gras et des notes pierreuses ; on retrouve les arômes de fruits murs présents au nez, et en particulier de cédrat confit. Le vin reste bien équilibré, vif, avec en finale une pointe de menthol bien venue. Très bien.
Pinot Gris Grand Cru Kessler 2012
Sucres résiduels : 19 g/L - Index 3 - alcool : 14° - prix (domaine) : 17,5€
La robe est d’un bel or brillant. Le nez est muet. La bouche offre une belle richesse, dont je ressors de jolis arômes fumés, mais je trouve que ce vin manque un peu de précision et possède une longueur moyenne. Après les rieslings, j’avoue être passé à côté. A revoir.
Gewurztraminer Grand Cru Kessler 2012
Sucres résiduels : 31 g/L - Index 4 - alcool : 14° - prix (domaine) : 20,2€
La robe, bien que plus soutenue que celle des vins précédents, me semble très claire pour ce cépage. Le nez me paraît assez variétal, sur la rose, prolongé par des notes épicées. En bouche, le vin se présente avec un équilibre de moelleux. Elle est riche et généreuse, avec une palette aromatique complexe, dominée par le litchi et des parfums de fleurs capiteuses (rose, un peu de jasmin), complétée par des notes légèrement épicées (girofle, gingembre), l’ensemble signant tout de même le cépage. La finale est un peu courte.
Gewurztraminer Grand Cru Kessler 2013
Sucres résiduels : 50 g/L - Index « Doux » - alcool : 13° - prix (domaine) : 21€
La robe est jaune paille soutenue. Le nez est discret, subtil sur un registre très gewurtz (épices, litchi). La bouche est riche (50g de SR) avec des arômes d’agrumes confits, ce qui amène une tension et une fraicheur en bouche, bienvenue par rapport au précédent. Le vin est soyeux, et on y retrouve à nouveau une palette épicée type « pain d’épice » qui persiste très longuement en bouche. Beau vin.
Gewurztraminer Grand Cru Kessler 2009
Sucres résiduels : 66 g/L - Index « 4 » - alcool : 13,5° - prix (domaine) : 20,2€
La robe de ce dernier vin est d'un doré éclatant. Le nez est complexe et offre, en plus de la rose, des notes mentholées, minérales et délicatement fumées très engageantes. La bouche est volumineuse et les SR y sont bien perceptibles. Le vin reste équilibré, et se caractérise par du fumé, des épices (anis++) et des fruits exotiques (plus particulièrement la mangue). Ce vin, le plus âgé de la soirée, possède pour moi encore un très beau potentiel de garde.
Cette dégustation m’a semblé constituer une bonne approche de ce domaine, que j’ai découvert à cette occasion, et qui possède de superbes terroirs en GC. J’ai malgré tout comme principal regret de ne pas avoir pu goûter un millésime à maturité. En effet, les 2012 offrent un profil aromatique séduisant, bien équilibré par de belles acidités qui amènent de la tension en bouche, mais ce sont des vins qui, je pense, auront besoin de temps pour se révéler complètement, et notamment pour certains pour « manger leur sucre » (on est vraiment dans l’Alsace « méridionale »). Moi qui ne suis habituellement pas fan du gewurztraminer, je dois reconnaitre que son expression sur le terroir du Kessler offre des vins réussis (2013 et 2009), avec une puissance et une salinité qui transcendent les arômes plus variétaux de ce cépage, et qui apportent une très belle longueur en bouche.