Pour ce qui est des finitions, je vais suivre l'avis général. Le seul Edradour que je bois avec un certain plaisir reste le classique SV 10yo en tube métal. Cela dit, certains finish fonctionnent mieux que d'autres (ou moins mal) ; je pense par exemple aux finitions en fût de Madeire.
Et certaines distilleries, de toue évidence, maîtrisent mieux la chose, notamment Benriach, qui nous a gratifié avec son fût 4412 1978 (il n'était pas encore en bouteille lorsque je l'ai goûté) d'un Moscatel Finish de très belle facture, et qui ne s'écartait pas trop de la ligne directrice des Benriach très fruités de la fin des années 70.
Pour ce qui est des exagérations en termes de prix, les distilleries n'ont jamais autant produit, autant travaillé à augmenter leur capacité de production, tout en vendant si peu. Les négociants n'ont pas grand chose à proposer à leurs clients (les embouteilleurs indépendants), et il devient de plus en plus difficiles pour ces derniers de pouvoir goûter avant d'acheter. On verrait même se développer les pratiques douteuses rencontrées dans certains milieux vinicoles et consistant à conditionner le droit d'acheter de façon contingentée "le bon" à l'achat du médiocre. Si vous voulez un fût de ce batch, vous devez m'en acheter 12 de cet autre batch, notoirement médiocre. Certains indépendants ont suffisamment de débouchés pour se débarasser de ces fûts malvenus soit dans des blends (qui pourront même être honnêtes si leur savoir-faire est bon), soit même sous la mention "Single Malts", avec des noms plus ou moins improbables (les distilleries ne tenant pas à cette forme de "publicité"), pour le compte de la grande distribution.
Comme il a été dit, l'attente de l'ouverture des marchés émergeants explique en partie cette rétention faite par les distilleries. Le problème, c'est que toutes les distilleries ont la même stratégie, et que cette explosion tant attendue des marchés Russes, Indiens, Chinois... risque de se laisser attendre plus que prévue. Et la crise n'est pas seule responsable. On ne change pas d'un coup de baguette magique les habitudes de consommation des gens. Et les états sont aussi là qui guettent : Avec les dernières augmentations de taxes, je ne serais pas étonné qu'une bouteille de Johnny Green se paie l'équivalent de plus de 150$ en Inde. Résultat, pas mal de distilleries sont aujourd'hui confrontées à des problèmes de stockage, et plus d'un embouteilleur indépendant survit aujourd'hui en louant ses mètres carrés aux distilleries pour y entreposer des fûts, qu'au travers son métier d'IB. Inutile de dire que lorsque les investisseurs se montreront un peu plus pressants de se voir verser quelques dividendes, ou que les distilleries auront des besoins un peu plus impérieux de trésorerie, la planète risque de se retrouver submerger sous un ras de marée de whisky. Et là, on pourra faire nos courses à pas cher !
Et il y'a des précédents, dans l'histoire du whisky. Sans remonter à la crise de surproduction causée par la prohibition Américaine, le début des années 80 a été marquée par une terrible crise de surproduction, au cours de laquelle des dizaines de distilleries, et des plus prestigieuses, ont purement et simplement fermé leurs portes. Rien qu'en 1983, on doit en compter une bonne douzaine.