Syrah versus Pinot Noir
Le mois dernier, notre groupe se réunissait pour autour d'une thématique à rouges. Je vais tenter de retranscrire mes maigres notes à l’aide ma mémoire défaillante et de rendre compte de cette belle dégustation. L’idée était surtout de se faire plaisir avec des bouteilles bien choisies et quelques drôleries, et de voir si nous étions capables de distinguer les deux cépages à coup sûr.
Mise en bouche
Jacquesson, Blanc de Blancs Extra Brut 2005, Dizy-Corne Bautray, dégorgé en février 2015.
Notre hôte nous avait prévenus qu’il nous offrirait un grand Champagne pour l’apéro, ce qui a sûrement élevé le niveau d’exigence de nos papilles. Œil d’un bel or brillant, nez d’intensité moyenne (+), plutôt complexe : pot-pourri, fumée, écorce d’orange, brioche, amande, léger rancio. La bouche offre une effervescence fine, une grosse amertume, un beau volume sans être large et une belle longueur. Le tout s’équilibre bien avec le tataki de thon et est excellent, mais forcément, au prix demandé, on est exigent et on lui trouve un léger manque d’énergie. J’y vois quelque trait aromatique commun avec le Vouvray Brut Réserve 2005 de Foreau bu récemment et pense donc à un vin d’une bonne dizaine d’années.
Première vague
Schubert Marion’s Vineyard Pinot Noir 2014, Wairapara, Nouvelle-Zélande
Joli nez, quoiqu’un peu compoté, de bonne intensité. Fraise écrasée, vanille, cannelle. Bouche boisée mais d’une belle texture veloutée. Cacao, orange, fraise, terre. Bonne longueur.
Pinot Noir The Silver Line G. Marquis, Niagara 2015
Nez d’intensité moyenne, très fruité « fluo ». En bouche, il y a de la matière mais surtout une grosse amertume végétale. Bof.
Norman Hardie, Pinot Noir Niagara 2011
Nez moyennement intense, nettement plus fin et fleuri que les précédents, avec une touche lardée. La bouche est du même ordre, de la fraîcheur, de la structure, des épices, un petit côté cendré, longueur moyenne. J’aime.
Albert Bichot, C’est la vie ! Pinot Noir – Syrah (2015 ?)
Un petit blagueur a glissé cet assemblage inusité dans l’alignement. Fruit en décomposition, ça sent et ça goûte « cheap ». Très très bof.
Une première vague pas enthousiasmante même si le Schubert et le Norman Hardie sont quand même de bons vins, surtout ce dernier je trouve. Quand à distinguer les cépages, puisqu’il n’y avait que des pinots et que nous attendions des vagues mêlées, nous nous sommes assez logiquement plantés sur les deux vins qui pouvaient être plus difficiles à identifier.
Deuxième vague
Domaine Taupenot-Merme, Auxey-Duresses 1er Cru 2010
Beau nez moyennement intense, sur la fraise et la cannelle. La bouche est fraîche et structurée avec une belle acidité ; un peu asséchante au moment du service, elle s’assouplit assez vite.
Domaine Michel Mallard, Corton Grand Cru Les Renardes 2005
Nez fermé à double tour, juste un peu de menthol. La bouche est amère et asséchante au départ puis s’ouvre, de plus en plus fleurie et fruitée. C’est très bon, mais tout de même, légère déception à la vue de l’étiquette et du millésime.
Les Vins de Vienne Sotanum 2011, IGP Collines-Rhodaniennes
Nez lardé, de la mûre, du bois. Bouche crémeuse, concentrée, longue. C’est très bon mais pas un coup de cœur comme le Heluicum (2012 ?) de la même maison avait pu l’être lors d’une dégustation précédente.
Une vague avec des qualités mais qui ne nous remue pas plus que ça. Mais ne faisons pas trop les difficiles, chaque bouteille valait la peine d’être bue. Il manque un vin – bouchonné – dans le compte-rendu.
Troisième vague
Rusden, Shiraz Black Guts, Barossa Valley 2004
Nez intense de mûre, framboise, lard, violette et herbes aromatiques. Syrah ! Très beau. La bouche n’est pas en reste, fraîche, acide, structurée, soyeuse et longue. Superbe ! Tout le monde reste bouche bée au dévoilement. Un vin australien de Barossa à 15° !
Jamet, Côte-Rôtie 2010
Nez moyennement intense de café, d’herbes, de fruits noirs et de viande. Bouche tannique, crémeuse, poivrée, un peu amère peut-être mais de belle longueur. Très beau vin, simplement il ne fait pas bon passer derrière le Rusden.
Jean Foillard, Morgon Corcelette 2014
Tiens, un pirate ! Nez fleuri, bouche avec une grosse acidité, légère et gouleyante, longueur moyenne. Tout le monde l’aime bien, même si on n’est pas dans la même zone que les deux précédents.
Stéphane Robert, Cornas 2010
Nez moyennement intense, fruit noir, goudron. Bouche tannique et fermée, difficile de se faire une véritable idée.
Bonus
Notre hôte nous sert un blanc à l’aveugle. C’est du chardonnay, ant-1 pense tout de suite à Tissot avec ce nez grillé/fumé, et en bouche ça fait effectivement penser au Jura, avec un côté plus « sauvage » que du bourguignon. Nous partons sur les Bruyères, puisqu’il n’y a pas les notes tourbées des Graviers ou de la Mailloche. Bingo !
Domaine Tissot, Arbois Chardonnay Les Bruyères 2014
Je n’avais pas acheté de ce 2014 à cause des augmentations vertigineuses (35% en 3 ans au Québec) mais c’est vraiment très bon. De l’énergie quasi-électrique, une texture dense et une belle longueur. Probablement ma cuvée préférée de Tissot.