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LPV Lyon - Soirée GDP
(Grande Dégustation Pépère)
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Bonjour à tous,
Voilà enfin le CR que mes camarades attendaient depuis près de deux mois… Mais je dois bien reconnaître qu’entre un travail prenant et accessoirement un déménagement et les travaux (surprise) qui y ont été associés, il m’a été difficile de libérer le temps nécessaire pour rédiger ce CR qui sera, je l’espère, à la hauteur de la soirée que nous avons partagée !
L’idée avait germé dans les esprits de LPV Lyon depuis quelques mois déjà, bien inspirés par un illustre cercle de dégustation belge (fin dégustateurs mais fossoyeurs notables du millésime 2008 en Bourgogne).
Nous avons donc mis en commun nos différents flacons disponibles pour constituer cette belle verticale. Nous avons aussi pu compter sur l’aide précieuse de certains LPViens pour obtenir les quelques bouteilles manquantes. Je profite donc de ce CR pour les remercier à nouveau chaleureusement pour leur aide !
Une fois la date posée (merci à mes compères pour leur souplesse à ce sujet…), nous nous sommes retrouvés chez le VRP de la Grange des Pères au sein de LPV Lyon, l’homme qui envoie des télex plus vite que son ombre et qui fricote avec Mercotte : Christophe, alias AIGLE 4 (à prononcer en Anglais). Accueil chaleureux, cuisine remarquable, ambiance détendue et festive : tout était réuni pour que la soirée soit mémorable et autant vous dire qu’elle a tenu toutes ses promesses !
J’étais pour ma part en charge de la préparation des bouteilles et de leur service. Les conditions de la dégustation étaient les suivantes : les blancs ont été ouverts dans l’après-midi et carafés un peu plus d’une heure, puis servis volontairement dès leur sortie du réfrigérateur, ce qui leur a permis de se réchauffer dans les verres, tout en restant à une température acceptable malgré la chaleur de la pièce de dégustation. Les rouges ont quant à eux été plus ou moins tous ouverts le matin puis épaulés vers 18 heures et servis à environ 15°C. Seul le millésime 2006, muet, a été carafé. Les vins ont été bus à étiquette découverte et l’ordre de dégustation choisi fut celui qui nous a été recommandé par Laurent Vaillé.
Passons donc aux choses sérieuses !
Sur un généreux plateau de charcuterie, de délicats petits fours et quelques légumes frais.
Before :
La robe est de couleur or, uniforme et les bulles se font discrètes. Le nez est légèrement toasté et évoque la pomme Granny. La bouche se caractérise par une bulle très fine, de la fraîcheur grâce à une belle tension et une longueur honorable.
Très Bien
Champagne Jacquesson « cuvée N°735 » (base de 2007)
Vin blanc N°1 :
La robe est teintée d’une couleur or, soutenue et uniforme. Le nez est marqué par une certaine réduction : pétard, poudre à canon. Les arômes en bouche sont en revanche ceux des fruits exotiques et quelques notes d’encaustique. L’attaque est grasse, le milieu de bouche bien équilibré et la finale s’achève sur de beaux amers. J’adhère !
Très Bien +
Grange des Pères blanc 2011
Vin blanc N°2 :
La robe est d’une couleur or plus soutenue et présente quelques reflets orange clairs. Malheureusement, des notes liégeuses gâchent les arômes de fruits jaunes et exotiques ainsi que quelques touches de miel. La bouche, pourtant riche bien qu’équilibrée, est également perturbée par le TCA... Damned !
NN
Grange des Pères blanc 2010
Vin blanc N°3 :
On monte à nouveau d’un cran en termes d’intensité de robe. Les fruits exotiques et le coing sont les principaux marqueurs identifiés au nez. On ressent d’abord une légère sucrosité en attaque puis dans l’ensemble d’une bouche concentrée et construite sur le gras et les amers. Je perçois l’abricot confit dans ce vin assez riche, porté en finale par l’amertume.
