Petite dégustation autour du cépage malbec avec quelques amis, réalisée en novembre dernier. J'ai rassemblé quelques vins d'Argentine, de Cahors, d'autres vignobles français. La dégustation se fait en alternant ces trois origines : j'ai essayé de faire trois triplettes rassemblant les vins de différentes origines les plus proches en terme de gamme et d'âge, afin de tenter de comparer ces trois lieux (même si la France hors Cahors est bien vaste...) en réduisant les variations des autres paramètres. Évidemment, avec un échantillon aussi petit et une sélection contrainte par les vins que j'ai pu trouvé, la portée de l'exercice reste très limitée.

Toutes les bouteilles ont été ouvertes environ 3h avant la dégustation.
Température de service autour de 18°C.

1 – Argentine (Mendoza) / Bodega La Rural, « Cruz Alta » 2015 (6,80 € prix GD)
100 % malbec
Nez de fruits rouges mûrs.
En bouche, l’équilibre me semble assez juste, avec un peu de tanins, un peu d’acidité et un peu de « moelleux », de rondeur. Le tout donne un vin plutôt rond, aux arômes de cerises, qui me semble bien fait même si la complexité et la longueur en bouche sont limitées.
Bien (14,5/20)
Un beau rapport qualité prix pour ce premier vin de la soirée, bien agréable (6,80 € en GD).

2 – Bordelais / Dauvergne & Ranvier, Côtes de Bourg rouge « Malbec – Vin Rare » 2015 (9,90 € prix GD)
100 % malbec / vin bio
Un nez qui m’évoque Bordeaux, sur les fruits frais et des arômes que j’associe à l’élevage bois (on me souffle dans l’oreillette que c’est élevé en cuve… raté!).
En bouche l’équilibre est plutôt frais, l’acidité bien présente mais relativement bien intégrée. Pour moi le vin manque de corps, il aurait besoin d’une structure un peu plus présente. Le vin semble néanmoins plus équilibré en mangeant, la prédominance de l’acidité est atténuée.
Correct + (13,5/20)

3 – Sud-Ouest / Mas del Périé, Cahors « Caballe » 2015 (12,5 € prix caviste)
100 % malbec / vin bio
Nez fermé.
Bouche à l’acidité trop présente, avec un équilibre très différent des deux précédentes bouteilles de cette cuvée que j’ai goûtées quelques mois avant, qui se montraient bien plus gourmande. Peu de complexité, un équilibre perturbé, même si en mangeant cela s’arrange. Je penche pour une bouteille qui a un léger pèt’.
Correct + (13,5/20)

4 – Argentine (Mendoza) / Bodega Cecchin, « Esencias de la Tierra – Malbec » 2013 (15 € prix caviste)
100 % malbec / vin bio
Nez assez ouvert sur les fruits rouges mûrs, le sous-bois.
Bouche relativement structurée, avec un beau toucher. Aromatique en bouche proche de celle du nez. Ce beau vin est le premier de la série qui commence à avoir la densité qui correspond à l’idée que je me fais d’un malbec bien fait, et la qualité des tanins est bien là.
Bien + (15/20)

5 – Loire / Domaine de la Grange Tiphaine, Touraine rouge « Côt Vieilles Vignes » 2014 (26 € prix caviste)
100 % malbec (vignes de 115 à 120 ans)
Nez de fruits rouges et de sous-bois.
La bouche est ici aussi bien structurée, mais les tanins sont un petit peu raides. Le vin n’est pas agréable mais si on sent une certaine verdeur dans ces tanins qui accrochent un peu.
Bien - (14/20)
Le rapport qualité prix me pose question sur cette bouteille qui est la plus chère de la soirée, et bien loin d’être la meilleure, mais je n’ai jamais été un grand fan des équilibres des vins rouges ligériens.

