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CR: Le "LPV Jura Tour" déguste les vieux vins jaunes de «Lacavajonatof»

  • Philippipipourrah
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[size=x-large]CR: LE LPV JURA TOUR DÉGUSTE LES VIEUX VINS JAUNES DE «LACAVAJONATOF»[/size]
[size=large]OU[/size]

[size=large]"The great unique and orgasmic beyond-the-senses experience" (:D[/size]
[size=large]OU ENCORE :[/size]

[size=x-large]Nos papilles juraphiles ne seront plus jamais les mêmes...[/size]

[size=small]Pour le(s) titre(s), on aurait pu aussi mettre : "Dîner d’exception avec 10 château-chalon de plus de ... ans d’âge", mais ça aurait défloré d'emblée l’ancienneté des millésimes dégustés - et aussi fait un peu m’as-tu-bu :D.[/size]

«Lacavajonatof» : derrière ce terme bâtard à la sonorité russisante, entendez simplement : "la cave à jaunes à Tophe", véritable sanctuaire-Tabernacle pour tout amateur de vins du Jura, lieu très saint du Temple du peuple (juraddict) élu, et étape suivante du pèlerinage juratourien après Lacavajo en Charente limousine l’an dernier [size=small](vous excuserez le ton dithyrambique, mais on a juste été dithyrambisés)[/size].

Pour fêter ses 51 ans ( selon la tradition du 51 dans le jaune , arf), Tophe, grand amateur et connaisseur des vins du Jura et collectionneur de vieux clavelins, nous avait conviés à son domicile dans (et sur) le Doubs - ainsi que dans sa résidence secondaire, c’est-à-dire sa cave ;). Dans son invitation-programme du WE, il nous avait simplement écrit : "le premier soir, vous mettez les pieds sous la table, je m'occupe de tout", en nous annonçant un "dîner-dégustation avec quelques vieux clavelins dûment choisis au plus profond des entrailles de « Lacavajonatof » (les bouteilles poilues, comme dit Marie-Pierre Chevassu ;))". Mais laissons la parole au jubilaire lui-même, qui apporte en outre quelques précisions techniques :

Tophe : Nous avons dégusté des bouteilles qu'un amateur de jaune est bien content d'avoir en cave, mais qu'il ne faut pas se contenter de couver du regard... Passé la cinquantaine, on se dit qu'il va bien falloir finir par les boire, avec des convives à même d'y prendre du plaisir, et quelle meilleure compagnie pour cela que la bande d'allumés du Juratour...
Les vins ont été ouverts à midi pour le soir même, pas de carafage, sur chaque clavelin un petit fond de verre est prélevé pour dégustation à l'ouverture. La température de service est celle de la cave, autour de 17°. Je m'interrogeais sur la nécessité de les rafraîchir, mais au final je n'ai pas ressenti de lourdeur. On est quand même à la limite supérieure de la température de service.
Les niveaux des bouteilles vont de « comme neuf » à « mi écusson » (c'est à dire la moitié de l'ovale « Château-Chalon » gravé dans le clavelin). Un constat : il n'y a aucun lien de cause à effet entre le niveau du liquide et la qualité des vins que nous dégustons. Les bouchons et les cires sont pour la plupart bien fatigués, sauf pour le vin n° 7, dont le bouchon a visiblement été changé et reciré.
Je ne reviendrai pas à chaque bouteille sur les robes, qui sont toutes sur un registre miel, caramel, vieil alcool brun...

re-Phil : Le moins que l'on puisse dire, c’est qu’on a été reçus de manière royale par Tophe ! Le présent CR va tenter de, précisément, rendre compte de ce dîner grandiose. Les notes ci-dessous sont de Matthieu, Chris, Tophe [size=small](je l’aime toujours bien, celle-là)[/size] & me-myself. CR à quatre mains donc, puisqu’on n’écrit en général que d’une main :). Avec comme inscription liminaire, en souvenir de ce week-end mémorable et en hommage aux merveilleux vins du Jura, une petite dédicace, inspirée d'un dialogue entre un lord anglais et son fils à propos de l’Encyclopédie de Diderot et du Candide de Voltaire :

"Père, dois-je me procurer une caisse de bordeaux ?
- Oui mon fils, et tu t’assiéras dessus pour boire un vin jaune du Jura."


Mais refermons la parenthèse pour ouvrir… l’apéro ! En before plus ou moins impromptu donc, avec des gougères au comté :

0) Côtes du Jura Cuvée Spéciale 2009, Philippe Butin
Tophe : En before-rincette de bouche non officiel, la cuvée spéciale 2009 de Philippe Butin, assemblage 70% savagnin oxydatif - 30% chardonnay ouillé, offerte le jour même par le vigneron : peu de souvenir de ce vin que j'ai trouvé assez costaud comparativement à la même cuvée en 2005 toute en finesse dégustée il y a quelques semaines.
Phil : nez sur l’allumette; particulièrement puissant en bouche; acidité bien présente, salivant – mais quand même un peu rustaud.
Matt : le nez est d'abord réduit, puis on a la noix verte assez monolithique. La bouche est encore jeune, avec de l'acidité et de la verdeur, presque râpeuse. A attendre un bon moment mais ça ne reflète ni le millésime ni le vigneron. (J'ai peut-être été un peu sévère vu que c'était le premier oxydatif et que le palais n'était pas fait.)

