Visite au Domaine Ollieux-Romanis – Corbières
Vu la taille importante du domaine dans la zone de Boutenac (presque 100 ha de vignes) ainsi que l’image dans la région d’une production assez classique et très variées, 670.000 cols pour plus de dix cuvées, je ne peux que mettre en avant le charmant accueil prodigué par Florence Bories, fille des propriétaires et chargée de la commercialisation des vins.
Les Bories sont venus de l’olive au vin, et il est logique que l’on retrouve l’olivier sur nombreuses de leurs étiquettes. Durant leur cheminement, le respect de la nature est de plus en plus marqué et les engrais chimiques sont bannis sur les sols variés (argilo-calcaires, galets roulés et grès). Les vignes sont plantées majoritairement sur les coteaux de la Roquesestière, à l’abri des vents du Nord et avec une exposition sus-sud-est.
Le domaine est aussi très ouvert aux autres producteurs, et lors des jeudis d’été, les Bories n’hésitent pas à partager des tapas avec leurs vins, ceux de viticulteurs invités pour l’occasion, le tout dans une ambiance jazzy qui fait vibrer Michel Smith.
Lors de notre discussion accompagnant la dégustation des vins, Florence se montre très ouverte à mon avis sur ses vins, même si elle ressent que ma polarité bio sans bois d’élevage marqué n’est pas l’axe principal de la gamme de ses vins, ceux-ci se présentant plus sur un côté moderne, au bois neuf souvent marqué à l’image de leur
Corbières blanc « Prestige » 2008 issu d’une macération pelliculaire. Si je reste dubitatif sur la potentialité à exprimer le terroir avec ce type de vins, je dois reconnaître qu’il plaît à de très nombreux consommateurs, principalement dans la restauration de la région où il fait un tabac.
Je lui préfère nettement le
Corbières blanc « Classique » 2009, issu des mêmes sols que l’autre cuvée (grès et terres rouges à galets) et avec la même répartition égale de roussanne et de marsanne. Bien tendu et au nez très floral, ce vin exprime surtout une minéralité très intéressante. Pour les mêmes raisons que sur les blancs, je passe le rouge « Prestige » et le cuvée « OR » pour m’intéresser plus avant au
Corbières rouge « Classique » 2008, composé de carignan (45%), grenache (35%) et de syrah (20%) issu de vignes quinquagénaires sur les mêmes sols que les blancs avec des rendements de l’ordre de 40 hectos. Le nez est fin et montre pas mal de complexité entre fruit et épices qu’on retrouve en bouche accompagnés de tanins plus civilisés que rustiques et d’un gras qui aurait pu être accompagné d’un poil de fraicheur en plus. Mais pour un vin proposé à 7 euros et possédant à la fois caractère et une finale plus qu’intéressante, ce serait faire la fine bouche que de faire une fixation sur cette acidité.
On poursuit avec la
cuvée Alice 2008 (du nom de la sœur de Florence) un rouge de saignée au carignan majoritaire issu de sols argilo-calcaires avec comme objet de fournir un fruit maximum. Et à ce niveau, c’est particulièrement réussi, le nez et la bouche explosant de petits fruits rouges très frais. Un vin de soif, très rafraichissant, mais au côté « cépage » un peu trop marqué, ce qui se ressent sur la finale où le terroir à du mal à s’exprimer.
Beaucoup plus intéressante est le
Corbières rouge « Atal Sia » 2008 qui clos la dégustation de ce jour. Issu de très vieilles vignes de carignan (45%), grenache (25%), mourvèdre (25%) et syrah (5%) avec un rendement plus faible (30 hectos) sur des sols gréseux et argilo-calcaires, ce vin est construit avec les cœurs de presse uniquement suite à une macération en grappes entières suivie d’un élevage en cuve d’un an et en bouteille de neuf mois. Pour ce vin dont le nom signifie « Ainsi soit-il » en occitan, c’est clairement le terroir et la salinité qui sont au programme et c’est tant mieux ! Le nez est complexe et profond, au bord d’une élégante austérité avec des notes pierreuses, des épices et des aromes plus chocolatés, sans oublier de beaux fruits noirs qu’on retrouve en bouche, emballés par une belle fraicheur et des tanins relevés mais bien intégrés. La finale est d’une grande longueur avec beaucoup de caractère. Un vin excellent qui vaut largement son prix de 17 euros.
Rien que ce vin mérite largement la visite, l’accueil, l’esprit ouvert et le sourire de Florence l’ont largement transcendée! Et puis je dois à cette jeune dame un de mes meilleurs moments de la région sur le fait qu’elle m’a envoyée assister aux Halles de Narbonne au spectacle inoubliable de « Bebel » qui de son petit bar-restaurant commande au charcutier Michel de l’échoppe d’en face, à l’aide d’un porte-voix électrique pour passer au-dessus du bruit ambiant, les viandes commandés par ses clients, viandes renvoyées par le dit Michel, emballées, au dessus de la tête des clients, comme une passe de rugby pratiqué par ce dernier. Rare et hilarant !
Château Ollieux-Romanis
Florence Bories
RD 613
11200 Montséret
TEL : 04 68 43 35 20
Web :
www.chateaulesollieu...