[size=x-large] Villa d'Este Wine Symposium 2014[/size]
[size=large]Depuis ce matin et alors que le ciel est au beau fixe, donnant au cadre merveilleux de la Villa d'Este une beauté simple et authentique à couper le souffle, il règne dans l'atmosphère comme une certaine excitation.
L'assistance s'est enrichie de nouveaux arrivants venus spécialement pour l'évènement ! C'est qu'une verticale de vins du domaine de la Romanée Conti en provenance du domaine, qui plus est quand il s'agit des grands crus mythiques que sont la Romanée Conti et le Montrachet, forcément, ça impressionne.
Je vous confierai en toute transparence que derrière l'opportunité exceptionnelle et le bonheur de découvrir ces vins, je n'en menais pas si large à l'idée d'être confronté à de tels monuments que jamais je ne pensais pouvoir croiser dans toute mon existence.
C'est qu'on a vite fait d'introspecter et de se poser d'idiotes questions métaphysiques sur le niveau à avoir pour comprendre et apprécier de tels monuments historiques, en gros de se mettre une pression terrible !
M'enfin, après une bonne respiration, un peu d'autodérision et un petit moment de recadrage alla gunthard afin de ne pas oublier que le vin est une chose sérieuse à ne pas prendre trop au sérieux, il est temps de rejoindre la salle de dégustation...
Aussi rare que soient ces crus, aussi monumentales que soient les sensations à venir, aussi cruelles que pourraient être les déceptions toujours possibles, ce n'est que du vin, hein ?
On y va ? [/size]
[size=x-large] Domaine de la Romanée Conti
La verticale Romanée Conti & Montrachet [/size]
Une présentation du domaine et des millésimes écrite par Michel Bettane pour l'évènement
Le domaine de la Romanée-Conti, de l'avis unanime le plus prestigieux de la Bourgogne, a la chance d'exploiter en propriété ou en fermage plus de 23 hectares de vignes dont onze grands crus. Seuls huit de ces grands crus donnent lieu à une mise en bouteille du domaine, car le Bâtard-Montrachet n'est jamais commercialisé et les trois parcelles de Corton (Bressandes, Renardes et clos du Roi) sont réunies en une seule cuvée comme la loi l'autorise parfaitement.
Cet ensemble est ce qui reste de l'énorme domaine constitué à la fin du XIXème siècle par Jacques Duvault-Blochet à Santenay qui avait attendu l'extrême fin de sa vie pour acquérir en 1869 la Romanée-Conti, couronnement de son œuvre, après sa mise en vente par les héritiers du banquier Ouvrard. Dans les deux générations qui ont suivi les vignes de Volnay, Pommard et Santenay ont été vendues et forment aujourd'hui l'essentiel du célèbre domaine de la Pousse d'Or. En 1911 le grand père d'Aubert de Villaine, un des deux administrateurs actuels du domaine, transfère l'exploitation et la vinification à Vosne-Romanée, en toute logique, car toutes les vignes se trouvaient désormais sur ce village. Le domaine s'agrandit par l'achat de la Tâche, dans sa délimitation d'origine, à la famille Liger-Belair, qu'il agrandit par l'addition de la vigne voisine des Gaudichots qu'il possédait déjà. Au milieu des années 1960 s'ajoutent trois parcelles de Montrachet, et une toute petite de Bâtard-Montrachet, situées sur la commune de Chassagne-Montrachet, puis dans les années 1980 la totalité des parcelles de Romanée-Saint-Vivant appartenant à la famille Marey-Monge que le domaine avait en fermage. Il ne reste donc en fermage qu'une petite partie des Grands Echezeaux, tous les Echezeaux, et les trois parcelles de Corton appartenant à la famille De Mérode.
Le style des vins du domaine
Les vins du domaine possèdent une inimitable signature aromatique née d'une très longue tradition continue, contrairement à la majorité des bourgognes d'aujourd'hui, liés aux vicissitudes de l'histoire avec de nombreux changements de propriété. Le domaine a gardé le sens des valeurs de viticulture fondées sur la notion de petit rendement, de conservation des vieilles vignes et du patrimoine génétique qu'elles représentent, du respect du sol, de la plante et de l'environnement, d'une vendange rentrée à maturité aussi accomplie que possible. Le domaine égrappe le moins possible sa vendange, bénéficie d'une qualité naturelle dans ses ferments qui fait l'admiration de bien de ses confrères car elle donne à tous ses vins une distinction et une pureté de parfum inoubliables. Pour contrôler pleinement la qualité de ses barriques le domaine achète ses propres bois, les fait sécher autant qu'il est nécessaire, et reste particulièrement attentif à la proportion de bois neuf utilisée et à la longueur des élevages. La mise en bouteille se fait en petits lots pour chahuter le moins possible le vin et le cahier des charges imposé aux fournisseurs de bouchon est un modèle du genre, ce qui hélas n'évite pas quelques accidents, même s'ils se font vraiment très rares depuis cinq ans.
