Villa d'Este Wine Symposium
Édition 2017
Miscellanées & Diner de gala
Avant de remonter en chambre chausser une dernière fois mon costume à fantasmes, il serait dommage de ne pas profiter d'un dernière tour de piste auprès des vignerons qui présentent leurs vins chaque soir en parallèle des dégustations de prestige.
Petit florilège des vins croisés sur ces trois jours:
Amuse Bouche Wines (Napa Valley, USA)
Très beau vin que l'Amuse Bouche 2014, assemblage à 92% merlot et 8% de cabernet franc, à l'élevage présent mais de grande classe qui n'écrase pas de belles notes de fruits noirs frais.
Bouche pleine, crémeuse mais sans lourdeur, portée par une belle acidité et des tanins superbes. Un très beau vin, solaire d'expression mais d'une classe certaine.
Domaine de l'A
Très chouette
2011 (
ou 2012 ? satanée écriture de cochon
), au nez distingué et complexe, presque truffé, avec un végétal élégant qui s'intègre parfaitement à de belles notes de fruits noirs.
Bouche fraîche et équilibrée, sur une tenue agréable et au point de maturité très agréable et dont la finale resserrée sur de beaux tanins gras appelle la table.
Maison Trimbach
Pas convaincu par le
Riesling sélection Vieilles Vignes 2015, très austère et un peu acéré.
Le
Geisberg 2012 est beaucoup plus large et volumineux mais pas forcément très en place, notamment par une amertume qui s'exprime un peu fortement.
Un
Frédéric Emile 2008 plus évolué qu'à l'accoutumée le vendredi, superbe le samedi, tout en droiture, sur une acidité laser géniale. J'adore ce vin !
Splendide
Clos Sainte Hune 2012, au nez floral et minéral très pur et à la bouche splendide, à la fois bien mûre, pleine mais déliée et toute en élégance, d'une présence et persistance remarquables.
Weingut Dönnhoff
Grande gourmandise sur le
Felsenberg 2016, croquant de fruit, sur la poire et les fruits blancs, avec une bouche facile et évidente de plaisir, plus lisible que le
Hermannshohle 2016, beaucoup plus concentré et droit mais assez fermé et serré, tout en matière.
Le
2015 est très agréable, structuré et confortable à la fois, malgré là encore une aromatique assez fermée.
Très beau
Brucke Auslese 2016 parfaitement équilibré, sur une délicieuse sucrosité fraîche et élancée et aux goûts délicatement exotiques et d'agrumes.
Château Montrose
Deux bouteilles de
1990 assez différentes.
La première marquée par des notes assez brettées et qui perturbent une belle matière en créant un point de faiblesse aromatique. Sur une seconde bouteille, le vin reste un peu animal mais cela crée un bouquet complexe qui cette fois s'intègre à un volume racé, plein et ample tout en allonge et d'une qualité de tanins remarquable.
Un bruissement et attroupement dans la salle ?
Aubert de Villaine au service, les fans accourent !
Domaine de la Romanée Conti, Bâtard-Montrachet 2008
Robe nettement dorée.
Nez très puissant, opulent, compromis de notes de pain grillé, de beurre frais et de belles senteurs de fleurs blanches dans une expression très classique d'un bourgogne à l'ancienne.
L'attaque en bouche est sur un volume énorme, d'un gras puissant qui tapisse immédiatement le palais et qui deviendrait lourd si n'était la présence d'une acidité superbe qui évite tout effet de poids et propulse l'ensemble.
Le déroulé est très puissant, tout en concentration et en perception d'extraits secs notamment sur la finale énorme de persistance, sur une aromatique florale et presque exotique.
Un style de vin un peu extrême pour moi par sa richesse mais rien à dire, whaou !
Romanée Saint Vivant 2014
Robe grenat sombre.
Superbe nez très élégant, sur un élevage fumé délicat qui porte des senteurs magnifiques de pureté, sur les fruits rouges et de très belles notes florales et végétales.
La bouche est structurée autour d'une acidité assez haute mais offre un velouté de texture agréable. L'ensemble est encore ferme par sa concentration mais joue sur un registre aromatique superbe qui évite toute austérité.
La finale est longue, aux beaux tannins encore à polir.
A noter un vin plus ouvert sur une des deux bouteilles que j'ai eu la chance de goûter, l'autre se présentant de manière plus serrée et végétale.
Echezeaux 2009
Robe avec une pointe d'évolution.
Nez élégant, sur le thé noir, l'encens, le bouton de rose.
Belle bouche pleine et racée, au volume doux sans confit et à l'équilibre agréable d'une certaine suavité.
Le vin déroule une belle présence jusque dans une finale fraîche et suave mais assez fermée aromatiquement.
A attendre.
Domaine Denis Mortet
Deux
2015 marqués par des prises de bois certaines et qui imposent l'attente pour se fondre mais des volumes et structures de bouche superbes, que ce soit sur le
Gevrey Mes 5 Terroirs et plus encore sur le
1er cru Lavaux St Jacques, remarquable de velouté et d'équilibre.
Mais clairement pas des vins à ouvrir avant une dizaine d'années pour les laisser exprimer leur qualité de matière.
