Catherine et les garçons "scotchés" aux étiquettes, mais pas que... [size=x-small]on dirait bien que si, questions CR, pourtant[/size]
dégustation Languedoc 27 Mai :
Ah bas dis donc, y se pressent pas au portillon, les garçons. Tous ces vins ont été regoutés dans la semaine qui a suivi la dégustation.
1 Mas Jullien blanc 2010. Pays d'Hérault.
verrine de crabe/avocat/pamplemousse.
Le nez équilibré, finement tendu, développe un paysage complexe et délicat. Pus que l'analyse et la reconnaissance de tel fruit, telle fleur, telle herbe aromatique, telle épice - tous réunis ici sur fond de trame minérale - c'est la structure et l'harmonie qui s'en dégagent, qui me touchent, leur juste définition et parfait ordonnancement : ce nez a du corps, ce corps est une émotion, les deux s'épousent idéalement.
Rien n'empêche alors de décrire le beau jus aux saveurs de fruits jaunes (pêche) et de fleurs blanches, qui coule en bouche, son toucher fin, sa texture dont rien ne déborde de la profondeur inscrite à même son grain ; un profil droit, un peu austère, vertical, évoquions nous l'autre soir : j'adore ce coté précis, structuré, cristallin, posé sur ses propres ailes...
2 Domaine Le Conte des Floris. Lune blanche 2010. Coteaux du Languedoc.
spaghettis fraîches à l'encre de seiche, cuites dans un bouillon de crustacés. Avec de la poutargue râpée sur les pâtes.
Le nez se dessine autour d'une fine trame oxydative qui colore subtilement, délicatement, des arômes pleins, d'agrumes étonnamment épicés (poivre, pointe de gingembre), rejoints par des parfums d'abricot et de melon bien mûr ; beaucoup de charme se dégage de cette alliance de générosité et de subtilité où le fil oxydatif revêt presque un caractère salin ; le point d'orgue est atteint quand l'aération ouvre tant et plus un éventail d'herbes aromatiques et d'aiguilles de pin, d'une subtilité touchante, qui se mêle à merveille avec les pâtes à l'encre de seiche, parsemées de poutargue râpée.
La bouche exprime la même maitrise : un lit de fruits pleins et d'épices délicates au caractère salin ; un jus dynamique à la tranquillité souveraine - la tension veille au grain - où les grains de poivre imbibant les amers, ouvrent un chemin royal à la persistance concentrée et ouverte.
3 Domaine St Sylvestre 2011. Languedoc.
cabillaud confit, légumes primavera et une sauce acidulée aux fines herbes.
Le nez harmonieux, à la structure équilibrée, exprime des parfums délicats, presque tendres (pêche, prune, fleurs jaunes). Tous réunis, on dirait une corbeille de nectarines dont le parfum de fruit bien mûr, se mêle à celui de la pierre chauffée au soleil, où elle serait posée.
La bouche pleine, généreusement fruitée, toute en rondeurs et reliefs gourmands, développe un beau corps d'amers ; sa fine tension et une touche discrète de sucre résiduel faisant écho au coté tendre du nez, brident et adoucissent le coté un peu chaud de la persistance joliment fruitée.
4 Domaine de Montcalmés blanc 2011. Coteaux du Languedoc.
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Comparer ces deux vins à l'aveugle, n'est pas anodin : même millésime, quasi même encépagement (marsanne roussane, avec un poil de viogner pour le précédent), même terroir et surtout ex associé de Montcalmés, pour Vincent Guisard passé au Domaine Saint Sylvestre.
Goutés en parallèle sur l'excellent cabillaud de Philippe (Barret, Modat étant parti dans ses vignes), il y'a vraiment une sacrée identité entre les deux vins ; mais nous étions tous à reconnaitre sur ce dernier, un fil un peu plus tendu (un peu de citrus en plus), un peu plus fin et défini, un spectre plus complexe (petites épices), tout cela donne l'impression de monter d'un petit cran dans l'harmonie (une structure plus en dentelle) ; une discrète touche de boisé dédié au service du fruit y contribue.