Le Montrachet
Cette toute petite cuvée (à peine 2000 bouteilles !) provient de 3 parcelles (deux principales et une toute petite) situées sur Chassagne, voisines de celles des comtes Lafon et du domaine Jacques Prieur, touchant dans la partie haute le secteur dit des « dents de chien », avec une exposition un peu plus purement sud que dans les parcelles de Puligny. La vigne y est vieille et peu vigoureuse avec des petites grappes qui contrastent hélas avec les grosses grappes de certains clones plantés dans le voisinage. Le domaine aime cueillir ses raisins blancs très mûrs, profitant pleinement de la perfection de l'exposition, et vendange parmi les derniers, au risque totalement assumé de rentrer quelques raisins botrytisés qui contribuent dans certains millésimes à l'onctuosité et au parfum merveilleux de la cuvée.
La Romanée Conti
Cette vigne mythique se situe au cœur de la côte des grands crus de Vosne-Romanée, au milieu de la pente et bénéficiant de l'exposition la plus parfaite. 1,8 hectares seulement, produisant en moyenne 4 à 5 mille bouteilles. La vigne a été arrachée après la récolte 1945, et n'a redonné de vins qu'à partir de 1952. Un programme très précis de replantation à partir de matériel végétal issu du même cru préservera pour au moins deux générations une moyenne d'âge de 60 ans pour les vignes et donc la continuité de la texture et du parfum sublimes du vin. Dès sa naissance le vin de la Romanée-Conti frappe par une touche florale et épicée donnée par un raisin encore plus parfaitement mûr que dans les autres grands crus du domaine. Dans certains millésimes ce parfum rappelle de façon surprenante et paradoxale des notes de poivron très fin qui iront après 25 ans, comme pour les 1978 ou 1985 aujourd'hui vers l'essence de rose ancienne. Quant à la texture et à la présence en bouche elles captivent par leur côté faussement aérien qui en fait cache une densité de corps permettant les plus longs vieillissements.
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François appelle au silence...
C'est parti ! ()[/size]
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2006 : Vendanges 23, 25 et 27 septembre. Année curieuse mais passionnante en côte de Nuits avec un mois de juillet caniculaire, et un mois d'août frais et pluvieux, suivi de très beau temps en septembre. Un peu de stress hydrique donc et inversement une tendance au botrytis ce qui a demandé un tri de vendange précis. Mais en fin de parcours un beau raisin mûr, certes aux peaux moins parfaites que 2005 mais le cœur a ses raisons... Les vins du domaine sont très « artistes » avec des parfums merveilleux et une texture de soie sur un tannin ferme et un boisé de fort soutien dans un équilibre qui n'appartient qu'à lui.
Domaine de la Romanée Conti, Échézaux, 2006
images.glop.fr/OlivL...
Robe brillante, grenat clair.
Nez immédiat et absolument splendide, sur la pivoine, la fraise des bois enrobées de délicates notes végétales entre la menthe et la verveine. C’est absolument irrésistible de délicatesse et de gourmandise !
L’attaque en bouche se joue sur un jus pulpeux immédiatement tranché par une très belle acidité parfaitement intégrée et qui, là aussi, donne au toucher un côté confortable et droit immédiatement lisible. L’ensemble est remarquablement bien tramé et équilibré, sur une sensation profonde et pourtant dotée d’un rythme incroyable.
Les goûts sont incroyablement gourmands, sur la fraise des bois, la myrtille fraiche et des notes florales de toute grande classe.
Le vin possède beaucoup de chair, sur une matière à la fois douce et à la concentration parfaitement maitrisée, sans aucune aspérité ni accroc d’excès.
Sa finale est longuement soutenue par une trame tannique remarquablement équilibrée et qui porte le vin sans jamais s’imposer.
Magnifique vin, à l’immédiateté de plaisir et lisibilité irrésistible en l’état !
Domaine de la Romanée Conti, Romanée Saint Vivant, 2006
images.glop.fr/OlivL...
