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Hiérarchies admises, hiérarchies supposées, lobbies, courants, modes et orgueils

  • Jérôme Pérez
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Lors d’un récent et rapide voyage en Anjou, toutes les dégustations que j’ai pu effectuer m’ont, en dehors de l’analyse des vins et des millésimes, aiguillé vers cette réflexion et il faut bien l’avouer, conforté dans mes opinions : la classification hiérarchique des crus, avouée ou induite ou encore supposée ne tient plus, elle a explosé lors de la dernière décennie et quelques uns tentent encore de s’y accrocher, soit, pour entretenir un système qui les sert soit parce qu’ils sont l’instrument de ce système et qu’ils y trouvent peu ou prou, quelques avantages : je veux parler des domaines des régions qui n’ont aucun intérêt à voir s’écrouler le système qui les a placés au sommet de la pyramide mais aussi d’une certaine presse spécialisée qui entretient le mythe fragile en criant à corps et à cri que l’édifice est solide, sans doute parce qu’il n’est pas simple de reconnaître que l’on s’est trompé, ou encore que le système lui-même par quelques perversités entretient des liens, sans doute indirects, mais qui impliquent une certaine « obligation », fût-elle « obligation de réserve ».

Mais qu’on ne s’y trompe pas : ceux qui croient être aujourd'hui les victimes de ce système risquent eux aussi de devenir les garants d’un immobilisme qui les servira et qu’ils ne voudront en aucun cas voir changer.

Par exemple, pour ce qui concerne les vins liquoreux : la primauté historique revient à Sauternes. La plupart des amateurs aujourd’hui savent bien que beaucoup de vins liquoreux de cette appellation ne tiennent que par leur réputation et continuent à perpétuer des tarifs indécents, non forcément en regard de leur qualité, mais surtout en regard de la qualité d’autres qui leur est supérieure et dont les tarifs sont moindres, voire bien moindres. Qui a goûté des beaux chenins ou rieslings liquoreux sait de quoi je parle, même si dans le cas des rieslings, nous sommes déjà dans une sphère tarifaire très élevée.
Plus encore, dans chaque appellation, il se trouve des hiérarchies admises entretenues et relayées par la presse spécialisée qui ne tiennent pas dès lors que l’on confronte les vins dans des dégustations à l’aveugle. Et pourquoi donc cette situation perdure ? Je n’ai pas la réponse, j’ai juste mes réponses. Et je conçois tout à fait que ces hommes se sentent floués et ressentent quelques aigreurs.
Mais que ces vignerons audacieux sachent qu’il se trouve que leur vins qu’ils pensent être sous estimés, ne sont pas meilleurs que d’autres produits ailleurs, dans d’autres appellations qui sont moins cotées et surtout bien moins chères. J’ai des exemples en tête sur les liquoreux, j’en ai d’autres sur des vins secs.

Et que dire, dans un registre parallèle, de ces nouvelles stars, égéries d’une poignée d’aficionados quasi fanatiques qui s’autoproclament à la fois décalés et rebelles, porte-drapeaux de la qualité retrouvée ? J’admets qu’ils ont du charisme parfois et que la dégustation dans leur cave à ceci de dangereux que la parole du vigneron l’emporte sur le contenu du verre. Il est bon alors et encore de juger loin de toute influence et de comparer sans états d’âme, dans un contexte volontairement détaché de tout idéal. C’est parfois édifiant.

Pensez-vous ce discours contradictoire ou encore paradoxal ? Comment peut-on à la fois vouloir faire tomber les statues et en vouloir à ceux qui veulent les remplacer ?
Disons que je préfère et de loin le vigneron discret et sincère, épris de qualité voire de beauté, amoureux de sa terre qu’il connaît jusque dans ses défauts et qui fait œuvre et preuve millésime après millésime de travail bien fait. Derrière le vin, il y a un ou des hommes, toujours pour ce qui concerne les vins de qualité. Le consommateur attentif ou passionné ne s’y trompe pas, ou bien encore ne s’y trompe pas longtemps et c’est finalement lui, celui qui s’exprime dans ces colonnes qui fera le point sur la qualité de chacun. C'est déjà bien avancé.

