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C’est très difficile de choisir son vin. Surtout si on l’achète en grande distribution. Je suis caviste Nicolas, alors je ne sais pas trop comment vous raisonnez en GD, mais chez moi j’ai fais le tour de la question. Alors je vais essayer de vous lister les 10 idées reçues, contre lesquels j’essaie de me battre tous les jours :
1/ Je n’achète que des vins où il y a sur la capsule le R de récoltant. Ils sont de meilleur qualité que ceux des coopératives Alors là, c’est très répandue comme idée. Pour info, les coopératives sont aussi considérées comme des récoltants. À juste titre d’ailleurs, car ce sont des vignerons qui mettent en commun un outil de travail et un processus de commercialisation. Le R s’oppose au N de négociant qui eux ne font que élever le vin. De plus, un récoltant peu aussi avoir une activité de négoce. Donc ce n’est surtout pas un critère de qualité. S’il vous plait, ne tenez plus compte de cette information.
2/ Les notions « Mise en bouteille au château », « Élevé en fût de chêne » ou en encore « Vieilles vignes » est le signe d’un vin de meilleur qualité. Ces indications ont uniquement un objectif commercial. Elles sont pas du tout une garantie de qualité. Je ne veux pas dire qu’il faut absolument les fuir, mais presque. On peut mettre la notion vieilles vignes pour des vignes de 20 ans d’âge. Sachant qu’elles peuvent vivre 80 ans, ce sont des jeunes vieilles vignes. Lorsque l’on boit un vin « vieilles vignes » ont s’attend à un vin plus concentré en arômes… On peut se demander pourquoi ils ont besoin de préciser ce genre d’info… Enfin, on se doute un peu.
3/ Ce vin a été récompensé de la médaille du concours de « Trifouilli les oies ». Alors les meilleurs vin de France n’ont pas de médailles. Là encore c’est un argument de vente. Il y a trop de concours aux conditions d’attribution de récompenses contestables. Les vins qui sont bons se vendent tout seuls, ils n’ont pas besoin d’arguments supplémentaires. Ça embrouille le client… Et pourtant les clients y croient.
4/ Lorsque j’achète un vin AB, c’est un vin sans produits chimiques. Heu, non. AB veut simplement dire Agriculture Biologique mais ne veut pas dire vinification bio (-donc derrière, dans les cuves ça y va !). En plus, même en AB il y a des traitements obligatoires imposés par la préfecture. Le label AB est payant. Il y a des vignerons qui travaillent en bio, voir archi-bio (nature) mais c’est pas noté sur l’étiquette, car ils ne veulent pas payer les labels. Mais sinon, AB c’est toujours mieux pour l’environnement :-).
5/ Il faut carafer les vieux vins. Faux ! Il faut carafer les jeunes vins. Les vieux vins, ça les oxygène trop. Les jeunes vins, la carafe aère et développe les arômes.
6/ Plus le vin est vieux meilleur il est. Faux. Tous les vins ne sont pas destinés à de la garde. En règle générale, les Bordeaux vieillissent mieux que les Bourgognes et les rouges, mieux que les blancs. Mais tous les Bordeaux ne sont pas disposés à de la garde. Et puis il faut savoir ce qu’on entend par la garde. Grande garde, petite garde… Mais c’est une vraie idée reçue. Moi par exemple j’aime les vins dans leur jeunesse. Il faut aussi savoir comment on aime le vin et puis il faut une bonne cave… Sinon il faut le boire.
7/ Il faut servir les vins rouges chambrés. Cette expression provient du fait que la température d’une chambrée, au 19eme siècle, était relativement fraîche. Ce terme ne concerne que certains vins rouges, notamment les vins matures (Bourgogne, Bordeaux), les vins jeunes méritants parfois un peu de fraîcheur. Chambré ne signifie donc pas « température de la pièce », salle à manger par exemple, où la température peut être trop élevée. Le vin risque de paraitre fort et lourd. Considérez que la température d’un vin chambré est d’environ 17 à 18°C, soit la pièce la plus fraîche de la maison.
8/ Je n’achète que des vins de « big » millésimes de types 2005, 2009 et 2010. Alors c’est vrai que ces trois millésimes sont mythiques sur Bordeaux, mais ce qui est vrai dans une région ne l’est pas forcément dans une autre. La carte des millésimes est intéressante mais pas à prendre au pieds de la lettre. Il y a des vignerons qui font des belles choses de mauvais millésimes et d’autres de mauvaises choses des beaux millésimes.
9/ Je veux un vin d’un petit vigneron, pas cher, disponible en grande distribution et bon (en plus). Petit vigneron, grande distribution ça ne marche pas trop. Pour être distribué en grande distribution, un vigneron doit avoir une certaine taille pour assurer les volumes. Et petit vigneron, pas cher, c’est difficile car il faut qu’il vive aussi. Un petit vigneron ne fait pas d’économies d’échelles donc faire des vins bons vins à moins de 10€ c’est difficile. Mais il y a des gros vignerons qui font des bons vins pas cher disponibles en grande distribution.
10/ Ce n’est pas chez le vigneron que l’on trouve les meilleurs tarifs. C’est la remarque que m’a fait un client l’autre jour. Il m’a scié les pattes celui là ! Il me disait que pendant ses vacances dans les côtes du Rhône, pour un vin équivalent, même producteur, même millésime, il ira chercher son vin en GD plutôt que chez le vigneron par ce que c’est là qu’il est le moins cher ! Ça m’a choqué !!! Tout n’est-il qu’une question de prix finalement ? Rencontrer le vigneron, savoir qu’il vit bien et contribuer à son développement, c’est important aussi. C’est aussi participer à ce que sera le vin de demain.