Nous sommes réunis en ce dernier mercredi d'avril chez Benoît, en comité restreint, pour une dégustation consacrée aux blancs de Provence, tous millésimes confondus.

Before

En guise d'apéritif, Benoît nous propose un blanc.

Bernard Baudry - La Croix Boissée - Chinon Blanc 2008


Luc Javaux : Robe jaune paille d’intensité moyenne. Beau nez, élégant, minéral, mûr, touche réglissée, fruits blancs. La bouche montre une très belle fraîcheur conjuguée à une puissance qui est loin d’être négligeable, dans un ensemble très bien équilibré et de belle longueur, qui offre beaucoup de plaisir. Très bien
Olivier Mottard : Robe or assez soutenue, nez peu développé, petites notes minérales discrètes. Bouche dense, structure vive. Un vin longiligne à la trame assez tonique. Belle longueur. Je pense à un Chablis 2010. Las, je me vautre lamentablement.
[size=x-small]PS : c'est vrai que c'est assez lamentable, il faut bien l'avouer.
En ce qui me concerne, j'étais parti sur une Bégou de Maxime Magnon, c'est tout de suite beaucoup mieux...[/size]

Blancs de Provence

Une dizaine de bouteilles au programme, dégustées comme d'habitude à l'aveugle, dans un ordre totalement aléatoire.

1. Henry Milan - Le Grand Blanc - Vin de Table de France MMIV - 11,7/20


Luc Javaux : Robe or orangée intense. Nez très particulier, évoquant le rhum et la banane mûre, agrumes en arrière-plan, notes boisées. Ma foi, ce n’est pas désagréable… En bouche, c’est riche, ample, avec également une très belle acidité qui parvient à dompter la puissance importance de ce vin au caractère affirmé, qui termine tout de même un poil alcooleux. La longueur est belle, amertume assez nette. A réserver aux amateurs de sensations fortes. 14/20
Olivier Mottard :Robe très évoluée évoquant un vieux cognac. Nez prégnant sur des arômes de rhum et de banane flambée. Bouche ample sur des notes aromatiques semblables à celle perçues au nez. Le vin est puissant, marqué par l'alcool et contrebalancé par une acidité qui vient apporter de la fraîcheur. En revanche, il n'y a pas d'harmonie dans cette transition alcool/acidité. Longueur juste correcte. Bof, pas du tout ma tasse de thé. 11/20

2. Domaine Saint André de Figuière - Première de Figuière - Côtes de Provence 2014 - 12,9/20


Luc Javaux : Robe très pâle, de faible intensité. Au nez, on est sur une aromatique plutôt variétale, évoquant même celle d’un sauvignon, associant fruité blanc, citron et notes végétales de type buis. En bouche, c’est très frais, voire même un peu trop à mon goût, avec un corps un peu frêle, structuré sur sa base acide et pas grand-chose d’autre. Finale citrique, de longueur moyenne. 13/20
Olivier Mottard :Par rapport au vin précédent, la robe est ici très claire, limite translucide. Nez de fruits frais, de cassis, un peu herbacé. Bouche vive et dynamique, dans des notes de fruits frais, citronné. Un vin agréable, rafraîchissant que je boirai volontiers en été sur la terrasse. Belle longueur. 14/20

3. La Bastide Blanche - Bandol 2014 - 14,2/20


Luc Javaux : 3. Robe jaune paille d’intensité moyenne. Nez marqué par la pomme verte, fruits blancs, touche minérale, pas très expressif tout de même. En bouche, belle fraîcheur en attaque, avec un volume correct, c’est bien équilibré, de longueur moyenne. Un vin sans défaut, mais qui ne parvient pas à véritablement retenir mon attention. 14/20
Olivier Mottard :Robe jaune or clair. Nez de fleurs et de fruits blanc type pêche. Bouche très équilibré, de beau volume, avec des notes anisées et fruitées. Un vin plutôt corpulent, gourmand et bien constitué qui accompagnera bien un poisson grillé. Long final sur des notes citronnées. 14,5/20

4. Domaine de Trévallon - VDP des Bouches du Rhône 2005 - ED


Luc Javaux : Bon, là, ça commence à bien faire, il y a 6 mois, j'avais deux bouteilles en cave, la première, présentée à la dernière de l'année de mon club de dégustation était bouchonnée, celle-ci ne l'était pas moins. Quand on connait la difficulté à en obtenir une bouteille (une bouteille de blanc pour 6 bouteilles de rouge achetées), ça n'incite pas à recommencer... ED
Olivier Mottard : Le bouchon a fait son œuvre.ED

