Invité chez Fedor (Lpvien passionné) hier soir avec plusieurs amis, une belle série de vins a été ouverte. C’est suffisamment rare pour que cela soit souligné : quand toutes les bouteilles sont au niveau attendu voire plus, c’est le pied. Tous les vins sont bus étiquette découverte.

On commence, sur un jambon truffé, par deux vins blancs :

Domaine François Chidaine, Montlouis, Les Bournais, 2014 (en magnum) :
Nez superbement expressif sur les classiques du chenin (coing, citron) avec une pointe de miel et une touche crayeuse. Même sensation en bouche où le vin déploie toute la panoplie du grand chenin (agrumes / coing / craie) avec une vraie trame crayeuse. Grand volume qui emplit tout le palais et qui reste très longtemps dans la bouche grâce à une acidité parfaitement intégrée. Expressivité totale pour un vin tout de même très jeune, et qui confirme les premières dégustations : Excellent vin, très grande bouteille.

Excellent (+) en l’état


Dur de passer après une telle bouteille, et pourtant le Domaine Joseph Voillot Meursault 1er cru Les Cras 2011 va se révéler d’un niveau équivalent voire meilleur : le nez part tout de suite sur le floral blanc (tilleul), accompagné d’une pointe beurré, quelques notes de caramel, de miel, puis les agrumes (citron/citron vert) : très joli. Mais c’est la bouche qui le fait passer dans la dimension des excellents blancs : les agrumes sont là en attaque puis laissent place au beurré, donnant du gras et du volume au vin. Puis l’acidité, parfaitement dosée, retend l’ensemble et étire la finale longuement sur le citron et le floral blanc, faisant ensuite saliver de façon gourmande. Retro sur le miel et le citron. Excellent !

Excellent + en l’état.


On passe ensuite aux rouges, sur une belle viande.
Trois bourgognes, dont l’ordre de passage peut être sujet à débat.
On commence par Domaine de la Pousse d’Or, Pommard 1er cru Les Jarollières 2009 : pas de goût de bouchon cette fois sur un 2009 du DPO, et bien c’est une magnifique bouteille, une très belle expression du pinot : nez gourmand de cerise, et de confiture de fraise écrasée, d’épices, une pointe réglisse et un début de tertiaire sur les sous bois. Impression confirmée en bouche où le vin s’exprime sur les mêmes senteurs (fruit rouge / fruit noir / réglisse), grande profondeur, équilibre d’école grâce à une acidité bien présente. On ne retrouve pas les marqueurs habituels des millésimes solaires, aucune sensation de lourdeur mais au contraire une grande élégance. Finale fruitée pas exceptionnelle mais classe. Top.

Excellent


Le deuxième rouge va sans doute souffrir de l’effet de séquence : le Domaine de la Vougeraie Clos de Vougeot 2001 présente un profil plus sudiste sur les fruits noirs et cuits : prune, pruneau, cerise confite, tant au nez qu’en bouche. Gros volume, grosse matière, mais le manque d’acidité en début et milieu de bouche lui confère un aspect pataud limite alcooleux, clairement déséquilibré. Finale de très grande longueur sur le pruneau, où l’acidité arrive d’un seul coup, avec un effet mitigé sur le palais.
Cela reste dans l’absolu très bon et, bu seul, je pense qu’on l’aurait trouvé d’un bon niveau. Mais par rapport à son prédécesseur et surtout par rapport à son successeur, il ne tient pas la comparaison.

Très bien en l’état


Le troisième est pour moi une revanche car il y a 15 jours ma dernière bouteille était bouchonnée : Fedor l’a sorti sans le savoir et nous permet ainsi de voir le potentiel de cette cuvée sur ce millésime controversé. Ce Domaine Joseph Voillot Volnay 1er cru Les Champans 2008 est un concentré de fruits rouges au nez avec un côté sanguin de toute beauté, quelques touches mentholées. Très classe. La bouche est d’un niveau supérieur car aux côtés fruités et sanguins s’ajoutent une profondeur de la matière et des parfums un peu tertiaires complexifiant l’ensemble. Acidité présente mais en aucun cas déséquilibrante, la matière est dense et la structure sans défaut. Une légère astringence en finale qui s’estompe sur le plat. Grande longueur fruitée, classe. Un très grand Voillot, au top de l’appellation sur 2008 sur ce que j’ai goûté.

Excellent (+)


Sur un comté de 24 mois et un Beaufort d’été, un Domaine Ganevat, Côtes du Jura Vin jaune 2005 : bon, tout est là : la noix, les pommes, une grosse acidité, très gros volume, très grande longueur. Une sorte d’évidence, pas seulement dans l’accord avec les fromages. Certes, il faut aimer l’aromatique (qui divise toujours autant), mais quel équilibre et quelle puissance aromatique !

Excellent +


Sur le dessert, un Dr. H.Thanisch « Bernkasteler Doctor » Riesling Spätlese 1994 : j’avais adoré il y a deux ans ce vin, un des plus grands blancs jamais bus. Il est cette fois « simplement » excellent, avec des agrumes, fruits jaunes, sucres parfaitement intégrés, une acidité toujours millimétrée qui procure un équilibre impeccable. Ajoutons une digestibilité hors norme et on regrette (tous) la fin de la bouteille. Encore une fois, top.

Excellent (+)

Une bien belle série où tous les vins se sont très bien comportés, avec un Voillot au sommet.


Le lendemain (ce dimanche), on continue les réjouissances : comme apéro un Domaine Guiberteau Saumur Clos de Guichaux 2012 : nez sur le coing, la craie, le citron. Expressif avec une certaine amertume qui se retrouve en bouche, où le coing et la craie dominent l’ensemble ; belle acidité, joli volume pour un vin qui irait bien avec du chèvre frais mais qui en dégustation pure manque de gourmandise.

Très bien –


Sur le poulet rôti, un Domaine Charles Joguet Chinon Les Varennes du Grand Clos 2004 : nez très ouvert, sanguin, giboyeux, avec des notes de fruits noirs un peu cuits mais également de la fraise. Bouche qui prolonge cette sensation avec une belle mache, des tanins totalement fondus et une belle aromatique fruits noirs / fruits rouges avec une pointe d’orange. Acidité présente, qui met peut être un en valeur une légère amertume en finale, qui enlève une certaine gourmandise née en attaque de bouche. C’est tout de même très bon et très vraisemblablement à boire maintenant.

Très bien +


On finit avec un Château Ormes de Pez, Saint Estèphe 2008 : Nez sur le cassis, le chocolat, la réglisse et une très forte pointe mentholée. Bouche d’un gros volume, d’une réelle puissance toujours sur cette trame fruits noirs / réglisse / zan. Tanins encore un peu serrés, finale très longue. C’est pas mal du tout, à attendre pour avoir un ensemble plus harmonieux mais c’est déjà très agréable en ce moment.

Très bien –


Au final un WE très chargé avec des très jolis vins bus : le pied !

Cordialement,

Seb