On retrouve en bouche ces petits plus qui font une légère différence (le premier reste très bon) : le grain vraiment fin, l'équilibre, la fraicheur, le jeu de saveurs délicates, un peu miellées, le boisé si intégré qu'il parait presque absent, du moins sur cette bouteille ; tout le monde s'accordait à dire, que l'on était en présence d'un grand blanc du Languedoc, même si notre ami Philippe, avoue une nette préférence pour les blancs du Roussillon, plus aboutis à son goût.
5 Clos du Gravillas "L'Inattendu" 2010. Minervois.
nem au chèvre et thym
Le nez singulier, peu commun, complexe, assez fascinant, se décline sur un registre oxydatif superbement maitrisé, tout en finesse et subtilité ; une ode à la pomme (plus canada que golden) dont le cœur serait fourré à l'amande, liés par un miel si délicat qu'il n'existe pas sur terre ; une empreinte sèche d'une douceur infinie, qui demande plus à être lue, qu'à être sentie.[size=x-small]l'impression que l'on ressent intègre des éléments perceptifs, mais est avant tout une opération de l'esprit : une lecture existentielle[/size](
)
La bouche renouvèle cette impression de douceur sèche ; le corps au grain conforté d'amers fins, animé d'un perlant subtil, semble dessiner une architecture - en haut, tendue et élancée ; en bas, si posée qu'elle semble décoller de ses bases - qui fait roucouler d'aise, les feuilletés au chèvre et au romarin de Benjamin.
6 Domaine de Pailhes 2010 Vin de table (région de Béziers)
oeuf croustillant, côtes de veau basse température, crème mousseuse de champignons, rattes et champignons de Paris frais.
Au nez, du beau fruit "en veux-tu, en voilà", franc, tendu, sympathique, complété par un peu de réglisse, de bois brulé, quelques herbes du maquis.
La bouche s'exprime sur le même registre : vin de soif, à boire à grandes rasades, avec ses amis, sur un registre simple, loyal et naturel, qui ne verse pas dans le coté infernal. Mais Benjamin (BNM) qui élabore ce vin avec ses deux cousins, à raison de 1000 bouteilles par an
réservées aux LPViens, en parlera d'une façon plus précise. En le regoutant, sa franchise de fruit a un coté Magnon, qui dans la galaxie des vins
naturels sans intrants, n'est pas la plus mauvaise référence...
7 Clos Lalfert 2013. Vin de France.
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Catherinnne, y voient du bouchon partout !!
L'échange a cessé quand Philippe a trouvé le mot qui a mis tous le monde d'accord : moisi, ce vin avait un léger gout de moisi et ne se goutait pas au mieux de sa forme...TCA pervers, défaut de vinif, d'hygiène, réduction ? Je ne suis pas certain que l'impression de moisi aille dans le sens de la réduction, mais c'est la seule hypothèse que je garderais car 6 jours après ouverture (équivalent d'une quasi demi bouteille, transvasée dans une 37,5cl, protégée sous vacuum, dans un frigo à 6°), le moisi s'était totalement envolé, remplacé au nez, par une belle histoire de fraise et de cerise, complétées de petites épices et de touches empyreumatiques (café, noisette grillée), sur un équilibre acide, une fine tension au caractère bourguignon, comme me l'avait décrit André (diminat), ce qui m'avait convaincu de le servir, juste avant la GDP.
La bouche conserve ce coté fin, avec une chair épicée (poivre) et tendue, pleine de fraicheur, qui dépose dans son sillage, sur la persistance, un lot de saveurs délicates (framboise xxx) avec une fine mâche qui leur donne du relief. Je ne sais vraiment pas ce qui s'est passé l'autre soir, avis confirmé par Dominique qui fuit comme la peste les faux gouts et nez qui renardent...Au final, André, il y'a vraiment un cousinage entre ce vin et la GDP dans la recherche de fraicheur, l'équilibre acide, la finesse.
