[size=x-large] Villa d'Este Wine Symposium 2014[/size]
[size=x-large]-- Expressions du Botrytis -- [/size]
[size=large]Et oui, c'est pas tout ça mais une fois effectuées les salutations amicales à l'adorable famille Mauss ainsi qu'aux convives avec lesquels des liens se créent d'une année sur l'autre, l'aussi tolérant qu'exigeant organisateur me rappelle à l'ordre au milieu de mes politesses égarées et bavardes !
J'ai l'impression d'entendre par sa voix le lecteur impatient qui me remonte les bretelles, irrité des exhibitionnismes de mes privilèges...
"
Oliv, t'endors pas, c'est qu'il est temps de bosser ! "
Ok chef(s), on fonce !
Et dire qu'il y en a encore pour croire que j'm'amuse ?!
Paraitrait même mais le répétez pas que j'en profiterais à fond ! Dingue, non ?
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La première dégustation de prestige est consacrée aux vins issus de raisins botrytisés, ces morceaux de patrimoine si souvent délaissés à une époque où l'image de la douceur est par trop galvaudée et où les impératifs de la sécurité routière ont considérablement réduit certaines capacités de tire-bouchonnages qui étiraient longuement les repas d'antan.
Le travail nécessaire pour produire ces vins de patrimoine, ces témoignages des mystères naturels et du génie humain, méritent pourtant le plus haut intérêt de la part des amateurs. Pour les vins en eux-mêmes bien sûr et leur capacité à étirer le temps dans des moments de méditation propices à la volupté mais tout autant pour les prismes d'accords qu'ils peuvent augurer aux cuisiniers curieux et ouverts à de nouveaux horizons.
La modernité de ces vins réside sûrement là et il n'est que temps de les libérer de l'antique et ô combien limitative image de vins de dessert.
Le Président appelle ses ouailles au silence, place à la dégustation.[/size]
Château de Fargues, Sauternes (France), 2009
[size=x-small]3 semaines de vendanges, 4 tries[/size]
images.glop.fr/OlivL...
Robe discrète, sur le jaune paille.
Nez précis et jeune, sur le chocolat au lait, l'abricot frais, un boisé épicé noble et des notes minérales.
Bouche dense, sur une liqueur concentrée au volume bien tenue par une acidité haute mais plus particulièrement par des amers très structurants qui étirent les perceptions en faisant saliver.
Finale puissante, encore un peu jeune et tapageuse, sur la confiture d'orange amère.
Un vin très bien né à attendre sereinement pour qu'il gagne en équilibre et en complexité.
Château de Fargues, Sauternes (France), 1989
[size=x-small]3 semaines de vendanges, 4 tries[/size]
images.glop.fr/OlivL...
Robe bronze aux reflets vert fluo sur le disque.
Nez aristocratique et assez typiquement sauternais, ample et évident, sur le caramel au lait, l'abricot et l'orange confits enrobés de notes légères d'encaustique.
L'attaque est énergique, le vin se plaçant immédiatement en bouche grâce à la présence d'une haute acidité qui lance une liqueur agréable et bien intégrée.
Les amers sont en revanche un peu en excès en dégustation seule et laisse une impression de légère brutalité sur la finale.
La marche arrière après la série de vins confirmera cette sensation d'amertume en excès.
Un vin qui me semble appeler la table pour trouver un point d'équilibre plus avenant.
A revoir sur table.
Weinlaubenhof Kracher, Welschriesling Trockenbeerenauslese (Burgenland – Autriche), 2010
images.glop.fr/OlivL...
Robe vieil or aux reflets grisés.
Joli nez ouvert et puissant, sur les fruits exotiques confits, la papaye, l'aération révélant d'étonnantes notes de fruits rouges qui iront jusqu'à m'évoquer l'eau de vie de framboise.
L'attaque est sur une liqueur très forte qu'une acidité tout aussi impressionnante vient immédiatement trancher.
Le point d'équilibre est redoutable de concentration, sachant se jouer d'une matière épaisse qui jamais ne vire au pâteux et d'une tension dantesque qui lui apporte rythme et une certaine fraicheur, malgré une sucrosité qui reste néanmoins très forte.
Les saveurs sont totalement sur le fruit avec l'impression de croquer dans un ananas caramélisé.
La finale est incroyablement salivante et perdure longtemps sur ces goûts fruités.
Très beau vin, à boire lentement et attendre sereinement.
Weinlaubenhof Kracher, Welschriesling Trockenbeerenauslese (Burgenland – Autriche), 1998
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Robe acajou et qui tapisse le verre de larmes presque collantes.
Nez très complexe, concentré et dense, sur le caramel, les épices puis des notes de poire tapée, de fruits exotiques confits avec une forte touche de mine de crayon.
