Dans la vie il y a de ces moments si agréables qu'ils restent à jamais graver dans nos mémoires. La soirée que j'ai passé le 05 mai fait partie de ces instants inoubliables.
Cela fait déjà quelques temps que j'ai eu le plaisir de croiser les amis présents pour cet événement et ainsi débuter l'illustration de mes souvenirs. Étonnamment j'ai l'impression que c'était hier qu'on se donnait rendez-vous pour notre première dégustation De membres LPV. Ma chère et tendre, si généreuse dans son acceptation de ma passion avait sortit la porcelaine des aïeux. Lily Rose toujours prête à nous aider avait dressé la table et préparé les serviettes en les pliant, dépliant et repliant tel un casse-tête chinois impossible. Mathéo toujours fidèle à lui même touchait tout ce qui dépassait un tant soit peu de la table, se faisant réprimander approximativement toutes les deux minutes trente. Une parfaite démonstration d'un plaisir simple mais néanmoins formidable de vie familiale. Tout avait été préparé pour mettre les petits plats dans les grands. Mélodie et moi avions passé la journée à préparer le menu "gastronomique" longuement étudié pour valoriser les bouteilles que chacun devait partager. Un après l'autre ils arrivaient, se présentant timidement. Cette pudeur de la rencontre, occasionnant dans les premières minutes un silence presque religieux, alors que l'on s'afférait en cuisine. Après cette période interminable de vacarme, la passion reprend le dessus avec les souvenirs glorieux de bouteilles aux arômes d'une complexité exceptionnelle, aux touchés de bouche d'un velours de soie et aux longueurs mythiques de dizaines de caudalies se terminant en queue de paons. Le repas commençant, toute timidité disparue, on put enfin profiter du fruit des heures de dur labeur. Cette soirée se déroula dans une ambiance et une passion autour du vin qui, je pense, nous a tous marqué, un moment d'épicurisme magique. Au moment de prendre congé nous évoquons déjà la prochaine, qui aura lieu quelques semaines plus tard. Au fil de ces véprées nous avons pu apprendre à nous connaître et nous apprécier. Toutes les rencontres depuis cette première devant nous amener irrémédiablement à ce moment de véhémence.
Jamais nous n'avions donné de thème à ces épisodes de convivialité. Ce sera donc l'exception qui confirme la règle, nous allons retenir un fil conducteur. Pour cette seconde de l'année, je propose à la volée que l'on organise ce repas "obélixtique" autour de côte de bœuf de grandes origines et pour le vin il faudra accompagner un Rayas sur 2003. La réponse fut instantanée et tel un seul homme ils répondirent "ça marche !! On fait ça quand ?" Rendez-vous est donc pris le 05 du mois de mai autour de bouteilles hors normes voire déraisonnables. Il va falloir sortir la bouteille cachée tout au fond de la cave, celle qu'on a acheté tout en se disant que c'était pure folie de dépenser une telle somme pour du jus de raisin fermenté, celle où toute la famille s'est réunie pour offrir "le" cadeau parfait à un passionné, celle qu'on a hérité d'un membre de la famille qui malgré son absence si marquante dans la vie de tous les jours va revivre l'instant d'un moment d'amour et de partage.
Apres des semaines, des jours puis des heures et voilà !! On y est !!! L'attente fut une torture, un calvaire. Les plus impatients arrivent à l'avance, pour mettre fin plus rapidement à cette douce souffrance, proposant leurs aides comme justificatif de leur pétulance. Une fois les bonjours, politesses et petites plaisanteries de rigueur passés, j'ouvre rapidement une "petite" bouteille de vin blanc du château de Roquefort. Cette bouteille va servir de pas de lancement à cette soirée destinée à nous faire décrocher les étoiles.
Vin de provence Les genêts 2016 du Château de Roquefort
servi avec terrine de Ramier et Sanglier (maison).
Au nez il est très aromatique, on y retrouve de la mandarine, de la pêche et des fleurs blanches. La bouche à un bel équilibre avec une fine acidité, une très légère amertume sur la fin. Peut être un peu de gaz carbonique au tout début qui a disparu à l'aération. Une bonne mise en jambe.