8 Domaine de la Grange des pères 2008. Vin de pays de l'hérault.
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Certains nez donnent une impression de chair, tout comme sur ce vin, la matière aromatique parait dense, profonde, pulpeuse, comme éclairée par la tension et la fraicheur qui l'animent ; le paysage apparait ouvert, large, généreux, aérien, dynamique, vibrant.
La bouche précise cette flamboyance : la fine tension agit comme un chef d'orchestre ; la chair gourmande, gorgée d'épices douces, s'élargit, ondule en mille nuances - avec une atmosphère un peu plus confite que sur la bouteille ouverte en Novembre, largement moins carafée - que les tannins et les amers fins déclinent avec une qualité de toucher, une subtilité de saveurs, vraiment confondante ; avec juste un soupçon de sécheresse entre langue et palais, que la persistance émouvante à souhait, ravale gaiement.
9 Peyre Rose Syrah Leone 2005. Coteaux du Languedoc.
agneau à la gargoulette
Du nez caressant, velouté, à la fois concentré et très pur, un beau fruit un peu confit se dégage ; si riche et complexe, qu'il en paraitrait presque épais, si une fine tension ne venait l'aérer, le dévoiler par couche de plus en plus fine, de plus en plus précise et délicate ; comme s'il fallait rejoindre l'intime, au delà de son cœur de fruit, d'épices et de fleurs. Impression alors, que chaque effluve remontant de ce fonds, est une graine de temps déposé...
La chair épicée, dense, aux tannins fins, dessine un bien joli grain, comme parcourue d'une pulsation qui rend la bouche dynamique, animée d'une tension faisant vibrer les amers à l'allonge tonique. L'harmonie nait vraiment de l'alliance de la puissance, de la densité et de la délicatesse qui rend ces dernières, légères, subtiles, féminines (persistance fabuleuse, comme un nuage d'orange sanguine traversant le fruit épicé). Les vins de Marlène, qui bus trop jeunes ou insuffisamment aérés ou carafés, peuvent paraitre sauvages, costauds, voire revêches, ne demandent qu'à s'attendrir...
10 Prieuré de St Jean de Bebian 2000. Coteaux du Languedoc.
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Le nez parfumé, aussi fleuri que fruité, sent bon la garrigue, tant il est imbibé d'épices et d'herbes aromatiques ; mais ce qui le rend si harmonieux, c'est son équilibre, sa finesse, sa fraicheur, l'envie d'y revenir tant et plus : un vrai nez de plaisir !
La bouche prolonge ce caractère accueillant : son coulant, son soyeux, sa fine tension, ses tannins délicats - qui font redescendre d'une marche pour en apprécier la mâche gourmande à l'exquise profondeur - tout ici célèbre l'harmonie, la beauté, une buvabilité gourmande dont la complexité décuple le plaisir. Et une sacrée surprise quand l'étiquette fut découverte, tant ce Bebian aussi âgé - que nombre d'entre nous imaginaient à priori, extrait, puissant, alcooleux - prouve que le couple Lebrun Lecouty (anciens patrons de la RVF) avait comme bien d'autres, à l'époque déjà, une vision de ce que le Languedoc pouvait donner en terme de fraicheur, de finesse. De mémoire, je me demande si le guide RVF ne lui avait pas donné 18 ou 19/20, largement mérité.
11 Mas Jullien 2001. Coteaux du Languedoc.
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Si un seul mot devait résumer ce nez, c'est finesse, que je complèterais par subtilité ou encore complexité ; ce qui me va droit au cœur, ici, c'est la fine empreinte balsamique, qui de la résine de pin, au santal surtout, enrobe le fruit mûr en lui donnant un coté un peu oriental, d'une folle sensualité ; mais la complexité se fait gigogne, évoque à son tour, une très fine senteur de cire d'abeille - qui laisserait supposer un soupçon de sucre résiduel, ou du moins son impression - même si le fruit, de la cerise à la fraise, en passant par la mûre, piqué de multiples épices, reste le gond immobile des arômes qui gravitent autour, sans fin.