Robe plus sombre que l’Échézeaux aux légers accents violacés.
Nez très fermé et mat au service, sur une pointe très légère de cacao puis, à l’aération dans le verre, de minces senteurs de fruits noirs apparaissent. L’ensemble reste assez serré, refusant de se livrer totalement.
L’attaque en bouche est charnue, sur une matière profonde et veloutée mais d’une grande densité, sur une immédiate impression d’impact, de profondeur et de verticalité apportée par une acidité fraiche et salivante.
Fort curieusement et dans les constructions mentales que l’on peut se faire à partir de souvenirs de lectures ou parfois de (chanceuses) dégustations, c’est exactement le lancement que j’attendrais d’un Richebourg ou peut-être de la Tâche.
Car le vin a des épaules, un côté masculin assez serré, comme comprimé et qui exige de la présence en bouche pour se détendre un peu, révélant alors de jolis goûts de fruits des bois et presque de violette et de réglisse.
La finale sans dureté tannique ni sévérité reste toutefois d’une grande densité, comme resserrée et sur une forme de refus de se livrer aromatiquement, qui, face à l’immédiateté géniale de l’Échézeaux, provoque une forme de frustration.
A suivre.
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2001 : Vendanges du 24 au 30 septembre. Année un peu chaotique avec une floraison froide, une humidité assez constante pendant le cycle végétatif qui a encouragé la pression du mildiou mais tout compte fait un ensoleillement plus que convenable. Il fallait simplement trier des raisins hétérogènes dans leur maturité et ne savoir garder que les baies bien mûres, ce que le domaine a fait en passant dans les rangs à deux reprises. A la naissance les vins avaient beaucoup de charme et de raffinement aromatique et devraient en principe faire des bouteilles de grande élégance en côte de Nuits. La côte de Beaune a eu droit à des orages de grêle en août et a moins profité du mois de septembre.
Domaine de la Romanée Conti, Romanée Conti, 2001
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Robe pourpre très claire tirant presque sur le rubis.
Superbe nez de vin en vendange entière, sur de géniales notes de ronce, de fraises des bois et toujours cette délicate pointe de menthe poivrée parfaitement cohérente au fruit.
Des notes légèrement fumées apportent une touche de noblesse et d’ampleur à ce bouquet splendide de complexité.
L’attaque est souple, sur une matière fine à la texture moelleuse et à la fois très nerveuse car vite mobilisée et tranchée par une acidité assez ferme. L’ensemble immédiatement salivant propose beaucoup de rythme.
L’équilibre est assez délicat, sur la finesse et la droiture plus que sur le volume et ampleur. Il trouve sa cohérence par son aromatique grâce à de délicieux goûts de grenade fraiche, de bouton de rose et une belle pointe florale (pivoine) d’une grande élégance.
Si l’acidité s’exprime assez nettement après avoir goûté les trois autres millésimes, les tanins sont remarquables de constitution, doux et portant le vin en donnant une vraie structure de bouche sans jamais l’assécher.
La finale très harmonieuse s’étire toute en délicatesse, sur une légèreté apparente, comme une modestie discrète mais qui refuse de s’éteindre.
Très beau !
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1991: Vendanges début octobre perturbées par des pluies à partir du 5 mais pratiquement tous les raisins étaient rentrés. L'année a connu le gel en avril mais sans grand dommage, deux grêles en juin et août plus violentes au nord sur Gevrey, Morey et Chambolle que sur Vosne, réduisant un peu le volume de la récolte mais bien moins qu'en bordelais par exemple. Ce type de millésime qui ne stresse pas trop et ne connait pas l'échaudage des raisins est souvent favorable au pinot noir : il développe mieux qu'en année chaude sa finesse de parfum et les nuances du terroir. Dans de nombreux domaines de la région les 1991 ont mieux évolué que les très célèbres 1990. Ce n'est pas trop le cas au DRC qui a produit des 1990 monumentaux mais ses 1991 ont plus de charme immédiat à l'ouverture de la bouteille sans manquer de corps et de longueur, et atteignent désormais leur apogée alors que les 1990 vieilliront un demi-siècle ou plus.
Domaine de la Romanée Conti, Romanée Conti, 1991
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Robe plus concentrée, sur un grenat légèrement roussi.
Le nez est d’évidence plus évolué, sur de jolies senteurs de thé fumé, d’épices orientales, de bois de santal mais aussi une note un peu moins avenante et qui m’évoque un léger caoutchouc.