Deux-trois mètres séparent les canapés du salon de la table du repas, déjà dressée. Nous nous attablons avec souplesse et entrain : le festival dont on se réjouit depuis plusieurs semaines va commencer…

1) Premier clavelin de la dégustation
(En finissant les -excellentes- gougères au comté)
Phil : belle robe ocre de jaune évolué. Nez de céleri, avec une pointe d'agrume (orange amère) - qui prend le dessus à mesure de l’aération. Bouche puissante, où le céleri réapparaît, avec de l’acidité et de l’amertume.
Matt : le nez est complexe dès le départ, avec des agrumes, du céleri et une pointe poussiéreuse qui disparaît assez vite. La bouche est longue, en finesse, avec des fruits secs en attaque puis de l'orange amère. Le nez continue de tourner sur la liqueur d'amande, la truffe. Le vin n'est pas fatigué mais il persiste tout de même une petite impureté sur le nez. Un départ en fanfare, et une bonne surprise à l'annonce du millésime! TB+
Chris : Couleur orange/bronze. Nez sur l’orange amère, le céleri, fruits secs (datte), caramel. La bouche est volumineuse, charnue avec une acidité marquée, salin, salivant, avec un retour aromatique sur l’orange amère et quelques discrètes notes de vieux jaune/réduction tenace, légère amertume. Surprise à la découverte de l’étiquette, le millésime de ce premier vin fait de beaux vieux ;) EXC
Tophe : Nez sur l’orange amère, le céleri, très puissant. Il s'ouvre doucement sur une orange plus confite, les fruits secs. En bouche l'acidité se double d'une expression presque saline, avec l'orange amère encore, de très beaux amers en finale. Très beau vin, affûté, tout en longueur, très dynamique, encore jeune, avec beaucoup de finesse, qu'à l'aveugle j'aurais pu placer en Château Chalon.

Chris, en commentant ce premier jaune : "Il s’ouvre sur la réduction"
Hubert : "Autrement dit : sa réduction l’augmente ?..."
«L'augmentation de la réduction», voilà un concept oxymorique intéressant, qui démontre qui Chrisdu était inspiré dès le début de la dégust’… (Dans la suite du week-end, il nous gratifiera également de cette formule pénétrante : "Y a du sucre, mais sans le côté sucré" 8-)).

La dégustation se déroulant à l’aveugle, on cherche l’âge et le millésime de ce vin :
Jo : "Je dirais 27 ans, donc 1986..." [size=small](Joseph, on est en 2015 depuis déjà 9 mois, mais merci d’avoir participé)[/size]
On cherche, Tophe nous écoute l’œil scintillant et un petit sourire aux commissures… On cherche toujours, et on s’accorde sur la fin des années 80. Tophe dégrafe la jarretelle du clavelin (oui bon, il enlève la chaussette, quoi) et annonce sentencieusement : Arbois Vin Jaune 1964, Domaine de la Pinte.
On se regarde stupéfaits, puis admiratifs : ce premier jaune est étonnant de jeunesse, avec notamment une acidité trompeuse sur son âge. Tophe tape fort d’entrée en posant dès le début de la dégust’ un clavelin de son année de naissance !
Précisions du jubilaire (le quinqua, donc) : A l’époque les vignes de La Pinte étaient relativement jeunes (plantation en 1953), c'est peut-être de là que vient cette finesse, en tout cas ce jaune reste très complet dans son style longiligne et a encore un grand potentiel de garde. 1964 est un grand millésime jurassien [size=small](ndlr : la censure a dû le retenir d’ajouter : "et pas que pour les vins" ;))[/size].

Mazette, on démarre en trombe ! Et à ce moment-là, on ne pouvait évidemment pas imaginer que ce clavelin de 64 serait le plus... jeune de la soirée...