Domaine Belluard
Très joli nez plein de fruit sur le
Brut Zéro avec une bouche gourmande mais à la bulle toujours aussi carrée et ferme.
Les Alpes 2016 m'a semblé plus ouvert que
le Feu du même millésime, totalement fermé aromatiquement, sur une structure serrée peu lisible.
En revanche, très beau
Le Feu 2015, sur le lait d'amande, les fruits blancs, avec une bouche pleine et droite à la fois, sur un volume riche et frais qui fait bien saliver.
Van Volxem
Assez compliqué de poser un jugement sur les 2016 que j'ai goûtés sur les 3 jours et que j'ai assez souvent trouvé serrés et marqués de notes végétales un peu en limite de maturité.
Dans la gamme du domaine, l'
Alterebe m'a plu par sa franchise gourmande et son caractère élancé et fruité très agréable. Le
Scharzhofberger était superbe de tenue, sur une belle matière concentrée et droite, tout en allonge et en présence, encore assez fermé aromatiquement.
Maison Jean Goyard
Un très joli
Ratafia de Champagne, frais, élégant, sans sucrosité ni chaleur excessives, sur de beaux goûts d'écorces d'orange, de figue, de raisins secs, porté par une vraie fraîcheur et une grande finale d'une réelle complexité. Très jolie découverte !
***
Les lumières du salon de dégustation s'éteignent !
Non non, rassurez-vous, c'est pas un fusible qui vient de fondre mais le signal envoyé aux convives avec une autorité toute maussienne qu'il est temps de rejoindre la salle pour le grand diner de gala !
Oh mince, ce coup ci, va pas falloir que je traine pour grimper dans mon 3 pièces !
C'est donc quatre à quatre que je rejoins ma chambre pour transformer l'obscur Peter Parker gratte-notes à carnet en Marvelous Superman à cravate d'une beauté clinquante digne de l'évènement !
Bon, j'ai fait du mieux possible mais au final, pas de miracle, ce sera comme d'habitude : un Averell déguisé en croque-mort mais qui fera de son mieux avec ce dont la nature l'a doté !
La salle est pleine de centaines de convives aussi affamés qu'heureux.
Le ballet des serveurs démarre.
En piste !
Cà del Bosco, Franciacorta, Cuvée Annamaria Clementi, 2008
Robe jaune claire, sur un léger vert fluo.
Nez un peu brouillon et parasité par des notes fermentaires (levure de boulanger) et qui masquent un ensemble bien mûr de fleurs blanches et de citron confit.
Bouche riche, sur un volume gras et large et une sensation de tendreté confortable à laquelle une bulle bien présente apporte vivacité et tonus.
Les goûts sont agréables, avec de la gourmandise, sur des notes de fruits jaunes, presque de pêche blanche.
Finale un peu solaire à mon goût, étirée néanmoins par une fine amertume.
Bien.
Homard, crème de morue et chanterelles
Maison Trimbach, Clos Ste Hune, 2011
Robe à peine teintée d'un léger gris vert.
Nez précis et droit, sur le zeste d'agrumes, le citron vert, de très fines et élégantes senteurs d'hydrocarbure et de menthol.
Superbe bouche à l'attaque pleine et dense, sur un impact moteur certain par une sensation immédiate de matière concentrée et d'extraits parfaitement mobilisée par une acidité splendide.
Le vin se relance par vagues dans cette forme de droiture classe encore assez austère aromatiquement mais d'une noblesse de constitution certaine.
Finale très longue, tout en tenue et en délicieuse fraîcheur.
Superbe !
Gaja, Gaïa & Rey, 2006
Robe sur un doré léger.
Beau nez franc et ouvert, sur le praliné, la fleur d'oranger, des belles notes de fruits jaunes bien mûrs.
La bouche est moins à mon goût, sur une largeur glycérinée un peu mollassonne et qui tapisse le palais à l'excès en l'engluant dans une matière solaire.
Confirmation du côté résolument sudiste du vin dont la finale est marquée de chaleurs excessives pour mon palais de fillette.
L'effet de séquence avec l'équilibre tout en droiture du Clos Ste Hune lui a sans doute fait du tort.
A revoir.
Risotto, citron, langue d'oursin et poivre sauvage
Martin Wassmer, Spätburgunder, Castellberg GG, 2014
Robe pourpre assez claire.
Nez riche et ouvert et qui part un peu dans tous les sens, entre la gelée de fruits rouges, un boisé lacté un peu insistant et des notes végétales assez présentes.
Bouche un peu sévère, sur une acidité saillante et froide qui tranche de manière ferme dans une matière bien présente mais renfrognée, créant comme une forme d'austérité.
L'aromatique est marquée par des notes végétales (racinaires) qui prennent un peu le pas sur de délicats goûts de fruits rouges.
La finale est acérée et manque un peu de confort, sur une sensation janséniste et peut-être de maturité un peu limite.
Curieux vin, qui ne semble manquer de rien mais dont les éléments semblent un peu dissociés en l'état.