6 – Sud-Ouest / Mas del Périé, Cahors « Amphore » 2014 (24,65 € prix caviste)
100 % malbec / élevage en amphore de 100 à 800 l
Au nez on décèle une volatile qui écrase tout, et en bouche la suspicion est confirmée : le vin est totalement oxydé, c’est du vinaigre…
ED

7 – Argentine (Mendoza) / Bodega Atamisque, « Atamisque Malbec » 2013 (19,6 € prix caviste)
100 % malbec (vignes de plus de 70 ans)
Nez très agréable, sur les fruits très mûrs, et qui ferait presque pensé à un vin sucré.
Bouche tout en séduction, veloutée, à l’aromatique fine et complexe. Très beau toucher de bouche, une vrai caresse. Un vin rouge que je trouve extra, le vin de la soirée pour moi sans aucun doute !
Très bien + (16,5/20)

8 – Languedoc / Mas de mon Père, Vin de Pays d’Oc rouge « L’insolite » 2012 (15 € prix domaine)
100 % malbec
Nez fermentaire, sur des arômes de cave.
Bouche intéressante mais qui manque à mon goût de corps. Un peu déçu par cette bouteille qui était plus intéressante dans mon souvenir, je trouve que l’acidité est trop marquée.
Bien - (14/20)

9 – Sud-Ouest / Château du Cèdre, Cahors « Château du Cèdre » 2010 (15,65 € prix GD)
malbec (90%), merlot (5%), tannat (5%)
Nez de vin évolué, sur le cuir, le sous-bois, les feuilles mortes.
La bouche également est celle d’un vin évolué, l’aromatique est dominée par le cuir. Evolution prématurée sur ce vin de seulement 6 ans ? Je trouve qu’il manque de complexité aromatique et de puissance pour son âge.
Correct + (13,5/20)


Petit bilan de la soirée :

Une dégustation assez surprenante pour moi.

Premier constant, sur cet échantillon et pendant cette dégustation, l'Argentine met un véritable KO aux vignobles français ! Mon podium est 100% argentin, et la table est globalement assez d'accord avec moi sur ce point.

Deuxième point : en choisissant le thème malbec, je m'attendais à goûter des vins ayant des équilibres plutôt structurés et fortement marqués leurs tanins, et pour lesquels la qualité globale se jouerait sur la finesse de ces tanins. Mais j'ai trouvé, en schématisant, soit des vins d'un équilibre plutôt "médian" à mon goût, c'est-à-dire avec une acidité, une moelleux et des tanins jouant à peu près à part égale (globalement les vins argentins), soit des vins pour lesquels l'équilibre est dominé par l'acidité (la plupart des vins français). Pour faire plus simple : là où je pensais que les vins se distingueraient par la qualité des tanins, c'est en fait la qualité de l'acidité qui s'est révélée primordiale, en tout cas de mon point de vue, et c'est plutôt sur cet aspect que les vins argentins se sont distingués des vins français.

Troisième point : pour nuancer le point précédent, j'ai pu constater que certains vins pouvaient bénéficier d'une longue aération et que leur acidité s'en trouvait bien mieux intégrée. Ainsi le Côtes de Bourg Dauvergne & Ranvier, le Côt Vieille Vignes de la Grange Tiphaine et l'Insolite du Mas de mon Père présentaient une bouche bien plus harmonieuse après 2, 3, voire 4 jours d'aération (bouteilles rebouchées, conservées à température ambiante). Est-ce que ces vins gagneraient à vieillir tranquillement ? En tout cas leur aptitude à tenir à l'air m'a semblé notable.

Quatrième et dernier point : une contre-performance des vins de Cahors qui semble plus liée à la malchance qu'à un réel problème de qualité. Le Mas del Périé ne s'est vraiment pas montré sous son meilleur jour, outre Amphore 2014 complètement oxydée (et pourtant achetée quelques semaines avant !), j'avais déjà goûté Caballe 2015 deux fois auparavant et cela m'avait semblé bien plus intéressant, un niveau au dessus de cette bouteille. Un problème de protection pour ce domaine bio ? Quant au Château de Cèdre, cette bouteille achetée récemment en grande distribution semble avoir vieilli prématurément sur les linéaires du magasin... Dommage !

Mathias

un bon petit: COMMANDERY
eut peut être évité le KO
surtout en le buvant 4 jours après ouverture......
comme précisé dans le bilan.
(expérience sur un 2011)
amicalement.
Thierry.