Jérôme Pérez
11 Nov 2007 15:11 #1

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Jérôme, je crois que ce système de hiérarchies tient encore et uniquement par le fait que M. tout-le-monde en a besoin et veut se sentir sécurisé dans ses achats, même s'il ne l'est pas. Mais comme son intérêt n'est pas de pousser l'analyse de savoir si ce Sauternes qu'il a acheté est réellement bon, le cercle vicieux perdure.

Quand je vois le nombre d'amateurs qui ne sont déjà par sur de leur goût quand celui-ci va à l'encontre des valeurs établies, je n'ose imaginer un non initié et non intéressé à la faire.

Une idée pour faire tomber ces barrières hiérarchiques qui empêchent sûrement un nouveau vigneron de se faire connaître à juste titre: que chaque personne de LPV arrête son activité professionelle actuelle et se porte en agent achteur pour la masse populaire. Cela a commencé à être un créneau en Angleterre où des personnes se chargent de faire l'interface entre l'acheteur, prêt à mettre quelques Euros pour des achats, et le monde professionnel. Ce consultant se charge d'établir les goûts de ses clients et crée son réseau d'achats car M. tout-le-monde n'a pas le temps de lire les critiques (et même s'il le faisait, qui croire) ?

Le jour où un système permet à l'acheteur ocassionel et non informé de s'assurer de la qualité de son achat, les hiérarchies pourront tomber. Pas avant à mon avis.

Anthony
11 Nov 2007 15:40 #2

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Malheureusement la plupart des gens ont besoin de repères et les hiérarchies bien ancrées en font parties.
Pour aller au-delà de l’ordre établi, il faut avoir une certaine forme de curiosité intellectuelle que peu de personne a et dans tous les domaines, pas seulement celui du vin.
Il y a quelques temps, j’ai participé à une réunion de consommateurs sur les vins du Languedoc et 90% des personnes présentes pensent qu’une étiquette sobre et qui montre un château est un gage de qualité.
Loin de me découragée, j’ai donné quelques adresses aux personnes qui le désiraient, ceux qui voulaient rester dans leur ignorance, je ne pouvais rien pour eux.
11 Nov 2007 16:41 #3

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Bonjour,

Pas mieux que Gweno1.
Il est très difficile pour des personnes de naviguer dans un domaine qu'ils ne connaissent pas sans repères. C'est pourquoi il faut des classements et des hiérarchies qui rassurent.

Marc Lotin
Il ne faut pas toujours tout s'autoriser...mais ne jamais rien s'interdire.
14 Nov 2007 09:26 #4

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Je suis tout à fait de votre avis sur les classements, et je suis le premier à crier qu'il vaut mieux un petit vin chez un grand vigneron que un grand chez un mauvais.

Malheureusement la loi de marché est là. Et ce qui se vent le mieux est ce qui est le mieux distribué et le plus connu.

Le maintien des classement est multifactoriel.

- Les revues type RVF ne peuvent pas massacrer leus anonceurs et donc ont un peu la langue de bois envers les gros domaines et gros annonceurs. Quand on lit entre les lignes, on voit bien que certains classements sont "un peu aidés".
- La grande distribution qui vend une bonne proportion du vin en France, le vend à des ménagères en même temps que la lessive, le chocolat et les rillettes. Et là aussi les marques et une belle étiquette attirent l'oeil
- les buveurs d'étiquettes! et il y en a (j'en ai même parmi mes amis, j'ai honte) favorisent ce genre de pratiques . Quel amateur n'a pas rencontré une personne lui explicant qu'elle a bu un "Bordeau, Bourgogne ou autre" sans savoir ni le millésime ni le producteur ni même pourquoi elle l'a trouvé bon
- Même la biodynamie, qui devient trés tendance (à juste titre certe) est mise en avant. Mais si le domaine récolte 200 hecto par hectare de raisins moisi, il aura beau être en biodynamie il ne fera pas un bon vin.
- Le Bordeaux, commercialisé à l'anglo-saxone, a bien ouvert la voie de ces classements et depuis un siècle. Mais les intérets économiques de toute la région y son beaucoup trop liés pour pouvoir le modifier sur le fond. Et la clientèel internationale trop habituée à cet ordre établi.
- Enfin, plus généralement les gens ont besoin de critères simples et exportable chez des non connaisseurs assez cartésien et résumant les choses. Plus je goute et plus je perd mes certitudes.

