Agitateur,
les ressentis étant par définition personnels donc potentiellement différents en fonction des gens, je vais tenter de t'expliquer le mien. Donc je vais faire, contrairement à toi, un peu long.
Le mépris commence selon moi à partir du moment où tu disqualifies toute source journalistique
parce qu'elle est précisément journalistique, indépendamment de son contenu. C'est une remarque en premier lieu méprisante pour ceux qui lisent ces journaux parce qu'ils sont présentés comme disqualifiés - illégitimes à intervenir dans le débat - dès le début de la discussion.
Cela procède en second lieu, à mes yeux (tout est subjectif), de la beaufitude, et puis d'un point de vue démocratique (si l'on veut défendre ou s'inscrire dans la démocratie, hein, visiblement, ce n'est pas la tasse de thé de tout le monde), c'est limite-limite (les journaux sont une garantie de la démocratie paraît-il), mais tes propos sur l'idiocratie (gardons les suffixes traditionnels pour les néologismes) et le peuple "qui ne comprend pas" semblent aller dans ce sens (je passe sur l'imMonde, qui traduit une pensée nauséabonde, mais passons je le redis). Dont acte. Reste à définir l'idiocratie, j'ai quelques sujets et exemples de définition dans la tête mais là n'est pas le centre de mon propos.
Je reste en effet sur le côté argumentatif : tu balaies les études du Pr. Séralini sans autre recours que l'argument d'autorité ("torchon" dis tu à propos de ses études). Bon, pourquoi pas, tu es sans doute - comme certains ici - Professeur d'université ou Chercheur, mais tu sais alors que ce type d'argumentaire n'est pas acceptable : donc développe tes critiques sur le fond (et il y en a, j'en conviens). Plus loin dans la réflexion, l'étude du CIRC de 2015 le cite effectivement. Mais elle en cite énormément d'autres (des études) pour parvenir à sa conclusion. Et l'équipe qui a sorti ce rapport ne comprend pas ledit Professeur. Pour les gens que ça intéresse, voir le
rapport
dans sa version française (condensée).
Si ce rapport n'est pas perçu, dans ton analyse, comme contradictoire (les sources utilisées, nombreuses, provenant de centres scientifiques différents, des protocoles différents, complémentaires), et bien j'analyse ça comme de la mauvaise foi. Les positions de l'EFSA et de l'ECHA sont risibles de ce point de vue (
id est, sur les sources utilisées pour se prononcer sur la dangerosité du produit). Mais ça doit être le prisme choisi qui déforme mes propos (la croisade contre Monsanto). La position de l'Anses est, bien que critiquable, plus nuancée et plus fondée que celle de l'EFSA : mais le débat porte alors sur le niveau de preuve limité de la dangerosité du produit. Et c'est là que ton horizon est limité, Agitateur (c'est écrit sans mépris, c'est un constat factuel).
Pourquoi ? Parce que l'entité qui va déterminer,
in fine, le niveau de preuve et conséquemment, sa potentielle interdiction, c'est le juge (interne - Conseil d'Etat - et européen - CJUE) : ce sont eux qui sont amenés à interpréter (tu sais, cette opération intellectuelle juridique dont "tu te cognes") les textes de droit en la matière
ET les études scientifiques fournies à l'appui des prétentions des parties (qui, en fonction de leur intérêt, vont produire des études divergentes, hein, c'est logique). De plus, tu as tout à fait le droit de te désintéresser des normes qui régissent ta vie. Point de vue étrange, mais point de vue tout de même.
Toutefois, se désintéresser de ça, comme si la science (et ses travaux) était nécessairement objective et indépendante des jugements de valeur et des jugements juridiques, dans le cas présent, c'est lacunaire puisqu'il n'y a pas de consensus sur la question. Mais encore une fois, tu as le droit d'avoir envie de garder une vision lacunaire du sujet, pas de souci.
Ta sortie sur le peuple me dérange davantage. Mais c'est sans doute parce que je suis un (très) digne représentant des discussions de salon, "
des ors de la République" aurais-tu dû ajouter, ça aurait cadré de façon topique je trouve. Indigné, pas nécessairement d'ailleurs.
Mais je te concède que tu parviens encore à me faire rire (sourire plus exactement) sur le rôle bienfaiteur contre la faim dans le monde du produit - pour te couper l'herbe sous le pied, de façon manuelle, pas chimique hein ! - je ne discute pas de la faim dans le monde, on en a déjà parlé dans les fils précédents (sans grand résultat, tu en conviendras).
On pourra effectivement discuter de l'étude de la NAPP une fois publiée, je suis tout à fait ouvert là dessus.
Enfin, dans le cadre de cette discussion, je ne prescris rien sur l'usage des herbicides (mais j'ai des tonnes d'idées, au moins autant que celles épandues sur les terres agricoles françaises), je cherche simplement à discuter des protocoles mis en place dans les études, des biais, de l'absence de biais, et au final de la dangerosité des produits (avec une grande question,
quid des études "cocktails" ??).
Cordialement