2) L’Étoile Vin Jaune Château l’Etoile 1957
Phil : Robe plus ocre que le vin précédent, et peuplée de voltigeurs. Nez plus doux, sur les fruits confits, l'écorce d'orange, le curry, le safran. La bouche est aussi plus douce, même si la puissance est également présente. Ce vin se montre fluide et caressant, avec un côté lacté et une rétro "champignonnesque" - sur la morille plus précisément. TRÈS BIEN
[size=small](Au chapitre des spécificités anatomiques de cette deuxième bouteille, on a pu noter qu’elle avait un cul particulièrement profond (M’sieur, j’vous jure, j’y ai pas touché)).[/size]
Matt : Le nez est plus réduit que le précédent, sur la croûte de comté. Le vin est souple avec une attaque douce puis une montée en puissance sur la croûte de fromage et une très longue finale sur le champignon. Plus tard le nez s'adoucit et devient plus net. TB+
Tophe : Nez plus brouillon, avec de la réduction, du bouillon... Ce qui singularise ce clavelin, c'est sa texture : un toucher de bouche très doux, rond, souple, l'acidité ne se manifeste pas tout de suite et reste en retrait. Sur le plan aromatique, c'est mieux en bouche qu'au nez, quelqu'un lance "caramel au beurre salé", ça lui va bien... Un vin très suave, à son apogée mais pas en fin de vie, je l'imagine bien rester sur ce plateau un bon moment, mais pas de longue garde... La finale est subtile, sur la morille, des notes d’amande...
Chris : Nez assez semblable au précédent avec les notes de réduction/vieux vin plus marquées. La bouche attaque tout en douceur, l’acidité se développe, ça s’ouvre sur la croûte de fromage, salivant, très belle rétro-olfaction sur la morille et les épices, un vin suave. TB++

3) Vin Jaune des Côtes du Jura 1949 - Lucien Clavelin Fils
Avec une terrine de lapereau et girolles en gelée de vin jaune, compotée d’oignons au vin jaune et au miel du Jura
Phil : Encore une robe ocre orangée : on semble poursuivre dans les antiquités… Nez très fruité et très frais sur l’écorce d'orange, et même le pamplemousse ! Bouche très douce, bien que puissante, et aussi très fruitée. Ce jaune a une maxi buvabilité, il est juste super bon ! Autant dire qu’on sera époustouflés quand on découvrira l’âge de ce clavelin pétant la forme : 66 ans... Pfff, les baby-boomers, c’est vraiment une génération qui a le cul bordé de nouilles :D. SUPERBE – et pour avoir eu le privilège de boire il y a trois ans un "simple" CdJ de 1969 du même Lucien Clavelin lapassionduvin.com/p... [size=small](le vin n° 8)[/size], on ne peut que s’incliner devant la qualité du travail de ce vigneron qui a œuvré pour la postérité…
Matt : très joli nez sur l'orange amère, les fleurs (on est un peu dans le registre d'un Parisy du Château des Tours). L'attaque est fruitée, la bouche évoque bien un vieux Château Chalon ayant perdu son caractère oxydatif, sur les agrumes. La finale est miellée, le vin est très pur, il manque juste un peu de tonus. TTB
Tophe : Nez sur les agrumes, encore l’écorce d'orange, et surtout de la fraîcheur, et une belle complexité, on trouve de la fleur d’oranger, du coing. En bouche, attaque très douce, puis on se prend un uppercut de tension, ça part d'un coup sur les agrumes, noblesse avec une finale tendue et minérale très persistante. Quelle vie, quelle jeunesse ! Ca n'en finit plus de faire la queue de paon. Fut un temps où ces vieux jaunes de Lucien Clavelin se sont retrouvés en vente sur internet suite à une succession: un achat un peu au hasard, je ne l'attendais pas à ce niveau. Magnifique bouteille, à boire maintenant ou à garder encore quelques décennies.
Chris : Jolie couleur Cointreau, nez qui rappelle certains pailles, sur les fruits exotiques, la livèche et surtout l’écorce d’orange. En bouche, attaque encore assez vive (considérant qu’on boit un vieux jaune), c’est très sec avec des arômes de vin de paille, l’attaque fruitée a viré sur un caractère minéral du fait de l’acidité. TB++, super sur le plat

Les deux vins suivants sont servis en duel, sur une délicieuse cassolette d'escargots du Doubs gratinés au comté sur un lit de poireaux au vin jaune [size=small](Tophe nous a dit après coup qu’il avait utilisé plus de cinq clavelins de jaune pour sa cuisine du week-end ! ::o)[/size] :
4) Vin Jaune Arbois 1942, Henri Maire
[size=small](1942, année des plus sombres : l'Europe est en pleine folie meurtrière et exterminatrice ; Henri Maire avait 25 ans à l’époque, et l’AOC Arbois, première de France, seulement 6… )[/size]
Phil : Les deux vins présentent des robes couleur caramel : se pourrait-il qu’ils soient encore un peu plus vieux ?... Le premier a un nez très doux, mais plutôt discret, sur le... caramel justement, ainsi que le café. La bouche est en retrait, sans plus beaucoup de goût, et tirant sur la dilution et la fadeur. Cet arbois que l’on imagine vénérable paraît hélas fatigué, même s’il se réveille un peu sur le plat, et finit de mieux en mieux.
Matt : la robe est plus ambrée que les précédents, le nez est un peu poussiéreux, l'attaque est correcte, dans un style vieux paille, mais le vin retombe assez vite. A mon avis un des plus faibles de la série, mais au vu de son âge, ce n'est pas si mal! B-
Chris : Nez sur le caramel et le café, et un peu de poussière aussi. De la douceur en bouche, moins volumineuse que le précédent, plus de finesse pour ne pas dire minceur ; encore du fruit (pomme), l’acidité se développe et tient la finale. TB, revit sur le plat
Tophe : [size=small](voir juste ci-dessous, le vin n° 5)[/size]

