… en dehors de la Bourgogne.
Après la dernière dégustation mitigée, en tout cas pour certains, sur les meursaults et volnays premiers crus, l’idée avait germé d’aller voir ailleurs…
Eh bien, cela n’a pas tardé : les chardonnays et pinots noirs hors Bourgogne ont constitué le thème de notre dégustation suivante.
Disons le tout de suite, de mon point de vue cela n’a pas été le graal, mais ce que je recherchais a été trouvé : des bons vins, au rapport qualité – prix souvent intéressant, et avec en prime la découverte d’un domaine fort intéressant !
Certaines stars sont certes descendues de leur piédestal (à moins qu’on ne les ait descendues !) mais c’est tout l’intérêt de la dégustation à l’aveugle.
Bravo à Denis qui a su aller chercher au fond de nos caves quelques pépites, avec un bel éclectisme, et les a parfaitement ordonnées en séries homogènes ou au contraire « rock and roll ».
Comme toujours, les avis ont été loin d’être unanimes, j’en veux pour preuve les débats passionnés sur les deux liquoreux qui ont fort bien clôturé cette belle soirée.
On démarre avec les chardonnays car nous sommes à table.
Première triplette : on est en Franche Comté sur deux beaux millésimes proches
Domaine Georges Comte – Vin de Pays du Doubs – Les Pélerins –2010
Robe d’un or moyen.
Nez fin et très intense, présentant de beaux arômes grillés signes d’une réduction mais légère, s’accompagnant de fruits blancs, de notes mentholées et de pomme.
La bouche possède un peu de gaz mais elle est transcendée par une grande tension sur la longueur et finit plus aromatique.
Bien ++
Domaine Ganevat – Côtes du Jura – Les Grands Teppes VV – 2010
Robe d’un or bien intense.
Nez très engageant, au fruité bien expressif et mûr, teinté de notes vanillées et d’autres lactiques.
La bouche est dotée d’un grand volume et du même fruité assez riche qu’au nez. Habillée d’un certain gras, elle ne manque pas de longueur jusqu’à une finale salivante.
La température de service un peu élevée a sans doute fait ressortir le caractère quelque peu opulent.
Bien +
Vignoble Guillaume – Vin de Pays de Franche Comté – Cuvée réservée – 2009
Robe d’un or moins dense.
Nez très intense, au grillé prédominant, allant presque jusqu’à la cacahuète, donc d’une forte réduction mais restant fin. D’ailleurs la réduction s’amoindrira à l’aération dans le verre.
Le jus bien fruité est mis en valeur et porté très loin par une énorme acidité. La belle matière absorbe avec bonheur le boisé que l’on ressent.
Très Bien
Paire : on reste en Jura avec deux stars sur des millésimes récents
Domaine Ganevat – Côtes du Jura – Les Chamois du Paradis – 2011
Vin carafé pendant une bonne heure.
Robe d’un or jaune bien marqué.
Nez riche, voire opulent, exhalant des arômes de fruits jaunes et exotiques, associés à de belles épices.
L’attaque ample fait vite place à un milieu de bouche bien construit entre matière et vivacité, puis à une finale élancée et presque pointue.
Bien ++ / Très Bien
Bravo à ceux qui ont reconnu le style « Ganevat », après l’avoir révisé avec le Grands Teppes. Et un grand bravo à Gilles qui a reconnu les deux !
Domaine Labet – Côtes du Jura – Chardonnay – En chalasse – 2013
Robe se situant entre paille et or.
Nez très ouvert, où la poire domine largement, avec quelques notes grillées en complément.
La bouche est ronde, bien fruitée (toujours sur la poire), d’une trame énergique et longiligne qui lui confère une grande buvabilité, la finale étant bien saline. Si l’aromatique n’avait pas été aussi monolithique j’aurais dit « grand vin ».
Très Bien
Deuxième triplette : un vin étranger, pas seulement par rapport aux deux autres encore du Jura, sur des millésimes évolués
Domaine Kendall Jackson – Santa Maria Valley – Camelot Highlands – 2007
Nez intense au fruité riche, rappelant le coing, et au boisé encore luxueux malgré son âge.
La bouche est dotée d’un gros fruit, d’un gros boisé et d’un gros mou… Cela manque cruellement d’acidité pour moi.
Assez Bien +
Domaine Pierre Overnoy – Arbois Pupillin – 2004
Nez d’un or dense.
Nez très désagréable passant de la serpillère au pipi de chat et à la sueur…
La bouche est moins catastrophique et fait preuve d’une belle tension mais son aromatique manque de netteté.
Je préfère ne pas noter.
Domaine Jacques Puffeney – Arbois – Marginale – 2002
Robe d’un or dense aux reflets grisés.
Nez puissant sur les fruits très mûrs mais aussi de colle blanche, avec des touches oxydatives.
La bouche est large, dense, au boisé très présent. Une acidité salvatrice permet d’apporter un peu de peps pour relancer cet ensemble un peu massif, l’affiner et l’allonger.
Bien (+)
Une dernière série donc très décevante mais cela avait bien commencé.
Aura-t-on le même scénario sur les pinots noirs ?
