Besse, portes ouvertes, millésime 2009
La cave Besse présentait tous ses vins du millésime 2009, y compris la gamme « les Serpentines », soit les vins élevés en barrique, les 3 et 4 décembre 2010.
Les trois chasselas se présentent bien, un peu plus expressifs que dans les millésimes précédents, Gérald Besse faisant traditionnellement des
fendants, un poil austères, qui ont besoin d’un peu de temps pour bien s’exprimer. Les Bans sont comme d’habitude un cran au-dessus du Martigny ou du Champortay, que ce soit du point de vue de la concentration et de l’équilibre. Le vinificateur a très opportunément renoncé à la malo sur ce millésime pour les chasselas, ce qui a permis d’obtenir des chasselas certes assez opulents, mais avec un très bel équilibre.
Les deux rosés, en
gamay ou
dôle blanche, sont bien faits, mais la chaleur du millésime se fait sentir un peu, surtout dans le premier, où plus de fraîcheur aurait été bienvenue.
Le
johannisberg est très bon, un rien sur la réserve au nez, avec une très belle maturité, de la concentration, de la typicité, mais sans rien céder à une fine acidité qui équilibre très bien le tout. Il devrait aller loin.
Le
petite arvine est opulente, expressive, d’une belle vivacité, mais n’a pas pu, malgré tout, éviter un sucre résiduel notable, qui place résolument le vin dans le registre demi-sec. C’est d’ailleurs la même chose qui s’est produite avec le
païen en barrique, qui est très expressif et gras, mais là l’acidité rame un peu pour équilibrer un sucre résiduel un peu trop important à mon goût, surtout pour ce cépage que l’on attend plutôt sec.
Très belle réussite sur
l’ermitage en barrique, sur la réserve au nez, mais d’un grandiose équilibre en bouche, concentration, longueur et dans un registre résolument sec, du tout grand art…>
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Les 3
gamays sont bien différents, comme presque chaque année. Le
Bovernier, au fruité explosif, un rien sauvage et à l’équilibre un rien acidulé, constitue un très beau rouge de soif. Le
Champortay est plus sérieux, expressif et ample, mais au très bel équilibre, le plus proche d’un grand beaujolais. Le
St-Théodule est plus opulent, dense, riche, presque un poil lourd, le plus civilisé des trois…. A chacun de trouver son type de gamay chez Besse. J’ai tjrs eu un faible pour le Champortay, superbe compromis entre la concentration et l’équilibre, une belle digestibilité sans fluidité.
Les
pinots noirs,
Calvaire ou
Serpentines, sont bons, expressifs, denses et opulents, un peu chaud à l’image du millésime. La
Dôle s’en tire avec un poil d’équilibre en plus, apport des cépages exotiques que sont le gamaret, le diolinoir et l’ancoletta, ou du plus traditionnel gamay ? Le merlot (barrique), est un peu dans le même esprit que les pinots noirs, ample, dense, très coloré, puissant, mais un poil lourd et le bois est un rien marqué. J’avais préféré le grand équilibre du 2006…
Les
Complices, assemblage de Gamaret, Pinot Noir, Diolinoir et Ancoletta, est un bon vin, résolument moderne, presque outre-mer par le style, concentré, puissant, fruité, qui manque toutefois à mon goût d’un peu d’âme ; c’est le moins « valaisan » des vins de la cave. Il sera idéal sur un barbecue de viandes rouges.
La
syrah «
les Comballes » est typée, dense, mûre, d’approche un rien stricte, mais qui devrait fort bien évoluer en bouteilles. Quant à la version barrique (
les Serpentines), c’est un très grand vin, puissant, encore un peu marqué par la barrique, mais avec une opulence, une concentration et un équilibre digne des meilleurs vins des côtes du Rhône septentrionales, à un prix plus sage...
Elle ira très loin. Le millésime 2009 a particulièrement convenu à ce cépage chez Besse.
Le
cornalin « St Théodule » est également, à mon sens, un monument, noir violacé, au fruité retenu, mais typé et bien mûr, la bouche est concentrée, grasse, la trame tannique est serrée, mais sans rusticité, une acidité filigranée donne de la fraîcheur à l’ensemble, qui conserve une belle buvabilité. Il ira également très loin, c’est un des meilleurs cornalins valaisans bus à ce jour. Un grand millésime également chez Besse pour ce cépage, ce vigneron ne passant pourtant pas pour un des chantres de ce cépage, à tort selon moi…
Les liquoreux sont aussi à l’image du millésime, solaire, puissant, épanoui, que ce soit la
malvoisie ou la
petite arvine, ils sont tous deux, typés, très expressifs au nez, onctueux, très amples, mais rançon de tout ceci, manquent un petit peu de niaque, de tension… Pour les amateurs d’équilibre, les deux 2008, toujours à la vente et qui étaient aussi présentés durant ces deux jour, sont à peine moins opulents, mais sensiblement plus tendus et iront manifestement plus loin. Les 2007 étaient également présentés, je les ai trouvés un peu à mi-chemin des 2008 et 2009, bons et épanouis. A signaler, également un
ermitage 2008, ce cépage n’étant pas produit chaque année en flétri, très goûteux, extrêmement onctueux, tout en suavité, mais présentant néanmoins un bel équilibre.
En résumé, une belle réussite d’ensemble sur le millésime 2009, les cépages à maturité tardive, marsanne, cornalin et syrah sont tout particulièrement très réussis, mais le sylvaner, les gamays et les chasselas sont très bons également. Le reste de la gamme ne démérite aucunement, mais dans un style résolument solaire.
Hervé