5) Château-Chalon 1942, Henri Maire
Phil : Nez également sur la douceur. Bouche plus parfumée - et équilibrée, avec un léger fil d'acidité.
Matt : un nez de vieux jaune avec une très longue finale champignonnesque, B++, ça y est les notes se font plus laconiques...
Chris : Nez café, cacao avec de la réduction. La bouche est plus douce, moins acide ou mieux intégrée, encore du fruit sur l’orange et une superbe rétro sur la morille/champignon. Très beau vin, semble encore jeune. TB+
Tophe : Le Château-Chalon Henri Maire est le seul clavelin qui a été carafé : lors de la tentative de débouchage, le bouchon, déjà partiellement enfoncé, est tombé dans le vin. Ce carafage de quelques heures n'a rien changé à la qualité du vin, goûté à l’ouverture.
Un air de famille entre les deux vins, qui présentent un nez assez muet, sur le caramel et le café (surtout le Château-Chalon). L'Arbois est clairement passé, c'est pourtant celui des deux qui avait le meilleur niveau (bas goulot). Le Château-Chalon est sur le déclin, avec des notes de moka, de tabac blond, mais ça manque malheureusement de vigueur et de complexité.

Ces deux vins se montrent moins émouvants que le 49 qui les précédait : ils sont issus d’un millésime de guerre, et avec cet arrière-plan, la mention "Grand Vin de Garde" sur l’étiquette du clavelin fait un peu frissonner, en évoquant la garde non pas du vin, mais celle que montaient les soldats... Ils imposent toutefois le respect, comme témoins encore vivants de cette période noire, ayant traversé toute la seconde moitié du XXe siècle pour s'offrir à nous ce soir.

6) Château-Chalon 1938 – Vichot-Girod
Phil : Le jaune suivant est servi en accompagnement d'une fantastique paupiette de chou frisé au saumon bardée de lard, sauce à l'arboisienne (:P) : finalement, le vin jaune va avec tous les plats ! :) [size=small](même si, sur ce coup-là, l’accord ne se révèlera pas fusionnel - mais le vin et le plat pris séparément alors ... )[/size]
C’est à nouveau une robe couleur caramel que nous avons dans le verre, précurseur là encore d’un vin d’un âge plus que respectable, et on ne s’en étonne même (presque) plus… même si l’excitation et la fascination demeurent bien présentes !
Le nez de ce jaune mêle la douceur sucrée et la puissance. Il possède une belle bouche, encore pleine d’énergie, sur une dominante de morille - un arôme davantage présent dans les vieux vins jaunes de ce soir que le côté agrumes que l’on rencontre plus souvent sur les clavelins seulement trentenaires… 8-) Rien que pour cette expérience-là, nous ressentons une énorme gratitude vis-à-vis de Tophe de nous avoir permis de goûter des vins jaunes aussi anciens. Tiens d’ailleurs, quel âge a-t-il celui-ci, qui est ébouriffant de jeunesse sous sa robe bien évoluée ? Effeuillage de la bouteille : 1938. Ce vin a 77 ans : vertigineux. Mais pour retrouver un ton plus léger (ça rendrait presque trop sérieux d’être impressionné ;)), il faut quand même dire que ce jaune de 1938 est un sacré planqué : comme il n’aura été mis en clavelin qu’après les six ans et trois mois réglementaires de vieillissement en fût, eh bien il aura passé toute l'Occupation tranquillement à l’abri dans son foudre... (de guerre, ou justement pas :D).
Matt : le nez est d'abord assez "banal" (oui c'est précis ça), la bouche est très tonique avec une belle structure acide et énergique, la finale interminable sur la morille appelle le poulet au vin jaune ou plus simplement le PVJM. Ensuite le nez s'ouvre, prend de l'ampleur avec des notes de café entre autres. Incroyable énergie pour un vin de cet âge. TTB
Tophe : Que voilà un quasi-octogénaire en pleine forme... Un nez très expressif, en bouche l'attaque est très douce, mais ensuite le volume se déploie et prend de la place. Du haut de ses 77 ans il tient tête aux saveurs assez violentes du plat, alors que l'accord est probablement un peu trop osé. Belle finale, avec une rétro énorme sur la morille. Le niveau était mi-écusson, mais le vin a conservé son équilibre et son intégrité.
Chris : Nez sur les fruits secs, légèrement tourbé, un poil de réduction et de poussière ; l’aération révèle des notes d’agrume. Bouche très tonique ("Il y a des watts", avait dit Davy), qui attaque très vite sur un complexe acide/alcool très punchy. Superbe rétro, encore du fruit ; rappelerait l’Arlay VJ 89, ah ah ah la bonne blague, c’est un 1938 !

