[size=x-large]Les aventures d'Oliv au pays des huiles: Juste avant le Jour 2[/size]
[size=large]La nuit a été courte !
C'est que les étoiles dans les yeux, ça n'aide pas pour s'endormir, moi, je vous l'dis !
Après un réveil aux aurores afin de vous prouver par les quelques écrits matinaux postés ci-dessus que les émotions de la première journée n'ont pas totalement eu raison de mon équilibre cérébral, je rejoins paisiblement la salle du petit déjeuner.
Enfin, paisiblement..., je n'en suis pas encore à siffloter dans les longs couloirs façon vieux routard des palaces mais bien plutôt à m'extasier devant la splendeur du cadre et à naïvement m'étonner de la somme de petits détails qui signent le niveau Palace de cet établissement.
Le cadre de la Villa d'Este est d'une beauté discrète, toute en classe et en modération, créant une atmosphère cotonneuse et douce qui invite irrésistiblement à la rêverie.
Un certain romantisme semble ralentir le temps.
Le poids de l'histoire des lieux est perceptible, les gravures qui habillent les murs sont d'époque et chaque meuble semble un morceau de patrimoine.
Je ne peux m'empêcher d'observer, benoitement peut être mais avec un certain émerveillement, le ballet du personnel affairé dans des gestes précis, discrets mais redoutablement efficaces, d'une maitrise impressionnante !
Aucun doute qu'en ces lieux, l'excellence est à l’œuvre. [/size]
[size=large]Le repas de la veille au soir s'est bien passé mais a donné lieu à quelques cocasses moments de solitude.
Vous faites quoi, vous, lorsque autour d'une table ronde, une petite assiette contient deux petites miches de pain et que votre estomac crie famine ?
Ben oui, le prix du sandwich chez Easy Jet semblant directement indexé sur le cours du platine, j'ai sauté le repas du midi....
Donc c'est que je me grignoterais bien un petit quignon de pain avant qu'on me serve le premier verre...
Je ne voudrais pas voir mon syndrome Gaston Lagaffe remonter à la surface de mon existence et faire mondialement honte à La Passion du Vin.com en tombant lamentablement de ma chaise au milieu d'un tel aréopage !
Et là, c'est ici que ça se complique: vous tapez dans l'assiette positionnée à votre droite ou dans celle à votre gauche ?!
Je décide d'adopter la sagesse du papoose et attends qu'un autre que moi commette le premier geste...
Ouf, y'a pas que moi à avoir un petit creux, a priori, dans le grand monde, on tape à gauche !
L'an prochain, je ne me ferai pas coincer comme un bleu, j'irai prendre un cour préparatoire chez Nadine afin de ne pas risquer d'être privé des vins de la famille éponyme pour goujaterie insigne !
Seconde claque à ma ploucitude, je découvrirai plus tard que cette petite assiette sert à la dégustation de la superbe huile d'olive présentée sur la table !
Minceeeeeeeeeeuh, j'ai déjà tout sifflé !
Heureusement qu'un aussi gentil que professionnel garçon de salle à l’œil acéré me sauve de l'humiliation en remettant mon assiette à niveau.
Pffffffff, j'vous jure, c'est vraiment pas évident de survivre dans le grand monde en essayant de ne pas faire honte à sa maman ! (
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images.glop.fr/OlivL...
Jérôme, G. Halley (La Dauphine), A. Galloni,
un couple de vignerons (Monteverro-Toscane), N. De Rouyn, Fredi Torres (Priorat)
Quelques notes sur les vins bus ce soir là :
Weingut Horst Sauer, Sylvaner Großes Gewächs, Escherndorfer Lump, 2011
La robe est presque aussi claire que de l’eau.
Le nez est entêtant, trop parfumé, sur des notes de bonbon anglais, de fruits blancs très mûrs avec une pointe herbacée.
La bouche attaque sur un perlant très fort. L’acidité peine à élancer un ensemble presque sucré.
L’aromatique est trop parlante, un peu comme un parfum trop puissant qui vous monte à la tête.
L’ensemble manque d’équilibre et de discrétion à mon goût.
Beaucoup trop parfumé à mon goût
Château Pauqué, Clos du Paradis, 2001
La robe est sur un net doré.
Le nez est sur une réduction grillée qui sied plutôt bien à mes goûts de cochophile.
L’aération révèle des notes plus florales même si l’ensemble reste assez grillé fumé.
La bouche attaque sur un très joli volume, avec une matière ample et du gras qu’une belle acidité bien intégrée élance.
Le vin évite toute lourdeur et s’il ne propose pas une complexité aromatique énorme, il offre une structure impeccable et une finale d’une belle longueur.
