La Provence est diverse (je radote) et il serait réducteur de chercher une définition à la Provence. De Bellet à Cassis, de Bandol aux Hautes Alpes il n'y a pas plus à chercher de définition il me semble que dans le Rhône ou en Loire.
Est-ce que les vins de Loire se définissent au point qu'un chenin rentrerait dans une définition dans laquelle pourrait aussi entrer un Muscadet ou un Sauvignon (je ne parle là que de cépage et ne m'essaye même pas à illustrer leur différences au travers de terroirs ou de méthodes viticulturale)?
Il y aurait-il une raison à ce qu'un Mollard de Theus ressemble à un Carignan de Jouques ou une Folle noire de Bellet ?
S'il est une constance en Provence c'est celle d'être passé maitre dans l'art de l'assemblage. Je crois savoir qu'elle est historique, les grecs puis les romains auraient expérimentés en Provence et particulièrement la vallée de l'Huveaune (ce qui amusera plus d'un marseillais au vue des peu de traces laissées par ces expérimentations) les différents cépages découvertes au grès de leurs colonisations. Avant qu'ils ne se rependent dans le reste du territoire Français.
A celle-là s'ajoute depuis quelques décennies, la généralisation, même dans les terres où les blancs étaient il y a peu rois, de la production de rosé. Ce n'est pas au gout des amateurs et je peux le comprendre, mais c'est cependant une des raisons de la relative bonne santé économique de ce vignoble. Par les temps qui courent, on ne va pas s'en plaindre.
Mais pour en revenir à un "définition" ou à un défaut de définition, il me semble qu'il existe des terroirs en Provence et dans chacun d'eux, on retrouve un style, une "définition" autant que des singularités et des différences. N'est-ce pas d'ailleurs un peu aussi la quête de ces dernières (les singularités, les hors normes) que tout amateurs que nous prétendons être inscrivons dans notre démarche ?
Certes certaines appellations sont immenses (Ct d'Aix, Ct de Provence, Ct Varois) et il est préférable de prendre un peu de temps pour comprendre qu'un coteau d'Aix peut venir de la Trevaresse, de Jouques ou des bord de l’étang de Berre. Et que dire d'un cote de Provence. La Provence n'est pas la Bourgogne, c'est indiscutable.
Mais au sein de ces aires gigantesque, se démarque des terroirs aux qualités indentifiables et croissantes (nord de la Sainte Victoire pour les coteaux d'Aix, Roquefort la Bédoule, vallée d'Argens, Cassis, les Baux, etc., etc.).
Certains vont encore plus loin dans la définition, à l'instar de Bandol, et cela se retrouve dans les statistique de lectures des post de LPV, dans les Baux de Provence, même si avec une certaine antériorité, la mode de vins de Pays et de la sortie de l'AOC fait école, il s'y produit des vins qui pour un bon nombre ont une réelle identité. Jusqu'à devenir une des rares appellations en passe de devenir 100% Bio.
Juste un mot pour finir sur la présence de Cabarnet ici caricaturé. Là aussi je ne pense pas que l’histoire permet une remise en perspective des choses. Je ne nierais pas l’existence d’un cabernet planté pour tirer parti de la notoriété de ce cépage au vue du succès qu’il rencontre dans le monde, et partant sans nul doute de Bordeaux. Mais ce cépage est historique dans la région. Il a, comme beaucoup d’autre, sans doute commencé sa route par la Provence et s’y est acclimaté et y a demeuré.
Mais avant cela, sa généralisation n’est pas comparable à ce que l’on a pu constater dans le reste du globe où l’on singeait la réussite Bordelaise en plantant son cépage phare. L’histoire récente du cabernet en Provence (Eloi Durrbach l’artisan de Trevallon ne s’en cache pas d’ailleurs) remonte aux années soixante/soixante-dix, où Brunet, arrivant du château la Lagune retrouve ce cépage à Vignelaure où il vient de s’installer et l’exploite, car il est celui qu’il maitrise le mieux.
Ce qui en résulte n’a pas, à mon sens, de point commun avec la production bordelaise. Et le fruit qui profite ici d’un ensoleillement et d’un environnement bien différent, donne un vin qui n’a pas à ma connaissance d’équivalent à Bordeaux.
Je ne doute pas que tu apprécies les vins Provençaux. Mais par des caricatures comme ton post initial tu stigmatises une production diverse, où du bon et du moins bon comme partout cohabitent, mais où s’évertuent à faire changer les choses des vignerons et des négociants qui y parviennent.
Alexis