On semble inverser le cours de la machine à remonter le temps avec les deux vins suivants qui arborent de belles robes brillantes d'un superbe or. Ils escortent le, roulement de tambour, fameux Coq au vin jaune et aux morilles (garni de spaetzle), à la chair fondante à souhait, que Tophe nous a cuisiné selon la règle canonique en la matière. "CVJM" donc, une variante plus conforme à l’orthodoxie que l’habituel PVJM (poulet au vin jaune et aux morilles) de nos sessions, même qu’un des juraddicts [size=small]- et pas le moindre des amateurs-prédateurs de morilles ;) -[/size] affiche son amour pour ce divin plat jusque sur les plaques de sa voiture :
[size=small]
PJM: poulet au jaune et aux morilles, ça ne s’invente pas...
[/size]

Mais trêve de digressions, revenons au contenu de nos verres (et de nos assiettes !) :
7) Château Chalon 1959 - Henri Bouvret
Chris : Nez plutôt joli, encore fruité malgré une pointe de réduction tenace. Bouche très douce, pas très gnaku au premier abord, mais l’acidité se manifeste vers la finale avec des notes d’orange. TB tout seul, souffre un peu devant cet aréopage
Matt : et mes notes s'étiolent encore... : la robe est trouble, le nez est très tertiaire mais la bouche est bien tendue.
Tophe : [size=small](voir ci-après)[/size]
Phil : sans doute occupé à savourer le CVJM, j’ai juste noté : "nez absent et bouche peu expressive". Mais ces impressions mitigées ont peut-être été accentuées par le voisinage d'autres jaunes plus «hors pair» que celui-là ?... Notamment celui goûté en parallèle, d’ailleurs :

8) Château-Chalon Clos Bacchus 1959, P. Richerateaux
Phil : nez plus expressif, sur les épices douces. Rétro sur la morille, et acidité davantage présente. 1 heure plus tard, ce château-chalon deviendra tout simplement du... jus de morille. Est-il besoin de faire baver le lecteur en précisant que l’accord était très beau avec le miamslurpesque coq au vin jaune ? Même pas, hein ?...
Tophe : Deux Château-Chalon de grande année, sur un registre classique et au mieux de leur forme: ils sont sur leur plateau d’apogée et vont y rester longtemps. Bu seul, le Bouvret serait superbe, mais là, il est éclipsé par le Richerateaux, ciselé et équilibré, d'une très grande précision et pureté. Très complexe sur des arômes assez classiques, de fruits secs, mélange d’épices indien, et là encore on retrouve la morille en finale. Le Richerateaux comporte sur l’étiquette la mention « Clos Bacchus », une vigne qui n’est d’ailleurs pas un clos, située côté Ménétru au lieu-dit « Sous Gaillardon », à côté de Beaumont. Il me semble que cette parcelle est aujourd’hui exploitée par François Rousset-Martin.
Chris : Nez très discret, bouche acide, tendue, très tonique encore, comme le Vichot-Girod 1938 mais un peu assagi quand même ; très belle retrolfaction. TB+++ ; 30’ plus tard c’est encore plus superbe, le Vichot-Girod avec plus de finesse. Excellent sur le coq
Matt : encore une longue rétro sur la morille comme on l'aime.

Le feu d'artifice couleur soleil n’est pas terminé puisque nous avons encore un large plateau de fromages qui nous attend, où sont allongées trois belles tranches de comté : deux comtés d’été (2013 & 2014), et un troisième de l’hiver 2014. Et avec ça deux autres jaunes, qui doivent être contemporains des deux précédents puisqu’ils laissent admirer eux aussi leurs belles robes d'or - ce qui est toujours un plaisir visuel.
9) Château Chalon 1959 L. Cartier
Phil : Le premier présente un nez acide, très acidulé et pas agréable à mon goût, qui me fait immédiatement penser au bouquet déjà rencontré sur des jaunes du domaine Badoz à Poligny. Même si le fromage arrondit le vin, celui-ci ne me plaît que très moyennement. Stupeur à la découverte de l’étiquette ! Il s’agit du fameux Cartier 59, celui qui nous avait subjugués lors de la toute première LPViade du vin jaune en mai 2010, l’acmé graalique, le bouquet final magnifique de cette autre dégustation "pyrotechnique" d’exception , et dont le souvenir très doux berçait depuis nos rêves de juraddicts… Eh ben voilà, ce soir ce n'est pas le même. Sujet de la prochaine dissertation du lycée viticole : "Des variations entre bouteilles conservées dans des conditions identiques"
Matt : le vin le plus réduit de la soirée, surtout le nez. La bouche présente des notes métalliques, mais derrière on sent le pamplemousse. Ça ressemble à un Macle bien réduit comme j'en ai déjà goûté plus d'une fois... Peut-être qu'une aération prolongée lui aurait fait du bien ?
Chris : Nez avec ces notes de réduction/bouillon, du jus d’orange aussi avec une touche acide, prometteur. La bouche est d’abord acidulée, sur le jus d’orange, puis l’acidité semble l’emporter. Mais ça passe très bien sur le comté par exemple, qui renforce les notes d’orange, presque sucrée.
Tophe : [size=small](commenté ci-dessous avec le vin n° 10)[/size]

