J'avoue que j'ai un peu hésité à téléphoner au domaine de Causse-Marines pour rencontrer celui que je ne connaissais finalement que par ses frasques, ses coup de gueules, de griffes, ses tirades théâtrales, ses longues lettres à sa clientèle particulière (parfois très longues et redondantes), ses paroles rapportées sur le Net que je n'avais guère appréciées ou dans la presse ou sa grimace sur le site de Sapros.
Autant le dire, je me méfiais un peu de ce personnage que j'avais rencontré quelques fois.
Pourtant j'aime ces vins liquoreux, je les adore même, dans leurs excès: pas un voyage que je ne fasse sans prendre un flacon ambré, histoire de faire goûter ce que l'on sait faire à Gaillac.
Et puis j'ai été bien surpris par cet homme un peu désabusé après ces vendanges 2003, allant même à se demander si cette aventure en vaut bien la peine.
15 hectares et cette année 210 hl qui donneront 25000 bouteilles à la place des 80000 habituelles. 3 salariés à plein temps...
Et que va-t-on faire de cette vendange 2003 où les duras titrait 17.2, la syrah 16.5 et les braucol 14.8. Si Patrice avait ramassé comme certain à un degré habituellement correct, il n'aurait pas eu du raisin aux tannins mûrs.
Des peaux épaisses, peu de jus: 2003, millésime du siècle!!! Tu parles...
Sans doute n'y aura-t-il qu'une cuvée de rouge en 2003.
Commençons par les rouges, donc et par cette cuvée de syrah nommée 7 sous riz (l'étiquette est un rébus!) qu'il me tardait de goûter.
90 % syrah 10 % de mauzac totalement égrappés à la main pour garder des raisins intacts pour effectuer une fermentation carbonique. Puis pigeage au pied et élevage en barrique de un ou deux vins pendant 18 mois.
Le résultat est étonnant sur 2001: Je pense que j'aurais dit Cornas à l'aveugle. Robe sombre et violacée. Le nez est très typé syrah avec des notes encore lactiques, mais le vin s'ouvre à l'aération et propose des notes plus complexes, à la fois de fruit et de fumée. Bouche ample mais très fraîche avec une acidité encore marquée et des tannins accrocheurs mais bien serrés. Beau vin très surprenant.
Outre cette cuvée, il y a le Rasdu le Causse et l'entrée de gamme Peyrouzelle.
Nous évoquons cette nouvelle aventure en Marcillac où deux cuvées sont élaborées. On sent une réelle fascination pour ce terroir chez Patrice Lescarret. Deux cuvées existent une générique et une vieilles vignes. Je goûterais bientôt. Selon Patrice, le terroir est inexploité encore et la zone calcaire le fait rêver.
Sans doute conviendra-t-il de s'intéresser aux blancs encore davantage à l'avenir puisque du chenin a été planté qui sera vendu en vin de table ou vin de pays.
Patrice effectue des sélections massales sur le loin de l'oeil, il y travaille d'arrache-pied, insatisfait de la qualité de ce cépage.
Le zacmau est donc un pur Mauzac et les Greilles un assemblage de loin de l'oeil de mauzac et de Muscadelle.
Zacmau 2001
Jan avait raison, ce vin s'est étoffé, il a gagné en fraîcheur et en allonge. Le nez est type, pomme, un peu de miel. La bouche possède du gras un belle structure et une acidité que je ne lui soupçonnais pas à ma dernière dégustation. C'est assez long.
Le domine c'est aussi un vin de voile dans la tradition gaillacoise, nommé Mystère et un vin mousseux demi-sec de méthode gaillacoise nommé Préambule.
Les doux, nous en avons beaucoup parlé ici. Ils se déclinent selon leur richesse:
20° potentiel: grain de folie douce
26°: Délires d'Automne
33°: Folie Pure
37° et plus Le Graal. En 2001 38.5°!! 55 litres ramassés en 5 jours à 10 personnes.
Folie Pure 1999 Ondenc majoritaire. Ce vin a fermenté 22 mois: 6.5 degrés d'alcool acquis et 430 grammes de résiduel.
Expérience rare de dégustation. La robe est ambrée, superbe. Les arômes ressemblent à ceux de Délire d'Automne 97, sur le thé Earl Grey, avec aussi des notes abricotées. On mange ce vin plus qu'on ne le boit, sirupeux mais jamais écoeurant. La finale est immense sur des notes de miel d'acacia.
Que les grands vins sont faciles à déguster!