Vous me donnez soif à lire vos commentaires, surtout qu'il s'agit de mon producteur favori de la région au vu de la qualité à un prix plus que raisonnable.
Je vous retranscrit un article écrit en Mai dernier lors d'une visite au Domaine:
Direction Chavot pour une dégustation au Domaine Laherte Frères où Thierry nous ouvrira pas moins de neuf bouteilles pour nous donner un regard approfondie sur la production impeccable de ces vignerons. Mais retournons un peu en arrière avant d’attaquer chaque cuvée.
Le Domaine créé en 1889 possède des parcelles sur différents terroirs de la Champagne, permettant une variété de styles, de cépages et de cuvées de s’exprimer chacun à sa façon. Certaines cuvées e voient issues d’un assemblage de terroirs alors que d’autres se veulent exprimer la quintessence d’une seule parcelle, donnant des vins racés et expressifs de leur lieu d’origine. Un encépagement diversifié mais une bonne part de pinot meunier et de chardonnay dont on ne fait que rarement les fermentations malo-lactiques (transformation d’acide malique en acide lactique, ce qui diminue la sensation d’acidité) pour garder plus de fraicheur, élément qui se ressent bien dans le style maison. Forte proportion d’élevage sous bois, mais jamais neuf, pour laisser le vin respirer tranquillement, s’affiner sur plusieurs mois pour en faire ressortir le caractère. Un léger dosage sur la majorité de la gamme question d’enrober un peu cette acidité qui caractérise leurs vins. Mais surtout, et on le sent bien durant la discussion avec Thierry, une réflexion perpétuelle, une recherche de qualité quitte à explorer, à ne pas s’encrer dans une recette, tout en s’encrant dans la tradition.
Nous commençons avec le Brut Tradition, un assemblage de terroirs avec les trois cépages avec une dominante de meunier et une base de 2010 et une malo partielle, un vin passe-partout, que l’on servira aussi bien en picnic, qu’à l’apéro ou sur une entrée. Le type de champagne qui ne fera peur à aucun de vos amis mais qui laisse transparaitre le style Laherte avec son équilibre sur l’acidité et l’amertume et ses notes d’agrumes.
Suivra le Blanc de Blanc version Brut Nature et Extra-Brut, seul le dosage de 5g/l les différencie, pas de malo. Des notes de pamplemousse avec, après une longue aération, les notes beurrées et toastés qui viennent se mêler à l’ensemble (une bouteille ouverte depuis m’a moins donné ces notes d’élevage) c’est long avec une finale sur la peu de citron.
Tout cela est bien bon mais mon premier coup de cœur vient avec Les Empreintes, issu de vignes exclusivement à Chavot, à part égales de chardo et de meunier, pas de dosage, sans malo et avec bâtonnage régulier pour nourrir le vin, développer son gras en remettant les lies en suspension. On sent la combinaison de fruits rouges et d’agrumes au nez, la bouche suit avec une dose importante d’extrait sec (penser à un blanc qui serait tannique). La complexité aromatique se développe rapidement nous donnant des notes épicées et une minéralité intéressante qui portera le vin de longues secondes.
Suivra Les Vignes D’Autrefois, un 100% Pinot Meunier de vignes d’une soixantaine d’années sur le millésime 2008 (annoncé comme exceptionnel) issu des villages de Chavot et Mancy, avec bâtonnage, sans malo et un léger dosage. Difficile à décrire tant ses arômes forment un bouquet qui change avec les secondes, on peut cependant déchiffrer des notes de fruits jaunes, de fleurs. Un vin qui méritera de vieillir quelques années mais avec lequel on peut déjà se régaler.
Une parcelle récemment replantée donne lieu à un vin dont on se souviendra longtemps, racé à souhait et un pur plaisir pour l’amateur avide de découvertes. Les 7, anciennement nommé Les Clos est un assemblage de 7 cépages, les 3 bien connus mais également Fromenteau, Arbanne, Pinot blanc et Petit Meslier, cépages traditionnels mais oublier, probablement puisqu’ils étaient trop difficiles. Les Laherte ont replanté cette vigne récemment dans le but d’offrir cette cuvée d’antan élaborée en tant que Solera (réserve perpétuelle des années antérieures qui contient donc du 2005, 2007, 2008,…) depuis 2005.
Le millésimé 2005 est une cuvée qui ne sera plus éditée puisqu’elle ne correspond pas à ce que cette famille tente de faire, les 65% de barriques neuves laissent certes leur empreintes et nous donnent un vin sur lequel les notes d’élevage ne sont pas encore intégrées mais qui ont leur charme. Un vin loin du style maison mais qui plaira certes aux amateurs d’élevage plus poussé.
On finira par les deux rosés, le Rosé Tradition en est un d’assemblage issu des 3 cépages auquel est ajouté 15% de vin rouge avec un dosage de 7g. Porté sur les fruits rouges notamment un attaque intense sur la fraise, c’est frais, parfait pour l’été qui arrive, je le servirais volontiers sur un dessert aux fruits rouges.
Les Baudiers éclipsera par contre son petit frère, rosé de saigné issu de Pinot Meunier uniquement sur 2008, on laisse les peaux des raisons colorer légèrement le jus, ce qui donne en général un vin qui a plus de corps. C’est en effet très vineux et racé avec des notes de caramel, de fruits rouges, on a un vin d’abord et avant tout aux saveurs profondes, autrement dit, il en a sous la pédale. La longueur et l’intensité laissent présager de longues années de garde pour ce superbe rosé.
Vous aurez compris que je me suis régalé et si les vins ne vieillissent pas sur lattes très longtemps ici, on se réjouira des tarifs plus que raisonnables qui permettent de faire des stocks et de regarder les vins vieillir dans sa cave en ouvrant une bouteille de temps à autre.