Je pense que dans la vigne comme dans le reste des métiers, il ya des profiteurs, des malins des malhonètes mais heureusement aussi des gens biens et même des artistes

Alors laissons boire des étiquettes aux gens qui les apprécient. Personnellement je préfère le contenu que le contenant de la bouteille et donnons nous de bons tuyaux sans essayer de refaire le monde.

Même si parfois on en a raz le bol et envie de crier le contraire

Bien amicalement

Eric L.
Un bon repas sans bon vin c'est comme un tagada sans tsoin tsoin
14 Nov 2007 11:36 #5

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Derrière ces questions de hiérarchie, c'est surtout le prix qui est determinant.

Le prix moyen d'achat d'une bouteille est incroyablement bas en France, la grande majorité des consommateurs s'orientant vers des vins à 3 - 4 € maximum la bouteille.

A ce prix là, j'ai envie de dire peu importe que l'appelation Saint-Joseph soit plus ou moins "côtée" que l'appelation Côte-Rôtie ou que ce soit l'inverse puisque de toute façon on est très loin du prix consacré par la majorité des clients.

C'est pour un segment d'initiés (du simple amateur à l'expert) que la hierarchie admise peut avoir une influence.
Mais n'est ce pas marginal ? Le propre d'un amateur de vin n'est-il pas de se faire sa propre opinion en goûtant les vins ?

Pourtant on ne peut nier les enjeux financiers colossaux liés à cette "hiérarchie admise".
Mais c'est essentiellement l'export qui est concerné.
Un des plus beau exemple est de saison: le succès du Beaujolais en Asie, pure invention marketing pour un vin aux qualités limitées on va dire...

C'est certain que les vignerons qui font de tres beaux vins vendus bien moins chers que d'autres vins pourtant moins bon dans des appelations plus connues peuvent se sentir léser.
Mais à eux aussi d'adopter une stratégie et un positionnement qui leur permette de bousculer cette hiérarchie et de faire reconnaître la qualité de leur vin en ajustant les prix de vente.

Peu d'appellations n'ont pas leurs "stars locales". Même dans une région aussi vaste et diverse que le Languedoc-Roussillon par exemple.
La Grange des Pères, Daumas Gassac, Gauby, Alain Chabanon... même Laurent Tibes (Clos des Camuzeilles) sur une appellation n'ayant pas une image extraordinaire comme le Fitou réussissent.
14 Nov 2007 13:39 #6

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Même la biodynamie, qui devient trés tendance (à juste titre certe) est mise en avant. Mais si le domaine récolte 200 hecto par hectare de raisins moisi, il aura beau être en biodynamie il ne fera pas un bon vin.

Arrêtons d'enfoncer des portes ouvertes, est ce que tu connais un vigneron qui se ferait ch.er à être en biodynamie pour vendanger à 200 hl/h......moi, pas.

LPV à travers les CRs de ses intervenants amateurs peut être une vraie source fiable. Maintenant, même sur LPV, il faut une grille de lecture, il faut s'étalonner.

Laurent L
14 Nov 2007 14:20 #7

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Les sources d'information se multipliant, les idéologies ayant leur place aussi dans le jugement des vins (pas pour tous, cependant) et les goûts se mêlant de ca, les hiérarchies se multiplient, se confondent, les références se meuvent.
Mais il est une vérité qui reste vrai, le mauvais communicant (ce qui ne veut pas toujours dire grande gueule, un taiseux peut savoir se faire sa place au soleil) quelque soit la qualité de son vin ne sera reconnu par aucune des chapelles auxquelles il aurait pu prétendre faire élever des autels à son nom.

Néanmoins notons qu'il est plus facile pour celui qui travaille un terroir reconnu de se faire connaître (les journalistes et amateurs ont plus de chance de passer par chez lui) que pour celui qui outre son talent ne possède pas de terres dans une zone reconnue...

