La météo est clémente, il est 10h00 et nous arrivons avec le soleil à Courthézon. Je vais enfin pouvoir goûter le millésime 2010 en bouteille.
Jacqueline André et Sandrine nous accueillent avec le sourire. Notre petit groupe sera guidé par cette dernière tout le long de la visite et de la dégustation.
Avec les volumes plus réduits des dernières années, il paraît plus difficile pour le domaine de maintenir la vente simultanée de plusieurs millésimes comme ce fut le cas auparavant. Je pense que leur notoriété croissante n'y est pas étrangère non plus, et ce n'est que mérité.
Nous sommes néanmoins vernis (non pas celui du Nebbiolo
). L'œnologue est passé la veille pour constater l'évolution des vins et nous avons le droit d'en goûter plusieurs. Pas de 2009 ni 2007 cette fois mais le nombre de bouteilles ouvertes n'en est pas moins important. Nous remontons ainsi l'échelle du temps.
2011
Le nez est fort plaisant, accessible et agréable. En bouche, la matière n'est pas d'une grande épaisseur. Les saveurs se font réglisse, zan et épice. En l'état, ce n'est pas forcément ce que j'apprécie à ce moment et en ce moment mais je comprends parfaitement qu'il soit au goût de beaucoup.
AB+.
2010
Un nez civilisé. Une attaque acidulé sur la fraise encore jeune. Une matière comparativement impressionnante, une belle accroche et une grande persistance. Un monde le sépare de son jeune frère. Les 16 mois écoulés depuis ma précédente visite lui ont été grandement bénéfiques. Jacqueline et Sandrine n'avaient pas jugé opportun de mettre à la vente le millésime dans le cycle habituel. Il n'était alors pas encore appréciable comme elles le souhaitaient. Elles ont bien fait.
TB- et je m'aventure à lui prédire un bel avenir.
2006
La fraise et le pruneau compotés composent le bouquet des parfums. Il subsiste beaucoup de matière et d'accroche. C'est long et épice. Une verdeur finale vient cependant gêner mon voisin JB et mes papilles dans une moindre mesure.
Bien+.
2005
Plus évolués, le nez et la bouche font cohabiter du fruit mûr, un début de tertiaire et du poivre. Le vin est fluide, la matière est fine. L'équilibre est aérien grâce aux notes de menthe et de chlorophylle.
TB+ . Notre doyen s'extasie "ça c'est du vin! J'adore" mais il n'y en a plus à la vente
Pour ceux qui ont la chance d'en avoir, eh bien ils ont vraiment de la chance... :q
2004
Il est d'un tertiaire plus prononcé, plus fauve. Le 2ème temps de bouche arrive presque immédiatement ce qui donne l'impression de raccourcissement de la longueur. Un vin entre 2 âges.
Bien-.
2012 blanc
Première rencontre avec leur blanc. Il se décline ici sur l'ananas, la noix de coco rôtie. La bouche est large. Sa fin donne une légère impression de papier. Les blancs du Rhône n'ont toujours pas mon appétence prioritaire.
AB.
Je trouve que l'effet millésime joue pleinement chez Pierre André. Je m'étais déjà fait la remarque précédemment. L'accessibilité du 2011, la densité et le futur prometteur du 2010, la grande complexité du 2005, etc. Hors quelques éléments sur la matière et la rafle, je ne suis pas encore parvenu à décrypter tous les traits du style de la maison. Je dois encore beaucoup à déguster chez eux
Nous prenons le temps de discuter et d'échanger. Sandrine tient à ce qu'aucune de nos questions reste sans réponse.
Pour 2013, les vendanges ont également été très tardives. Elles furent terminées peu avant les congés de la Toussaint.
Sur la vie du domaine, deux tonneaux récents (je suis preneur du nom précis car je ne l'ai pas noté) ont remplacé les anciens qui ont failli.
Et cette barrique derrière ces messieurs à quoi sert-elle? Il s'agit du Côte du Rhône partant au négoce et certainement assemblé avec des vins d'autres provenances. La commercialisation sous nom propre est néanmoins à la réflexion.
Un immense merci à Jacqueline et Sandrine pour leur temps, leurs vins et leur amabilité.
La commercialisation tardive du 2010, l'impasse sur 2008 et 2003, le vin est ici mis clairement au centre de tout. C'est un luxe rare et en même temps une pression économique que de pouvoir prendre de telles décisions.