Avez-vous déjà  essayé un repas avec comme boisson uniquement du whisky et de l'eau (pas de vin) ? Ce genre d'agapes s'organisent en effet de plus en plus dans des restaurants ou entre des particuliers. Ainsi, chaque plat est servi avec un single malt choisi pour l'occasion. Merci de partager vos essais, vos déceptions et vos plaisirs.
Benoît

Bonjour

Oui Le haggis est le meilleur repas pour whisky.

Le haggis, c'est bien ce plat écossais que l'on peut traduire par panse de brebis farcie?

salut Benoît

J'ai de la peine à  imaginer cela. Je vois mal comment le brûlant du whisky peut se marier à  des mets fins. A moins que la cuisine écossaise ne soit mauvaise à  ce point...

Ca relève à  mon sens plus de la performance que de l'intérêt gastronomique.

C'est la Croix-Bleue qui organise ces agapes ?

cordialement

Yves

c'est bien cela, Jérôme....

Je me souviens qu''une humoriste français, dont j'ai oublié le nom, avait créé un sketche sur "la panse de brebis farcie". La phrase-clé du texte, lorsque le maître d'hôtel apporte cérémonieusement le plat : "j'ai d'abord cru que c'était de la m...., puis j'ai regretté que cela n'en fût pas!!!!".

Trêve de plaisanterie... j'ai goûté au "haggis" au cours du dîner de clôture de réunions d'Anne-Marie à  Edimbourg : c'est original comme plat et à  titre de comparaison, je le rapproche de nos boudins noirs cuits.

Le haggis, je l'ai mangé sans déplaisir... les andouilles et andouillettes françaises, par contre, cela ne passe toujours pas !!!

Yves,
Le malt est pour moi aussi un "breuvage" à  apprécier en fin de repas, ou à  boire tout seul en soirée, certains (surtout Lowlands) passant quand même très bien à  l'apéritif, mais pas de whisky pour accompagner un repas, si ce n'est pour faire passer le haggis... mais alors faut-il vraiment un malt ? Un bon blended ferait aussi bien l'affaire, je crois !

Michel.

Hello,

Jérôme, le haggis c'est vraiment fabuleux si tu tombes sur un produit de qualité. C'est un peu difficile au petit-déjeûner, mais au souper c'est vraiment délicieux.
Yves, je n'ai pas encore essayé un tel repas, mais qui sait, cela pourrait être intéressant à  essayer.
Salutations
Benoît

Comme Yves et Michel, un repas entièrement arrosé de whisky est quelque chose qui de prime abord me paraissait incongru, tant la puissance de l'alcool écraserait à  mon avis la plupart des plats. Tout ceci relève d'une certaine logique, mais restait pour moi de l'ordre de la théorie. Certains d'entre vous commencent à  me connaître, vous savez donc que comme tout scientifique qui se respecte, je me dois de mettre mes théories à  l'épreuve de la pratique... :-)
J'ai donc participé hier soir à  mon premier repas uniquement accompagné de whisky (et d'eau...). Pour ne pas faire dans la demi-mesure, il y avait 11 malts en dégustation, pour lesquels étaient proposés 9 associations différentes. Tout cela s'est terminé vers 3 heures du matin, avec des participants se retrouvant dans un état que la décence m'empêche de vous décrire ici... :-))
Voici le compte-rendu (sommaire vu ma maigre connaissance du sujet) du déroulement de cette soirée.



1. Trois petites mises en bouche composées de queues de scampi à  la sauce cocktail, d'escavèche et de crevettes grises. Le malt servi était un Littlemill 8 ans d'âge (Lowlands, Western Lowlands). Couleur pâle, nez floral, assez léger en bouche, finale boisée. Belle association, surtout avec l'escavèche.

2. En première entrée, deux terrines (saumon et 3 crustacés) servis avec un Magilligan (Irish), vieilli plus de cinq ans en barriques de bourbon. Couleur jaune pâle, nez plus fruité, léger, finale boisée. A aucun moment, le whisky n'écrase les arômes du plat, bien au contraire, la sensation d'alcool étant elle légèrement atténuée par les mets.