Mais que faire à part garder son quant à soi, explorer tout azimut et forger son goût sans rester sourds à ceux des autres qui peuvent nous ouvrir encore de nouveaux horizons?

Cordialement

Christophe
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: oliv
14 Nov 2007 15:45 #8

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Néanmoins notons qu'il est plus facile pour celui qui travaille un terroir reconnu de se faire connaître (les journalistes et amateurs ont plus de chance de passer par chez lui) que pour celui qui outre son talent ne possède pas de terres dans une zone reconnue...

Si d'aventure il se lance sur une zone peu reconnue, ça peut lui être utile d'avoir travaillé préalablement dans un domaine starisé (ex: Da Ros chez Zind Humbrecht) ou dans le journalisme vinesque (Le Conte de Floris, entre autres).

Eric
Mon blog
14 Nov 2007 16:01 #9

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Laurent, je prenais exprès un exemple exagéré, mais peux tu affirmer que tout ce que tu as gouté en biodynamiqe est bon et bien fait:? Je ne pense pas que ce soit un gage de qualité. Pas plus que les appellations

Quant aux stars locales des appellations, elles sont plus dues aux personnalités extraverties qu'à la simple qualité de vigneron du récoltant. Encore une fois de la communication.

Là où je rejoins Laurent: "LPV à travers les CRs de ses intervenants amateurs peut être une vraie source fiable"
Pas de langue de bois entre nous, aucun interet économique, même si tout le monde n'a pas le même goût, la grille de lecture est beaucoup plus facile.

En clair un vigneron qui aurait du succès sur LPV et pas ailleurs devrait faire un vin extraordinaire sans bien communique
Un artiste dont les produits sont vite à mettre en cave :D

Eric L.
Un bon repas sans bon vin c'est comme un tagada sans tsoin tsoin
14 Nov 2007 16:31 #10

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Sauf que je pense que nombre de vins dégustés par les LPViens ne sont pas présentés ici par faute de pedigree local. En effet, même LPV possède ses codes et hiérarchies (au pluriel tout de même).
Enfin, je suis peut-être le seul mais je me censure souvent au moment de commenter un vin d'un producteur inconnu en ces murs (enfin ne possédant pas de rubrique).

Cordialement.

Christophe
14 Nov 2007 16:38 #11

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Enfin, je suis peut-être le seul mais je me censure souvent au moment de commenter un vin d'un producteur inconnu en ces murs (enfin ne possédant pas de rubrique).

Eh bien, il ne faut pas: j'ai créé la rubrique Rimbert il y a 3 ans. J'ai été longtemps un peu seul à l'alimenter. Il y a maintenant pas mal de LPViens qui ont goûté ses vins et les ont appréciés. Résultat: trois pages de commentaires: on peut dire qu'il fait partie des meubles ;)

Eric
Mon blog
14 Nov 2007 16:55 #12

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Effectivement Christophe, Eric a tout dit, le fait qu'il n'y ait pas encore de rubrique devrait plutôt t'inciter à poster un CR plutôt que te freiner. Un 51e CR sur un vin déjà commenté 50 fois n'apportera sans doute pas grand chose, tandis qu'une découverte est toujours bonne à prendre.

Luc
14 Nov 2007 17:54 #13

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...j'en reviens à mon petit commentaire sur la récente super note obtenue par le domaine de l'Edre...les ventes depuis explosent alors que je propose ce vin depuis 4 ans...J'ai vu débarquer des personnes à qui j'avais fait déguster ce vin dans ma boutique, qui n'avaient pas donné suite, et qui là, reviennent à la charge et souhaite plein de caisses (ce qu'à cause de mon grand orgueil, je me fais un plaisir de leur refuser : "désolé, y'a plus de vin !!")
a+

John Fourmi- CAVISTE
14 Nov 2007 18:05 #14

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La question de Jérôme est intéressante. Elle est en tout cas au cœur des mutations récentes au niveau des vignobles et des habitudes des consommateurs.