Un solo car son compagnon a été oublié…
Domaine Delaporte – Sancerre – Culs de Beaujeu – 2015
Robe claire et ni jeune ni évoluée.
Nez très ouvert au fruité très gourmand et pur, sur la cerise, complexifié par de délicates notes florales.
La bouche propose une matière mûre et dense, un grain serré et une belle élégance. Les arômes fruités teintés de fumé me rappellent le Centre-Loire. C’est déjà bien agréable mais les petits tanins fins et civilisés l’emmèneront loin.
Bien ++ / Très Bien
Première paire : deux vins qui fêtent leurs dix ans !
Domaine Schueller – Alsace Pinot noir – Bildstoecklé – 2007
Robe très claire et très évoluée.
Nez intense au fruité éclatant et exacerbé par une pointe de volatile, avec également une touche florale du plus bel effet.
La bouche est toute en dentelle, au fruité éthéré, d’une persistance remarquable, mais pour moi le déséquilibre acidité – chair est un peu trop important.
Bien +
Domaine Rebholz – Pfalz – Siebeldingen im Sonnenschein – 2007
Robe moyennement sombre légèrement roussie.
Nez expressif développant une aromatique tertiaire de fruits compotés, de cuir et de sous-bois, avec encore un boisé sensible.
La bouche est à l’opposé de son alter ego d’Alsace : sa charpente, son ampleur et sa densité en imposent mais cette fois-ci c’est un certain manque de finesse et de longueur que je regrette.
Bien (+)
Deuxième paire : deux vins du Jura d’un même très beau millésime
Domaine Ganevat – Côtes du Jura – Cuvée Julien – 2009
Robe très claire et bien tuilée.
Nez engageant, au fruité compoté sur la finesse teinté de notes florales.
La bouche est en demi-corps, élégante et déliée. Les arômes floraux se mêlent à d’autres moins purs, la finale est bien tendue.
Bien +(+)
Vignoble Guillaume – Vin de Pays de Franche Comté – Pinot noir VV – 2009
Robe plutôt sombre et bien évoluée.
D’une belle densité, le nez présente une aromatique tertiaire de cuir et d’animal, sur un fond de beaux fruits noirs.
La bouche possède une matière très charnue, un grain dense, une bonne finesse, des tanins encore fermes et légèrement amers. Elle finit un peu court mais reste salivante.
Bien ++
Triplette de vins d’origines très variées d’un âge respectable
Domaine Gérard Boulay – Sancerre – 2000
Vinification en vendange entière et dans 100 % de bois neuf !
Robe sombre ( !) aux reflets nettement tuilés.
Nez d’une grande intensité, aux arômes de rose fanée dignes d’un très bon Bourgogne évolué, rehaussés par une touche de volatile, et complétés par des notes animales bien fondues.
La bouche possède un perlant très présent mais reste d’une grande élégance. Le boisé classieux est enrobé par la matière noble et encore bien fruitée. Il ne ressort plus nettement qu’en finale sous forme d’une légère amertume.
Très Bien (+) pour ce vin du Centre-Loire qui a défié le temps. Espérons que le Cul de Beaujeu 2015 de Delaporte ira aussi loin !
Domaine Ganevat – Côtes du Jura – Cuvée Z – 2005
Robe sombre présentant un début d’évolution.
Nez peu disert, au fruité encore primaire ! Certains l’ont trouvé pas très net, mais pas moi.
On dénote encore un peu de gaz dans cette bouche, puis une belle amplitude, une chair dense et bien fruitée équilibrée par une acidité suffisante. L’allonge dévoile des tanins fins et une finale sapide à souhait.
Bien ++ / Très Bien
Artisans vignerons d’Ollon – Vaud – Pinot noir – 2001
Robe grenat plutôt sombre, aux reflets hésitant entre tuilé et acajou.
Nez très intense, sur des arômes de fruits compotés, presque de « vin cuit », où la cerise noire l’emporte.
La bouche a du fond et est encore dotée d’une belle matière à l’aromatique en adéquation avec celle du nez, parfaitement patinée par le temps.
Bien ++
Et pour finir, une
paire de liquoreux : même région, même sous-région, même millésime ! Merci Vivien !
Château de Berrye – Coteaux de Saumur – 1999
Robe d’un or dense bien ambré.
Nez très intense, au beau botrytis teinté de coing mais surtout de notes miellées prégnantes.
L’acidité de la bouche constitue sa colonne vertébrale, son fruité représente sa chair et sn sucre équilibré son habit de lumière. Sa persistance est également un atout.
Très Bien car très bon !
Domaine Pierre Bise – Quarts de Chaume – 1999
Robe d’un or bien ambré mais moins dense.
Nez d’une bonne intensité, au botrytis moins marqué, complété par des arômes avenants d’agrumes, d’autres moins agréables de carton mouillé.
La bouche est ample et sapide mais manque d’acidité et par conséquent aussi de longueur.
Bien +
Et voilà encore une belle soirée, certes pas mémorable comme annoncé en introduction. Je pense d’ailleurs avoir été un peu sévère avec ma notation : c’est difficile d’être homogène d’une fois à l’autre !
Merci en tout cas à Denis, chef d’orchestre de cette œuvre intéressante et enrichissante.
Jean-Loup