Une dégustation d’une partie représentative de la gamme de Coume del Mas en compagnie de Philippe Gard, c’est un grand moment, presque un privilège ! Et pour moi une découverte bien réelle de ses vins que je ne connaissais que (j’ai honte
) par différents écrits, dont ceux de LPV.
Commençons par l’homme. Le personnage respire la franchise, la passion, le savoir, la modestie …
Et ses vins ? Vrais et sincères, ils transcendent ce magnifique terroir de schistes et leurs spécificités témoignent de ce que leur géniteur a voulu leur donner.
Les autres dégustateurs avec qui j’ai pu échanger après ces 2h30 m’ont tous dit : on se sent bien ! Et pourtant nous avons dégusté 9 vins, en recrachant, certes, mais pas beaucoup …
Collioure blanc C’est pas du pipeau 2013
Assemblage improbable de roussanne et de vermentino, rendement de 20hl/ha !
La robe paille est très brillante.
Le nez développe une très belle aromatique faite de fruits confits, de pêche, d’abricot, avec quelques touches miellées et vanillées.
En bouche le vin paraît gras et donne une impression de douceur. Le beau volume est enveloppant, sur des arômes plus exotiques. La finale est en revanche assez courte et le vin manque d’un peu de peps mais il titre 14 ° et je crains qu’il n’ait été servi à une température assez proche de son degré d’alcool … Bon, je dois un peu exagérer
.
Un vin très agréable (
Bien + en l’état) mais qui devrait gagner avec un service plus frais et quelques mois de plus (vient d’être mis en bouteille).
Collioure blanc Folio 2013
100 % grenache gris au rendement de 18 hl/ha !
La robe est semblable à celle du blanc précédent, avec quelques reflets rosés ou grisés supplémentaires.
Le nez timide laisse deviner une aromatique marquée, axée sur la poire, avec des notes d’anis étoilé.
La bouche est dense et grasse, mais le fruité et la minéralité ne s’expriment pas encore, même si le beau potentiel ne fait aucun doute. La finale salivante et portée par l’acidité est de bonne facture.
Un vin qui a plus de caractère, même s’il est encore très fermé.
Bien + actuellement mais grande confiance pour beaucoup mieux dans 3 à 5 ans.
Collioure rosé Terrimbo 2013
100 % grenache noir.
La robe étonne par sa couleur rose bonbon assez foncée, même si pas très dense.
Le nez puissant de petits fruits rouges est charmeur. Un côté fumé bien présent au premier nez s’estompe à l’aération au profit d’arômes briochés, l’ensemble apportant une certaine complexité.
La bouche est large, d’une densité étonnante, toujours sur les fruits rouges, avec une belle finale saline.
C’est un vrai vin … qui plus est de gastronomie. A associer à des anchois … de Collioure bien sûr
!
Bien ++
Collioure rouge Schistes 2013
100 % grenache noir mais de variétés très diverses, Vieilles Vignes de bord de mer, 20 hl/ha, élevage en cuves.
La robe est très sombre, jeune mais seulement légèrement violacée.
Le fruité est explosif et impactant, sans qu’il soit dénué de finesse, sur des fruits noirs compotés et cuits, avec de la réglisse et quelques épices douces.
La bouche est à l’avenant, sur un fruité généreux, tellement qu’il donne une impression de sucrosité. Le toucher est d’un grain très fin et la finale d’une très belle longueur à la fraîcheur bienvenue apportée par une minéralité naissante.
Un vin gourmand … mais beaucoup plus que gourmand
.
Très Bien.
Collioure rouge Quadratur 2012
Assemblage de 50 % de grenache noir, 30 % de mourvèdre et 20 % de carignan. Elevage pendant un an par tiers de fûts neufs, de un et deux vins.
La robe grenat est très sombre.
Le nez très expressif est marqué par les fruits noirs, surtout la mûre, mais la complexité vient du cuir noble et des touches épicées et vanillées.
La bouche corsée et pleine de sève vacille entre fruité généreux et rigueur aristocratique, sans doute conférée par une belle minéralité et des tanins classieux. La persistance est impressionnante et sapide.
Un futur grand vin, mais
Très Bien + d’ores et déjà.
Banyuls blanc 2012
100 % grenache gris.
La robe est d’un or clair légèrement rosé.
Le nez pas très disert offre des arômes frais de fruits blancs, sur la poire et la pomme.
L’équilibre en bouche est bien vu entre sucres (80 g/l), alcool, beau fruit et acidité rafraichissante. Il ne lui manque qu'un peu de concentration, mais cela devrait lui permettre de se marier plus facilement.
Bien
Banyuls Galateo Rimage 2012
Grenache noir muté sur grains.
La robe est sombre, sans indice de grande jeunesse.
Le nez intense est bien défini, sur les fruits noirs tels que la mûre et la myrtille.
La bouche est également d’un très bel équilibre entre les quatre caractéristiques (90 g/l de SR), avec en plus une certaine droiture (sensation tannique et d’amertume noble) et une persistance très notable.
Un bon Banyuls à associer à une ganache ou des desserts aux fruits rouges.
Bien ++
Banyuls Quintessence 2011
Les différences avec le Galateo sont les Vieilles Vignes (80 ans), une forte extraction (5 semaines de macération à 30 °), et un élevage de 12 à 14 mois en barriques neuves. Philippe Gard le définit comme un « Rimage mise tardive ».
La robe est sombre et dénote un tout début d’évolution.
Le nez, très intense et concentré, dévoile une magnifique finesse : tour à tour on part sur les fruits compotés ou les épices, puis sur le café et le grillé. Difficile de s’en détacher !
La bouche est très dense, elle donne une impression de sève, presque de mâche, et pourtant le toucher est velouté. Le fruité est très pur, plus présent qu’au nez, le sucre très bien intégré, la finale looooooongue et d’une très grande élégance.
Un grand Banyuls, à boire ou à attendre longtemps d’après Philippe Gard.
Très Bien ++ / Excellent
Banyuls Hors d’âge 2002
De type oxydatif, mis en bouteilles en 2014.
C’est le premier millésime réalisé sur cette cuvée, et il est servi pour une des toutes premières fois en dégustation. Nous sommes des petits veinards …
J’adore la robe, claire, sur un très bel acajou, voire ambre.
J’adore le nez, puissant et complexe à la fois : fruits confits (notamment oranges confites), notes chocolatées, raisins secs, havane, épices orientales, thé … Il ne cesse d’évoluer, c’est véritablement envoutant !
J’adore la bouche, immense, d’une chair magnifique, portée par une acidité magistrale qui fait oublier l’alcool (19°) et le sucre. La finale est persistante et toute en finesse …
Un Banyuls d’anthologie, sans doute le plus beau VDN bu à ce jour pour moi.
Excellent / Excellent +
Un seul mot pour conclure : MERCI.
Allez, un deuxième : OUAAAAAH !
Amitiés oenophiles,
Jean-Loup