3. Saumon frais en bellevue et saumon fumé servis avec un Edradour 10 ans d'âge (Highlands, Midlands). Robe or, nez épicé, fumé, plus puissant et plus long que les précédents. Belle harmonie.

4. Gratiné de saumon en coquille servi avec un Clinelish 1990 (Higlands, North Higlands) élevé et mis en bouteille en 1999 par Wilson & Morgan. Robe or pâle, nez floral, sel, plus gras et chaleureux en bouche (46°). A nouveau une harmonie qui met en valeur tant le plat que le malt dont le côté chaleureux est amoindri, faisant mieux ressortir les arômes.

5. Brochette d'agneau macérée au whisky et côte d'agneau au miel macérée au whisky, amandes grillées et caramélisées servis avec deux malts. Glenrothes 13 ans (Highlands, Speyside) mis en bouteille par Chieftain's, robe or bronze, épices, caramel, légèrement tourbé et Higland Park 18 ans (Higlands, Iles Orkney), robe or cuivré, très puissant, floral, tourbé, fumé. A nouveau une très belle harmonie avec une viande au goût assez prononcé, qui tient tête aux 2 malts.

6. Pavé de bœuf irlandais, champignons au whisky, pommes de terre rissolées, servi avec 2 malts. Auchentoshan three wood (Lowlands, Western Lowlands), sans indication d'âge (vieilli dix ans sous bois de bourbon, un an sous oloroso et six mois sous pedro ximenez), robe orange, fruité, caramel, boisé et Six Iles (mélange de six origines), robe très claire, fumé, iodé, légèrement tourbé. La moins bonne harmonie de la soirée, le bœuf étant mis sous l'éteignoir de par sa trop grande "neutralité".

7. Vient ensuite l'accord qui me paraissait de prime abord le plus étonnant, mais qui finalement s'est révélé comme un des plus réussis. Glace à  la menthe et pépites de chocolat servie avec un Lagavulin 16 ans (Islay, South Shore). Robe ambre intense, nez très tourbé, sel, sherry, très puissant et chaleureux, très long. Voilà  une glace qui en soi était quelconque, un magnifique malt, mais très puissant et qui commençait à  peser sur nos papilles en fin de soirée, l'association des deux est magique, exhalant les arômes du malt tout en le rendant un peu plus sage. Etonnant !

8. Quelques morceaux de chocolat noir servis avec un Coal Ila vintage 1989 (Islay, North Shore), embouteillé par Signatori en 2000. Robe pâle, nez tourbé et épicé, chaleur. Une harmonie qui n'apporte pas grand chose ni à  l'un ni à  l'autre, mais qui n'est pas désagréable.

9. Pour terminer en beauté, un Laphroaig 10 ans (Islay, South Shore) pour accompagner un magnifique havane de la marque Cohiba. Rien à  ajouter, sauf que ce malt qu'on dit de style médicinal convenait particulièrement à  ce magnifique cigare puissant et complexe dont je garde encore les effluves en mémoire à  l'heure ou j'écris ces lignes. Belle apothéose à  cette magnifique soirée, où j'ai appris beaucoup de choses.

En résumé, je dirais qu'il ne fait plus aucun doute pour moi que le whisky peut non seulement accompagner un repas, mais qu'en plus il peut être magnifié si l'on sait choisir les mets correctement, de la même manière finalement que pour les vins. Les malts légers et peu tourbés semblent bien convenir aux poissons gras, en particulier le saumon, sous toutes ses formes, les whisky plus puissants ou plus tourbés convenant sans doute mieux aux viandes, si on prend soin de choisir des viandes ayant beaucoup de goût et de caractère. L'accord avec la glace à  la menthe, très britannique dans l'âme m'a conquis.

Certains me rappelleront que j'avais promis de faire attention à  mon régime cette semaine, après l'épisode du repas gargantuesque pour accompagner 10 grands vins blancs le week-end dernier, mais la science mérite des sacrifices, et je suis prêt à  me donner corps et âme pour elle... :-))
Bon, cette fois-ci, demain régime !
Enfin, peut-être pas demain, car il y a une petite réunion entre belges prévue ce samedi... Nous dirons donc lundi, si tout va bien... :-(

Luc

Luc,

tu m'impressionnes, ton dévouement pour la cause scientifique ne connaît pas de bornes (et me rappelle celui de mes deux parents)...quel Cohiba as-tu fumé? un robusto ou peut-être plutôt un esplendido?

amicalement

Claude,

Cela devait être un esplendido, mais j'avoue ne pas avoir pris note de ce détail, et je ne sais pas pourquoi, mais à  ce moment de la soirée une très légère confusion régnait dans mon esprit...

