Bonjour à tous.

Petit repas au restaurant 3 étoiles de Gerzat.

Quand l’ami Christian annonce, lors de notre dernier repas, que la prochaine soirée se passera chez lui, nos papilles sont déjà en éveil car nous savons que le repas sera d’une grande qualité. Quand, en plus il ajoute, il n’y aura pas de thème, c’est moi qui fournit les vins de ma cave, notre cerveau s’éclaire de ces lumières qui font que l’on sait que les vins seront certainement excellents, voire exceptionnels.

De plus, en très grand fervent des accords mets et vins qu’il est, il y a peu de chance pour qu’il y ait des fausses notes. Nous sommes donc confiants et c’est dans cet état d’esprit que nous sommes arrivés chez lui en ce vendredi soir.

Après quelques discussions autour de la nouvelle situation de jeune retraitée de la chère et tendre de notre hôte, nous passons à table.

1er vin pour accompagner l’apéro composé de morceaux de brie, de comté, de cakes au jambon et de cannelés salés à la tomate.

Œil : Belle couleur rose, assez pâle, avec des reflets rose-bruns. Fin de cordon de bulles très très fines qui vont disparaître très rapidement. Légères larmes.

Nez : Assez discret à l’ouverture, il restera relativement muet. Néanmoins, je relève des notes de rose, de fleurs fanées accompagnées de petits fruits rouges discrets.

Bouche : la matière est jolie, plutôt fine portée d’entrée par les bulles qui apporteront de la fraîcheur. Les petits fruits rouges sont bien là. Néanmoins, ça me paraît un peu «simple» avec une finale un peu courte. Pas de défaut majeur mais pas non plus de qualité immense.

Il s’agit de :

Champagne - Maison Bollinger - «Bollinger Rosé» - 12% - Majoritairement Pinot noir.

2ème vin, bu en intermède entre l’apéro et l’entrée.

Œil : Belle couleur or jaune, très pâle, avec des reflets grisâtres. Belles larmes, assez épaisses.

Nez : Plutôt discret à l’ouverture, il s’ouvre par la suite. Les premières notes sont plutôt florales. Puis vient un beau panier de fruits à chair blanche. Légères notes fumées.

Bouche : la matière est jolie, portée par des fruits blancs, des fruits jaunes, et une belle fraîcheur. Elle est plutôt grasse, ronde et manque un peu de tension. Néanmoins, elle se montre assez complexe.

A la découverte de l’étiquette, nous resterons surpris par le manque de tranchant qui est en principe un des marqueurs de ce domaine.

Il s’agit de :

Vallée de la Loire - -AOC Sancerre - Domaine Vacheron - «Les Romains 2011» - 13% - 100% Sauvignon.

3ème vin, bu sur l’entrée composée de morceaux de lotte à la sauce crémée à base de fumé de poisson maison accompagnés de riz noir sauvage, un vrai régal (j’en ai pris deux fois !!!!)

Œil : Belle couleur jaune or, assez soutenue avec des reflets dorés. Larmes assez grasses et nombreuses.

Nez : Présent d’entrée. Il se compose de notes discrètes de fruits blancs, de notes plus appuyées de fruits jaunes assez murs avec des notes florales et citronnées. Très léger bouchon qui, surprenant, ne fera que partir et revenir au cours de la dégustation.

Bouche : la matière est jolie, fruitée, grasse, assez large avec ce côté citronné qui revient. Belle tension, belle fraîcheur et de la complexité. C’est aussi plutôt long. Néanmoins, nous avons un peu de mal à situer l’appellation.

Il s’agit de :

Bourgogne - AOC Chassagne-Montrachet 1er Cru - Domaine Vincent Girardin - Chassagne-Montrachet 1er Cru «Clos de la truffière 2009» - 13,5% - 100% Chardonnay.

4ème vin : servi sur le plat principal composé d’un gigot d’agneau (à la superbe cuisson) et ses flageolets.

Œil : Belle couleur rouge/brun laissant penser à un vin plutôt âgé. Présence de reflets bruns tuilés et bords du disque brun. Jolies larmes.

Nez : Présent d’entrée sur des notes de fruits mûrs, de fleurs fanées, de roses avec un beau côté finement boisé. Très léger fumé.

Bouche : Très jolie matière portée par de beaux fruits rouges, un boisé noble et une superbe fraîcheur qui tranche avec la couleur. C’est fin et élégant avec une très belle finale pleinement de fraîcheur.

Questionnés par notre hôte, nous pensons que le vin a entre 15 et 20 ans, connaissant son attirance pour les vins mûrs. Chaussette enlevée, nous restons scotchés par la jeunesse d’un vin de 31 ans.

Il s’agit de :

Bordeaux - AOC moulis - Cru Bourgeois - Château Biston-Briltette 1986 - 12% - Cabernet sauvignon + Merlot + Petit Verdot.

5ème vin servi également avec le même plat.

Œil : Belle couleur rouge sang, assez soutenue, avec des reflets rouges. Bords du disque rouge. Belles larmes assez grasses.

Nez : Présent d’entrée et d’une belle classe. Notes de fruits rouges, beau boisé très bien intégré, léger cuir, presque sous-bois, léger fumé. Très élégant. Nous le plaçons dans le grand Sud-Ouest.