Les hiérarchies effectives (non pas les officielles), au sein des différentes aires de production et sur le marché du vin, ont davantage évolué sur la dernière décennie que sur tout le demi-siècle précédent. Plusieurs facteurs, à mon avis, concourent à de tels changements rapides:

1. au sein de chaque appellation, l'émergence d'une nouvelle génération de viticulteurs, plus ambitieuse et techniquement mieux formée

2. une amélioration globale du niveau qualitatif des vins

3. l'abandon progressif des néfastes pratiques culturales des années 60 et 70

4. un effet climatique favorable (pour le moment) sous nos latitudes, permettant globalement de meilleures maturités des raisins, alors qu'auparavant et 3 fois sur 4 dans certaines régions, on n'arrivait pas à obtenir des degrés de sucre suffisants pour faire des vins de qualité minimale

5. un réseau de support informatif de plus en plus étendu et sophistiqué, les livres, guides, magazines, courriers ciblés (newsletter), sites web, blogs, vidéos etc.. autour du vin se multipliant comme des lapins dans un élevage

6. l'effet de mode du vin - en effet, qui ne connait pas dans son entourage, au moins une personne qui a suivi un "stage" de dégustation, ou qui fait partie d'un club de joyeux hédonistes? Ces soirées-dégustations rencontrant un succès tel que nombre de cavistes et organisateurs de telles manifestations refusent aujourd'hui du monde..

7. l'augmentation constante du nombre de consommateurs / amateurs de par le monde qui compense largement la baisse moyenne de consommation individuelle

8. l'assimilation d'une certaine gamme de vins à des produits de luxe

Tous ces points font que, aujourd'hui, on a des remises en question en continu des hiérarchies au sein de chaque région. Egalement, la qualité de certaines régions tend à rattraper celle des régions-phare historiques. Et c'est tant mieux! Nous avons plus de choix pour acheter des vins qui feront plaisir.. Je ne vois pas où se situe le problème.

Mon seul souci tout à fait personnel à moyen terme (5 à 10 ans) c'est que, à cause des points 5. à 8. ci-dessus, les perles, encore et très momentanément méconnues, dont nous parlons régulièrement sur LPV comme, par exemple, les merveilleuses Syrah valaisannes ou les meilleurs Chenin de la Loire, Cabernet d'Anjou, ou Mondeuse savoyarde, se fassent rapidement une réputation sur le marché mondial. D'un point de vue purement égoïste, ça m'embêterait car leur prix serait probablement multiplié par 2, 3, 5, 10.. ;)

D'un autre côté, cet essor et cette reconnaissance internationale pourraient inspirer d'autres producteurs de ces régions à suivre le mouvement qualitatif. On assisterait alors à l'émergence de "nouvelles" perles qui, à leur tour, viendront bouleverser les hiérarchies établies..
Un perpétuel recommencement..

D'autre part, je ne comprends pas trop le besoin de vouloir comparer, par exemple, des Sauternes et des SGN d'Alsace ou des Quart de Chaume. Ce sont des vins tellement différents..! La grande richesse du patrimoine viticole français et mondial, c'est sa diversité! Si, jusqu'à la fin de ma vie, je ne devais boire que du Riesling sur-maturé ou du Châteauneuf, je finirai probablement par me lasser de cette passion qui me dévore.. Ce que j'aime, c'est une semaine, boire un beau Sauternes et la semaine suivante, adorer un Clos Naudin! Pourquoi les opposer? D'ailleurs, si vous voulez un petit conseil amical, faites aujourd'hui le plein de Clos Naudin ou de Mondeuse Arbin Trosset .. Dans 10 ans, je parie qu'on les paiera au moins 2 à 3x plus cher!

Alain

Alain Bringolf
"Lorsque le vin est tiré, il faut le boire. Et lorsque le vin est bu, il faut se tirer.." - Le Chat
15 Nov 2007 16:47 #15

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  • Jérôme Pérez
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Je n'oppose pas, je compare des niveaux qualitatifs (de vins effectivement différents) que je mets en rapport des niveaux tarifaires. Et je m'interroge ...

Jérôme Pérez
15 Nov 2007 17:54 #16

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Ciao Jérôme,

Comme tu auras lu dans mon post précédent, mon avis est qu'à terme (d'ici peu d'années), les tarifs vont naturellement s'équilibrer en fonction de la qualité intrinsèque de ces vins, pour autant qu'elle soit reconnue. C'est simplement un processus qui prend du temps, mais les points 5. 6. et 7. énumérés ci-dessus vont largement y contribuer.