5. Domaine du Bagnol - Cassis 2012 - 14,8/20


Luc Javaux : Robe jaune paille d’intensité moyenne. Nez sur les agrumes, touche de fenouil, pas très complexe à ce stade. La bouche est ample et puissante, avec une fraîcheur qui parvient à relativement bien équilibrer l’ensemble, même si l’alcool se fait légèrement sentir en finale. La longueur est belle, sans plus. 14,5/20
Olivier Mottard : Robe jaune or clair. Nez un peu épicé avec un peu de fruit type citron. Bouche ample, bien équilibrée entre alcool et acidité. Vin ayant une certaine corpulence, de belle longueur. Joli vin. 15/20

6. Château Simone - Palette 2004 - 15,5/20


Luc Javaux : Robe or intense. Nez mêlant un fruité très mûr, avec une fine touche oxydative, encaustique, épicée (pain d’épices), miel. En bouche, c’est gras, ample, avec une fraîcheur qui parvient à bien équilibrer le tout jusqu’en finale, puissante et salivante à la fois. Très belle longueur. J’aime beaucoup. 16/20
Olivier Mottard : Robe or soutenue. Nez évolué et complexe sur le miel, l'amande, la cire, herbe type thym, sauge ... Bouche structurée qui s'étire magnifiquement dans des notes subtiles. Vin ample, riche bien contrebalancé par une acidité qui apporte de la fraîcheur. C'est long et complexe. 15,5/20

7. Château Henri Bonnaud - Quintessence - Palette 2009 - 16,3/20


Luc Javaux : Robe jaune paille d’intensité moyenne. Beau nez, flatteur, fruité mûr, léger boisé, fenouil, anisé, épicé. En bouche, superbe équilibre entre puissance, indéniable, et fraîcheur, salvatrice, c’est ample, plein, long et particulièrement plaisant. Superbe vin. 17,5/20
Olivier Mottard : Robe or clair. Nez de fenouil, de menthe, légère touche de vanille. Bouche ample, arômes de fruits exotiques type ananas mais le côté boisé est plus perceptible qu'au nez. Vin harmonieux, très équilibré, savoureux et gourmand qui n'oublie pas de rester frais. Très beau vin. 16/20

8. Château de Pibarnon - Bandol 2013 - 8,7/20


Luc Javaux : 8. Robe jaune pâle de faible intensité. Nez fortement réduit sur le soufre voire mercaptan pour certains, qui ne s’améliore que bien incomplètement à l’aération. En bouche, ce n’est pas beaucoup mieux, imbuvable pour quelques-uns d’entre nous, pas pour moi, mais sans aucun intérêt, c’est certain. 9/20
Olivier Mottard : Robe or clair. Nez évoquant l'œuf pourri qui ne s'estompe pas vraiment même après être brutalement secoué. Bouche très large en attaque, matraquée par le soufre, à l'équilibre précaire et de longueur très faible. Problème en tous cas ... 9/20

9. Domaine de la Laidière - Bandol 2009 - 14,9/20


Luc Javaux : Robe jaune paille vers or, d’intensité moyenne. Beau nez, bien mûr, fruits blancs, anisé, légèrement épicé. Beaucoup y trouvent du bois, ça ne me saute pas au nez. L’attaque en bouche est fraîche, il y a de la puissance et du volume, avec un beau retour de la fraîcheur en finale, de belle longueur. Ça me plait ! 16/20
Olivier Mottard :Robe or clair. Nez marqué par une touche d'élevage, la réglisse. Bouche ample, riche et bien équilibrée. L'élevage marque encore un peu trop le vin et il manque un peu de fraîcheur. Belle longueur néanmoins. 15,5/20

10. Château Simone - Palette 2005 - 15,7/20


Luc Javaux : Robe or aux reflets orangés, intense. Nez très mûr, tourbé, vanillé, petite touche oxydative, mais ça reste flatteur. La bouche est remarquablement équilibrée entre puissance et fraîcheur, rien ne dépasse, et la longueur est superbe. J’aime beaucoup. 17/20
Olivier Mottard : Robe très vieil or. Nez sur le miel, l'encaustique, le pain d'épice, la vanille, touche oxydative. Bouche ample et riche mais qui reste fraîche grâce à une belle acidité. Grande longueur pour un vin très équilibré, gourmand et savoureux. Très beau vin. 16/20

Voici le tableau des notes attribuées par les dégustateurs présents et le classement :



Au final, comme toujours de belles surprises (superbe Palette d'Henri Bonneau que je ne connaissais pas), des confirmations (Simone) et des déceptions, en partie liées à des échantillons défectueux (Trévallon, Pibarnon).
Mais le meilleur reste à venir, Benoît nous ayant concocté un after de très haut niveau. Voyez plutôt:

After

Bon, à partir de là, il faudra vous contenter de mes notes, Olivier m'ayant lâchement abandonné.

