Chez Benoît, volume XCVIII (au moins).
Aller chez Benoît est une promesse. Promesse de retrouver des amis, certitude de sortir de sa zone de confort et d’explorer des chemins muletiers. Chez Benoît, on boit bon, on boit curieux, on boit jamais bu.
Voici donc quelques impressions sur cette dégustation d’un éclectisme rare. Seule ombre au tableau : une incapacité inquiétante, de ma part, à prendre du plaisir avec les rouges. La précédente dégustation avait abouti sur la même conclusion…
La première bouteille est un OBNI : grâce à Pierre, ce Vetshow qui se fait malheureusement de plus en plus discret sur LPV, nous avons bu un vin qui, de mon point de vue, ce fut assurément le vin de cette dégustation.
Le premier nez est marqué par la futaille. Noble futaille de chêne frais, accompagnées de notes vanillées puis de térébenthine.
En bouche, se développe une fine saveur de clémentine prolongée par un bon coup de calcaire. Ce vin propose une belle sensation saline derrière le fruit, avec un fond fumé classe
. La finale est marquée par une rémanence calcaire soulignée par des saveurs de fruits blancs. C’est bon et c’est beau.
Pierre nous explique qu’il s’agit d’un mélange de chardonnay, d’aligoté et de pinot blanc qui a reçu, disons par l’action du Saint Esprit, l’agrément « Bourgogne blanc ». Lorsqu’on sait que ces vignes, situées sur le village de Gevrey-Chambertin, appartiennent à un certain… ROUSSEAU, on comprend mieux. Mais de Bourgogne blanc il n’y aura plus puisqu’a priori, les vignes ont été arrachées…
TRES BIEN.
Après un Musigny blanc qui en était un sans le dire,
Le Gevrey Chambertin blanc qui se refuse de l’être !
On attaque désormais les vins de l’ami Benoît servis, comme d’habitude, à l’aveugle.
Une belle découverte !
Domaine des Jumeaux – IGP Vendée – cuvée Cailloux blancs. 50/50 Chardonnay/chenin. 12,5 °
11 ha cultivés en biodynamie. Vin sans sulfites ajoutés.
Belle couleur dorée à reflets roses. Très joli nez exotique offrant de belles odeurs de poire rôtie et d’ananas bien mûr. Jolie bouche avec du volume, bien équilibrée, s’achevant sur une petite note fumée.
BIEN.
Un chenin tout terrain, à l’aise sur les rillettes de poisson et crustacés.
Domaine Mélaric – Saumur – cuvée Billes de roche 2014. Chenin
Nez exotique principalement sur l’ananas et la vanille. La bouche est pleine, équilibrée et offre des saveurs de pomme granny Smith. Un beau vin qui fait ressortir l’iode des rillettes de crabe, de saumon et de maquereau.
TRES BIEN.
La Fermade : un Lirac à la fraîcheur étonnante.
Domaine MABY – Lirac – Cuvée La Fermade 2016. Grenache, clairette, picpoul, viognier sur galets roulés. 14,5°
Un véritable jus de fruits blancs, sans réelle complexité, mais avec un fruit respecté et mis en valeur. C’est bon, frais en dépit des 14,5°. La bouche, grasse et tendue s’achève sur une fine amertume.
TRES BIEN.
L’exotisme tranchant d’un très beau jurançon.
Clos THOU – Jurançon sec – Cuvée GUILHOURET 2015. Petit et gros manseng, courbu et camaralet. 13°
Couleur jaune d’or. Nez exotique proposant de la clémentine et de l’ananas.
Superbe bouche : dense, acide, pure, avec un très léger perlant, proposant un beau jus de pamplemousse rôti et s’achevant sur de délicates notes truffées.
TRES BEAU VIN.
Un romorantin retors.
Domaine des HUARDS – Cour Cheverny – Cuvée François 1er Vieilles Vignes – 2012. Romorantin.
Vin bio fermenté sur levures naturelles.
Notes de térébenthine au 1er nez, suivies par du pamplemousse.
La bouche, austère, est également acide. C’est néanmoins un
BON VIN.
Un blanc sudiste patiné par le temps, non dénué de charme.
Domaine SARDA-MALET – Côtes du Roussillon – Terroir Mailloles – 2007.14,5°
Couleur jaune citron appuyée.
Nez un peu curieux, miellé, en voie d’oxydation.
Bouche dense et grasse, offrant des saveurs de poire confite. Un
BON VIN qu’il est grand temps de boire.
LES ROUGES :
Au risque de me répéter, j’ai assez mal dégusté les rouges proposés par Benoît.
Tous les verres étant rincés à l’eau claire entre chaque dégustation, du pain à volonté permettant de se refaire la bouche, je me demande si mon palais n’est pas en cours de « déséducation » dans la mesure où, actuellement, je bois beaucoup plus de blancs que de rouges… Témoin de cette incapacité à déguster, la curieuse sensation de goût de savon de Marseille perçue dans certains vins…
Rien compris à c’vin-là, moi…
La Madone – Côtes du Forez – Gamay sur volcan 2016.