10) Château-Chalon 1959 Vichot-Girod
Phil : Mes notes s’amenuisent : pour ce dernier jaune de la soirée, j’ai réussi à consigner, en sortant la langue au coin de la bouche pour m’appliquer : "nez très doux, miellé, lacté, où l'amertume apparaît puis se renforce à mesure ; plus fondu". Oui c’est tout, avec une impression générale de BIEN, mais sans vraiment plus si mes souvenirs sont bons.
Matt : Des notes de fruits exotiques et de truffe, avec une pointe végétale tirant sur le bouchon, en bouche l'attaque est bien souple et fruitée, avec un bel équilibre.
Tophe : De la réduction sur le Cartier, de beaux agrumes derrière, beaucoup de rondeur. Ce vin nous avait laissé un grand souvenir lors d'une dégustation précédente, mais comme le Bouvret du duo précédent, il est surpassé à mon goût par le Vichot-Girod, marqué par des notes salines, une acidité encore bien tranchante, une finesse, une pureté et une finale interminable. Magnifique! 1959 est décidément un très grand millésime jurassien.
Chris : Beau nez plutôt sur les fruits secs, la datte. La bouche d’abord souple est marquée par l’acidité ; très longue finale avec une belle retrolfaction.

Au terme de ce dîner-dégustation extra-ordinaire de vieux jaunes, un constat très agréable s’impose : nous sommes frais comme l’œil, au niveau de l’estomac en tout cas : tous ces jaunes évolués et fondus se sont montrés très digestes - comme les plats du menu d’ailleurs -, et leur puissance assagie ne nous a pas fatigué les papilles. On a même pas eu besoin de prendre un digestif ! Et inutile de préciser qu’avec les nectars hors catégorie qu’on avait dans les verres, on a rien recraché.

Bon, le show n’est pas tout à fait fini, il y a encore un dernier rappel sous la forme d’un dessert, très original et absolument délicieux : une crème de mascarpone au vin jaune, gelée au curry Garam Masala, et morilles confites. Des morilles au dessert… c’est génial ! Et l’accord sera très réussi avec un :

11) Arbois Vin de Paille 1959 Marcel Poux
Phil : Eh oui, on conclut en douceur avec ce vieux paille lui aussi très digeste, équilibré, aux arômes mêlant l’orange amère, le café, le caramel... sans oublier la morille, un des fils rouges gustatifs de la soirée.
Chris : Nez de paille ; bouche presque sèche, comme un vieux paille qui aurait mangé ses sucres. Belle finale sur une aromatique avec des notes oxydatives, de noix, figues et autres fruits séchés
Tophe : Comme souvent, vieux paille et vieux jaune se rapprochent. On est dans une continuité aromatique par rapport aux vins précédents, très complexe, sur l'écorce d'orange, le café, le caramel, le quinquina, la morille, des épices douces... Le sucre en plus bien sûr, mais le vin a probablement perdu de son sucre. A noter qu’il s’agit de deux demi-bouteilles, réunies en carafe. L’une d’elle était vraiment bas goulot, mais présentait très peu de différence à la dégustation avec sa sœur. Bonne pioche, car il n’est pas évident de trouver des paille de cet âge en aussi bonne condition (grâce à la qualité du millésime ?).

Pas de Fernet-Branca italien ni d’Unicum hongrois donc, ce soir : on va tranquillement se coucher, le ventre, l’esprit et le cœur légers.
Rien ne vient troubler notre béatitude.
Même pas un petit rot.
Pas le moindre pet.
Et évidemment aucun ronflement.
C'est ça la sobriété B)-.
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Là c’est quand on avait fait croire à Chrisdu qu'on lui servait des ortolans... :D
Outre la meute des paparazzi, vous remarquerez au passage que même les serviettes en papier étaient dans le thème
"enjoy yellow" de la soirée.
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Tophe : Les vins de la soirée pour moi, sans les classer : Lucien Clavelin 1949, Vichot-Girod 1938 (avec un bonus pour son âge vénérable), Richerateaux 1959, Vichot-Girod 1959.
Deux vins fatigués sur dix malgré des niveaux parfois limite, la réputation de longue garde du vin jaune n’est pas usurpée… Beaucoup d’émotion pour moi de boire ce vin de 1938, et une confirmation : les 1959 sont au top, un très grand millésime qui est parti pour vieillir encore longtemps.