Luc

Luc,

Robusto: 12,4 cm de long / presque 2 cm de diamètre (le format le plus large) mon préféré. Par analogie, ce cigare serait un Graves produit par Perse mais qui aurait la complexité d'un Haut-Brion.

Esplendido: 17.8 cm de long / 1,8 cm de diamètre

Lancero: 19,2 cm de long / 1,5 cm de diamètre, le cigare préféré del Comandante Fidel (le moins aromatique des trois et le moins sensuel aussi)

j'ai lu qqpart que le président Kennedy avait fait retarder l'opération "Baie des Cochons" pour se réapprovisionner en cigares cubains.

Claude,

Au vu des dimensoins, je confirme qu'il s'agissait d'un Esplendido.

Amitiés,

Luc

Merci Luc pour ce splendide compte-rendu - comme quoi tous les accords sont possibles - et pour ton dévouement aux causes bacchiques et alcooliques.

Quoi de neuf, doc ? comme dit Bugs Bunny.

A demain,
Michel.

Hello Luc,

Merci pour l'excellence de ta présentation qui me confirme que l'on peut faire de grands repas avec uniquement des whiskies. J'ai également hâte d'essayer de telles harmonies.
Peux-tu m'indiquer à  quelle occasion ce repas a été donné. Est-ce qu'il s'agit d'un club qui l'a organisé ou d'un magasin spécialisé ou d'un privé ?
Encore merci.
Benoît

Benoît,

Il s'agissait d'un repas entre médecins, sur l'invitation d'une firme pharmaceutique (un des avantages du métier... :-)), dans un petit restaurant de la ville de Couvin en Belgique.

Luc

Très intéressant ton compte-rendu et les conclusions.
Bravo,

J'ai récemment participé à un repas organisé par Diageo dans le but de promouvoir ses malts. J'ai par ailleurs eu la chance d'être assis à côté du maître distillateur de Talisker, Charlie Smith. Voici le menu et les whiskies proposés:

Carpaccio de thon frais sur son lit de ruccola avec Talisker 1991 Distillers Edition

Suprême de pintade au poivre rose, pommes duchesse et légumes avec Clynelish 14 ans (nouvelle édition)

Trio de fromages (roquefort, vieux gruyère et brie à l'ail des ours) avec Caol Ila 18 ans

Crème brûlée à l'ancienne avec Oban Distillers Edition

C'était la première fois que j'essayais un tel repas. S'il n'est pas du niveau de celui décrit par Luc ci-dessus (tant en matière de plats que d'alcools), je partage son analyse finale. Le whisky peut parfaitement bien accompagner un repas. Je pense cependant que les mariages les plus parfaits sont ceux avec des poissons gras (thon, saumon) et avec de puissants fromages. La pintade m'a laissé de marbre ainsi que la crème brûlée. Je crois que Diageo était cependant limité au niveau du budget d'une telle soirée et cela s'est ressenti dans certains des plats. Charlie Smith était également dubitatif pour la pintade et le dessert.

Benoît,

Voici un livre qui devrait t'intéresser :

Whisky à la carte
Bob Minnekeer et Stefaan Van Laere
Edtions Lannoo

Extrait du commentaire lu dans Le Soir : Cet ouvrage vous fait découvrir sous la plume de deux experts toutes les subtilités de la dégustation de cette "eau de vie" de Malt. Les assiettes superbement mises en image renvoient pour chaque plat à une bouteille particulière dont les caractéristiques sont décrites par le menu.

Les photos ont effectivment l'ai appétissantes...

Luc

Merci pour l'info Luc, j'ai pris note de ce livre.
En complément à mon compte rendu de repas, je pense que des whiskies peuvent également bien se marier avec des desserts au chocolat.

Concernant le pain et le fromage :

www.whisky.fr/club.p...

Avec une liste déroulante pour les articles en bas de la page à gauche.

