Préparation aux fêtes de fin d’année

J’ai reçu il y a quelque temps une invitation pour une dégustation sur ce thème alléchant. Comme elle provenait du petit groupe sympathique qui anime Webovino et que j’avais déjà eu l’occasion d’apprécier leur compagnie, banco : je dis oui ! Cela, c’était avant…

Quant à après, j’ai été comblé par la qualité des vins, judicieusement choisis par l’organisateur Sylvain parmi nos propositions et l’excellente ambiance, à la fois studieuse (un minimum …) et joyeuse.

Mais ce n’est pas tout : cela m’a permis de faire la connaissance du très facétieux Seb et de valeurs ajoutées féminines ; enfin le repas au restaurant, qui constituait le cadre de la dégustation, était en tous points remarquable !

Un mot pour finir sur le titre du thème : nous avions quasiment tous un point en commun, celui de passer les fêtes de fin d’année en famille, avec des convives pas très amateurs de vins… Ce que nous avons apporté représente donc ce que nous souhaiterions déguster à cette occasion, mais ce que certains ne pourront pas faire, soit parce qu’ils ne seront pas décideurs, soit parce qu’ils savent que ce ne sera pas apprécié… mais j’ai écrit « quasiment tous » car ce ne sera pas mon cas !

Un Champagne pour l’apéritif

Champagne – Emmanuel Brochet – Les Hauts Chardonnays – Extra-Brut – 2007
Robe bien dorée.
Le nez très intense et très fruité mêle des fruits secs, des fruits confits et une touche plus acide provenant d’un arôme de pomme.
La bouche joue sur la finesse et la tension. L’attaque est plutôt ronde mais très vite la trame énergique et longiligne prend le dessus. La bulle généreuse et caressante apporte un peu de douceur, jusqu’à une finale citronnée et aux élégants amers.
Un très beau Champagne d’apéritif : Très Bien +


Première paire de blancs : un choix très pointu, avec deux cépages souvent associés mais ici séparés dans deux vins du sud sur un beau millésime

Saint-Péray – Domaine Alain Voge – Fleur de Crussol – 2010
Il s’agit d’un monocépage marsanne.
Robe d’un or dense.
Le nez bien ouvert est dominé par des arômes grillés qui laissent apparaître à l’aération dans le verre un fond de fruits jaunes et notamment l’abricot.
La bouche est séveuse, presque sérieuse. Elle en impose par son étoffe, renforcée par beaucoup de gras. La finale, toujours assez dense, regagne en saveurs.
Un vin de caractère qui peut être attendu : Bien ++ / Très Bien

Vin de France – Domaine Henri Milan – La Carrée – 2010
Il s’agit d’un monocépage roussanne.
Robe d’un or très jaune.
Le nez très expressif présente un fruité exacerbé, complexifié par des notes d’infusion et d’autres de vanille.
Pleine et concentrée, la bouche n’a pas encore digéré son élevage (9 mois en barriques neuves pour un tiers du vin) mais on ressent une matière riche et très mûre, ne manquant pas d’allant.
Un autre vin de caractère, à attendre encore d’après moi : Bien +(+)


Deuxième paire de blancs : deux grands cépages du nord dans un grand millésime pour les blancs de France

Alsace Grand Cru – Mambourg – Marc Tempé – Riesling – 2008
Robe d’un or soutenu mais peu dense.
Le nez s’ouvre généreusement sur des arômes de pétrole noble et des fruits jaunes, ainsi qu’une note citronnée.
La bouche est très harmonieuse et se fait apprécier en alliant les mêmes saveurs qu’au nez, un gros volume, une très légère sucrosité, une belle acidité et une superbe persistance.
Un très beau Rieslng pour qui n'est pas réfractaire aux hydrocarbures : Très Bien ++

Puligny-Montrachet – Domaine Leflaive – 2008
La robe est un copier-coller de celle du Riesling : or soutenu mais peu dense.
Le nez est très intense mais sur une aromatique démonstrative et peu engageante de confiture de lait, de pâtisserie et même de caramel.
Fort heureusement, avec la bouche, on passe de l’autre côté du miroir : un léger gras en attaque mais d’un bel effet, d’autant que c’est la finesse et un profil rectiligne et tendu qui prennent la suite, l’ensemble étant soutenu par une acidité structurante.
Une petite déception à cause du nez pour ce grand nom, même sur une appellation Villages.
Très Bien pour l’ensemble mais au moins Très Bien + pour la bouche seule.