Matt : Que dire sinon que mes notes ne reflètent pas vraiment le vécu de cette soirée exceptionnelle à plus d'un titre. Il faut aussi parler du menu sans faute qui m'a scotché à plusieurs reprises, à l'image de ce dessert surprenant ET délicieux. Pour résumer, ce genre de soirée coupe court à toute envie d'aller dans un restaurant gastronomique, et on ne remerciera jamais assez notre hôte pour cette occasion unique de goûter à ces vénérables clavelins. Je pense que nous avons tous été surpris de découvrir les millésimes de ces flacons qui démontrent qu'à 51 ans, on est tout juste dans la fleur de l'âge! Une soirée plus que mémorable et riche en émotions! Un grand merci au coprés!

Encore un gros, un maousse MERCI à Tophe pour l’incroyable générosité et l'immense amitié qu’il nous a manifestées en ayant partagé avec nous des clavelins parmi les plus exceptionnels de sa cave, et notre reconnaissance tout aussi grande pour son accueil chaleureux et la qualité de sa cuisine (j'ai été épaté… une fois de plus! ;)). Ce week-end haut en couleur -euh jaune surtout, en fait- a été un très beau moment de fraternité joyeuse et conviviale.

Et comme l'a relevé Phil Teva avec perspicacité, la vraie Confrérie du Royal Vin Jaune , c’est désormais chez Maître Tophe qu’elle a son siège.

Vive les Jura Tours, et à ploussard pour de nouvelles aventures !

:), Philippe
[size=small]
La photo de couverture du prochain numéro de la revue Archéologia, édition Franche-Comté
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[size=x-small](photos & compos photographiques : studio Davy (merci encore, camarade ! ;))[/size]

:), Philippe
08 Oct 2015 13:43 #1

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Superbe compte-rendu d'un juradict enthousiaste.
Dégustation mémorable chez un hôte dont on se souviendra de l'accueil...
Quel est Tophe !
08 Oct 2015 14:05 #2

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Superbe, merci! (tu) (tu) (tu)

JB
08 Oct 2015 14:16 #3

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Merci!
Très beaux moments et superbes vins.
Mais il faut vraiment être fans du "jaune"!
Autant les séries de 20 ou 25 vins à table ne m'effraient pas, autant je ne suis pas sûr de tenir sur la moitié en oxydatif.
Mais quand on aime... (tu)

jlj
08 Oct 2015 14:30 #4

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Très beau CR!!! Merci! (tu)

Flo (Florian) LPV Forez
08 Oct 2015 16:08 #5

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Encore une superbe page d'LPV !
(tu)

Et presque le retour de Tophe, allez encore un petit effort !
B)
08 Oct 2015 17:11 #6

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Impressionnant, total respect !! (tu)::o(:P):)

Daniel
08 Oct 2015 17:45 #7

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Remarquable!! (tu)(tu)

julien
08 Oct 2015 18:29 #8

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Je me joins au concert de louanges ! (tu)

Frèdè
08 Oct 2015 18:38 #9

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La vache ! Dantesque !
08 Oct 2015 18:43 #10

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Impressionnant ! Merci pour ce superbe CR :)

Rémy
08 Oct 2015 20:02 #11

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EXTRAORDINAIRE moment magnifiquement retranscrit !!

Chapeau Philippe, bravo les Juraddicts ! (tu)

Amitiés,
Oliv, ravi de retrouver enfin le Tophe.
08 Oct 2015 20:43 #12

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Excellent et un salut amical à toute l'équipe.
Philippe - LPV Lyon
10 Oct 2015 18:58 #13

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Bravo !Tout simplement : bravo !
11 Oct 2015 10:07 #14

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Réponse de Philippipipourrah sur le sujet CR: «Lacavajonatof» le lendemain de la veille : the place to be !

Merci beaucoup de tous ces échos chaleureux... Mais n'oublions pas : soli Tophoro gloria ! ;)

En bonus, voici la brève chronique de notre visite dans la fameuse cavajonatof : oui, non seulement nous en avions dégusté quelques trésors la veille au soir, mais nous avons eu le privilège le lendemain de pénétrer dans le lieu très saint, sous la conduite de son Grand prêtre Tophe, souverain sacrificateur qui avait déjà sacrifié la veille un coq (au vin jaune et aux morilles), un saumon, un lapereau, des escargots... (mais pas de porc, il avait respecté les prescriptions du Lévitique ;))

Après un petit trajet de quelques kilomètres, la cave-à-Tophe n’étant pas (dans) sa résidence principale, nous voici dans la place, entourés de centaines de bouteilles Jura et de clavelins, vieux de plusieurs décennies et adorablement poussiéreux. La plupart d’entre eux sont protégés contre l’humidité par plusieurs tours de film plastique - ce qui a fait dire à Matthieu : "Tu dois avoir un sacré budget en film alimentaire..."

