[size=x-large] Villa d'Este Wine Symposium 2014
Épilogue[/size]
[size=large]Alors que je me refais une petite beauté en chambre avant le repas de gala en me bastonnant avec mon satané nœud de cravate, je ne cesse de repenser aux mystères d'un parcours qui m'a mené à cette dégustation exceptionnelle.
Comment en suis-je arrivé à la chance incroyable et au grand privilège d'avoir pu accéder à la magie de vins aussi prestigieux que rares ?
La vie est parfois étonnante quand même...
Profitons à fond de ces grands moments de plaisir, on se sait jamais, la roue tourne parfois bien vite !
Après avoir failli m'étrangler une bonne demi douzaine de fois pour un résultat à peu près honorable, il est temps d'arrêter de philosopher et de rejoindre les 280 convives pour la vente aux enchères et le diner du soir.
Comme je l'ai annoncé un peu plus haut dans ces colonnes, l'édition 2014 du VDEWS inaugure un nouvel évènement qui vise à soutenir pendant toute une année le travail d'un jeune chercheur, œnologue ou vigneron et dont le résultat des travaux sera présenté lors de l'édition suivante.
Une vente aux enchères de 30 lots de 3 magnums offerts par les participants permettra le financement du projet.[/size]
[size=large]Les
lots présentés
feraient saliver tout amateur qui se respecte, du plus pointu au plus fortuné.
Se côtoient des vins de Raveneau, Beaucastel, Comtes Lafon, Bernhard Huber, Deiss, Dönnhoff, Clos Sainte Hune, FX Pichler, Voerzio, Cheval Blanc, Sandrone, Gravner, Armand Rousseau, Zind Humbrecht, Bonneau du Martray, Bruno Rocca, Kracher, Ausone, Yquem, Loosen, La Mondotte, Haut Brion, Cristal, Domaine de la Romanée Conti etc etc...
Les coffrets sont composés avec une rare intelligence, panachant institutions du vin avec bouteilles plus confidentielles, vins reconnus et vins plus émergents. On sent la patte du véritable amateur qu'est François Mauss derrière cet éclectisme !
Certains lots me donnent une furieuse envie de passer un coup de fil à mon banquier pour connaître l'état de mes actions.
Mais comme je connais sa réponse, on s'évitera un appel international qui risquerait à lui seul de mettre mon compte dans le rouge !
Les enchères démarrent et autant vous dire que mes espoirs de ramasser un lot oublié s'éteignent aussi vite que les annonces se multiplient et que les résultats s'envolent.
Va pas falloir se gratter la tête au mauvais moment sous peine de devoir passer à la plonge pour les 30 prochaines éditions pour financer le quiproquo !
Zou, l'Oliv, tes paluches pour une fois, tu les planques au fond de tes poches ![/size]
images.glop.fr/OlivL...
Le lot de prestige Romanée Conti 1971, Egon Müller Auslese 1988, Sassicaia 1985 s'envole ! :
[size=large]Alors que les enchères s'enchainent à un rythme effréné, je regarde d'un oeil intéressé le ballet des chefs de salle qui pointent de plus en plus régulièrement leur air inquiet l'oeil fixé sur la pendule.
J'imagine qu'en cuisine, le chef commence à bouillonner devant le temps qui passe et ses casseroles qui fument !
Faudrait pas qu'il nous fasse une Vatel !
Force est de reconnaitre que la gestion d'un risotto pour 280 convives quand le top départ est aussi hasardeux, ça tient véritablement de l'exploit !
Et c'est sans aucun doute dans ce genre de moments de potentiels dérapages que la Villa d'Este mérite sans conteste son statut de palace de très haut de gamme.
La tension monte à l'annonce du dernier lot composé d'un magnum de Romanée Conti 71, d'un Auslese 88 d'Egon Müller et de Sassicaia 85.
Pour avoir encore en bouche le génie de la 71 bue dans l'après midi, je peux vous dire que si j'avais pu, j'aurais bien venu !
Mais ma maman m'a sagement appris à rester à ma place et aucun doute qu'il était plus que sage d'à ce moment laisser jouer les grandes personnes...
