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Après quelques errements, nous remontons le coteau, passons au lieu-dit Epiré et, au détour d'un virage, apercevons enfin le panneau Chamboureau.
Quelques mètres encore et nous franchissons le portail de la demeure familiale, mûrs chaulés, tourelle couverte d'ardoises, dont on devine, au premier coup d'Å“il, la lourdeur de la charge…
Pierre Soulez, prévenu, nous accueille dans la cour. L'averse nous incite à nous mettre à l'abri dans un espace prévu pour la dégustation, près du chai. Ici, pas le moindre luxe. Terre battue et toiles d'araignée…
Nos premiers échanges traitent de l'actualité. Notre hôte, ayant vu l'immatriculation de notre voiture (85) nous interpelle :
- Alors, vous vous préparez à accueillir le pétrole ?…
Quelques mots à propos des bateaux-poubelles, puis nous revenons rapidement à nos moutons !
Pierre Soulez aime le chenin et plus encore, les Savennières !…
En évoquant les vignerons de la région qui se penchent (enfin !…) sur ce vignoble et ce terroir passionnants, il nous dit souffrir du fait que moins d'une vingtaine de producteurs ont du Savennières à leur tarif !…
Pensez-donc ! Plus de 300 hectares d'AOC… moins de la moitié en production !
Et de ce fait, une certaine rareté, un vin qui porte depuis longtemps la pancarte de « vin d'initié » et une certaine réticence des amateurs à se lancer à l'abordage !…
Disons-le tout bonnement ! C'est vraiment dommage !…
Pour ma part, j'oserai presque une comparaison avec la petite arvine valaisanne. De plus, les deux sont proposées en sec et en moelleux. Quel beau match cela ferait !…
Le chenin lui (quelle est son origine d'ailleurs ?… D'où vient-il ?… Mystère…), doit son nom au Mont Chenin en Touraine. Connu dans la région dès le IXè siècle, Rabelais l'admire et l'appelle « vin de taffetas ». Il ne quitte son berceau « historique » qu'à la fin du XXè siècle. (Source Collection Hachette).
La dégustation confirme petit à petit des impressions anciennes, des souvenirs…
- Savennières – Château de Chamboureau – Cuvée d'Avant 2000 :
Jolie expression minérale. Bouche agréable, petite pointe amère en fin. Du classique, mais du bon !
- Savennières-Roche aux Moines – Château de Chamboureau - Cuvée d'Avant 1999 :
Plus de volume, de « race » que le précédent. Une expression plus nuancée.
- Savennières moelleux (demi-sec !) – Clos du Papillon – 2000 :
Ce type de savennières est produit chaque année (sauf exception). C'est sans doute le seul cas dans la région. Très séducteur. Le sucre (40 gr) n'est pas envahissant. L'équilibre proposé ne demande qu'à donner sa pleine mesure.
- Savennières-Roche aux Moines doux – Chevalier Buhard 2000 :
Superbe ! Une puissance nuancée et relative (82 gr de sucre). Là aussi, l'équilibre recherché est séducteur. Beaucoup de finesse, d'élégance. Quasiment irrésistible ! Comment le garder assez longtemps ?…
Pour information, la Cuvée d'Avant, c'est, selon le domaine, « un retour aux traditions. Fermentation en fûts avec élevage sur lie bâtonnée et mise en bouteille en septembre, ou plus. »
Un domaine à suivre ! Si vous apercevez l'étiquette originale de Chamboureau, posée en diagonale sur les bouteilles, n'hésitez pas ! Et si vous pouviez en garder un peu… quelques années…
Et pendant ce temps là , la pluie, toujours la pluie…
Après nous être restaurés (raisonnablement) au restaurant Le Clézio (comme JMG, mais aucun rapport…), à St Aubin de Luigné (patrie de M. Renou, le boss de l'Inahaut, si je ne m'abuse…), nous retournons vers Rochefort sur Loire et le Logis de la Giraudière, pour une halte au Domaine des Baumard. Là aussi, une belle dégustation nous attend :
- Savennières – Domaine des Baumard (ou Clos de St Yves, c'est la même chose !…) 1998 :
Fraîcheur et intensité nerveuse.
- Savennières – Domaine des Baumard 1997 :
Un nez un peu surprenant… Mais, plus de minéralité que le précédent. Beau potentiel sûrement.
- Savennières – Clos du Papillon 1999 :
Tendance florale au nez. Il faudra être patient pour découvrir une plus belle homogénéité.
- Savennières – Trie Spéciale 2000 :
Encore un plus d'intensité et de minéralité ! Le vin est encore neuf. Belle persistance.
- Coteaux du Layon – Clos Ste Catherine 2001 :
Très beau vin ! Intense, minéral, nerveux. Très belle expression d'un terroir hors normes.
- Coteaux du Layon – Le Paon 2001 :
Une sélection issue de plusieurs sites ou terroirs. Une expression très différente, pêche de vigne d'abord, puis nettement mangue ! C'est séducteur en diable ! Mais, moins chenin peut-être. Du fruit technique ?…
- Quarts-de-Chaume 2000 :
Du volume, du gras, plutôt nerveux. Un certain style sans grande ampleur. Aux antipodes (si c'est possible pour une si petite AOC !) des vins de Francis Poirel !… Néanmoins, il est déjà agréable et bien fait…
La journée avance, nous nous rendons (direction St Lambert du Lattay) au Château Pierre-Bise de Claude Papin. Malheureusement, nous trouvons porte close…
Nous décidons de remettre la suite du périple à un autre jour. Il reste quelques beaux domaines à visiter : Closel, Epiré, Soucherie, Morgat et peut-être Ogereau, etc… Avis aux amateurs !…
Sur la route du retour, nous passerons à Ancenis, où se trouve la Cave Bournigaud.
La caverne d'Ali Baba en plus… en moins…
En fait, une vraie mine que les Nantais connaissent bien. De la rue, vous ne voyez que les fruits et légumes. Mais, ensuite, dans un coin, quelques trésors du Val de Loire, puis le caveau… Quel caveau ! Tous les Premiers Grands Crus Classés sont là ! Non loin, des Romanées, Montrachet et autres… Etonnant !…
Si vous passez par là , aux beaux jours et s'il vous faut un kilo de pêches ou autres… N'hésitez pas !