L'attaque est sirupeuse, à l'épaisseur certaine, avec toujours cette acidité gigantesque qui fait saliver et évite l'engluement du palais dans le confit.
L'ensemble reste toutefois très extrême et, derrière de belles notes de confiture d'abricot et de thé, la puissance s'exprime dans une finale très longue mais à la liqueur un peu saturante à mon goût.
Un vin extrême, pour vrai bec à sucres.
Szepsy, Szamorodni (Tokaj – Hongrie), 2009
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Robe vieil or.
Nez frais, très jeune, sur la poire william très mûre, des notes florales et un côté un peu entêtant qui m'évoque l'eau de Cologne.
La bouche semble légère après les autrichiens, sur une douceur agréable sans concentration excessive mais à l'acidité peut être un peu dissociée, comme si le vin peinait à l'intégrer totalement.
L'aromatique sur les fruits frais, toujours la poire et un très fin miel est très agréable, tout en gourmandise.
La finale assez courte me semble néanmoins confirmer la légère impression de déséquilibre entre matière et acidité.
Un vin agréable par sa fraicheur mais qui m'a semblé manquer de trame et de cohérence.
Szepsy, Aszu 6 Puttonyos (Tokaj – Hongrie), 2007
images.glop.fr/OlivL...
Robe bronze.
Nez assez dense et monolithique, presque rustique, sur le caramel au lait et une assez nette volatile.
Changement de registre en bouche où l'équilibre est absolument remarquable !
La matière à la sucrosité absolument pas ardente est idéalement mobilisée par une acidité somptueuse. Le point d'équilibre est génialement réussi et parvient à concilier puissance de structure et présence tonique et rythmée en bouche.
Les saveurs sur l'abricot, l'orange amère, le fruit de la passion très mûr sont d'une totale franchise.
Mais les superlatifs me semblent arriver sur une finale élancée littéralement somptueuse de persistance, sans aucun début de saturation et réussissant à figer le temps dans un déroulé en queue de paon très impressionnant d'aisance et de longueur.
Un grand vin aussi délicieux que complexe. !
Weingut Egon Müller, Scharzhofberger Riesling Auslese (Mosel – Allemagne), 1976
images.glop.fr/OlivL...
Robe vieil or.
Nez pointu, assez complexe, sur la naphte, des notes très nettes de menthe poivrée et un fin compromis entre fruits frais exotiques et notes plus minérales, assez nettement pétrolées avec l'aération.
L'attaque est sur une construction cristalline très différente de ses prédécesseurs, à la structure d'eau de roche et où l'acidité domine une sucrosité finalement très légère produisant un effet immédiat de buvabilité.
Alors que jusqu'ici, je goûtais plutôt les vins à la goutte, les laissant prendre leur place en bouche, ici, l'on se surprend à revenir à l'idée de lampée !
Toutefois, l'aromatique est assez monolithiquement pétrolée, sur le minéral et le menthol et je trouve au vin un léger creux en milieu de bouche.
Si la finale est délicate, sur un côté citronné verveine sympathique et une structure salivante et fraiche très facile à boire, elle est aussi assez courte et je ne peux m'empêcher de lui trouver un manque de relief et de capacité de relance pour se développer plus longuement.
Une bouteille qui m'a donné l'impression d'être sur un certain déclin.
Joli vin mais y'a un mais.
Weingut Egon Müller, Scharzhofberger Riesling Trockenbeerenauslese (Mosel – Allemagne),1976
images.glop.fr/OlivL...
Robe acajou.
Nez puissant, oriental, sur la datte, le raisin sec, la papaye séchée et de superbes notes d'épices douces. Un vrai caravansérail !
L'attaque en bouche est immédiatement irrésistible, sur une concentration au volume parfaitement maitrisé, sur une sensation de trame verticale, comme une dentelle à la fois translucide à la lumière et solide dans sa structure.
Le vin déroule une densité sans excès, merveilleux d'équilibre par sa texture à la fois cristalline et charnue, sur une douceur saillante digne d'un fruit à parfaite maturité.
Son acidité salivante mais surtout la présence d'amers d'une grande noblesse étirent les sensations jusque dans une finale infaillible de persistance et de tonus.
Un vin qui réussit la synthèse de la noblesse intellectuelle des grandes complexités aromatiques avec le plaisir immédiat et évident d'une boisson désaltérante.
Grand, tout simplement !
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[size=large]S'il fallait une preuve que les équilibres de ces vins aux sucres naturels, aussi extrêmes dans leur concentration respective qu'elles puissent être, c'est que la transition avec les vins divers proposés en dégustation dans le salon Impero s'est faite sans aucune fatigue du palais et avec un naturel confondant.
A suivre...
Oliv[/size]