LPV Normandie trouve enfin Savoie !
Trente cinquième LPViade Normande, ce dimanche 5 février. Lu comme ça, cela paraît énorme. Vu de chez nous, il était temps.
La faute au temps qui passe trop vite, aux emplois du temps chargés, aux vies qui changent... On aimerait que tout reste comme au 1er jour, mais il faut bien se rendre à l’évidence : il est désormais plus facile de réaliser une ascension hivernale de la face Nord du Petit Dru que d’arriver à réunir tout le monde. Preuve en est cette toute petite affluence réunie ce dimanche.
Mais à 9 cœurs vaillants, rien d’impossible ! C’est donc armés d’un simple tire-bouchon et d’une paire de Spiegelau que nous avons rejoint les sommets – car il y en a eus ! – de cette dégustation. Et, comme d’habitude, la descente s'est toujours faite à l’aveugle.
Pour bien commencer, une bulle de fort belle facture.
Le vin se présente dans une belle couleur jaune citron.
Pomme verte, miel, citron et une note empyreumatique signe le nez. C’est très flatteur et bien agréable.
La bouche est très belle, large, avec une belle acidité traçante, une bulle fine et un côté crémeux diablement séduisant. On a toujours cette petite note de miel/cire en bouche.
Il faut boire, mais c’est très bon !
Nous sommes chez
DUPASQUIER : Perles d’Aimavigne, Méthode traditionnelle, blanc de blancs brut.
Une très belle bouteille, avec ce qu’il faut de maturité, vendue une misère (8,50 € à l’époque).
Alors ça ! ça, c'est bon ! Le temps révèle la belle complexité de cette bouteille.
Duel entre Altesses :
Le 2e vin présente une robe jaune pâle et un nez plus mutique duquel ressort un fruit léger.
La bouche est tendre, marquée par la mirabelle et le miel. Je la trouve un peu aqueuse, un peu trop simple. Le vin finira par se retendre à l’aération. C’est tout de même bien mieux avec un peu d’air.
Nous sommes chez Fabien
TROSSET : Roussette de Savoie, La Devire 2014.
Le 3e vin présente une aromatique assez similaire, mais encore moins expressive. Le vin offre un peu plus de volume en bouche, mais il est marqué par des notes encore fermentaires. Cette
Roussette de Savoie 2015 "cuvée Prestige" est signée par la Cave de Chautagne. Cédée pour 10,50 €, je ne suis pas totalement convaincu mais lui laisse sa chance au vu de sa jeunesse.
Avantage à Fabien TROSSET sur ce slalom parallèle.
La Roussanne s’incline devant l’Altesse :
Le 4e vin s’annonce par un premier nez sur la tomme des Bauges duquel ressortent de nouveau des notes miellées.
La couleur est d’un beau jaune d’or, très appuyé.
La bouche est très douce, avec un soupçon d’acidité pour relancer le tout. On y retrouve sans mal les notes de fromage, de champignon, de miel et de cire. Présentant un beau volume, ce vin signe sa finale par une légère amertume et, toujours, cette note fromagère qui me poussera à la revoir… Sur les fromages.
C’est une Roussanne. Nous voici arrivés chez
Louis MAGNIN, qui signe ce
Chignin Bergeron 2005, cuvée Grand Orgue. Une bouteille au charme certain mais qui, malheureusement, ne vas pas résister à la suivante.
Car ce vin sera, pour moi, le Mont-Blanc de la dégustation.
Belle couleur jaune citron commençant à dorer gentiment.
Nez magnifique, puissant, offrant du miel, de la mandarine et de l’encaustique dans un large volume.
La prise de care est impeccable : une acidité traçante, millimétrée, porte le vin. La bouche est vraiment très, très belle ; dense et équilibrée. Les 14° d’alcool sont imperceptibles tant l’équilibre est bon.
L’accord avec des Saint Jacques pochées à la crème vanillée, mangues poêlées et poivre de Sichuan est re-mar-qua-ble.
Merci à Oliv qui m’a proposé cette très émouvante
Roussette de Savoie 2008 signée par Louis MAGNIN.
Au terme de ces premières descentes, y’a pas à dire : l’Altesse tutoie les sommets et la Roussanne, ça vous gagne !
La Roussette de MAGNIN ? Mâtin... Quel vin !
Et un grand merci à Oliv pour avoir répondu à mon appel au secours si brillamment.
Et si nous sortions de la face de Bellevarde ? Allez hop ! On passe les grillages en plastique rouge/orangé et c’est parti pour le Hors-piste 1, toujours à l’aveugle.
Vin de France, "la cuvée de l'étranger" Emmanuel Sainson (hors commerce, me semble-t-il) :
Ce vin annonce un côté gourmand par un très joli nez où fleurent bon la violette, le cassis, la myrtille. C’est pur et élégant. J’aime beaucoup. La bouche est légère, digeste, fine mais pas maigrelette.
Je n’ai rien noté d’autre, mais ce vin représente le style vers lequel je m’oriente de plus en plus. J’ai bien aimé.
Hors-piste 2 :
IGP Méditerranée 2014 "Tradition", domaine Richeaume.
Voilà ce qui arrive quand on présume de ses capacités ! On se voit plus beau qu’on ne l’est, on prend les chemins de traverse et on frise l’hélitreuillage !
Premier nez assez sévère qui s’affine doucement à l’aération offrant des effluves de cassis, de mûre et de chêne. La bouche est dure, tannique. Cette bouteille dénote dans cette dégustation avec un assemblage « exotique » : 32% Syrah, 26% Merlot, 21% Cabernet Sauvignon, 16% Grenache, 5% Tempranillo. Un vin plutôt démonstratif, qui sera probablement à son aise cet été en accompagnement de grillades.