Très Bien
Grange des Pères blanc 2009
A ce stade de la dégustation, la tablée est divisée sur cette première série. Je fais partie de la minorité qui a apprécié ces blancs au caractère sudiste et assez exubérant. Plusieurs sont surpris, voire déçus.
Le top départ de notre longue série de rouges est donné par l’arrivée sur la table d’un remarquable feuilleté aux champignons ! Ou peut-être était-ce des champignons au feuilleté ? Accord très réussi avec les premiers rouges.
Je n’ai pas noté les rouges car il m’a semblé difficile de les départager, d’une part car le niveau général était élevé et d’autre part car j’ai apprécié chaque millésime pour sa singularité.
Vin rouge N°1 :
La robe est d’un grenat soutenu et présente un disque à peine tuilé. Le nez est évolué comme en attestent les arômes de sous-bois. Je ne suis pas le seul à trouver un caractère bordelais à ce bouquet. La bouche est beaucoup plus sudiste avec des arômes de garrigue et d’olive noire. L’acidité confère au vin une certaine fraîcheur qui n’enlève rien à sa gourmandise. Il y a du volume et de la complexité. C’est beau !
Grange des Pères rouge 2000
Vin rouge N°2 :
La robe est plus sombre et le disque très légèrement tuilé. Le nez est complexe et développe des notes de zan et de hareng. Ce millésime joue plus en finesse, bien qu’il tapisse la bouche, tout en équilibre. La finale fait surgir le thé et le pamplemousse. Différent mais toujours très bon.
Grange des Pères rouge 2001
Vin rouge N°3 :
La robe est brique sombre. Il y a au nez de légères notes de musc et de figue. L’équilibre est remarquable dans ce vin plus évolué mais qui semble pourtant plus concentré que les précédents. A l’aveugle, jamais je n’aurais imaginé qu’il s’agisse du difficile millésime 2002 qui est mon préféré à ce stade de la dégustation.
Grange des Pères rouge 2002
Vin rouge N°4 :
La robe est plus soutenue que celle du vin précédent. Discret, le nez reste néanmoins marqué par une légère volatile. Je trouve la bouche monolithique, marquée par l’acidité et l’astringence. La finale est correcte, sans plus. Je trouve que c’est le moins bon vin à ce stade.
Grange des Pères rouge 2003
Malgré un deuxième service pour certains, les assiettes sont désormais vides. Arrivent donc les joues de porc, carottes et la polenta au jus de cèpes. Encore un vrai régal… et je me suis encore resservi !
Vin rouge N°5 :
La robe est carmin sombre. Le nez fait cette fois-ci plus jeune : fruit, réglisse, garrigue. C’est peut-être le vin le plus puissant à ce stade mais il offre un remarquable équilibre et une très belle longueur. Il me semble parfaitement à point, du moins il est au niveau de maturité auquel j’apprécie les vins. C’est aussi le plus digeste de la série. Un vin bien tout sous tout rapport, qui n’a pas une personnalité incroyable mais que j’aime beaucoup !
Grange des Pères rouge 2004
Vin rouge N°6 :
La robe est plus sombre. Le nez offre des arômes de cacao, de garrigue, de bâton de réglisse. L’équilibre est parfait, les tanins sont soyeux malgré une puissance imposante qui n’empêche pas le vin d’être digeste. La finale est vraiment longue… bref, un grand vin ! Ceci étant, si j’en avais en cave, je pense que j’attendrais peut-être encore un peu.
Grange des Pères rouge 2005
Vin rouge N°7 :
La robe est très sombre, presque noire et le disque à peine plus clair. Le nez, bien que peu expressif, m’évoque le grenache (rien à voir, je sais…). La bouche est très concentrée, très compacte. Les tanins sèchent un peu, le vin est austère, sans charme. Correct, sans plus. Cette bouteille a fait l’unanimité en dernière position su classement ! C’est mon deuxième essai avec ce millésime et je suis toujours aussi circonspect !