10 000, 20 000, 25 000...
30 000.................
32 000 € !! Adjugé à un jeune et fortuné amateur asiatique ![/size]
[size=large]La vente a dépassé les espérances de ses organisateurs !
M'est avis que le jeune William Metz va pouvoir développer son projet d'utilisation des drones dans les meilleures conditions.
Maintenant que les portefeuilles sont allégés de quelques K€ et les portes bagages alourdis de prestigieux coffrets de 150cl, il est temps de passer aux choses sérieuses et fissa...
Car quelque chose me dit que le chef en cuisine ne doit pas être très loin de la crise de nerfs !
Nouez élégamment vos serviettes et remontez d'un cran vos ceintures...
C'est la der !
A table ! [/size]
[size=x-large]Le diner de gala[/size]
Louis Roederer, Cristal, 2002
[size=x-small]Magnum[/size]
images.glop.fr/OlivL...
Robe sur un léger doré au train de bulles franc.
Très beau nez droit et élégant, sur le lait d'amande, la peau d'agrumes et un très fin grillé.
La bouche est superbe, traçante, d'un équilibre impeccable construit autour d'une haute acidité qui donne beaucoup de rythme à une matière ample et concentrée.
La bulle est délicate et lance une finale désaltérante et d'une très belle persistance.
Superbe vin !
Weingut Tegernseerhof, Grüner Veltliner, Dürnesteiner Höhereck, Smaragd, 2012
images.glop.fr/OlivL...
Robe jaune paille.
Joli nez floral, sur la pêche blanche, des notes de guimauve et de poivre blanc.
Bouche agréable sur un équilibre un peu doux sauvé par une acidité et de fins amers qui lui donnent une certaine stature et allonge.
Finale un peu trop sucrée à mon goût mais d'un joli volume et d'une sympathique persistance.
Joli vin.
Domaine de Chevalier, Pessac Léognan, 2010
images.glop.fr/OlivL...
Robe jaune paille.
Nez très, trop jeune, sur le citron confit, des notes florales de chèvrefeuille mais presque entièrement masquées par un boisé bien tourné mais très insistant.
L'attaque en bouche est puissante, sur un équilibre à la fois large et droit créé par une acidité salivante qui tranche dans une très belle matière à la concentration certaine.
Si les saveurs sont un peu monopolisées par le boisé en l'état, la finale superbe est toute en présence et en structure fraiche et impactante.
Devrait faire une superbe bouteille quand le boisé se sera fondu.
A suivre !
Weingut Martin Wassmer, Maltesergarten GC, 2011
images.glop.fr/OlivL...
Robe sur un grenat sombre.
Beau nez sérieux compromis de notes fruitées, sur la mûre et le cassis, et végétales (menthe, rafle) enveloppées d'un enrobage fumé assez puissant.
Bouche puissante, sur un volume concentré assez large à la matière charnue et dense et à la belle acidité.
Les tanins sont en revanche assez mordants et la finale m'a semblé un peu chahutée par des amers en excès.
A attendre pour voir si l'ensemble s'équilibre à la garde.
Grattamacco, Bolgheri Superiore, 2011
images.glop.fr/OlivL...
Robe noire bleutée impénétrable.
Beau nez plein et dense, sur le cassis, le cacao, des notes de poivre gris et une pointe d'encre.
Bouche très jeune à l'attaque généreuse et solaire, sur une douceur presque sucrée et une matière assez large.
L'ensemble est un peu tapageur et peine à trouver sa place à table, la tonitruance de sa jeunesse écrasant la délicatesse des mets sur son passage.
La finale est marquée de tanins fermes et confine presque à la brutalité.
A revoir.
Château Montrose, Saint Estèphe, 1998
images.glop.fr/OlivL...
Robe bordeaux marron assez claire sur l'extérieur du disque.
Nez peu avenant où une note assez forte d'encre de Chine, presque fécale masque des arômes de fruits noirs. Un second verre servi d'une autre bouteille sera moins marqué mais l'ensemble reste très sévère et fort peu attirant, un peu bretté, je pense.