Roberto Voerzio, Barbera d'Alba, Pozzio dell' Annunziata, 2008
Double magnum
Robe violet noir quasi impénétrable.
Nez mat et peu causant, très serré, sur de minces notes de pâtes de fruits noirs, d'olive de la même couleur, avec une volatile assez élevée.
Bouche généreuse en attaque, sur un volume riche et plein qui tapisse immédiatement le palais, sur un ensemble puissant rythmé par une belle acidité.
L'aromatique reste assez noire et comprimée, avec un côté masculin et ferme assez peu amène.
La finale est très puissante, sur un déroulé tannique très présent et un volume un peu riche à mon goût.
A attendre car il y a du vin.
Pigeon, foie gras et légumes d'automne
Roberto Voerzio, Barolo, Cerequio, 2004
Double magnum
Robe sombre, violacée et quasi sans évolution.
Nez complexe et puissant, très fortement épicé et balsamique, un léger torréfié où le fruit s'exprime sur des senteurs florales (pot pourri) et de prunelle. Des notes mentholées apportent de la fraîcheur à cet ensemble concentré.
Très belle bouche riche et énergique, sur une acidité haute qui tranche et relance une matière charnue et concentrée. Le vin s'exprime dans une jeunesse adolescente et fougueuse qui doit pouvoir gagner en définition à la garde.
Belle finale avec de l'allonge mais marquée par des tanins très présents et une charge alcoolique certaine.
Très bien mais à attendre encore.
Ludo à Villa d'Este, c'est mon Jiminy Cricket à moi !
Non content de me sauver la mise lorsque j'oublie mes cravates, voilà qu'il me récupère un petit verre de soif sur une table de prestige !
Et celui-là, les copains, je suis pas près de l'oublier !
Domaine Coche-Dury, Puligny-Montrachet Les Enseignères, 2005
Robe sur un doré léger.
Nez magnifique de précision et de puissance, totalement classique de la maison par son compromis génial de sésame grillé et de fleurs blanches. Ca promet !
Et didjiou, le moins que je puisse dire, c'est que ça déçoit pas ! La vaaaaaache, quelle claque !
Au premier coup de langue, le vin déploie une puissance absolument géniale car parfaitement équilibrée, lovée dans une trame tonique à l'acidité superbe qui étire la matière dans un ensemble fuselé redoutable de rythme et d'allonge !
Ce vin, c'est le Concorde au décollage, fuselé, racé, puissant et moteur !
La finale est glorieuse et conquérante, incarnant tout ce que j'adore dans les vins du domaine, cette puissance géniale à l'acidité droite qui fait des vins longs mais sans jamais une once de lourdeur.
Somptueux ! J'ai cru que c'était Perrières 2009...
Merci Ludo !
Stracco di capra e gran capra, raisins à l'aigre douce
Istvan Szepsy, Edes Szamorodni, 2013
Robe sur un doré léger.
Superbe nez fruité et croquant, sur la poire bien mûre, le raisin muscat, des notes de fleurs blanches très élégantes.
Bouche facile et glissante, à la sucrosité assez présente en attaque mais qu'une très belle acidité mobilise sans souci dans une belle trame nerveuse et franche.
De beaux goûts miellés et exotiques s'accordent très bien avec le délicieux soufflé qui nous est servi.
Je trouve néanmoins le vin d'une expression plus riche que
lors de l'atelier de vendredi
, avec une pointe de volatile qui tient bien l'ensemble.
Finale puissante, d'une certaine densité.
Très bien.
Soufflé à la mandarine, coulis de fruits des bois
Quelle superbe soirée, totalement au niveau d'une édition très complète avec, en particulier, des ateliers d'un intérêt remarquable qui permettent de découvrir l'histoire et la production d'un domaine dans les conditions de dégustation parfaites qui sont la marque de l'évènement !
Hanni' va encore dire que je distribue des superlatifs plus vite que Michel Drucker n'envoie des formidables dans le poste le soir aux heures de grande diffusion mais le jour où je commencerai à chichiter sur des moments pareils n'est pas encore arrivé !
Que Bacchus me préserve de devenir un pisse-vinaigre capable de se blaser de partager sa passion du vin et de la gastronomie dans un cadre pareil.
Pour les plus résistants d'entre nous, la soirée se prolongera dans ce moment d'intimité dansant que j'adore et qui fait aussi à mes yeux et mon souvenir la marque de ce moment, quand la famille Mauss peut se décontracter un peu et profiter enfin de l'instant, avec le soulagement du devoir bien accompli.
Bon, pas la peine de réclamer les bandes aux paparazzi locaux, c'est pas encore cette année que vous verrez Averell se déhancher façon Traviolta !
Quand vous voyez le talent d'une Laurence Moret ou celui de la Présidente Mauss à l'exercice, autant rester sage et ne pas risquer l'humiliation publique...
Staying alive, ok c'est bath mais digne aussi, c'est important !
Encore une fois, je réitère ma reconnaissance la plus sincère à François Mauss et aux siens pour me permettre de vivre des instants d'une telle rareté avec la simplicité que seule l'amitié permet.
Vivement de vous revoir tous très vite !
Passez de très belles fêtes.
Oliv