Auteur: Claude Vaillancourt
Date: le 15/06/2005 à 06:47
MERLOT, RESERVE, 2003, Vallée de Colchagua, Cono Sur
Cono Sur est une filiale du géant chilien Concha y Toro. C’est une maison innovatrice et résolument moderne. Le genre de producteur qui établira les nouveaux standards qui forceront immanquablement les Européens à réagir. Le merlot est le cépage dont les résultats sont les plus inconstants sur le terroir chilien. La rigueur doit être de la partie pour que les résultats soient à la hauteur. En fait, une première chose intéressante avec ce vin, c’est qu’il s’agit d’un vin d’assemblage et ce, de deux façons. Il est composé en fait de 85 % de Merlot, complétés par 10% de Cabernet Sauvignon, 3% de Syrah et 2% de Aspiran Bouchet. Il s’agit en même temps d’un assemblage de terroirs, puisque 70 % des fruits proviennent du vignoble “Paredes Viejas”, 15% de “Los Robles” et 15% de “Peumo”. Autre aspect très intéressant et attention, ça va faire mal !!!! Le vin a été élevé 10 mois sous bois de chêne neuf. Oui, oui, bois de chêne neuf. Pas barriques. Cono Sur pour ce vin utilise plutôt le procédé “Innerstave”, où des planches de chêne sont introduites, sur des supports, dans des cuves en innox. ET ILS NE S’EN CACHENT PAS !!! BRAVO !!! Voilà un producteur qui s’assume. Il s’assume et il a raison de le faire car le vin résultant est leur meilleure défense.
La robe est sombre et parfaitement opaque. Le nez se montre modérément expressif, sur une dominante de fruit noir intense et riche, accompagnée subtilement de notes boisées-chocolatées. En bouche, l’attaque est bien équilibrée et montre une ampleur impressionnante. Le fruit noir joue encore le premier rôle et ce, avec brio. Le vin montre une très belle tenue, de la structure, du corps, en fait beaucoup de présence. La concentration est au rendez-vous, accompagnée de tanins à la texture veloutée qui permettent à l’ensemble de glisser élégamment vers une finale relevée et persistante où une légère amertume vient terminée cette prestation étonnante en toute beauté.
Avec le Cabernet Sauvignon Marquès de Casa Concha, de la maison-mère Concha y Toro. Il s’agit du meilleur vin Chilien du millésime 2003 qu’il m’ait été donné de goûter jusqu’à maintenant. Aucun arôme végétal. Beau profil classique. À ce stade il est encore un peu unidimensionnel au niveau des arômes et des saveurs, mais quelle richesse, quelle intensité et quelle belle texture agréable. En ce moment, il s’agit d’un vin à boire pour le pur plaisir du fruit généreux et de qualité. Pour ceux qui ont des préjugés envers le procédé “Innerstave”, goûtez à ce vin, idéalement à l’aveugle et c’en sera fait de vos idées pré-conçues. Je suis convaincu que ce vin aurait fait très belle figure lors de la récente confrontation Bordeaux-Chili dont j’ai parlé récemment. Vous savez quoi? Notre bonne SAQ nous l’offre pour la ridicule somme de $16.60 (environ 10 euros). Ce qui est encore plus ridicule, c’est qu’elle ne fasse pas mieux la promotion de tels vins. Les conseillers en succursale devraient avoir ce vin très haut sur leur liste de recommandation. Ils en vendraient des caisses et des caisses. Achetez les yeux fermés et buvez les yeux tout aussi fermés. Lorsque vous les ouvrirez le vin aura disparu, tout comme une partie de vos préjugés, si tant est que vous en ayez eus !!!
Voici ce que François Chartier, sommelier québécois réputé et auteur d’un guide d’achat annuel populaire au Québec, disait de ce vin du millésime 2002
“Cette découverte de l’année chez les rouges chiliens représente un incroyable rapport qualité-prix. Ce Merlot à la robe profonde, élaboré avec l’expertise de la réputée maison Concha y Toro, est étonnamment riche, complexe (poivre, cassis, mûre, cerise noire), plein, volumineux, avec fraîcheur et élégance, comme rarement peuvent être les rouges chiliens. Le boisé est des plus discrets pour le style - il faut dire qu’il a été élevé en barriques de chêne français, ceci explique cela. Il constitue vraiment toute une aubaine à acheter à la caisse.” ***
Bien entendu, M. Chartier était mal informé. Je joins le lien au site de Cono Sur. Toutefois, il est intéressant de voir qu’ignorant de la réalité de l’élaboration du vin qu’il jugeait, un tel connaisseur ait pu justifier les choses de telle façon. Je ne suis pas certain qu’en toute connaissance de cause, il y serait allé d’un commentaire aussi élogieux sur ce vin.
Claude Vaillancourt
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www.conosur.com]