L'attaque en bouche est aride, marquée d'une acidité terriblement ferme qui cisaille le palais face à une matière serrée et sans aucun charme.
La finale est asséchante et n'apporte aucun plaisir.
ED ?
Weingut Kracher, Beerenauslese, 2011
[size=x-small]Double magnum[/size]
images.glop.fr/OlivL...
Robe sur un doré léger.
Splendide nez, frais et très complexe, sur la poire bien mûre, le jasmin, le miel, le thé. L'ensemble est superbement ouvert et parlant !
La bouche est irrésistible de fraicheur et d'équilibre, attaquant sur un très léger perlant et une acidité qui lance parfaitement le vin.
La liqueur est bien mieux équilibrée et à mon goût que sur les TBA, sur un fruit croquant finement miellé et une matière délicate à la fraicheur désaltérante absolument délicieuse.
La finale remarquablement longue appelle avidement à se resservir !
Un vin absolument délicieux !
[size=large]Quelle soirée magnifique, à la hauteur de l'évènement !
Malgré le défi de servir un repas remarquable dans un timing perturbé par un évènement dans l'évènement, le chef Michele Zambanini et ses équipes ont répondu à toutes les attentes avec des plats absolument brillants d'évidence et de plaisir gourmand ! Bravissimo !
Une nouvelle fois cette année, j'ai eu la chance d'être convié à la table que président les deux plus belles femmes de tout le Symposium, qui n'en manque pourtant pas.
François Mauss est décidément un homme d'un goût parfait et à la génétique irréprochable.
Par respect pour l'organisateur et la fratrie qui m'entoure, je n'en dirai pas plus...
C'est que je ne voudrais pas finir ces trois jours merveilleux par un stage de plongée en godasses de plomb au fond du lac de Côme...
Je ne dirai jamais assez combien l'ambiance si particulière de ce moment magique ne peut se résumer au seul faste du lieu, aux Maserati qui ronronnent et aux grands vins qu'on y croise.
Derrière l'inéluctable impression d'un moment entre happy-few que peut provoquer la lecture de ces lignes, il est des atmosphères heureuses que la seule valeur de l'argent ne peut acheter.
Ce que la famille Mauss parvient à instiller au cœur de cet évènement géré de manière remarquablement professionnelle et qui le rend unique, c'est de l'immatériel, la marque de valeurs familiales et humaines qui me semblent parfaitement incarner celles que le vin ne doit jamais perdre: le partage, l'amitié, une forme de simplicité dans l'excellence et une exigence toujours revendiquée pour maintenir au vin un horizon, celui du plaisir de boire, ensemble.[/size]
[size=large]Un énorme merci à François Mauss et aux siens pour leur gentillesse et leur simplicité et pour permettre ce regard d'amateur libre de témoigner sans pression sinon celle d'espérer être au niveau de la qualité des moments vécus, ce que j'ai tenté de vous faire partager le plus honnêtement possible au moyen de cette série de reportages.
Comme tous les ans, le retour à la réalité ne se fera pas immédiatement, avec au fond du cœur comme une envie de poursuivre avec lenteur et délectation ces moments d'exception.
Allo la Lune, ici Roissy, Monsieur Oliv, il est temps d'atterrir...
Bizarrement, cette semaine, j'avais un courrier étampé ANPE dans ma boîte aux lettres.
Parait qu'il y a un certain Michelin qui serait intéressé par ma personne ?
Ah mince, c'est pas le fromager mais le Guide Rouge !
Comment ça, c'est pas pour écumer tous les kebabs à homard et les crêperies à la truffe de la planète avant l'édition 2015 mais pour le visuel de son site internet !?!
Parait que ma silhouette de plus en plus en rondeurs pourrait avantageusement remplacer le mythique Bibendum...
Ouch, va p'têtre falloir que je commence à faire gaffe, moi... (
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Et un dernier petit mot qui me tient à cœur : merci à tous les LPViens, ses 7 administrateurs en tête, de me permettre de vivre des moments pareils !
Amitiés à tous,
Oliv [/size]