Le hors piste, parfois, permet de prendre son pied. Ou pas.
Allez... Cap sur les pistes rouges !
Le 6e vin offre un très beau nez basé sur la trilogie - toute Vougeotienne – de la RPP : Rose-Poivre-Pivoine. J’adore cette aromatique séduisante en diable, féminine et sensuelle.
La bouche est très équilibrée, présentant du volume, de la matière juste ce qu’il faut de tanins pour rester sur une impression de finesse.
Cette
Mondeuse 2014 "Avalanche" de Fabien TROSSET est un beau vin en devenir, à attendre avec confiance.
J’avais entendu beaucoup de bien de Fabien TROSSET et cette bouteille confirme cette très bonne impression.
RPP de nouveau pour le 7e vin. Les tanins sont fondus, le vin est prêt à boire. J’aime bien. Nous voici enfin chez les
frères TROSSET, avec un Arbin Mondeuse 2010, cuvée Prestiges des Arpents. Carré, classique, conforme, pas déçu.
Avalanche de Fabien TROSSET : une belle découverte !
Et du classique qui ne déçoit pas chez les Frères TROSSET.
On reprend le tire-fesse, une bonne bouffée de RPP et c’est parti pour le 8e vin. Le nez, très beau, est plus évolué que le vin précédent. La bouche est également plus ciselée, plus fine, avec des tanins fondus et une intéressante saveur cacaotée. C’est un beau vin. Ravi de revoir le
Vin de Pays d’Allobrogie du Prieuré Saint Christophe, dans sa version Mondeuse Prestige, millésime 2009. Ça glisse tout seul, la trace est belle et précise.
Sur le 10e vin, la piste a pris la glace. Si le nez dévoile toujours de beaux parfums de RPP, force est de constater que ce vin est un peu plus dur que le précédent. Le plaisir est moindre. La bouche présente moins de matière, moins de volume. Il est, globalement, moins expressif, moins intéressant que celui de Michel GRISARD. Passée la dernière bosse, nous découvrons une
Arbin Mondeuse 2012, cuvée harmonie des frères TROSSET. La finale, amère, ne me convainc que moyennement.
Pour notre camarade Cyril, bien meilleur connaisseur de la région que nous, 2012 est un millésime dur en Savoie. Il a fallu travailler d'arrache-pied pour sortir du vin. Celui-ci s’en sort finalement plutôt pas mal.
Rose, poivre, pivoine, signent l'aromatique de ces vins.
Et si on revenait sur une piste déjà connue ? Le 10e vin présente une couleur et un nez plus évolués que les précédents. On y retrouve la myrtille et la mûre, confiturées, ainsi qu’une note de salpêtre.
La bouche offre un jus épicé, avec une belle note de poivre, mais pêche un peu par sa sécheresse. Une subtile note de cacao apporte néanmoins une touche sapide. Nous voici de nouveau devant le
Prieuré Saint Christophe, dans sa version Mondeuse Prestige 2002 qui finit un peu acide et court.
Décidément, cette piste-là et toutes ses variantes nous plaisent bien. Le 11e vin frise tout de même la sortie de piste. Mais il va s’en sortir avec les honneurs. Le nez, plutôt fin et délicat, se présente néanmoins sous un aspect un peu plus végétal. La bouche est fluide. Elle propose une jolie trame chocolatée mais sa finesse, conférant presque à la maigreur, et son acidité bien présente me gênent un peu.
Il s’agit, de nouveau, d’un
Prieuré Saint Christophe, dans sa version Mondeuse Tradition, millésime 2003.
Un filet de bœuf tendre à souhait et quelques myrtilles se sont harmonieusement mariés aux Mondeuses.
Bon. Cette fois-ci, on a notre dose et il faut penser à rentrer. Mais le plaisir de la descente est le plus fort et il reste des secteurs inexplorés. Pour un peu, avec celui-ci, on aurait presque l’impression de descendre la montagne de Corton ! Le vin se présente avec de la réduction, légèrement grillé, avec une note de sésame grillé. La bouche est sans vice ni vertu. Le
vin des Allobroges 2014, cuvée "Argile" du domaine des Ardoisières est bien fait, mais l’émotion n’est pas au rendez-vous.
Quelques fromages affinés qui ont bien servi les blancs.
Quoi ? Même pas une petite Marestel ? Mais si…
La
Roussette de Savoie "Marestel" 2007, du domaine DUPASQUIER signe la fermeture des pistes. Elle se présente dans une couleur jaune doré. Le nez offre de jolies notes terpéniques, de l’encaustique, une touche de vernis. La bouche offre une belle acidité, mais dévoile un vin bien évolué, qui commence à fatiguer dans son aromatique. A son corps défendant, cette Marestel a été servie sur un sabayon légèrement caramélisé et des fruits frais ; dessert sucré/acidulé qui l’a peut-être desservie.
Marestel 2007 ne s'est pas présentée sous son meilleur jour.
Argile sur les fromages affinés et Marestel avec le dessert.
LPV Normandie a trouvé Savoie (copyright Gildas) avec ces bouteilles !
Voilà. J’avoue que j’étais un peu rétif lors du choix de ce thème. En fait, j’avais peur d’une dégustation entièrement dominée par Les Frères TROSSET et DUPASQUIER. Il n’en n’a rien été, même si, classiquement, leurs vins sont sortis de la dégustation. Tout comme les vins de « Loulou » MAGNIN, ceux de Michel GRISARD et du « p’tit nouveau » Fabien TROSSET.
Au final, ce fut une belle dégustation, avec des vins de caractère, représentant fièrement la belle région dont ils sont issus.