Ce soir, c'est non sans émotion que je me livre au dernier exercice de comparaison en vin jeune qui sera possible entre le
Saint-Joseph Vieilles Vignes 2012 L14058 de Bernard Faurie (mise précoce) et le
Saint-Joseph 2012 de Jean-Louis Chave (manquait le vin de Pierre et Jean Gonon présent dans ma pensée). En effet, 2012 est le dernier millésime de Saint-Joseph produit par Bernard qui a cédé les vignes des Dardouilles à son gendre Emmanuel Darnaud et il semble possible que les 3 terroirs (Bachasson, le Clos et Chalaix) qui composent le Saint-Joseph de Jean-Louis soient mis en bouteille séparément dans quelques années. Point de nostalgie, profitons une dernière fois de ce moment.
Saint-Joseph Vieilles Vignes 2012 L14058 (mise précoce) de Bernard Faurie :
Robe : grenat avec de légers reflets violacés
Nez : nez de cerise, de raisin frais , puis de crême de mure; quelques notes sanguines; nez très jeune, primaire
Bouche : entrée en bouche veloutée, sans traces de gaz (ce qui est étonnant chez Bernard), dense; les arômes parlent immédiatement, sur le raisin frais et la cerise. Le vin se pose, les tannins fins tapissent la bouche, et prolongent un peu la bouche que l'on pourrait croire vite partie si on n'y prétait pas attention.
Conclusion : voilà un Saint-Joseph de Bernard que je trouve bien précoce et avenant à ce stade. Pas de gaz, ni de tannins veloutés en béton, bonne longueur en bouche mais on a connu mieux.
Bien
Saint-Joseph 2012 Jean-Louis Chave :
Robe : grenat un peu sombre que le vin précédent
Nez : plus retenu; un peu plus de violette, de rose, une pointe d'épices/lard, , fermé, se laisse désirer. 5 min plus tard, il se délie, les arômes cités précédemment prennent un peu d'ampleur.
Bouche : début de bouche facile, le vin est juteux, facile à boire. En milieu de bouche, des tannins millimétrés (Bachasson?) lui donnent une longueur bienvenue. Bonne persistance mais pas exceptionnelle à ce jour, dans la lignée du caractère facile du millésime.
Conclusion : je suis surpris du caractère facile de ce vin qui se boit tout seul, qui est souple, ouvert en bouche, dans la lignée de l'Hermitage 2012 bu au domaine il y a un mois; il ne paye pas de mine pour l'instant mais devrait prendre de l'ampleur avec le temps.
Bien-Très bien
Je recommence l'expérience à
J+1 :
Saint-Joseph Vieilles Vignes 2012 L14058 (mise précoce) de Bernard Faurie :
La robe présente toujours ces reflets violacés qui semblent sortis de cuve. Le nez axé sur le raisin frais, des arômes primaires, ouverts mais assez ciblés, simples. La bouche est complète, reste sur les arômes de raisin frais marqués, pas avec des tannins aussi marqués que d'habitude.
Bien
Saint-Joseph 2012 Jean-Louis Chave :
La robe est toujours plus foncée que celle du vin de Bernard. Le nez monte en puissance, porté par la plénitude d'arômes de mûre, de violette, une touche lardée. La bouche est plus ample, plus pleine, plus complexe que le vin précédent mais coule assez facilement.
Très Bien
Puis à J+2 :
Saint-Joseph Vieilles Vignes 2012 L14058 (mise précoce) de Bernard Faurie :
Le nez commence enfin à s'arrondir/s'harmoniser, à développer des notes d'épices, mais ke raisin frais domine encore. La bouche est assez caressante, les tannins fins semblent plus présents qu'au premier jour, donnant au vin plus de longueur.
Bien/Très bien
Saint-Joseph 2012 Jean-Louis Chave :
Nez captivant de mûre, de violette, de fumée. Le vin tapisse la bouche progressivement, avec un côté crémeux, dépose des tannins fins sableux et s'allonge... Le vin s'ouvre, il est posé et sa finale est aussi tactile qu'aromatique.
Très bien
Conclusion :
- comme l'année dernière avec les 2011, le vin de Bernard semble plus jeune (alors qu'il a été mis en bouteille 1 an plus tôt), sur des arômes de raisin frais qui semblent venir tout droit de la cuve; la bouche est suave, pas chargée de gaz cette année, mais trop massive non plus (au contraire du monstre 2009), un Faurie tendre. J'avoue être un peu surpris mais il s'agit de la mise "rapide" de ce vin dont une autre partie a connu un élevage plus long et possède certainement un peu plus de matière.
- le vin de Jean-Louis a un nez plus complexe sur toutes les nuances classiques de la Syrah sur granit (cassis, violette, mûre, arômes sanguins, une pointe lardée), la bouche est plus fraîche/sapide et suave/gourmande et semble plus pleine. Ce soir il est meilleur (pour mon goût).
- le millésime 2012 est classique, très ouvert et facile à boire au vue de ces deux bouteilles (et des Hermitage de Jean-Louis bus au domaine il y a un mois). C'est la première fois depuis... longtemps que j'ai cette impression de facilité qui ne veut pas dire maîgreur ni petit millésime. Je découvre, et je n'avais pas vu venir ce millésime sous cet angle. J'étais fâché avec 2011 qui me semblait trop plat dans sa jeunesse, et pourtant je le sens dans mon souvenir plus complexe que ce 2012 avenant mais finalement moins raffiné/long. La comparaison entre 2011 et 2012 va nous faire tourner en bourrique car elle dépend fortement des vignerons.
David Chapot.