Premier nez très curieux : tellement floral que j’ai cru sentir de l’assouplissant ou de la lessive.
Deuxième nez encore plus curieux, avec des notes de réduction et d’écurie.
Bouche amère, fluide, avec une note savonneuse.
Vous le constatez, je n’ai rien compris à ce vin. Commentaire à prendre avec des pincettes, mais peu de plaisir en ce qui me concerne.
L’étiquette sous LSD du « Mar y Muntanya » du domaine de l’horizon…
N’y manque qu’un éléphant rose.
Domaine de l’Horizon – Côtes du Roussillon – cuvée Mar y Muntanya 2015. 80% syrah, 20% grenache.
Un vin issu du secteur de Calce, beaucoup plus compréhensible, présentant un beau fruit et des notes fumées appétissantes.
Bouche fruitée, épicée, avec une note florale et du chocolat mais, toujours, ce côté un peu savonneux incompréhensible. Les tanins sont un peu secs, mais c’est tout de même un
BON VIN.
Pas grand-chose à raconter sur ce Plo Roucarels…
Plo Roucarels – IGP cité de Carcassonne – Les Pépieux 2014. 14°. 70% Carignan, 30% Syrah. Bouteille n°5956/6650.
Issu de marnes bariolées. Vendanges manuelles, élevage en fûts de chêne.
Trait de lierre au premier nez. Arrivent ensuite des notes de tabac froid, de cigare froid, des parfums lardés et viandés.
La bouche est jeune, florale, fruité et épicée, avec une importante structure tannique et une finale légèrement amère. Un vin
MOYEN.
Et encore moins à dire sur ce Montirius…
Montirius – Vacqueyras – cuvée Garrigues 2013. Grenache et Syrah.13,5°
Vin différent, biodynamique, mais sensations identiques !
Pas d’élevage en fût, pourtant.
Floral et épicé, avec de l’amertume en finale.
Pas convaincu non plus.
Pinot septentrional pas banal…
MOLOZAY - Château de Vaux – Moselle – Cuvée Les Clos 2012. Pinot noir.
Un premier nez assez animal, réduit, proposant des notes florales et épicées à l’aération.
La bouche est marquée par une touche de verdeur, une saveur de café assez prononcée, des tanins un peu secs et de l’amertume en finale.
Pas convaincu.
Un Cab’ franc d’20 ans plutôt agréable (même si ça me fait mal de l'écrire)
René-Noël LEGRAND – Saumur Champigny – Les Rogelins 1997. Cabernet franc.
Nez marqué par le cuir, le salpêtre et l’humus, mais avec un accent presque bourguignon.
Belle structure en bouche avec des tanins fondus, de belles notes de fruits noirs confiturés, de café et de chocolat.
Un vin qui se tient encore très bien.
BON VIN. Où allons-nous si, maintenant, j’aime le cabernet franc ?
Montus 94 est en fin de vie.
Montus – Madiran -1994.
On retrouve à peu-près les mêmes notes de café, de cuir et de salpêtre, mais en moins aristocratique.
Si l’attaque est moelleuse, la bouche est marquée par une saveur de cassis très cuit et le vin sèche un peu en finale, marquée par une note de vieux cuir que je j’assimilerais presque à du vieux cidre.
MOYEN à BIEN.
Sauvignon sur biquette : l’accord parfait !
Domaine des Corbillières – Touraine Oisly – cuvée ( ?) FABEL BARBOU 2014.
Expression exotique même si ça sauvignonne sévère. Le vin est un peu perlant mais propose un bel équilibre. Un vin gourmand, dans la lignée de ce que propose
Didier Thierry MICHAUD (merci Fred pour la correction).
TRES BIEN !
Un enclos des Rozes de toute beauté.
L’Enclos des Rozes – Gaillac doux – Vendange tardive 2013.
Couleur jaune d’or.
Nez riche, proposant de l’orange amère confite, du Kumqat.
Beaucoup de volume pour ce vin à l’équilibre souverain et à l’acidité maîtrisée.
La finale est marquée par les fruits jaunes confits, une once d’amertume et une belle note de safran.
TRES BIEN.
Une Renaissance baroque !
Domaine ROTIER – Gaillac doux – Cuvée Renaissance 2005. 13°
Len de l’Elh sur graves. 195 g de sucre résiduel. Mis en bouteille le 13 juillet 2006. Fermentation et élevage en barrique dont 15 % de fûts neufs.
Très belle couleur acajou.
Nez marqué par les agrumes confits, les fruits secs et le safran.
La bouche est l’exacte copie des promesses entrevues à l’olfaction. Richesse superlative, mais le vin garde quand même son équilibre.
TRES BIEN.
Merci à toi, Benoît, pour les beaux voyages que tu nous proposes si fréquemment