Je ne sais pas trop comment commencer ce compte-rendu, sinon par m’envoyer des fleurs, et également pour souligner que le centre d’intérêt principal de ce forum, à savoir le vin, permet parfois de participer à la création de rares moments de joie, de bonheur, que vous avez tous certainement approché un jour ou l’autre.
J’ai grandi dans un univers ou si le vin n’était pas sanctifié, il restait présent dans toutes les grandes occasions et évènements familiaux. Mon paternel avait une cave honnête, constituée essentiellement de Bordeaux à cette époque. Il faut dire que dans les années 1970 (en gros), la Bourgogne n’avait strictement rien à voir avec ce que nous connaissons aujourd’hui !! De guerre lasse, de déception en déception, mon père s’en était détourné.
C’est moi, son digne fils ,qui le ramenait dans le droit chemin au début des années 90 avec des producteurs comme P. Leclerc, A.Mussy et surtout une bouteille qui sera pour lui une révélation lors d’un repas : Clos Vougeot 1993 du domaine Méo-Camuzet.
Depuis quelques temps, je lui préparai une petite surprise, afin qu’inopinément il puisse boire deux domaines qu’il évoquait régulièrement, mais qu’il n’avait jamais gouté.
Je profite d’une de ses visites pour lui servir à l’aveugle le premier vin (Blanc) :
De couleur jaune un peu prononcée, le vin semble avoir quelques années de vieillissement indubitable. J’ai carafé deux heures la bouteille placée au réfrigérateur (température torride fin Juillet).
Le nez est princier, et signe immédiatement en principe le producteur par une fine réduction (ma femme reconnaît illico presto !). L’aération lui a fait grand bien et l’on y trouve aussi des notes de citron bien mûrs.
L’attaque en bouche est de très gros calibre..et mon père devine immédiatement qu’on ne rigole plus du tout avec la bouteille présentée.
Finale hyper longue et complexe sur les agrumes, et une touche plus florale , qui rafraîchit bien la langue.
Mon père identifie un grand cru de bourgogne, d’environ 10 ans. Un excellent Charlemagne selon lui.
Il est assez sidéré quand le lui présente un simple « Village », mais de 18 ans !!.
Sauf que c’est le
Meursault 1999 Coche Dury à la hauteur de ce que l’on peut attendre sur cette étiquette, vu le millésime. Il peut tenir encore 10 ans sans aucunement décliner vu la matière . Très impressionnant je dois l’avouer.
Je remercie Gilles K pour l’échange (PS :quand tu boiras ma fiole penses à moi ).
Après cette entrée en matière (précédée d’un brillantissime
Riesling Sommerberg 2008 Paul Blanck bue à l’apéritif) mais regoutée en fin de repas après le Meursault donc et qui s’est bien comportée aussi, tout en puissance et avec un fort et gouteux parfum de citron confit.
Je rends hommage au Sommerberg car repasser après le Coche, ce n’était pas un succès garanti vu le calibre ! Et il a fait face !
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Nous arrivons donc au second vin, un rouge, que j’ai carafé 4 heures afin de l’aérer passablement, issu d’un millésime un peu jeune à mon gout.
La carafe est remplie d’un breuvage rouge cœur de pigeon. Mon père annonce immédiatement qu’il serait surpris que ce soit un Bordeaux ou un Rhône nord !
Le premier nez ne peut tromper son monde tellement il est typique d pinot avec ces notes de fruits rouges, mais accompagnés d’un élevage qui complexifie le bouquet d’une manière incroyable.
La bouche est..royale !! le vin est concentré (beaucoup plus que la couleur ne le laisse penser à première vue), avec des tanins incroyablement doux ; et une élevage de très grand luxe. Le Padre pense que je lui ressert un Méo Camuzet ?
Finale très complexe sur la griotte, avec une pointe de rose, de pivoine dixit ma femme. Toujours ce boisé très finement intégré, présent mais pas ostentatoire, qui ajoute une note épicée de très bon aloi.
Très grande bouteille, bu un peu jeune mais qui laisse deviner un gros potentiel dans 4-5 ans.
Il s’agit de la
Romanée Saint-Vivant 2007 Domaine de la Romanée-Conti. J’ai choisi ce vin car il m’apparaissait le plus apte à la dégustation actuellement. Mais il tiendra 15 ans sans aucun souci.
En conclusion, deux grandes bouteilles qui ont parfaitement tenu leur rang, et qui ravi la tablée et surtout mon père , qui n’avait jamais gouté ces vins.
Je ne résiste pas à vous donner le mot de la fin, de la propre bouche de mon paternel :
« après ce repas et cette dégustation, il peut m’arriver demain n’importe quoi, ce sera toujours beaucoup moins grave qu’hier ! »
Remerciement à Hervé, sans qui ce repas n’aurait pas été possible évidemment.
La photo des stars du jour :
YR