L’attaque en bouche offre une matière charnue, au beau volume sphérique qui tapisse immédiatement le palais d’une forme de douceur soyeuse.
L’aromatique délicate et précise n’est pas entachée de la petite rayure perçue au nez, sur de magnifiques notes de fruits des bois, une pointe de mousse fraiche très agréable qui oscille entre le végétal et un début de senteurs plus tertiaires.
Le toucher de bouche est superbe, à la fois tendre et moelleux et parfaitement élancé par une acidité très bien intégrée et de délicats tanins d'une grande finesse. Le vin offre alors un déroulé génial, à la fois confortable et tonique et qui donne une irrésistible envie de passer à table !
La finale est très très longue, fuselée, franche, toute en maitrise et en ampleur parfaitement tenue, sur des goûts de rose ancienne avec un irrésistible trait végétal.
Splendide vin !
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1971 : Toute petite récolte (22hl/ha) car la grêle a durement touché toute la côte de Nuits un peu après le 15 août. On a vu quelques domaines enlever les raisins les plus abîmés à la pince à épiler ! Mais ce qui restait sur les pieds a profité de conditions climatiques superbes pendant la vendange avec une forte montée finale des richesses en sucre, parfois au dessus de 14° pour le pinot noir ce qui en fait le millésime le moins chaptalisé depuis 1964 ! Les vins réussis ont de la puissance, beaucoup de volume de bouche, un caractère chaleureux dû à leur niveau d'alcool. Les vins issus de raisins non égrappés montrent plus de fraîcheur en fin de bouche que les autres. J'ai des souvenirs émerveillés de la Tâche, la Romanée-Conti divisant les dégustateurs les anglais lui trouvent un petit goût de grêle (mais je crois que c'est « intellectuel » !), d'autres un caractère de surmaturité moins élégant qu'ils ne le souhaitent, mais pour ma part la seule fois où je l'ai dégustée son caractère spécial d'année chaude m'a enchanté. Je n'y ai senti aucun caractère de grêle, contrairement à 1983. On aura sans doute les mêmes débats avec les 2003 !
Domaine de la Romanée Conti, Romanée Conti, 1971
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Robe très claire, sur un rubis œil de perdrix assez nettement tuilé.
Nez génial d’évidence et de gourmandise, sur la fraise, la figue fraiche, des notes de confitures de fruit rouge et un très léger côté torréfié. L’aération ramène de petites vapeurs mentholées qui apportent une fraicheur absolument irrésistible à ce panier de fruits bien mûrs !
La bouche est absolument exceptionnelle de jeunesse, pulpeuse, sur une petite sucrosité tendre et pourtant parfaitement fraiche en attaque qui pose le vin en bouche pour dérouler alors une structure douce et sensuelle littéralement bouleversante, sur des goûts de fraise des bois, de bouton de rose, d’épices douces d’une complexité incroyable.
Derrière cette douceur à la suavité irrésistible qui n’est pas sans me rappeler les vins d’Emmanuel Reynaud, le végétal de la vendange entière apporte une trame aromatique complexe à la fois par son côté mentholé et ses notes de foin séché mais aussi par la présence de tanins de soie incroyables qui semblent comme porter le vin et ainsi compenser une acidité plus faible que sur les deux vins précédents.
La présence incroyable de facilité et de précision sur un volume suave sans aucune faiblesse de corps ni lourdeur de constitution ouvre une finale phénoménale de générosité et de fraicheur.
Un vin absolument fantastique, d’une incroyable volupté !
Grandiose !
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1961 : La célébrité des Bordeaux du millésime a beaucoup fait pour celle des Bourgognes mais dans les deux cas j'ai souvent préféré 1959 ! Pour la Romanée-Conti cela peut se discuter car ce fut une vendange relativement tardive (7 octobre) et peu abondante aussi en raison de la coulure des raisins au moment de la floraison. Année de millerandage donc contrairement à l'abondance du 1959, et vins corsés, tendus, colorés, vraiment superbes au domaine, mais avec moins de panache que les 1959. Cela se joue comme souvent dans les vieux vins d'une bouteille à l'autre selon les caprices du bouchon mais aussi ceux de la mise en bouteille qui s'est probablement faite barrique par barrique à cette époque là.
Domaine de la Romanée Conti, Romanée Conti, 1961
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Robe sur un rosé tuilé très clair.