François

Il s'agit d'une dégustation faite il y a 2 ou 3 ans par Whisky Magazine. Je trouve le choix des fromages, ainsi que des whiksies, pour le moins étranges. Je n'aurai pas idée de prendre des fromages à pâte molle et des alcools aussi peu présents comme le Glenkinchie. Il faut plutôt tenter un accord entre des whiksies puissants et des fromages puissants (des bleus par exemple).

Dernier essai en date avec un St-Marcellin un peu trop fait qui avait une facheuse tendance à embaumer tout le frigo, et presque immangeable seul pour mes fragiles papilles :-) (j'ai du mal avec les fromages forts, en particulier avec les bleus) : du Talisker. Super !

Eric

Cette idée est vraiment amusante ... A essayer une fois sur un saumon pourquoi pas ... Mais autrement je ne vois pas le but de la manoeuvre ... Comme l'a si bien dit Luc après un tel repas on doit sentir une très légère confusion dans son esprit Je dirais, à
mon avis, qu'après 4-5 single malt il devient difficile d'apprecier ce magnifique breuvage à ca juste valeure. Dans le même ordre d'idée, certaines personnes se sont essayé à marier plats et cigares ... J'ai pu tester une fois un repas cigare ...
Mais bon je vois toujours pas le but.

Je crois que le maître en la matière (divers mariages) est M. Alain Senderens à Paris.

Moi je reste dans l'idée la plus simple :

Apéro / entrée blanc

Plat principal (viande) rouge

Dessert surmaturé

et pour finir pendant ou après l'expresso cognac / single Malt.

C'est là que j'apprécie le mieux le single malt ou alors de temps en temps avec un cigare mais le mariage n'est pas évident.

Tiens, encore en Valaisan en goguette.

Il est vrai que l'idée de boire des single malt en mangeant ne nous est pas très coutumière. Il s'agit cependant d'une réaction normale en Ecosse qui n'étonne plus personne. Je crois qu'il s'agit surtout d'une question de culture et d'habitudes solidement ancrées. Je ne suis pas favorable à un repas accompagné uniquement de single malt, mais par contre, mon expérience m'a démontré que pour certains plats bien particuliers, le single malt a autant de valeur, sinon plus, qu'un vin. Je t'encourage à essayer.

Luc,

Je viens de lire un article complet dans un numéro de Whisky Magazine sur le livre dont tu as parlé. Bob Minnekeer, l'auteur, est également le propriétaire d'un pub qui serait très renommé en Belgique : The Glengarry Scottish Pub à Gand. Ce pub dispose également d'un magasin où 1200 whiskies seraient à la vente. Le site www.glengarry.be n'est malheureusement pas en français.

Merci pour l'info.

Luc

J'ai récemment participé à un Whisky and Dine organisé par Diageo. Si certains des associations sont très intéressantes, je reste sceptique sur la réussite d'un repas complet au whisky.
Hareng fumé avec Caol Ila Distillers Edition, très grande réussite, les deux produits étant totalement complémentaires.
Carré d'agneau aux herbes avec Clynelish Distillers Edition. Mariage peu réussi, un bon vin rouge aurait été bien plus intéressant. Association totalement inutile.
Plateau de fromage (vieux gruyère, vacherin et stilton) avec Talisker 25 ans. L'association fonctionne bien entre le whisky et le stilton, par contre le vacherin est un échec total et le gruyère ne s'en sort également pas très bien. Seuls les bleus ont une chance face aux whiskies.
Crème brûlée avec Dalwhinnie 29 ans. Encore un échec, la crème brûlée n'étant pas une grande réussite, la Dalwhinnie non plus.

Bref, à part quelques traits de lumière épars, ce repas n'était pas une très grande réussite.

Salut;

Il me semble bien que les repas de mariages Thailandais se déroulent au Whisky.

A confirmer.

Oui mais ils sont suivis d'un bon massage:D !

Diageo ne cesse de promouvoir les plats accompagnés de whiskies (faisant bien entendu partis des marques dont la société est propriétaire) en lançant sur le site www.malts.com une section totalement dédié à ce sujet. De nombreuses recettes sont disponibles gratuitement. Avis aux amateurs...