Bouche : Très très jolie matière. On y retrouve de nombreux fruits rouges, quelques fruits noirs, du beau bois, des tanins extrêmement fins et soyeux. Bouche large et enveloppante. Finale, sur les fruits rouges, longue.
La aussi, questionnés, nous partons sur un vin un peu plus jeune que le précédent, une quinzaine d’années. Perdu 28 ans !!!!

Il s’agit de :

Bordeaux - AOC Pauillac - Château Latour -«Les Fors de Latour 1989» - 12,5% - Cabernet sauvignon + Merlot + Carbet franc.

6ème vin servi également avec le même plat.

Œil : Très belle couleur rouge sang avec de beaux reflets rouges. Bords du disque rouge. Très belles larmes, assez grasses et nombreuses.

Nez : Très présent d’entrée sur des notes de fruits rouges, de bois et de tabac. Puis notes légèrement fumées et de bois noble. Belle intensité et complexité. Nez très proche du précédent avec un supplément de complexité.

Bouche : Superbe matière à la fois fruitée, fraîche, soyeux et équilibrée. Très beau panier de fruits rouges, quelques fruits noirs. Puis du tabac, du cuir, café, boisé noble, un début de sous-bois et de beau champignon. Cela dit, le côté fruité reste dominateur. Les tanins sont fins, veloutés et soyeux presque «lactés». Une finale très très longue sur un équilibre parfait.

Un vin proche du précédent mais avec un peu plus de tout partout et nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Là aussi, questionnés sur l’âge du vin, nous le plaçons entre 15 et 20 ans. Re perdu 28 ans !!!

Il s’agit de :

Bordeaux - AOC Pauillac - 1er Grand Cru Classé - Château Latour -«Château Latour 1989» - 12,5% - Cabernet sauvignon + Merlot + Carbet franc.

Au risque de me faire reprendre de volé, j’ouvre la discussion sur, à mon petit niveau de connaissance des grands bordeaux, le peu de différence ressentie entre ces deux vins lorsque l’on connaît l’écart de prix. Comme toujours, des «pour» et des «contre» mais des avis partagés. Néanmoins, deux très très grands vins.

7ème vin servi sur le plateau de fromages (St Nectaire - Salers - Brie - Bleu d’Auvergne).

Œil : Belle couleur sang, assez intense avec de beaux reflets rouges vifs. Bords du disque rouge avec une belle intensité.

Nez : Présent d’entrée. Il s’ouvre sur un beau panier de fruits rouges accompagné d’épices. Puis notes de garrigue, de fruits noirs. Belle intensité et belle complexité. Ca sent le sud !!!

Bouche : On trouve une très jolie matière à la fois fine, fruitée, équilibrée et suave. Les fruits rouges, les fruits noirs, les épices et la garrigue forment un bel ensemble. Tanins fins et soyeux et belle longueur fruitée.

Il s’agit de :

Languedoc-Roussillon - Terrasses du Larzac - Domaine de Montcalmès - «Montcalmès 2010» - 14% - 60% Syrah + 20% Mourvèdre + 20% Grenache.

Nous finirons le repas sur une belle note de fraîcheur avec une salade de fruits frais et son gâteau aux pommes qui nous permettront de quitter l’assemblée l’estomac presque léger.


Petite photo de famille !!!!!

Encore un énorme merci à Christian pour cet excellent repas et ces vins non moins excellemment choisis et un grand merci également à Françoise, jeune retraitée, de supporter nos discussions viniques quelques fois endiablées.

A très bientôt pour de prochaines aventures.

Nathenri.

Henri,
Merci pour ce beau CR.
N'habitant qu'à un quart d'heure-vingt minutes de Gerzat, je suis étonné et ravi à la fois de voir qu'il y existe une table 3 étoiles!!
Une bien belle soirée


Maxime

Bien belle série !
Êtes-vous certains que le le 3ème vin était bouchonné ? Pour ma part je n'ai jamais vu un goût de bouchon disparaître avec le temps. Il a plutôt tendance à s'amplifier au réchauffement. Et de là à faire le yoyo !
Tes notes sur le Biston-Brillette 86 me rappellent mes impressions après quelques "vieux" Maucaillou" 85 et 86 que j'ai bus récemment avec un plaisir que je ne pensais pas possible. Sans doute je me suis trompé sur la capacité de vieillissement de cette appellation sans cru classé.

Gérard

Salut Gérard.

Il y avait bien cette odeur de bouchon (nous avons été au moins 3 à la sentir) mais qui ne rendait pas le vin imbuvable.

Nous avons été également surpris qu'elle soit présente, puis qu'elle reparte, vous revenir ensuite mais à chaque fois de façon légère et diffuse.

Ce n'était peut être pas du bouchon mais c'est comme cela que nous l'avons ressenti.

Pour ce qui est de Biston-Brillette, c'est sûr que ça a été une belle surprise de trouver cette appellation à ce niveau pour un vin de cet âge. Mais notre hôte, qui connait le domaine depuis très très longtemps, n'a pas été surpris de la qualité de cette bouteille.

Nathenri.