Réunis hier soir chez Alain, le thème choisi par le groupe pour la seconde dégustation de l’année était bien tentant et, surtout, très attendu.
En effet, découvrir le parcours d’un domaine mythique du Languedoc au travers de plusieurs millésimes, tel était le défi à relever par une bande de joyeux et courageux belges.
Grange des Pères, version rouge, s’offrait donc à nos papilles pour nous permettre de mieux cerner ce vin et d’en démontrer la grandeur.
Mission largement accomplie !
Ainsi, nous avons parcouru ce terroir dans pas moins de 13 millésimes s’étalant de 2010 à 1996 où manquaient à l’appel 2002 et 1997.
Les vins ont été ouverts à 17h00 et simplement aéré.
Les millésimes 1999, 1998 et 1996 ont été décantés au moment du service.
Quelles conclusions tirer après une telle dégustation ?
A mes humbles papilles, que tout simplement, le domaine de la Grange des Pères est un grand vin, un grand cru du Languedoc.
Même si tous les millésimes ne se sont pas présentés de manière égale hier soir, on trouve une trame commune à tous : finesse, équilibre et élégance s'unissent pour proposer une bouteille où, cerise sur le gâteau, l’élevage est parfaitement intégré et n’a jamais dominé le vin.
Et tous ces qualificatifs s’appliquent tant à l’aromatique du vin, tant à sa structure, tant à la qualité du tanin ou encore de l’acidité.
Comme on le verra dans mes notes et, pour qui saura lire entre les lignes, j’ai souvent évoqué un profil bourguignon au meilleur sens du terme : un fruité pur et irrésistiblement frais, une élégance dans la structure et une finesse dans l’équilibre qui ne peuvent que conquérir le dégustateur.
Et
Grange des Pères réussit l’exploit de maintenir voire, selon les millésimes, d’amplifier toutes ces caractéristiques.
En un mot, je suis fan et la série de millésime tastée hier soir démontre, si besoin en était, la grandeur et la noblesse de la cuvée.
Trève de commentaires, voici les notes.
Pour nous faire la bouche,
Saint-Péray, cuvée les Bulles d’Alain, domaine Voge.
Un vin qui m’a beaucoup plu avec son fruité bien en place, une bulle discrète et une belle longueur même si certains ont évoqué un final marqué par l’amertume.
Grange des Pères 2010 18/20
Un nez qui ne se livre pas immédiatement mais après aération, je vais découvrir ce qui sera une trame commune à l’aromatique du vin : fruité pur et élégance.
Tout cela s’exprime dans ce 2010 par de belles notes de fruits rouges sur la groseille et des épices douces.
Bouche caractérisée par l’élégance avec une acidité d’école, un tanin très fin même si il serre encore un peu le final.
Mais l’équilibre magistral du vin emporte tout, livrant un savant mélange de puissance et de finesse.
Superbe ! Un futur grand vin sans aucun doute possible.
Grange des Pères 2009 16,5/20
Ici le vin propose une puissante note florale, relayée par, à nouveau, ce fruité pur.
C’est exubérant et envoûtant tout à la fois.
Bouche volumineuse, très fruitée et épicée avec toujours cet équilibre parfait.
Un vin de grand volume mais qui a conservé beaucoup de fraîcheur.
Décidément, ça démarre très fort !
Grange des Pères 2008 19/20
Le nez est une parfaite synthèse des deux vins précédents, oscillant autour de notes florales, fruitées et épicées.
Une impression aérienne et de grande fraîcheur se dégage.
Difficile de quitter le verre.
La bouche sera le juste contrepoint du nez, livrant un corps noble, frais, élégant et complexe.
Equilibre d’anthologie, final interminable.
Superbe encore une fois.
Un vin à croquer aujourd’hui ou dans plusieurs années.
Grange des Pères 2007 16,5/20
Pour la première fois, je ressens une légère touche boisée et un nez plus « compoté » exprimant des nuances de fruits noirs très mûrs, des épices et une note de café.
Le nez apparaît assez dense.
En bouche, nous sommes clairement en face d’un vin très volumineux, suave, corpulant mais toujours équilibré.
Final long avec une rétrolfaction fruitée et une touche d’alcool.
Un vin plus massif, à attendre.
Grange des Pères 2006 15/20
Le nez est peu expressif sur de timides notes de cerise.
Pour la première fois depuis le début de la série, le vin est austère avec une impression d’un manque de corps et par conséquent, un tanin saillant et une acidité prononcée.
Effet millésime ?
Grange des Pères 2005 19/20
A nouveau, on ne se lasse pas de plonger son nez dans le verre et on y découvre pêle-mêle des notes de café, de fruit rouge frais et d’épice.
Et, comme pour le 2008, la bouche fait écho au nez, caractérisée par ce fruité si frais et pur, mâtinée par une élégance et une fraîcheur impressionnante.
Equilibre d’école et final interminable.
