Et ça n’est pas un accident, vous pouvez me faire confiance ! Le virus O2J6 de la fièvre jaune, c’est une souche très active, un cocktail maison à base de 2 oxydatifs et 6 jaunes, best-off de 3 ans de juraddiction galopante.
Ça faisait quelque temps que l’idée d’un dîner/souper arrosé de vin jaune nous trottait dans la glotte. La crainte de voir certain hurluberlus s’autoriser des pirates iconoclastes qui troubleraient la communion m’a amené à l’idée d’organiser un diner payant (prêt à tout) afin de contrôler les apports de A à Z.
Une séance poulet au vin jaune / vins de Puffeney organisée par le CAVE SA qui nous est passée sous le nez a été le détonateur ! Puisqu’on le valait bien, il nous fallait organiser la dite session nous-mêmes !
Aussitôt dit, aussitôt fait, on s'est retrouvé mi-Avril à mon domicile autour d’une cocotte en fonte et de quelques mignardises…
Amouillage des verres :
Crémant Michel Gahier (2 ans de bouteille)
Très fin et équilibré, plus trop de souvenirs mais je viens de finir la demi bouteille restée au frigo pendant 15 jours, c’est très bon !
On enchaine par un tasting de fond de bouteilles du domaine Amiot Guy & fils (issues d’une dégustation du midi chez certain(e) stakhanoviste - très beau Chassagne 1er cru "Les Vergers" 2008)
Enfin !! raaahh ! On attaque la falaise, Jérôme a pali, Catherine salive, JD roule des yeux et Phil n’en pense pas moins.
Phil… justement…pour le coup, il n’y a pas de doute, c’est Phil T. dit le « dégoupilleur » (pour le nombre de bouteilles qu’il sort quand il joue à domicile). Car Phil V , ex "l'Enthousiaste", a du se faire porter jaune pâle à quelques jours de la terre promise. Depuis, il envisage de changer son pseudo en « Philkaloupéssah »
[size=small](y va râler mais de tout' façon y me parle déjà plus depuis que je lui ai teasé la liste des vins)[/size]
Bouteilles ouvertes et épaulées ( miam ! ) en début d’après midi (sauf les plus vieilles ouvertes un peu plus tard) , conservées dans une pièce fraiche puis ramenées à température ambiante 1h avant le début de la dégustation. Protocole "LPV Suisse Romande" : On goûte en dégustation puis on se ressert librement sur un repas.
Les bouteilles ne sont pas dégustées à l’aveugle pour moi, le compte rendu est la compilation des notes prises au long de la journée depuis le débouchage ainsi que moult resucées :)o les jours suivants.
Autant prévenir tout de suite que c’est l’Ecole des fans ce soir et tout le monde aura 10 sur 10 !
Arbois Savagnin 2002 dom. J.Puffeney mise Mai 2010
A l’ouverture, ce vin paraît plus fluide, moins concentré que les jaunes ouverts juste avant – ce qui soit dit en passant justifie le choix de J.Puffeney de ne pas le revendiquer en jaune malgré 8 ans d’élevage- , avec un peu d’astringence et notes de pomme
Joli nez, bouche acidulée, de la croûte de fromage sur une finale salivante un peu bloquée par l’amertume. Sur cette dégustation, il pourrait faire pâle figure face à ses illustres challengers mais regoûté seul sur 2 semaines, c’est vraiment un beau vin avec des arômes d’oxydatif classique (pomme , noix , morille, …) qui ne cède aux vins jaunes (pas n’importe lesquels ) qu’un peu de volume et de longueur.
Côtes du Jura « Prestige de Gaillardon » dom. F.MOSSU (assemblage 2004/2005, millésime non revendiqué)
Nez avec de la rondeur et quelques notes de pharmacie ; L’attaque est acide avec des notes de pomme blette comme un oxy classique. Grosse puissance en bouche, on retrouve la pomme . La finale est exceptionnelle, un cocktail explosif de jus d’agrumes.
En résumé des regoutages successifs, c’est aussi un très beau vin, à l’énergie phénoménale, un jus d’agrumes dont la pureté égale les château chalon , tout autant que la puissance assez phénoménale aussi. Il ne manquerait qu’un peu de longueur et de persistance, ça serait alors la quintessence, l’union des château chalon et des meilleurs jaunes d’Arbois.
Château-Chalon 1999 dom. Chevassu
A l’ouverture, c’est léger, très souple avec une finale sur la morille, assez prononcée et persistante.
Dégustation : Nez viandu, des notes de livêche (céleri perpétuel), un peu résineux. La bouche est souple, assez légère, des agrumes type citron, quelques notes de pomme. Finale en finesse mais très persistante.
A table, sur le poulet, j’ai écrit « Bien », oui seulement Bien, on fait la fine bouche, du fait que ce vin est très fortement structuré sur sa trame acide et manque un peu de rondeur ainsi que de notes jurassiennes pour épouser le pot de crème aromatisé au poulet, au vin jaune et aux morilles…
En résumé, finesse et souplesse décrivent très bien ce vin que je me risquerai à qualifier de Château Chalon classique ; il semble toutefois plus ouvert que lors de la dégustation de 2011 quand il faisait jeu égal avec un Macle 99 (même 2 , hein PP !) . Il semble déjà buvable, je dirais qu’il faut en surveiller l’évolution mais sans se précipiter des fois que ça devienne encore meilleur.
