Bonsoir,
Nous avons rendu visite à M. André Brunel samedi dernier, afin de déguster les vins qui nous avaient énormément plu au restaurant quelques mois auparavant, notamment un rouge 1997 qui malgré la (soi-disant) relative faiblesse du millésime, avait fait merveille à table.
Rendez-vous pris à 10h30, nous avons passé près de deux heures très agréables en compagnie de M. Brunel, qui nous a gentiment accordé de son temps, son expérience et ses anecdotes sur l'histoire de son domaine et de cette appellation, si attachante malgré ses pluralités.
Après ces échanges divers, nous entamons la dégustation. Etant donné le cadre relativement convivial de notre rencontre, j'ai préféré ne pas prendre trop de notes, mais des impressions très précises sur ces vins me restent en mémoire. Nous avons donc gouté :
Les Cailloux, Chateauneuf blanc 2010 - 80% roussane 20% grenache blc (sol argilo sableux / ss-sol de graviers)
Un nez très gourmand, grillé, floral et des notes de poire fraîche. Beaucoup de puissance en bouche, pas mal de largeur pour ce vin qui malgré sa longueur limité, est vraiment séduisant. Très belle roussane.
M. Brunel, après un échange sur la capacité de garde des chateauneufs blancs, nous avoue préférer les boire dans les trois ans suivant la mise, pour profiter des arômes primaires et de la gourmandise des blancs de chateauneuf.
Vignobles Brunel, CDR Sommelongue (Uchaux) 2010 - principalement grenache, plus syrah/cinsault/mourvedre.
Le domaine possède des vignes, en plus de celles sur Chateauneuf, à Travaillan (Plan de Dieu), St Genies de Comolas
et Uchaux, dont ce vin est issu. Le souvenir d'un vin très gourmand, sur la cerise au nez, avec une bouche assez concentrée, beaucoup de matière. La finale un peu sèche me fait dire qu'il doit se remettre de la mise (toute récente) et être attendu quelques mois.
Les Cailloux, Chateauneuf rouge 2008 - 70% grenache, 20% mourvèdre, 10% syrah passée en fûts - le reste en cuve béton
M. Brunel nous confie que le mourvèdre, après mes interrogations sur la part importante de ce dernier pour l'appellation, a été favorisé lors de plantations de parcelles du domaine, car des terres favorables à de bons résultats avaient été identifiées.
Ce vin présente un nez tout d'abord discret (les bouteilles ont été ouvertes devant nous), mais s'ouvre rapidement sur des notes de fraise, de prune, d'un peu de cuir. La bouche, en demi-corps, est très agréable : elle présente toutefois une belle puissance, conjointement à une superbe buvabilité. Les tanins sont présents en finale, on pense au mourvèdre, mais fins.
Tout ce que j'aime en 08 sur cette appellation : accessibilité, gourmandise, finesse et beaucoup de prédispositions pour la table... presque dès à présent.
Les Cailloux, Chateauneuf du Pape 2009 (assemblage similaire)
Le nez est d'emblée plus causant, plus gourmand et exhubérant : la maturité est évidente, les épices sont déjà présentes en plus des fruits noirs. La bouche est d'emblée plus preignante, avec cette sensation de glycerol plus présent, mais les arômes restent purs, et jamais entêtants. La finale est plus imposante que sur 08. Moins ma tasse de thé, de par sa puissance, mais il fera assurément une belle bouteille dans de nombreuses années... pour qui sera patient. Je suis toutefois impressioné par la finesse et la relative fraîcheur de ce vin dans ce millésime.
Les Cailloux, Chateauneuf du Pape 2006 (assemblage similaire)
Le nez de ce vin est frais, sur le fruit très pur (impression redondante sur les trois millésimes), présentant toutefois un profil plus évolué (girofle, cuir frais). La bouche est elle aussi bâtie sur cette fraîcheur, et une impression d'équilibre atteint nous fait dire que ce vin est prêt à boire. Encore une fois, la finale est assez "solide", la matière étant tout de même présente. Cette impression serait à mon sens certainement atténuée à table, avec un plat adapté.
Au final, le profil frais et fin de ces vins, nous amène sur une discussion autour du profil presque bourguignon des vins dégustés, de par leur fraîcheur et leur côté tout en longueur. M. Brunel nous avoue son amour pour les vins de cette région, peut-être peut-on imaginer une influence de ce goût dans sa production.
Un formidable moment.