1. Domaine Jobard-Morey - Meursault 1er Cru Poruzot 2006


Belle robe or fin, de belle intensité. Premier nez exotique, bien mûr, puis viennent les notes minérales, assez intenses, puis un côté fruits secs, légèrement boisé. En bouche, c’est superbe, très frais et puissant à la fois, remarquablement équilibré et très long. Superbe ! Ça commence très fort... Excellent

2. Marc Colin et Fils - Chassagne-Montrachet 1er Cru Les Champs Gain 2008


Robe jaune paille d’intensité moyenne. Premier nez légèrement réduit sur la cour de ferme, qui s’améliore rapidement sur un fruité frais et de belles notes minérales. A ce stade, beaucoup partent sur Chablis. La grande fraîcheur en bouche ne nous fera pas changer d’avis, malheureusement… Le style est tendu, mais évite la maigreur, la longueur est remarquable, minérale, saline, salivante. Superbe, une fois encore ! Excellent

3. Etienne Sauzet - Batard-Montrachet Grand Cru 2003


Robe or de belle intensité. Beau nez bien mûr, légèrement miellé, discrètes notes d’élevage, finement tourbé. C’est flatteur. En bouche, c’est puissant et m’oriente vers le vignoble de l’Hermitage alors que d’autres se dirigent (bizarrement) vers la Loire. C’est donc puissant, mais l’acidité reste très bien conservée et équilibre parfaitement l’ensemble. Grande longueur. Une nouvelle fois, superbe… Excellent

Franchement, un sans faute sur les blancs, tous bourguignons finalement, avec 3 bouteilles d'un très haut niveau. Merci Benoît !
Voilà de quoi accompagner dignement le superbe plateau de fromages.

On passe aux rouges !

4. Yannick Amirault - La Petite Cave - Bourgueil 2005


Robe intense aux reflets violets. Nez marqué par un fruité intense, rouge, notes fumées, poivron grillé. Loire indubitablement. En bouche, acidité marquée, ça semble encore fort jeune, un peu strict, mais de belle longueur. Je pars sur 2010 ou 2012, et c’est 2005… Attendre. Très bien

5. Domaine Jamet - Côte-Rôtie 2006


Robe d’intensité moyenne aux reflets rubis. Superbe nez fruité noir mûr, lardé, sanguin, fumé, graphite. En bouche, ça glisse tout seul, tannins fondus, équilibre parfait, grande longueur, c’est remarquable. Tout le monde a retrouvé l’AOC. Excellent

6. Château de Fonsalette - Côtes-du-Rhône 2000


Robe d’intensité moyenne aux reflets brique. Nez sur les fruits rouges écrasés, notes fumées, rafle, petit côté mentholé, épices orientales. En bouche, très belle fraîcheur, puissance parfaitement maîtrisée, tannins présents mais de belle qualité, grande longueur. J’étais sur Fonsalette, je me suis simplement trompé de 7 ans dans le millésime… Excellent

7. Clos des Papes - Châteauneuf-du-Pape 2008


Robe d’intensité moyenne aux reflets rubis. Nez sur les fruits rouges à l’alcool avec une petite touche de verdeur. Bouche très fraîche avec tout de même suffisamment d’alcool pour nous diriger vers Châteauneuf-du-Pape, dans un millésime frais. Belle longueur. Très bien

8. Domaine Confuron-Cotetidot - Vosne-Romanée 1er Cru Les Suchots 2002


Robe de faible intensité aux reflets grenat. Nez d’une élégance folle, sur un très beau fruité rouge, floral, ronce, c’est fin et délicat. Attaque en bouche fraîche, encore un peu stricte, campée sur ses tannins, mais d’un équilibre d’école et d’une longueur remarquable. A table, ça doit être une tuerie. Excellent

[size=small]PS : A noter tout de même que notre bon vieil Alain, sage parmi les sages du CRD-LPV Belgique, a retrouvé à l'aveugle la région (c'est déjà pas mal), le cépage (ça coulait de source), l'appellation (tout de même, déjà, ça en jette), le millésime (et oui !) et le producteur (comme je vous le dit !). Bon, inutile de dire que le lendemain, il était encore fier comme un paon. Pour la queue en éventail, par contre, je dois avouer que je n'ai pas été vérifier...[/size]

Voilà qui met fin, et de fort belle belle manière, à la 104e réunion du CRD-LPV Belgique. La 105e sera consacrée aux vins de la maison Guigal, toutes AOC et tous millésimes confondus. Pour l'after, on ne sait pas encore, mais la barre est placée de plus en plus haut...