Ensuite, il y a le phénomène de rareté qui va jouer un rôle.. un liquoreux ligérien produisant quelques milliers de bouteilles, et dont la valeur sera reconnue internationalement, va logiquement, valoir plus cher qu'un Château de Malle d'ici quelques années! Regarde, par ex. la situation dans une région qui a un peu d'avance sur les Français dans ce processus: l'Allemagne dont les vins (liquoreux) les mieux reconnus par les critiques influents (et par ricochet par le marché) ont vu leur prix être multiplié par 2, 3 ou 5 depuis 2000! Ou plus près de chez nous, l'évolution de Châteauneuf du Pape, terrain de chasse privilégié de Parker depuis au moins 15 ans.. Si je compare les tarifs de certains domaines au début des années 90 et aujourd'hui, la progression (au-delà des critères qualitatifs) a été, pour le moins, spectaculaire! Il n'y a aucune raison que ce phénomène ne gagne pas, à terme, d'autres régions produisant également de la qualité.

Poussés par leur lecteurs, lassés et effarés par l'explosion des prix sur les vins s'apparentant aujourd'hui à des produits de luxe, les principaux critiques (p. ex. l'équipe recrutée par Parker, Tanzer, Jancis Robinson et autres..) ne sont jamais autant sorti de leur zone naturelle d'influence. Il ne m'étonnerait pas que, d'ici relativement peu de temps (3-5 ans environ), les meilleurs domaines de régions plus périphériques comme le Languedoc, Roussillon, Anjou etc.. fassent l'objet d'une plus large couverture et, corolairement, d'un intérêt accru de la part des consommateurs.

Si tu réfléchis par exemple, à la façon dont Parker (ou localement Bettane) est en train de préparer l'avenir, en recrutant des collaborateurs de premier ordre pour couvrir de nouvelles régions (et dont les avis compteront), cette évolution me parait aussi claire que inéluctable!

On en reparlera en 2012.. ;)

Alain

Alain Bringolf
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16 Nov 2007 12:48 #17

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"""D'ailleurs, si vous voulez un petit conseil amical, faites aujourd'hui le plein de Clos Naudin ou de Mondeuse Arbin Trosset .. Dans 10 ans, je parie qu'on les paiera au moins 2 à 3x plus cher!

Pour Trosset , la demande est de plus en plus importante , surtout en restauration . Le domaine se retrouve dans l'obligation de réduire les allocations >:D
16 Nov 2007 12:53 #18

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Je ne sais pas trop ce que tu vas échanger.. mais tu m'inquiètes un peu, Jean-Luc.. ;)

L'exemple de Trosset est, en effet, assez symptomatique. Et ton ami Berlioz ?
C'est tout le mal qu'on peut leur souhaiter..

A.

Alain Bringolf
"Lorsque le vin est tiré, il faut le boire. Et lorsque le vin est bu, il faut se tirer.." - Le Chat
16 Nov 2007 14:39 #19

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""Je ne sais pas trop ce que tu vas échanger.. mais tu m'inquiètes un peu, Jean-Luc..""

Alain , une Trilogie pour obtenir une Mondeuse 92 !! ::o Quand on aime , on ne compte pas !!

L'exemple de Trosset est, en effet, assez symptomatique. Et ton ami Berlioz ?
C'est tout le mal qu'on peut leur souhaiter..

G Berlioz n'a pas beaucoup de stock et en 2007 une PETITE récolte ( 30 % d'une récolte normale ).
16 Nov 2007 15:00 #20

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Moi qui pensais qu'une hiérarchie comme celle établie sur la qualité du sol était immuable !

_______________________________________________________________________
Je reviens (en aparté) sur une remarque récente faite par Jean-luc:
Ça y est, l'article de Philippe Rapiteau sur Gilles Berlioz est en ligne (et il est sublime!):

pipette.canalblog.com/

Nidal, qui commence (très sérieusement) à s'intéresser à la région Jura - Savoie, avant d'enchaîner bientôt sur les Syrah Suisses :D

Vous avez voulu la diversité....vous l'aurez:P !!!
16 Nov 2007 16:06 #21

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Je ressuscite ce vieux sujet à la faveur d'une parution de François Mauss sur son site :
vdews.blog/2017/06/2...