Première paire de rouges : deux vins de la Côte de Nuits sur deux beaux terroirs et deux beaux millésimes aux profils différents

Gevrey-Chambertin – Domaine des Tilleuls – Clos Village – 2008
Bouchonnée… Dommage, je ne connais donc toujours pas les vins de Philippe Livera…

Chambolle-Musigny – Domaine Antonin Guyon – Les Cras – 2005
Robe assez claire qui dénote une certaine évolution.
Le nez bien ouvert confirme que l’on est en présence d’un très beau pinot noir : la cerise est nuancée par de délicates notes de ronce et de végétal.
La bouche de demi-corps mais raffinée ravit par ses saveurs gourmandes et sa texture satinée, sa belle vivacité et sa finale sereine.
Un très bon Bourgogne à point : Très Bien +


Deuxième paire de rouges : deux vins issus des deux grandes régions italiennes

Barolo – G.D. Vajra – Albe – 2010
Robe assez Claire aux reflets légèrement tuilés.
Le nez d’une très belle intensité se montre aguicheur par ses arômes de réglisse et de mûre.
Quel contraste en bouche ! Le profil est tendu, d’un caractère presque austère, renforcé par des petits tanins saillants. Une chair fruitée contrebalance cette première impression, bien aidée par une belle élégance et une finale pleine d’énergie.
Un beau représentant du Piémont qui en a encore sous le pied et qui a souffert de son association avec son camarade du sud : Très Bien (+)

Brunello di Montalcino – Conti Costanti – 2001
Robe assez sombre qui présente des reflets nets d’évolution.
Le nez est intense et sa complexité olfactive se mesure par la diversité et la variation dans le temps de ses arômes : balsamiques, cuir, fruits noirs, vanille, menthe…
La bouche est construite sur un parfait équilibre entre amplitude, sapidité aboutie, austérité classieuse, acidité aérienne et tanins complètement fondus et finale saline.
Un superbe représentant de la Toscane, au sommet de son art : Très Bien ++ / Excellent


Troisième paire de rouges : deux vins du Rhône mettant en valeur les deux sous-régions, les deux cépages phares et deux millésimes proches mais très différents

Saint-Joseph – Domaine Pierre Finon – Le Caprice d’Héloïse – 2009
Robe sombre assez jeune par quelques reflets violacés.
Le nez très intense, intensité exacerbée par une pointe de volatile, assez monolithique sur les fruits noirs et nuancé par une touche sympathique de garrigue.
La bouche très charnue est gorgée de fruits très mûrs, ce qui la rend avenante, mais son caractère capiteux et un léger déficit d’acidité n’incitent pas à se resservir plusieurs fois.
Une syrah qui fait très grenache : Bien +(+) mais d’autres ont nettement plus apprécié que moi, n’est-ce-pas Ralf ?

Châteauneuf-du-Pape – Domaine de la Vieille Julienne – 2008
Robe grenat sombre et évoluée.
Le nez, d’abord moyennement intense en raison d’une température de service un peu fraîche, se développe harmonieusement au réchauffement et à l’aération dans le verre sur un fruité classieux mêlant des arômes de mûre, de cassis et de pruneaux, teintés de cuir noble.
La bouche se présente dans la continuité : le grand fruit est enjôleur, la tension apporte de la finesse et de la longueur, les tanins légèrement accrocheurs se fondent à table et assurent une charpente à ce bel ensemble.
Un vin à majorité de grenache qui fait très… grenache mais sans exubérance : Très Bien +


Et pour finir, une petite douceur.

Sauternes – Sigalas-Rabaud – 2003
Robe d’un or bien ambré.
Le nez d’une très grande intensité est marqué par le botrytis : l’abricot confit et le rôti sont bien relancés par de délicates touches d’agrumes.
La liqueur en bouche est encore très présente mais bien fondue dans une belle aromatique fruitée et affinée par pas mal d’acidité. La finale persistante est plus vive tout en restant goûteuse.
Un bon Sauternes qui n’en est qu’au début de sa longue vie : Très Bien +

Voilà qui ponctue une bien agréable soirée.
On recommence après les fêtes pour faire le debriefing de celles-ci ?

Amitiés œnophiles,
Jean-Loup

A effacer

Comme d'habitude un super CR Jean-Loup, c'était effectivement une belle préparation aux fêtes.
Pour ma part, j'ai vraiment adoré le Barolo qui m'a transporté par sa finesse.
Et comme Ralf, j'ai aussi beaucoup aimé le Saint Joseph, mais il va dire que c'est mon côté dégôteur de RQP ;-).
Par contre les blancs ne m'ont pas ému plus que cela, à part la bouche de ton Puligny.

J'espère que je boirai au moins aussi bien pendant les fêtes :-)

Jean-Loup;

il me semble que la différence d'âge ne joue pas en faveur du Barolo. Les vins de Vajra (et beaucoup de Barolo) ont besoin de temps pour se donner. Pour avoir dégusté un Freisa 2000 (cuvée Kiè) tout récemment, j'ai vraiment pu constater comment le vieillissement de ses vins les débarasse de leur obscurité (même si on n'est pas sur le même cépage je le conçoit).


Xavier

En "teaser" avant le compte-rendu deux remarques : j'ai effectivement beaucoup apprécié le fruité pur du Saint-Joseph et j'étais d'abord sur une belle cuvée de Carignan (Priorat ou Languedoc-Roussillon).

Quant au Vajra, j'ai l'impression que cette cuvée "Albe" (jeux de mot entre la région d'Alba et l'aube) est une cuvée abordable à tous les sens du terme (moins cher et beaucoup moins tannique que les Nebbioli habituels). Là aussi, j'ai beaucoup aimé.

Ralf