Le service des vins étant à l'aveugle pour les convives, je prends la lourde responsabilité d'organiser l'ordre de service. Faisant également toutes les cuissons je ne prends pas de notes. (Résumé fait le lendemain pour ne pas trop oublier).
Nous y sommes, ça va pouvoir commencer !!!
L'entrée qui se doit d'être légère et surtout en accord avec le vin proposé :
une terrine de mousse de chèvre frais, tomates confites, tapenade, gaspacho en gelée, pain de campagne et huile de basilic. Un délice de fraîcheur qui mettra en valeur le Dagueneau qui en a bien besoin.
Le premier vin :
Pouilly fumé Silex 2005 de la famille Dagueneau.
Un nez sur le citron et les fruits exotiques c'est joli et ça donne envie. En bouche l'équilibre est correct mais ça manque de matière, le vin s'effondre un peu en milieu de bouche et il est plutôt court. Assez loin d'être au niveau espéré pour cette bouteille (une petite déception) la terrine au chèvre le remonte un peu.
La braise que j'ai préparé juste avant le top départ du repas est parfaite. C'est un mélange de charbon qualité restaurant et de bois de cerisiers, incandescents sur une dizaine de centimètres d'épaisseur. Si ce n'était l'ambiance joyeuse à deux pas de moi et à la seule vue de ce brasier, il fut facile de se croire dans les abysses d'une géhenne apocalyptique. Les côtes étant à température ambiante, on va pouvoir commencer la cuisson de ces merveilles. J'ai sortis ma pince a barbecue, le moulin à poivre et la fleur de sel, y'a plus qu'à !!!
On commence par deux superbes côtes de Black Angus en provenance d'Aberdeen en Ecosse.
J'ai rarement mangé une viande aussi tendre. Un petit coup de cœur pour sa douceur en bouche (un régal).
Pour l'accompagner ça sera :
Châteauneuf du Pape Marie Beurrier 2011 d'Henri Bonneau.
Ouverte 24h avant pour l'aérer. Un nez d'olive, de garrigue, de cerise et une peu épicé. En bouche c'est plutôt léger, ça manque de gourmandise, c'est un peu chaleureux et c'est court en bouche (encore une petite déception) là aussi le plat remonte le niveau du vin.
On continu avec une côte de bœuf Simmental (Suisse) de plus d'un kilo.
Un peu plus de mâche que la précédente mais elle est plus corsée.
Léoville Las Cases 2004.
On est sur les fruits noirs un peu de notes d'évolution et un très léger boisé. En bouche c'est plutôt équilibré avec une légère acidité, de mémoire un léger côté chaud. La longueur est très correcte (c'est bien mieux que les précédentes oufffff !!!!).
On fait une pose avec les viandes mais pas avec les vins en dégustant une paire de vieux vins.
Chambolle-Musigny les Amoureuses 1979 d'Antonin Rodet.
Déjà à la couleur c'est inquiétant, le nez confirme !!!! RIP oxydée !!!
Morey Saint Denis 1976 Clos des Lambrays.
Un nez évolué sur l'humus, le sous bois et un poil de fruit (très léger). En bouche une acidité un peu forte et une longueur assez courte. C'est mieux que le premier mais c'est pas top.
On reprend avec un magnifique chateaubriand de 1,5 kg (filet de bœuf).
Cuisson à basse température 75° pendant deux heures. La viande est tendre, juteuse et très goûteuse. C'est une merveille, merci david.
Avec ça on va servir une paire :
Mazys-Chambertin 2003 Armand Rousseau. Ouverte 3h avant
Le nez est superbe ça envoie du lourd. On est sur les petits fruits noirs, les épices et on commence à y trouver de beaux arômes d'évolution. En bouche difficile de partir sur la Bourgogne tant le vin est gourmand (2003 année de la canicule) l'acidité est très bien équilibrée, les tanins soyeux et fondus et la longueur en bouche est top (première bouteille vraiment au niveau, un coup de cœur, merci jean-claude)
Châteauneuf du Pape Rayas 2003 d'Emmanuel Reynaud.
