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Petite visite au domaine Boyer-Martenot [/size]
Le rendez-vous est pris presque trois semaines avant, à 10h, hier matin. Forcement, qui dit samedi 18 août, dit départ en vacances. Nous prévoyons donc de partir un peu plus tôt
au cas où. Nous avons 2h45 devant nous pour faire 2h de route. De quoi se ballader un peu dans les vignes ou dans Meursault.
Il se trouve que vers Avallon, la gentille voix de 107.7 nous dit de bifurquer à la prochaine sortie car un "ralentissement" est possible. Téméraires, nous décidons de continuer sur l'autoroute...
Se dresse donc devant nous une petite file de voitures...Tout d'un coup, la "p'tite voix" nous dit qu'il y aura 7 à 8 km de ralentissement. Ca commence à ralentir....15min....30min....45min....Tient ! La "p'tite voix" nous dit qu'un camion rempli de chevaux s'est renversé....Forcement, ça tombre sur nous !
Bref, petit coup de fil au domaine pour dire que nous aurons au moins une heure de retard.
...45min....1h...1h15....
Bien, il nous aura donc fallu un peu moins de deux heures pour faire 8km. C'est la premiere fois que je vois ça. Enfin bon, deuxième coup de téléphone au domaine pour la prévenir que nous arriverons plutôt vers 11h30. Elle me dit que nous serons avec un groupe d'anglais.
Nous arrivons donc sous un soleil éclatant au domaine. C'est Jeanne-Lucie Façon qui nous reçoit. Elle s'occupe de toute la partie commerciale du domaine ainsi que la communication.
Souriante, elle nous annonce que les anglais ne sont pas contents de nous avoir avec eux. Ils voulaient avoir l'exclusivité de la visite...Imaginez deux grenouilles au milieu d'un troupeau de rosbeef...
Bref, après quelques présentations, le groupe arrive, nous commencons donc.
Nous allons d'abord derrière la maison où Jeanne-Lucie nous explique un peu l'histoire de la famille Boyer-Martenot et nous donne quelques détails sur les vignes du domaine.
Il exploite environ une dizaine d'hectares. C'est Vincent Boyer qui s'occupe des vignes ( avec deux soutiens quand il en a besoin ) et des vinifications.
C'est derrière la propriété que se trouve le climat "En l'ormeau" avec des vieilles vignes de presque 90 ans puisqu'elles ont été planté dans les années 1924 / 1925. Le sol est argilo-calcaire avec une prédominence d'argile. Les rendements sont assez faibles pour cette parcelle.
Sur la photo, les vignes du domaine sont à gauche. Le rognage n'a pas encore été effectué à cause des grosses chaleurs du moment, les feuilles du dessus protegant la plante. A droite, les vignes ont été rognées ( autre domaine )
( Je ne sais pas si vous voyez la difference de hauteur entre les deux parcelles )
Nous nous dirigeons ensuite vers la cuverie, completement neuve, puis vers la cave. Jeanne-Lucie nous explique alors les différents élevages selon les vins.
L'aligoté n'est pas élévé en fût mais uniquement en cuve.
Le bourgogne blanc reste environ 10 mois dans des tonneaux de 2/3 ans voire 5/6 ans selon les millésimes.
Les villages sont pendant 11 mois dans des fûts dont 25% sont neufs.
Les chauffes utilisées ne sont pas importantes. La politique de la maison étant de ne pas trop marquer le vin ( ce qui se ressent à la dégustation ) pour qu'il s'exprime sur une certaine pureté.
Concernant 2010, le domaine a produit 24000 bouteilles alors que les bons millésimes, ils arrivent à 43000 bouteilles environ.
2011 sera un millésime classique, avec des acidités plus importantes que 2009.
Aussi, le domaine vend chaque année environ 5% de sa production au négoce pour faire de la trésorerie.
Après quelques questions, 2012 s'annonce vraiment difficile ( mais beaucoup le savent... ). Habituellement, le domaine traite environ 6 à 7 fois. Cette année, ils en sont déjà à 13 traitements. La grèle a beaucoup touché la cote de beaune, cela se voit énormement dans les vignes.
Elle nous a dit que les vendanges ne commenceraient surement pas avant le 20-25 septembre ( ce que m'avait également confirmé le domaine Darviot-Perrin au téléphone )
Photo prise dans le cailleret ( Puligny ), juste à côté du Montrachet. Enormement de dégats au niveau des feuilles notamment, mais aussi des grappes.
Nous nous rendons ensuite dans le caveau de dégustation, juste à coté des caves.
Les vins sont bus en bouteilles.
Aligoté 2010 : La robe est bien claire. C'est frais mais j'ai une sensation de réduction au nez, genre pétard mouillé. La bouche est simple, florale et fruité. C'est rafraichissant. Les vignes sont situées sur Meursault.
Bourgogne Blanc 2010 : C'est très frais, floral mais également bien fruité ( sur la poire notamment ). La bouche est dotée d'un bel équilibre avec une bonne acidité, caractéristique du millésime. C'est bon et salivant.
Meursault "Les Tillets" 2010 : Le nez est déjà plus concentré, plus floral. C'est élégant avec des touches d'amandes et de fruits secs.
En bouche, la tension est moins perceptible ( du fait d'une matière plus importante ? ). La finale est longue et salivante. La bouche n'est pas forcement super expressive mais elle est de très bonne qualité. Je pense qu'il lui faut quelques années pour gagner en complexité.
Puligny-Montrachet "En Reuchaux" 2009 : Tout de suite, le millésime se fait sentir. C'est plus opulent, fruité et expressif. Egalement des touches florales ( tilleul ? ). La bouche est large et longue sur la crème patissière, les amandes. Cependant, l'équilibre est superbe avec une très belle acidité. Le côté parfois lourd du millésime ne se fait absolument pas sentir. J'aime beaucoup !
Meursault 1er Cru Perrières 2008 : Le nez est d'emblée très minéral, caillouteux. Il y a de la poire. C'est assez opulent. La bouche est droite, peut etre un peu moins large que ce que à quoi je pensais. C'est très salivant et la finale est longue sur le iodé. Le fond de verre est puissant. C'est encore à attendre.
Puligny-Montrachet 1er Cru Le Cailleret 2008 : Le nez est puissant, très floral. On a une grosse vague qui arrive aux narines avec de la noisette, du citron, de la crème. La bouche est ample et grasse tout en gardant une très bonne fraicheur. Ca manque de temps encore pour etre bien en place et pour prendre plus de plaisir. La rétro est sur le pain grillé et le fond de verre est sur la réglisse.
Pour les rouges, nous avons gouté les
Bourgogne 2010,
Auxey-Duresses 2010 et
Pommard 2010. Cependant, aucun ne m'a vraiment convaincu. Je les ai trouvé plutôt écoeurant au nez avec un coté "laiteux".
Nous avons ensuite bavardé après que les anglais soient partis près d'une heure jusqu'à 13h30. Un beau moment de partage autour du vin.
En conclusion, j'ai trouvé les vins blancs d'une belle pureté, pas du tout masqués par l'élevage. Dotés d'une belle fraicheur, je pense en effet qu'il faut les attendre pour prendre vraiment du plaisir et avoir de bien beaux vins.
Merci beaucoup au lpvien qui m'a accompagné pour cette belle journée, qui, je pense, se reconnaitra
.
Sympathiquement
Julien