Luc Javaux et Olivier Mottard

Et bien voilà!
Les Palette au-dessus du lot.
Sûrement un problème avec le Pibarnon; c'est pas les vins blancs dont je raffole mais l'an dernier, il était assez agréable.
Mais qu'est-ce que cela doit faire du bien de passer à Jamet, Confuron ou Fonsalette.

jlj

Et Simone ne s en tire pas si mal ...
Magnifique CR comme d hab

Superbe dégustation avec comme toujours de très beaux commentaires(tu)
Au final, Simone ne s'en sort pas si mal que ça:D Je ne connais pas non plus le Château Henri Bonnaud mais je vais essayer de dégoter l'une ou l'autre bouteille;)
Dommage pour Trévallon et bizarre pour Henri Milan car je garde de bons souvenirs sur ce grand blanc ?
Et quel After, pour avoir déjà ouvert la plupart de ces quilles sur les mêmes millésimes c'est de la sélection de très haut vol(tu)

Salutations vineuses,

Christophe

Dommage pour Trévallon et bizarre pour Henri Milan car je garde de bons souvenirs sur ce grand blanc ?

Je constate (et regrette) pour ma part une forte hétérogénéité de qualité sur les productions du domaine, en blanc comme en rouge.
Le Grand Blanc, un coup c'est vraiment très, très bon, un coup c'est too much, dissocié, écoeurant (pour le même millésime).
J'avais très bien goûté le 2013 au domaine cet été, et les bouteilles ouvertes dans la foulée furent inégales. Idem avec le Clos Milan rouge.
Souvenir aussi d'une guntharade avec deux Grand Blanc 2007, que nous avions goûtés de façon très différente selon notre position autour de la table...

Pas trop surpris non plus de la jeunesse de l'Amirault 2005, c'est quand même un vin bien dense
C'est rigolo de se dire que ce vigneron préfère ses vins très jeunes !

Florian

Content de lire que la CR 2006 de Jamet se goûte toujours aussi bien...quelle quille !
Superbe degust

Merci pour ce magnifique CR.
@Luc, Olivier,
Vous aviez dégusté récemment le 2001 Suchots de chez Confuron-Cotetidot il me semble. Vous préférez le 2001 ou le 2002 ? 2002 encore à attendre selon vous ?
Bonne soirée
Max

Difficile à dire, les deux sont excellents et dans un style similaire. Il faudrait comparer. Alain et Benoît, si vous m'entendez... -

Luc

je veux bien me joindre à la comparaison

Le blanc en Provence est une couleur difficile; les palette sont effectivement au sommet avec les domaines Simone et bonnaud.
Quelques bouteilles très intéressantes chez Tempier, Terrebrune, dupérré barrera,...
Trévallon le rapport qualité -prix m' a souvent déstabilisé.

Cordialement.

Gilles

... Vous préférez le 2001 ou le 2002 ? 2002 encore à attendre selon vous ? ...

Max,

Les vins sont bâtis pour la garde.
Après la dégustation de ce 2002, je dirais qu'il commence à s'amadouer et qu'on peut commencer à l'ouvrir mais sans urgence.
Comme le dit Luc, deux très beaux vins, excellents dans ce style particulier, mélange d'élégance et d'une certaine rigueur.

... Il faudrait comparer. Alain et Benoît, si vous m'entendez... -

Pourquoi pas ?
En ce qui me concerne, mais il faudra je fouille les archives, je dois encore avoir sur 2001 un Gevrey-Chambertin Lavaux Saint-Jacques et un Echezeaux.

Olivier

je dois encore avoir sur 2001 un Gevrey-Chambertin Lavaux Saint-Jacques et un Echezeaux.

Il faudrait faire une dégustation comparative (une espèce de diagnostic différentiel avec un toubib du coin) un lundi chez Dispa... -
Je me rappelle d'une définition qui devait ressembler à "étude critique, comparative, détaillée"; cela devrait pouvoir le faire...

jlj

Merci Olivier

flo écrit: Dommage pour Trévallon et bizarre pour Henri Milan car je garde de bons souvenirs sur ce grand blanc ? Je constate (et regrette) pour ma part une forte hétérogénéité de qualité sur les productions du domaine, en blanc comme en rouge.

Bu cette semaine un grand blanc 2007 encore très bon mais assez particulier (ce coté plante/légume) mais ce n'est pas grand non plus. Il y avait aussi un clos 2005 que je n'ai pas eu le temps de gouter (ce qui est assez bon signe) mais on m'a rapporter un coté animal un peu marqué.