Trinidad – Reyes
Petit Corona – 10,1cm x 1,59 cm (ring 40)
Alors que je reste orphelin du module mythique de la marque, le Fundadores (il doit néanmoins m’en rester en fond de cave), je tente le petit module de cette manufacture.
Cape très souple un peu matte, finement nervurée.
A cru ce Reyes livre déjà des arômes très doux, léger bouquet de cuir tanné, de chèvrefeuille et de cèdre très lointain.
Il s’allume en un clin d’œil, laissant présager un fumage express (il n'en sera rien).
1er tiers : Une attaque très tranquille sur l’herbe sèche et l’épice douce très discrète.
Au palais la fumée circule de manière concentrée sur une ligne relativement étroite, mais diablement savoureuse. De puissance moyenne, elle n’emplit pas la bouche, circulant de manière rectiligne. Cette absence d’amplitude demande un peu plus d’attention et rend naturellement la dégustation encore plus sereine.
Au bout de 2mn à peine, les saveurs un peu végétales et de coques de fruits secs s’arrondissent nettement.
Le cigare délivre maintenant des saveurs très douces de grain de café froid, d’épices orientales complètement fondues dans une trame de noisette torréfiée.
Il y a un côté hypnotique à savourer cette toute petite vitole, qui se consume si lentement en menant sa barque avec une nonchalante élégance.
Le cigare prend littéralement son temps et ouvre les portes du second 1/3 sans que je n'y prenne garde.
2e tiers : Le cigare semble indiquer à celui qui a su se laisser porter patiemment jusque là qu’il accepte alors de divulguer quelques ressources enfouies.
La fumée se fait plus ample. Ce second tiers est, dans sa 1ère phase, étonnamment plus viril que son prédécesseur.
De l’ambre et du cèdre sur un tapis de noisette et de café torréfiés mâtiné de poivre blanc et toujours les épices douces, très douces. C'est rassénérant…
Soudain, comme dans un souffle, une dimension miellée englobe le palais.
La vitole est chaleureuse, ronde, suave, presque crémeuse et va demeurer ainsi au delà de l'entame du 3e tiers.
3e tiers : Toujours mené par un train tranquille, qui voit la saveur miellée encadrer des notes boisées et épicées, le cigare commence à se consumer un peu plus vite (tout est relatif).
Le poivre vert taquine de temps en temps les papilles, au détour des quelques épices orientales, de cèdre et d’une ombre d’humus à peine ressentie.
Mais le miel ne disparait pas pour autant, s’étirant juste un peu plus ce qui permet à des notes un peu plus puissantes de pointer leur présence.
Au moment, où la vitole devient trop petite et humide pour être appréciée, je me surprends au me dire qu'il mériterait quelques centimètres de plus (il faut dire que j'ai une affection particulière pour le module désuet des grand panatella quasi disparus aujourd'hui).
Il me semble nettement au dessus du
Quai d'Orsay Coronas Claro d'un format presque équivalent (à peine plus long, et un poil plus large, mais le diable se niche dans les détails), fumé il y a peu (même si je ne vais pas me dédire sur la constatation qu'il n'était visiblement pas encore prêt à être dégusté).
Ce cigare qui parait simple bénéficie d'une très belle construction.
il pourrait paraître un peu monocorde pour ceux qui aiment les soubresauts puissants.
Quelque chose me dit qu'il doit être fumé juste à point, ni trop humide et évidemment pas trop sec pour s’exprimer au mieux.
Son format en fait le compagnon idéal d’un petit brin de causette rapide, pendant un after work de fin d’après-midi.
Pourtant je pense qu’au contraire, il lui faut le luxe de la tranquillité pour qu’il s’abandonne et son heureux dégustateur aussi.
Ce Trinidad Reyes est un métronome gracieux.