Très beau vin et jolie découverte !
Weingut Bernard Huber, Spätburgunder Reserve, 2001
La robe est de demi ton, plutôt concentrée, avec un début d’évolution.
Le nez offre de jolies notes de pinot, sur les petits fruits rouges et un côté épicé feuille morte.
La bouche est plus instable. Si l’attaque présente un beau volume, je perçois une amertume à compter du milieu de bouche qui parasite de manière notable le milieu de bouche.
Les tanins ont tendance à sécher et la finale est ferme et assez déséquilibrée.
Un vin qui manque un peu de fruit pour tenir ses promesses jusqu'à la finale.
Joli, aurait pu être grand.
Weingut Martin Wassmer, Spätburgunder GC Schlatter Maltesergarten, 2010
La robe est belle, profonde, sur le grenat foncé.
Le nez oscille entre des notes boisées et un beau fruit qui s’exprime sur la framboise et la myrtille.
La bouche est agréable, un peu simple, notamment par la présence d’un boisé un peu rococo à mon goût.
Si les tanins sont présents sur la finale, ils ne sèchent pas et ne perturbent pas l’appréciation du vin.
A revoir pour savoir la matière parvient à intégrer cet élevage ambitieux.
Weingut Dr Loosen, Riesling Auslese, Ürziger Würzgarten, 2003
La robe est à peine jaune gris-vert.
Le nez est allemand à souhait, sur de fines notes de fruits exotiques, de naphte, de menthol et de soufre.
L’attaque en bouche se fait sur l’acidité puis vient une sucrosité assez large qui a tendance à la dominer peut être un peu.
L’aromatique est fine et élégante, sur des notes minérales plus que fruitées.
La finale est jolie mais manque un peu d'allant à mon goût.
Un bon vin qui semble toutefois un peu marqué par les excès du millésime.
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[size=large] Autour de la table, les avis sur les vins sont assez tranchés et fort souvent contradictoires, une constante lors de ce WWS dont je reparlerai plus tard.
La belle réduction classique selon moi sur le vin d'Abi Duhr a ainsi pu être perçue pour de l'oxydation excessive...
Le pinot noir allemand en a emballé certains, je l'ai trouvé un peu asséchant...
Des goûts et des couleurs... (
)
La soirée a été l'occasion d'une discussion passionnante avec Guillaume Halley, le jeune propriétaire du Château La Dauphine (Fronsac), un homme auquel le secteur de la grande distribution n'est pas étranger.
La réalité d'un monde bordelais et ses difficultés, celui des vins à moins de 15€, s'ouvre alors à moi.
M. Halley, à des lumières des caricatures et autres raccourcis laconiques hérités de la flambée des prix des Premiers sur la morgue des châtelains bordelais, me confie son inquiétude envers un comportement dangereux qui risque de couper les vins de bordeaux de qualité, tarifés raisonnablement, des amateurs européens qui ont toujours été les acheteurs historiques, ceux qui investissaient dans le potentiel de plaisir de leurs vins et non dans les marges potentielles d'une caisse de 12 considérée comme un portefeuille d'actions.
Le sujet de l'accessibilité en jeunesse des vins est aussi abordée et il devient vite patent qu'un bon vin est aussi un vin qui entre en résonance avec les goûts des consommateurs.
Imposer sa vision et son goût du grand vin est un luxe qui ne semble accessible qu'aux domaines disposant d'une réputation historique, d'un classement parfois figé qui vire à la rente de situation.
Les plus modestes dans la hiérarchie, avant de rêver aux marges de nababs, aux chais customisés et à prendre leur production pour des œuvres d'art, doivent avant tout faire un vin qui réponde au goût du consommateur, une bouteille qui trouve un marché.
Le grand vin est un vin qui a été vendu et si pour cela, certains choix œnologiques (appel à Michel Rolland) ou de viticulture doivent être faits, il est de la responsabilité du propriétaire de les assumer !
Vendre du Bordeaux sur les marchés historiques n'est plus une sinécure, les vins étrangers sont passés par là, taillant quelques croupières.
L'inquiétude est palpable, la crise est là et le marché chinois, poule aux oeufs d'or qui fait rêver chacun, ne sauvera pas tout le monde.
Premier rappel aux réalités de vie des domaines qui ne sont pas des stars, première claque à certaines idées reçues un peu trop souvent balancées par les amateurs comme moi.
Ce ne sera pas la dernière lors de cet évènement...
Après une courte nuit et un petit déjeuner remarquable, il est temps de me rendre en salle de conférences pour les premiers séminaires.
A suivre...
Oliv
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