Grange des Pères rouge 2006
Vin rouge N°8 :
La robe est très sombre. Le nez est sudiste, charmeur avec du raisin de Corinthe… et du Saint-Môret ! Mince ! Moi qui croyais que l’arôme de Saint-Môret était l’apanage de la Grange des Pères 2008… La bouche est dense, riche, gourmande, concentrée, mains néanmoins facile. Peut-être pourrait-on lui reprocher un tout petit manque de digestibilité ? La finale est très longue et m’évoque le thym. Extra !
Grange des Pères rouge 2007
Vin rouge N°9 :
La robe est très sombre et le disque rouge sang. Ah, revoilà le Saint-Môret au nez : je suis rassuré ! La bouche est fraîche, digeste, équilibrée, concentrée mais pas trop riche, avec une belle longueur. Superbe !
Grange des Pères rouge 2008
Vin rouge N°10 :
La robe est à nouveau très sombre et le nez m’évoque la garrigue. La bouche est riche, gourmande, puissante avec des arômes de résine de pain. Très beau !
Grange des Pères rouge 2009
Vin rouge N°11 :
La robe est toujours aussi sombre et le nez est moins expressif, à nouveau sur la garrigue avec également de l’olive noire. La bouche est fraîche, dense, compacte et affiche une très belle longueur. C’est déjà très bon mais cela me semble encore un peu fermé. A attendre sereinement.
Grange des Pères rouge 2010
Vin rouge N°12 :
La robe est noire et le nez est le plus fruité de toute la série, sur le cassis notamment. Il y a également des arômes de thym. La bouche est digeste mais néanmoins dense, concentrée, légèrement fumée. Très très beau !
Grange des Pères rouge 2011
Alors que nous achevons cette belle série de rouges de très haut niveau, deux constats s’imposent. D’une part, la qualité globale fut très homogène, en plus d’être élevée (hormis 2006 et dans une moindre mesure 2003) et d’autre part, mon palais n’est pas aussi fatigué que j’aurais pu le craindre après cette longue série, malgré le caractère sudiste des vins.
Autant les blancs ont divisé, autant les rouges ont fait l’unanimité, démontrant, si besoin était, la grandeur de ce domaine. Il est toutefois très intéressant de constater qu’il fut difficile d’établir un consensus sur les millésimes préférés des uns et des autres. En effet, certains préféraient les millésimes plus évolués, certains les millésimes plus frais et d’autres les millésimes plus gourmands… Nous avons cependant fait une tentative de podium avec l’attribution de 3 points pour la première place, 2 points pour la deuxième et 1 point pour la troisième. Sur 8 votes exprimés, soit 48 points attribués, le podium est le suivant :
2001 avec 16 points
2002 avec 12 points
2007 avec 9 points
La soirée s’est achevée avec l’arrivée tant attendue (bon et un peu réclamée aussi, je dois bien l’admettre) du FAMEUX macaron au citron de Christophe, dont la réputation égalera certainement bientôt celle de la soupe VGE de Bocuse ou du poulet de Bresse à la crème de Georges Blanc ! [size=small]Ah bon, j’exagère un peu ?[/size]
Pour accompagner
la moitié du macaron dans mon assiette une portion très raisonnable de ce dessert d’anthologie, nous avons dégusté un
Vouvray moelleux « Clos du Bourg, 1ère Trie » 1995 du Domaine Huet. La robe est dorée foncée aux reflets orangés. Le nez est très complexe et évoque le miel, l’ananas, la mangue et les fruits de la passion. La bouche était magnifique d’équilibre et de longueur. Impeccable pour clôturer cette belle soirée !
Les plus vaillants ont poursuivi avec le rhum philippin et la Chartreuse verte...
Un immense merci à nos hôtes, Catherine et Christophe pour leur accueil et ce superbe repas (j’ai rarement autant mangé !) et un grand merci à LPV Lyon pour ce superbe moment partagé tous ensemble !