Bonjour,
Pour vous remercier de vos conseils et avis, je me dois de vous livrer le compte-rendu de ma soirée dégustation.
Mes invités (nous étions 6 à table) ont été enchantés de cette dégustation qui constituait une première pour eux (tout comme moi pour Yquem) et ont été très attentifs, ont commenté et posé beaucoup de questions. Un grand moment dont tous se souviendront longtemps.
Concernant le risque de saturer les papilles avec un repas uniquement liquoreux, j'ai été agréablement surpris car cela n'a pas été le cas du tout, grâce sans doute à la qualité des vins et au parfait accord, sur la finesse, avec les plats du repas.
Nous avons commencé par le
Clos Haut-Peyraguey 1996 en apéritif: jaune paille, bouchon non imbibé; arômes présents de coings, fruits jaunes un peu confits, safran très net pour certains; attaque équilibrée, la liqueur arrive en fin de bouche; bonne longueur.
Pour le repas, après que j'ai gouté les vins avant l'arrivée des convives, j'ai choisi de commencer par Haut Peyraguey pour bénéficier du point de comparaison avant de découvrir Yquem.
Château d'Yquem 1989 servi avec foie gras frais aux épices présenté avec un chutney poires-raisins aux épices et fève tonka: jaune légèrement plus soutenu que Haut-Peyraguey, bouchon imbibé sur 1/4 de la hauteur, niveau normal; aromes discrets au nez qui le restent tout au long de la soirée avec une complexité et une largeur aromatique plus importantes que Haut-Peyraguey. Attaque sur la douceur avec une liqueur assez présente ensuite; un manque de tension/acidité me surprend mais une impression de fraicheur en attaque m'apparait ensuite. Palette aromatique large sans que je ne sache citer des aromes précis, une belle longueur en final.
A
Puis est venu le tour du
domaine Cauhapé, Quintessence du petit Manseng 1990 servi avec le ris de veau poêlé accompagné d' une compote de pommes macérées au cidre fermier, mélangée avec des échalotes revenues à la poêle et quelques cerneaux de noix ajoutés ensuite: jaune encore un peu plus soutenu qu'Yquem, tirant sur l'ambre, bouchon imbibé au 1/3 de la hauteur, niveau normal; un arome très présent au nez et très original pour moi, de type praliné, caramel; attaque tendue avec la liqueur bien intégrée en arrière plan, une palette aromatique large sur les fruits confits; assez long et beaucoup de classe. (remarque pour Jérôme: pas du tout oxydé et parfaitement conservé (ouf!))
Ensuite le plateau de fromage avec stilton, roquefort, époisses, comté et brebis des Pyrénées. L'accord avec les 2 premiers a été parfait comme attendu et j'ai donc découvert l'association avec l'époisses qui est effectivement originale et convaincante. Chacun des 3 vins était parfaitement adapté sans que l'un soit nettement mieux adapté qu'un autre.
Enfin le dessert, mangues rôties et quartiers de pamplemousse au miel d'acacia. Jai suivi la recommandation de François et cela nous a permis de finir en apothéose. L'association avec les 3 vins était merveilleuse et particulièrement sublime avec Yquem. La douceur de la mangue, relevée par l'acidité et la finesse de goût du pamplemousse s'accordaient merveilleusement bien sur la plan aromatique et sensation en bouche avec Yquem.
Le service des vins a été fait sur le mode dégustation, chaque invité ayant 2 verres devant lui pour Haut-Peyraguey d'abord puis Yquem, le premier étant remplacé, avant le ris de veau, par Cauhapé puis alternance entre les 2; aucun n'a été écrasé par un autre; ils étaient différents avec des caractères propres. Les 2 Sauternes étaient comparables, le Jurançon était un peu différent sur le plan des aromes et de l'équilibre acidité-liqueur. Comme vous le constatez Yquem n'a pas été considéré par mes invités et par moi-même comme très supérieur. Personnellement j'y ai trouvé une complexité aromatique un peu plus grande mais j'ai été dérouté par un équilibre acidité-liqueur un peu en-dedans à mon goût. En revanche, tout le monde était sous le charme de cette dégustation comparative très enrichissante, avec une cuisine parfaitement mise en valeur par les vins (ou l'inverse) . Chacun est sorti de table sans être saturé par le sucre des vins et l'ensemble du repas s'est avéré très digeste (il restait un peu de vin dans chaque bouteille).Merci à la cuisinière que j'avais mise '"sous pression" et qui s'en est sortie avec brio.
Encore une fois merci à tous pour vos conseils.
Gibus