En bouche, le mot clé est fraicheur, tant la chair si précise, si définie, si posée, devient aérienne, exprime cette transparence du fruit, cette longueur, cette persistance, qui sont les vrais marqueurs des vins qui me touchent. Poétiquement, le vin ressemble alors à ces nuages dont la folle présence faite signe, nous interpelle. Limiter le vin à sa concrétude d'objet liquide, c'est comme réduire la musique, à ses ondes sonores, ou la beauté du nuage, à ses particules d'eau ou de glace.
Le paradoxe étant que le vin décolle à la mesure de la justesse de son incarnation !
12 Domaine Cal Demoura. Combarioles 2010. Terrasses du Larzac.Coteaux du Languedoc.
saint Marcellin à la purée d’olive
Le nez concentré, au fruit bien mûr, expressif dans sa retenue, exprime la plénitude à venir, déjà si proche ; une mosaïque d'arômes de mûre, de cassis, de cerise, ponctué de touches d'épices, encore un peu réservés, mais dont la finesse du grain, annonce une très belle bouteille.
La bouche est plus généreuse : sa chair séveuse et concentrée donne l'impression de dérouler un tapis de saveurs ; son coulant fin semble ouvrir des profondeurs à même son fruit vraiment superbe ; ses tannins hyper fins et son boisé discret, participent à la fête.
Si vous avez plusieurs Combarioles 2010 en cave, ne vous pressez pas, mais c'est déjà très bon et confirme à nouveau, l'accord improbable et si juste de Faure-Brac entre un Coteaux du Languedoc, et un Saint Marcellin à cœur - affiné au Muscadet, hein Cyril ? (cyresne) - et sa purée d'olives noires.
C'est impressionnant de voir combien ce vin se goute aussi bien, 8 jours après ouverture (avec la protection déjà évoquée) ; cet avis vaut pour tous les vins regoutés depuis une semaine.
13 Domaine Fontedicto. cuvée promise 2003. Coteaux du Languedoc.
archi bouchonné, quelle déception, car j'aurais bien aimé faire gouter ce vin de Bernard Bellhacen, pionner de la biodynamie et du labour à cheval, dans le Languedoc, que j'avais apprécié lors d'une dégust Augé, à coté des ténors...
14 Domaine Cazes Rivesaltes ambré 1996.
glace Berthillon caramel
Je n'évoque quasiment jamais, la robe des vins, mais là, le mot ambré, n'a jamais été aussi adapté...et ma douce de rajouter, collier et boucles d'oreille à l'appui, qu'elle y voit plutôt de la cornaline.
Avant d'être suave, le nez est fin, tant l'impression moelleuse est délicate, sur des senteurs d'abricot sec, de dattes confites, de caramel fin un peu miellé, façon pain d'épices. La puissance de l'alcool (relative : 15°) joue les fondations, mais sur un registre si délicat, que ce qu'il porte, anime, fine tension à l'appui, a un caractère vraiment exquis.
En bouche, l'alcool se réveille, totalement intégré au sucre et au fruit, tous trois, superbement équilibrés, puis lance une rampe de décollage aux saveurs qui s'élèvent autant qu'elles s'approfondissent, avant que les amers délivrent sur la persistance, un goût d'orange...amère à damner votre belle-mère ou votre saint préféré.
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15 La Préceptorie de Centernach. Des pierres de La Préceptorie naquirent des fleurs. Vin de raisins surmuris.
Hélas, hélas, mes camarades et moi, n'ont pas retrouvé la sensualité diabolique de ce rancio
ouvert chez Philippe Modat
,assassiné par le sucre qui précédait, transformant le nectar en jerez fino aux amers décapants et alcooleux, pas si finauds que çà...
Merci de m'avoir lu.
-D
Daniel