Ouverte deux jours avant.
Le nez va continuer à s'ouvrir tout au long du repas. On y retrouve du fruit et des épices c'est très plaisant. La bouche est un poil moins au niveau, c'est agréable et certainement un très bon vin mais la comparaison avec le Rousseau est compliqué. C'est moins gourmand il y a tout ce qu'il faut mais c'est limite un peu lourd, avec quelques années de plus on aura certainement un autre vin. La longueur est très bien.
(On commence à faire les fines Bouches, il était vraiment très bon mais face à un monstre).
Pour les dernières viandes on sera sur une côte de génisse Limousine et une côte de Charolaise maturée 50 jours.
Les deux viandes sont excellentes mais j'ai encore le goût du chateaubriand. Peut être un petit faible pour la maturée.
Là encore une paire :
Châteauneuf du Pape Rayas 1998 d'Emmanuel Reynaud.
Quel nez !!! On comprend immédiatement que là aussi c'est du lourd. Les fruits rouges, les épices et il commence à avoir des arômes d'évolution. En bouche l'équilibre est un modèle du genre, c'est frais, fruité avec une belle matière et très long en bouche. (Très beau Vin !!!)
Vin de pays des Bouches du Rhône Trevallon 1995 de la famille Durrbach.
Le nez du précédent était génial et tu t'approches de celui-là, quelle merveille !!! Je me prends à plonger dans les arômes qu'il dégage pendant au moins 5mn. C'est complexe, du fruit noir et des arômes tertiaires. Je n'aurai pas dû le goûter !!! La bouche n'est pas au niveau avec une grosse concentration et un petit déséquilibre, on s'attendait à un monstre et au final c'est plutôt Docteur Jecquel et mister Hide. (C'est bon mais peut être à attendre encore !!! Dommage !!!)
On est déjà bien rassasié mais là arrive le plateau de fromage. Merci Hubert pour ces fromages d'exception de l'art de la fromagerie à Marseille. (Un grand moment).
Pour l'accompagner :
Chablis montée du tonnerre 2009 de François Raveneau.
Quel nez !!! Sur les agrumes, un côté floral et un peu le miel, c'est énorme, quel plaisir !!! La bouche n'est cette fois pas en retrait. L'équilibre est scolaire avec une acidité qui rafraîchit un vin sur un millésime solaire. La longueur en bouche est géniale (un grand vin blanc).
Parce qu'un bon repas se doit d'avoir un bon dessert.
Tarte au chocolat noir et gruet de cacao caramélisé.
Banyuls hors d'âge domaine du Mas blanc.
Des arômes de pruneaux, de fruits confits et de moka. Le vin à un petit côté chaleureux mais avec la tarte l'accord est excellent, la longueur en bouche est parfaite. (Une rareté pour finir le repas).
Une soirée de partage exceptionnelle, le fait de goûter plusieurs origines de bœufs est à retenir. La conclusion sur le vin est plus mitigée, pour mon épouse et un ami qui dégustent beaucoup moins souvent que nous, la totalité des vins était d'un niveau rarement atteint. Pour nous qui dégustons régulièrement (pas ce genre de vins), le verdict est plus critiques sur certaines bouteilles très loin de justifier les attentes, surtout sur une dégustation où l'on peut comparer avec d'autres bouteilles de très haut niveau. Nous retiendrons à l'unanimité le Rousseau, le Raveneau et le Rayas 98 qui furent énormes. Pour nuancer un peu ce jugement il faut se dire que chaque vin pris individuellement aurait été certainement beaucoup plus apprécié voire des coups de cœur comme pour le rayas 03 et le Trevallon 95 sur des soirées plus "raisonnable".
J'en profite pour remercier tous les convives, vivement la prochaine, en juin ;-) on reviendra sur des bouteilles plus communes.
Merci pour votre lecture et j'espère avoir réussi à vous faire revivre un peu de notre passion et amitié.
Thierry