Le premier nez au repos est marqué de senteurs qui m'évoquent irrésistiblement la crème de moka ! L'aération libère de délicates et très précises notes florales (pivoine, léger pot pourri), de thé vert et de gelée de groseilles. L'ensemble est incroyablement frais et évident pour un vin d'une cinquantaine d'années, pas une once de tertiaire à l'horizon !
La bouche est un bijou de délicatesse, portée par une acidité élancée assez discrète et une douceur soyeuse très agréable qui s'étire paisiblement.
Le vin est incroyablement présent malgré son apparente légèreté, sur un rythme tranquille, sans aucun excès ni déséquilibre, incroyablement posé et précis, aux tanins imperceptibles et à la structure douce, fondue et d'une fraicheur irrésistible, complexifiée par de somptueux goûts de ronce et de notes florales (pivoine, bouton de rose) absolument géniaux.
Si la finale n'a pas la pulpe du 71, elle est toute aussi interminable, jouissive de persistance et de légèreté sans faiblesse !
Mais nom di djiou, comment un vin à la robe aussi diaphane et à la structure aussi délicate peut-il offrir autant de complexité, de délicatesse, de plaisir ?!!
Splendide !
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2002 : Vendanges du 24 septembre, les plus tardives du domaine comme souvent. Jolie récolte car la période un rien moins précoce de floraison du chardonnay a connu un temps plus chaud et un peu moins de coulure que les pinots noirs des secteurs les plus précoces. Le cycle végétatif heureux a bien équilibré et alterné soleil et pluies avec un temps parfait pendant toutes les vendanges. Le vin devrait être un classique du genre.
Domaine de la Romanée Conti, Montrachet, 2002
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Robe vieil or.
Nez ultra riche et puissant, sur le pain toasté, l'amande grillée, le caramel au lait et des notes de fleur d'oranger.
La bouche attaque sur un volume énorme, à la texture presque huileuse qui tapisse immédiatement le palais et qui l'engluerait si n'était la présence d'une acidité très importante qui tranche dans cette masse à l'épaisseur certaine.
L'ensemble produit en est presque violent d'opulence et de volume, sur une aromatique très beurrée un peu monolithique.
La finale est d'une grande longueur et surtout d'un impact tactile assez impressionnant.
Un vin énorme à attendre afin qu'il s'affine. Car en l'état, tout est presque trop.
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1997 : Année étrange où le cycle végétatif a été un des plus longs de l'histoire car dès la floraison on a pu constater des décalages de plus de 15 jours d'une vigne à l'autre, transformant les vendanges en vrai casse -tête pour ne pas se tromper dans le choix de la maturité idéale. Le Montrachet a été vendangé en dernier le 29 septembre, une récolte somptueuse car j'ai vu les derniers raisins du secteur absolument dorés, magnifiques, et sans botrytis. Les premières dégustations ont confirmé la splendeur des blancs même si la critique internationale n'y a vu que du feu......
Domaine de la Romanée Conti, Montrachet, 1997
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Robe jaune paille plutôt claire.
Beau nez très complexe, sur le citron vert, la verveine et des notes d'élevage beurrées et grillées assez présentes. Malgré une certaine richesse, il y a de la fraicheur derrière ces senteurs assez marquées par un boisé épicé.
L'attaque en bouche est là encore marquée d'un volume certain, très glycériné à la maturité très haute, presque douce et qu'une acidité élevée vient une nouvelle fois trancher. L'équilibre produit est tout en largeur et profondeur, un peu massif à mon goût, sur de beaux goûts d'écorces d'orange et de beurre frais.
La finale est ultra puissante, sur une présence au toucher presque tannique et étirée par des très beaux amers qui font saliver et apportent une certaine fraicheur.
Un vin dont l'ampleur m'a toutefois déstabilisé.
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1991 : Mêmes conditions que pour les rouges, mais vendange un peu plus abondante donnant pourtant des vins à forte teneur en extrait sec, idéalement équilibrés pour la garde, moins recherchés à leur naissance que les 1989 et moins estimés que les rouges. Dans le secteur sud je préfère quand même ces blancs aux rouges et les vignes les moins chargées ont donné de grands vins dont ce superbe Montrachet à l'ampleur inégalée.
Domaine de la Romanée Conti, Montrachet, 1991
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Robe vieil or.
Très beau nez droit et complexe, bien en place, sur les fruits blancs à noyaux, la pêche blanche, des notes de cèpes séchés.
