Comme je l'ai écrit en intro, ce texte a été écrit pour mon blog à l'usage de mes lecteurs qui n'y captent rien entre les termes bio, biodynamiques et nature. Le mettre sur LPV n'était pas une priorité, mais je me suis dit que cela pouvait permettre à des non-initiés de mieux comprendre les différences entre les termes.
Pour juger mes écrits à bon escient, Mathieu, je pense qu'il est important de connaître mon parcours.
Déjà, chose pas très banale, j'ai commencé à être consommateur de produits bio (à l'insu de mon plein gré) en 1974. Non seulement mes parents se sont mis à manger 100 % bio à cette époque, mais ils ont acheté quelques années plus tard un magasin bio qu'ils ont tenu une bonne dizaine d'années.
Par ailleurs, je suis le seul enfant de ma fratrie à avoir suivi un cursus scolaire en Ecole Steiner.
En 92, j'étais responsable d'un petit magasin bio (lié au milieu de l'anthroposophie) et j'y vendais une belle gamme de vins : Angéli, Bossard, Rateau, Giboulot, Montchovet, Château Gaillard (Bouchet) ... et un inconnu qui venait de s'installer dans le Loir et Cher : Claude Courtois (bio, mais pas du tout "nature" à l'époque). Dans le même temps, je me formais à l'agriculture biodynamique auprès des meilleurs spécialistes en la matière. J'ai participé à la fabrication des cornes de bouse et autre silice, et je sais de quoi je parle lorsque j'évoque le sujet.
En 95, je décide de faire un BTA Viti-Oeno par correspondance tout en travaillant à plein temps dans un domaine viticole en biodynamie du Bergeracois (complété par des sessions régulières au lycée viticole de Blanquefort). J'y vis la viticulture BD au quotidien dans sa version Demeter (pure et dure, on va dire). A cette époque, en lisant la revue du Mouvement Biodynamique, j'apprends qu'il voit d'un mauvais oeil l'arrivée de nombreux viticulteurs. Vu leur nombre, ils risquent de prendre une importance démesurée dans le Mouvement alors que ses dirigeants jugent qu'ils ne tiennent pas compte des "fondements spirituels de la biodynamie". Devant ce refus, un certain nombre de viticulteurs décident de créer Biodyvin.
En 96, une fois mon BTA obtenu, je cherche du travail. J'obtiens un CDD de 10 mois chez Marc Kreydenweiss, alors président de Biodyvin ! J'y découvre une biodynamie moins "spirituelle" et plus pragmatique, avec des résultats qualitatifs intéressants. C'est à cette époque que les échanges se multiplient avec Deiss, Josmeyer, Zind Humbrecht (dont je découvre les vins avec délice) A leur tour, ils passent en BD.
Entre 97 et 2001, je travaille pour deux petits domaines de Quincy (total 6 ha) dont je m'occupe de l'ensemble des travaux viticoles. Là, ce n'était pas du bio (faut bien vivre...). Je connais donc aussi le côté obscur de la force
Entre 2001 et 2006, je m'occupe à nouveau d'un grand magasin bio, et j'ai une très large gamme de vins : bio, BD, nature... Je fréquente beaucoup les salons Bio pour les sélectionner. Autant dire que j'en connais un rayon sur le sujet...
A la même époque, je découvre LPV, et début 2003, j'affronte longuement Luc, Yves et Robert sur le sujet de la BD. Au départ, ça frite pas mal, mais un certain nombre de leurs arguments finissent par porter, et nous finissons par enterrer la hache de guerre (que nous n'avons jamais déterré depuis). Je ne dis pas que je suis 100 % d'accord avec ce qu'ils disent, mais j'ai fini par me rendre compte que la bio, ce n'est aussi parfait que le discours récurrent du milieu le laisse entendre (cf le lithotamne ou la roténone, par exemple). Je ne remercierai d'ailleurs jamais assez LPV de m'avoir décillé.
L'autre expérience qui m'a beaucoup apporté, c'est évidemment les 3 ans à parcourir le Médoc. Je l'ai évoqué dans mon texte : les dégustations parcellaires de certains domaines qui sont à l'antithèse du bio et du nature (genre Giscours) me montraient que même si tu désherbes, utilises des clones et des levures exogènes, tu sens toujours l'influence du terroir. Autant dire que j'ai senti combien le discours des "nature" n'était que de la rhétorique et qu'ils n'avaient jamais vérifié leurs dires.
Bon, toute cette tartine pour te dire que non seulement je pense bien connaître la problématique BIO/BD/Nature, mais aussi que mes positions ont sacrément évolué sur le sujet. Contrairement à toi, j'ai beaucoup appris de mes échanges ici ou ailleurs et suis toujours prêt à revoir mes positions du moment que les arguments me semblent convaincants.
Je précise que sur mon blog, j'avais donné à la fin une liste de producteurs très recommandables dans les 3 familles, "nature" compris. Je pensais que sur LPV, vous étiez suffisamment connaisseurs pour vous en passer. Voici mes listes :
En bio : Deslesvaux, (Loire), Domaine de l'Homs (Minervois), Château Couronneau, Gombaude-Guillot (Bordeaux), Stoeffler(Alsace), Ganevat (Jura) Jo Landron (Muscadet), Beaufort (Champagne), Nadia Lusseau (Côtes de Duras), etc...
En biodynamie : Stéphane Tissot (Jura), Champ des Treilles, Clos Puy Arnaud, Pontet-Canet (Bordeaux), Huet, Chidaine, Château Gaillard (Loire), Chapoutier (Rhône), Gauby (Roussillon), Jonc Blanc (Bergerac), Zusslin Valentin, Deiss, Kreydenweiss (Alsace), Trapet, Leflaive (Bourgogne), Villeneuve (Châteauneuf du Pape), Montirius (Gigondas), Terre des Chardons (Costière de Nîmes), Michel Grisard, Gilles Berlioz (Savoie), Franck Pascal, Larmandier-Bernier (Champagne), Guy Bossard (Muscadet)
En "nature" (cuvées réussies) : "trousseau singulier" de Tissot, Cairanne de Richaud, Morgon de Lapierre, Beaujolais des Côtes de Molière, cuvée Barthélémy du château du Puy, Château Meylet (Saint-Emilion), Jadis de Barral (Faugères - des irrégularités, tout de même).