On y lit que selon M Bettane, le marché est le strict et juste reflet de la hiérarchie.

Bien entendu, je m'inscris en faux et comme ma réponse sur le blog de François Mauss tarde à être publiée, je la copie ici :

L’idée même que le marché soit le plus fidèle traducteur d’une prétendue hiérarchie n’est q’un argument visant à légitimer des positions et des choix dont Wine Lister est le pignon sur rue, d’une part et est très révélateur d’un mode de pensée dont nous verrons bien s’il devient désuet, d’autre part.
Je viens de déguster quelques Rieslings Grand cru d’une maison très respectable et d’ailleurs respectée, reconnue par le marché. Je peux attester que le marché se trompe pour ce qui concerne cette délicieuse Roussette du Bugey qui matche réellement en leur juste milieu. Déjà le marché se trompe au regard de la qualité des ces rieslings en regard de vins qu’il plébiscite, bien plus chers et bien moins qualitatifs (pour autant que l’on puisse les comparer). Des exemples comme celui-ci, j’en ai à foison et MB également. Il y a des vins dont le marché ne veut pas ou pas encore est c’est tant mieux pour les amateurs.

Jérôme Pérez
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05 Juil 2017 13:23 #22

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sauf si j'ai mal lu, il me semble qu'il parle d'une hiérarchie des prix de vente sur 30 ans.
ceci me semble sinon contradictoire avec ce qu'il écrit en commentaire:
"Le marché, c’est simplement l’ensemble de toutes les transactions commerciales sur un produit, de sa naissance à sa disparition, sur l’ensemble des marchés. Un cru peut partir avec de l’avance mais sur trente ans il n’est pas sûr qu’il la garde si le public n’en n’est pas persuadé. Bien sûr on peut le manipuler, les spéculateurs sont passés maîtres à préserver leurs spéculations , le luxe et ses codes hélas le permettent, les quantités disponible jouent leur rôle mais nul n’est obligé d’accepter un prix injustifié. Il y a tant de beaux produits qu’il faudrait être singulièrement idiot (ou prodigieusement riche) pour boire ce que l’on n’aime pas ou que l’on juge surfait. "
05 Juil 2017 14:41 #23

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'le marché est le strict et juste reflet de la hiérarchie'

Et en même temps, la hiérarchie fait le marché !

Un joli mécanisme propre à figer le tout.

Si on parle de Hiérarchie sur le qualitatif, on avance là l'idée que le qualitatif est relié logiquement à la demande.
Je crois que sur le long terme, ça tend forcément à ça mais jamais de manière exhaustive et parfaite, l'aveugle est là pour nous le rappeler, l'évaluation sur le rapport qualité/prix ( prix en général lié à la demande) des amateurs est là pour nous le rappeler, les raisons de la demande, externe à la qualité réelle du vin, sont nombreuses ....
05 Juil 2017 16:07 #24

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Martinez écrit:
Bref, strict et juste sont des mots mal choisis pour moi.


Oui mais je ne les pas lu sur le blog de F.Mauss.

Michel
05 Juil 2017 16:31 #25

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Si ce n'est que l'interprétation de Jérôme alors je retire cette dernière phrase qui n'est pas forcément très utile.

PS : je n'ai pas encore lu l'article de Bettane, dès que j'en ai l'occasion.....
05 Juil 2017 18:19 #26

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Sympa de relire ces échanges, notamment le post prospectif d'Alain, 10 ans plus tard. :)
05 Juil 2017 18:22 #27

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  • Jérôme Pérez
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interprétation ... lecture plutôt.

Jérôme Pérez
05 Juil 2017 19:37 #28

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Je vais alors remettre ma phrase ....:)
05 Juil 2017 20:20 #29

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Jérôme, as tu un lien vers ces mots de Bettane ? Car dans le lien d'Oliv ils n'apparaissent pas.

Michel
05 Juil 2017 20:23 #30

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