L'ensemble est très changeant, oscillant entre des senteurs fruitées très fraiches et des notes plus évoluées, sur le tabac blond, quelque chose de plus tertiaire.
L'attaque est très puissante mais plus tendue que sur les deux vins précédents, l'acidité salivante posant immédiatement le vin en bouche.
La matière charnue et grasse d'une grande concentration, sur de beaux goûts de zestes d'orange, emplit le palais dans un équilibre remarquable fait de largeur bien contenue et donc de profondeur.
La finale est longue, nerveuse et très puissante, sur un impact presque tannique qui laisse une impression de totale maitrise mais aussi de jeunesse et de vigueur.
Très beau vin, plein et sérieux.
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1982 : Récolte invraisemblablement abondante en rouge, plus équilibrée en blanc. Les grands terroirs ont donné des vins blancs d'une finesse et d'un équilibre irréprochable et leur tenue au vieillissement a surpris tous les observateurs. Les rouges plus dilués étonnent parfois par leur fruité toujours intact, un peu comme les 1973.
Domaine de la Romanée Conti, Montrachet, 1982
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Robe vieil or.
Nez sur le pain légèrement grillé, des notes minérales qui m'évoquent le silex frotté, le lait d'amande.
La bouche est pleine de rythme, sur un carénage complet et dense aiguisé par une très belle acidité et qui lance impeccablement le vin.
L'aromatique est assez difficile à décrire, sur le minéral, des notes de crème au beurre, de fleur d'oranger, l'ensemble restant assez serré.
Le vin possède beaucoup de présence tactile qui permet de compenser cette forme de légère austérité.
La finale énergique est d'une énorme persistance, sans pour autant que je parvienne à distinguer un goût d'évidence identifiable.
Très curieux vin, un peu frustrant par son aromatique comme contrite mais grand par sa puissance maitrisée et par sa jeunesse structurelle assez impressionnante.
En tout cas, clairement pas facile à décrire...
[size=large]Quel moment d'exception !
Avant de parler des vins, je tiens à signaler la remarquable précision et qualité d'organisation de la dégustation magistralement gérée par François Mauss et ses équipes, Alexandre, Thomas, Jean Luc, Ludovic et les sommeliers de la Villa d'Este !
Il faut avoir vu la mise en place opérée avec précision de plus de 60 postes de dégustations, le service de 10 vins aux températures parfaitement respectées dans une verrerie idéale comme l'impératif de silence total imposé par le Président pour comprendre qu'un moment d'exception, ça se prépare et exige des conditions sans faille.
L'opulence et la richesse des Montrachet m'ont pour le moins déstabilisé et je dois dire en toute franchise et modestie que ce style de vins, très puissants, jouant sur des volumes incroyables, à la limite de l'épaisseur et du huileux parfois n'est peut être pas celui que j'affectionne le plus.
La dégustation des pinots restera en revanche un des grands moments de ma vie de dégustateur, attaquant sur un Échézeaux absolument irrésistible de plaisir et pour s'ouvrir vers un quatuor de Romanée Conti d'une fraicheur, jeunesse et complexité qu'il est extrêmement difficile de retranscrire en mots lisibles et honnêtes, sans abus ni multiplication de superlatifs épuisants !
Ces quatre vins, en particulier les trois plus vieux, illustrent à merveille l'incroyable capacité du pinot à trouver des points d'équilibre merveilleux de finesse et de persistance dans des volumes aux apparences pourtant si délicates !
Comment des vins qui semblent aussi diaphanes derrière leurs robes légères et leurs tanins de soie peuvent-ils procurer autant de sensualité, de complexité aromatique, d'infinie présence toute en légèreté, de tenue toute en persistance et en délicatesse parfaitement maitrisée ?!
Une certaine idée de la magie du pinot était indéniablement à l’œuvre ce soir et j'ai pleine conscience de la chance qui fut mienne de partager ce moment d'exception.
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Il est temps de libérer la salle aux équipes de la Villa d'Este qui n'ont plus que quelques heures pour préparer le repas de gala qui s'annonce.
Après tant d'émotion, c'est la bouche encore emplie des arômes sublimes de la Romanée Conti 71 et avec une furieuse envie de m'embrasser moi-même pour prolonger le moment que je remonte vers ma chambre pour me mettre un coup de sent-bon sous les bras et chausser la cravate qui fait tant fantasmer le Fonz' !
A suivre...
Oui, je sais, ça commence à faire beaucoup pour un seul homme...
-D
Oliv
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