Côtes du Jura Vin Jaune 1998 Château d’Arlay
A l’ouverture : Un sale nez, petite dureté en bouche, une légère amertume et une belle longueur aussi. Finale en queue de paon, très complexe et très longue.
Dégustation : Grâce à l’aération, le nez évolue sur le bouillon puis (les jours suivants) sur les fruits mûrs. La bouche est plus volumineuse, mais tendue et presque austère, joli jus acide sur l’orange amère. Assez puissant, avec une longue finale sur les agrumes (orange toujours).
A table, sur le poulet, il se présente tout en rondeur et en finesse, très agréable.
Sur la soirée, il se sera présenté un peu en retrait mais le fond de bouteille est sublime, terminé ce week-end (15 jours plus tard) sur un Comté Vagne de 20 mois .
Arbois Vin jaune 1999 dom J.Puffeney mise Mai 2010
A l’ouverture : Quelques notes d’alcool au nez, la bouche est assez stricte, moins florale. De belles notes de croûte de fromage, des notes alcoolisées, une grosse puissance, un vin en apparence plus rustique que les Château Chalon et d’Arlay mais un goût de jaune extra et une finale interminable.
Dégustation : Attaque en souplesse puis développement de l’acidité avec une belle puissance et une finale sur la morille très marquée
A table, sur le poulet, il semble un peu trop acide et puissant. Mais il se révèle sur le fromage, suprême accord
Château-Chalon 1996 dom. Macle
1ère bouteille : bouchonnée !!! Grrr ça sent un peu au nez et aussi en bouche mais la gorgée prise avant de partir en courses reproche le bouchon de façon insupportable (celui qui a déjà testé la rotolfaction du Macle en voiture après passage au domaine verra très bien la sensation gachée par ce goûtr de bouchon). Dommage c’était fin et doté d’une belle trame acide.
2ème bouteille : Nez viandu et réduit, comme je n’ai jamais eu sur un Macle, je crains le pire mais la bouche est superbe de finesse sur les agrumes
Dégustation : Nez sur le bouillon, le céleri , fait penser aux Overnoy . En bouche, c’est l’acidité qui s’impose, de la nervosité, finale sur les agrumes avec une pointe d’amertume façon pamplemousse. Acidulé, finale très très longue ; me semble toutefois pas aussi pur que « des fois »
A table sur le poulet, c’est pourtant sa pureté qui m’a frappé. Sur le fromage, il s’avère excellent avec presque une sucrosité savoureuse. En résumé des quelques regoutages des jours suivants, c’est l’équilibre proche de la perfection qui prédomine.
Château Chalon 1979 dom. J.Bourdy
Nez de fruits confits, orange, voire abricot. Bouche étonnante, pas fixée, un peu floue. Malgré cela, une belle finale sur les agrumes, juste ce truc bizarre à l’attaque en bouche.
A table, regouté sur les fromages, il est un peu décevant, pas vraiment à son aise (attention, tout est relatif, à côté de ses voisins de la mort qui tue). En fait, il s’apprécie bien pour lui, grâce à son nez exotique et ses arômes de fruits secs, comme un liquoreux type quart de chaume mais sans sucre.
Château Chalon 1967 dom. Louis Florin
(cadeau d’anniversaire des Juraddicts, dans l’émotion des effusions, je n’avais pas noté le donateur, merci à lui)
Un sale nez réduit duquel percent bouillon et agrumes (encore une fois, Overnoy est ma référence, en général ça promet des grandes bouches)
La bouche fait un peu étriquée, très tendue sur un fond de jus d’agrumes. Belle finale sur la finesse, un chouia trop amère.
A table, il se révèle sur le plateau de fromages, l’acidité lamine le fromage et fait ressortir les agrumes ; excellent
La dégustation se conclut sur un repas dont l’incontournable poulet au vin jaune et aux morilles, cuisiné au château-chalon 96…
On termine par la tarte aux pommes officielle, accompagnée de
Vin de Paille 2006 dom. De la Tournelle
Nez herbacé, médicinal, façon chartreuse. En bouche, des fruits secs, dattes, figues et un peu d’alcool perceptible ; on retrouve le caractère herbes médicinales en finale.
Ce CR un peu laconique ne restranscrit peut-être pas très bien le plaisir que nous avons tous pris lors de cette soirée. C’était vraiment un assortiment varié des divers styles et parfums que peut offrir le Jura en matière de vins sous voile. Oh certes, pour être complet, j’aurais encore voulu ajouter 2 jaunes au style floral comme les jaunes 2004 de Labet et Gahier… Mais le plaisir était bien là, augmenté pour moi des souvenirs liés à chaque bouteille (par ex. Jacques Puffeney mimant la longueur en gorge du savagnin par rapport au jaune, notre après-midi conférence au Château d’Arlay, ma visite chez Chevassu, la bouteille de Gaillardon qui embaume le sol de ma cave, … etc…)
C’était surtout encore une belle soirée de convivialité, prolongée par une nuit sur place pour tout le monde et un petit déjeuner Comté / Vin Jaune que les grands malades du Jura Tour n’auraient pas renié. Encore merci de votre présence , votre bonne humeur et votre goût (nouveau pour certains) pour le vin jaune.