Elégantissime ! Un vin puissant au potentiel très impressionnant.
Grange des Pères 2004 18,5/20
Un bouquet virevoltant tantôt épicé, tantôt fruité (la fraise), tantôt floral (rose).
Entêtant.
La bouche reprend dans une gourmandise impressionnante ces mêmes notes aromatiques.
Le corps est svelte, dynamique et, à nouveau, parcouru par cet équilibre dans l’élégance et la densité.
Un vin pétri de finesse et superbe de fraîcheur.
Grange des Pères 2003 14/20
Effet millésime et/ou bouteille en méforme ?
En tous cas, un vin peu disert tant au nez qu’en bouche.
Une impression de vin sans âme, plat et un final marqué par un tanin saillant.
Pour la première fois des arômes de fruits trop mûrs (figue).
Grange des Pères 2001 19,5/20
L’OVNI de la soirée.
Que dire pour ne pas être répétitif mais néanmoins fidèle à cette belle bouteille ?
Un nez complexe : cuir, épices douces, fruit pur.
C’est élégant et salivant.
Un corps parfait, un équilibre d’école, une fraîcheur élégante et un final interminable.
Un tanin idéalement mûr, une acidité millimétrée emmènent avec eux la puissance, la densité et la finesse du vin.
Respect !
Un vin énorme, aujourd’hui et pour pas mal d’années encore.
Grange des Pères 2000 15/20
Evidemment, il faut succéder à la bombe qu’est 2001.
Le vin est un peu animal/sanguin et sur le chocolat.
Même si le fruit est joli, le tanin est un peu anguleux et le corps moins présent.
Grange des Pères 1999 13/20
Nez de caoutchouc, de café froid et de girofle.
Vin de demi corps, acidité marquée, tanin un peu sec, à boire ou aurait du être bu.
Grange des Pères 1998 18/20
Un nez assez fin, sur les épices et les fleurs.
Très belle bouche, tanin fondu, très belle acidité dans des notes d’écorce d’orange.
Un vin plus vieux, certes, mais qui a préservé à mon goût, de la fraîcheur et du corps.
J’adore.
Grange des Pères 1996 16/20
Un nez vif sur la cerise, un peu floral.
Certes l’acidité est présente et le tanin un peu saillant mais le vin a conservé du corps.
Il est à boire sur un plat sérieux mais le style me plaît.
Il restera juste à publier les notes du groupe.
Le podium des 5 premières places : 2001, 2005, 2008, 2004 et 2010.
Après cette superbe série, une non moins alléchante série
d’afters que nous avons inaugurée avec les rouges.
Mais avant, saluons notre jeune papa, FX, tout auréolé du bonheur d’avoir accueilli le petit Clément (à qui nous souhaitons une longue vie
) et qui nous gratifie pour fêter l’événement d’un
Champagne Jacquesson 2002 mûr, élégant et corpulent. Il s’est montré digne de sa mission.
Domaine Philippe Alliet – Chinon l’Huisserie 2009 : un vin gourmand et équilibré, sans aucune note de chaleur qui se laisse boire sans coup férir !
Domaine de la Barroche – Châteauneuf du Pape cuvée la Fiancée 2005 : un Châteauneuf tout à la fois dense et gourmand avec un corps imposant, qui doit encore s’harmoniser mais beaucoup de plaisir en l’état.
Domaine Ballot-Millot – Pommard 1er cru Les Rugiens 2003: d’aromatique « sudiste », le vin évite néanmoins l’écueil du tanin dur et du fruit compoté. C’est mûr, dense et long.
Domaine Méo-Camuzet – Vosne-Romanée 1er cru Les Chaumes 2006 : quel vin ! Superbe nez fruité, corps de taffetas, tanin mûr, grand équilibre, très gourmand.
Les blancs ont accompagné un gargantuesque et excellent plateau de fromages.
Domaine Frédéric Mochel – Alsace Grand Cru Riesling Altenberg de Bergbieten cuvée Henriette 2008 : un Riesling sur la finesse, la fraîcheur et l’équilibre. Gourmand et long.
Domaine Raveneau – Chablis 1er cru Montée de Tonnerre 2007 : très chablisien, corps à la fois suave et tendu, beau vin à attendre.
Domaine Thomas Morey - Chassagne-Montrachet 1er cru Vide Bourse 2009: un nez époustouflant d’élégance, une bouche à la superbe fraîcheur malgré le millésime. Conjugaison gourmande de densité, de finesse et d’équilibre. Superbe.
Domaine Marc Sorrel – Hermitage 2005 : un vin marqué à la robe jaune. Un nez assez puissant où on dénote la richesse. Confirmation en bouche où l’alcool domine et le final manque un tantinet de ressort.
Un tout grand merci à Alain pour l’accueil et la très belle série des afters qui ont suivi.
Une merveilleuse soirée comme nous nous en souhaitons tant d'autres !
Merci à Laurent Vaillé de produire un tel nectar.
Olivier