On regarde, on contemple, on se penche pour lire une étiquette... Non content de nous permettre de poser les yeux là où la main de l’homme n’avait presque encore jamais mis les pieds ("rares sont les visiteurs qui ont pu descendre dans cet antre, plus rares encore ceux qui en sont remontés vivants", nous avait-il prévenus :D), Tophe avait prévu une petite dégustation in situ ! Verbatim : "On allait pas venir ici sans goûter un ou deux trucs". Généreux, on vous dit : simplement et naturellement généreux...

Pas de vieux jaunes cette fois-ci, ça aurait en effet été dommage de goûter à peine ouverts des géronto-clavelins qui nécessitent une aération prolongée pour se livrer pleinement ; mais trois vins du Jura différents, et qui avaient quand même une vingtaine d’années au minimum ! La dégustation se déroule cette fois étiquettes découvertes.

Côtes du Jura blanc 1989 - Château d'Arlay
Légère réduction au nez, avec une dominante de champignon, que l’on retrouve aussi en bouche. Le fruité est un peu éteint, il ne demeure qu’un reste citronné et de grillé. La matière en revanche est ample et grasse. Plutôt moyen en l’état, mais il est toujours difficile d’évaluer un vin du Jura - qui plus est évolué - sitôt débouché, quand on sait combien il leur est profitable de les laisser respirer. On peut gager ainsi que ce Tradition d’un millésime excellent dans le vignoble jurassien aurait gagné à bénéficier d’une aération prolongée (et je n’ai malheureusement pas pensé à le regoûter le lendemain).

Côtes du Jura Corail 1986 - Château d'Arlay [size=small](pour la composition de cette cuvée particulière : www.domaine-arlay.co..., et cliquez sur la deuxième bouteille depuis la droite)[/size]
Aaah, une bouteille de l’année de Tchernobyl : ça fait toujours plaisir d’entretenir notre taux de radioactivité :D.
Robe tirant sur le marron
Premier nez de vin évolué pas très expressif, mais plutôt agréable, avec un reste de fruit et un parfum de rose fanée.
La bouche est moins aromatique, légèrement viandée (on a remarqué au passage que "viandé" est le verlan de "déviant", mais ce n’est là que pure mauvaise interprétation d’esprit chagrin). Non en fait, ce CdJ s’ouvre gentiment et se présente de mieux en mieux au fil de l'aération : il serait sans doute sympa à boire avec de la charcuterie. Physiologiquement parlant, il est quand même un peu anorexique, mais pas complètement décharné (mais la cuvée Corail peut-elle être dodue ?... :D) Ou dit plus railleusement : à près de trente ans, ce vin n’a rien perdu de sa matière ; il n’en a jamais eu beaucoup.

Arbois Cuvée des Géologues 1995 de Lucien Aviet
Premier nez timide, mais engageant, et fin.
Bouche astringente qui appelle la charcutaille. A mesure, il s’ouvre de plus en plus, et le fruité - ou là encore plutôt le viandé - revient à l'aération. En l’état, comme l’a dit l’un de nous, c’est une bouteille "pour amateurs de vins rouges du Jura". Mais... il s’agit à nouveau d’un vin difficile à approcher à peine ouvert : on vient de le réveiller, il est hirsute, engourdi, taciturne... Il est comme nous, quoi : il a besoin de temps pour émerger de son sommeil !
Le lendemain, il sera devenu fondu, suave, harmonisé, très beau... "pinotant bien, très floral, tout en dentelle" pour Matthieu.
Un trousseau réellement sublime.

Fin de la visite culturelle. Nous remontons à l’air libre, tout guillerets : des gamins qui sortent d’un magasin de jouets... (et c’est encore mieux quand on ressort les mains vides, ça veut dire que le désir et le rêve peuvent continuer ;)).

Je ne me rappelle plus quel temps il faisait dehors : beau ? nuageux ? voire pluvieux ? Peu importe, au fond : le soleil de l’amitié, c’est dans le cœur qu’on l’avait.

Merci encore beaucoup pour ce week-end, Tophe.

:), Philippe
11 Oct 2015 15:00 #15

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Phil tu es magnifique ! (tu)

Tophe ta générosité est immense et tes talents de cuisinier et de dégustateur sont également épatants ! merci à toi :)

Je souhaite juste réagir au commentaire mitigé sur le Corail d'Arlay ci-dessous, vin pour lequel j'ai une tendresse particulière. Sans attendre la matière que ce vin n'aura jamais, il me semble qu'on peut l'apprécier pour ce qu'il est, compagnon élégant et rafraîchissant de plats à base de charcuterie, de viandes blanches voire de certains desserts acidulés. Je pense que les conditions de notre dégustation ne l'ont pas mis à son avantage. Certes sur le déclin, il m'a pourtant semblé qu'il tenait bien le coup.
200% d'accord sur le trousseau !

Hubert
11 Oct 2015 20:37 #16

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